La Métaphysique (trad. Pierron et Zévort)
183 pages
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La MétaphysiqueAristoteTrad. Alexis Pierron et Charles ZévortÉbrard, 1840>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>La Métaphysique (trad. Pierron et Zévort) : IntroductionINTRODUCTIONLa Scolastique, c'est-à-dire la philosophie d'Aristote telle que se l'était faite le moyen-âge, fut, dès le quinzième siècle, l'objetd'attaques assez vives, mais au fond peu dangereuses. Ce dont il s'agissait avant tout pour les beaux esprits du temps, pour cesGrecs chassés par la conquête, c'était d'enseigner leur langue et leur littérature, d'en répandre le goût parmi les Occidentaux. Ilstraduisaient, ils commentaient Aristote ou Platon, ils se passionnaient dans cette étude; et l'interprète de Platon se croyait tenu, pourlouer dignement son modèle, d'établir la prééminence de Platon sur Aristote. Les choses n'allaient pas beaucoup plus loin.L'Académie platonicienne de Florence suivit à peu près les mêmes errements ; d'ailleurs elle se montra peu exclusive : à Florence,comme jadis à Alexandrie, on admirait à la fois Aristote et Platon.Durant la première moitié du seizième siècle, le débat grandit et prit un caractère sérieux ; bientôt la Scolastique put commencer àcraindre pour son existence. L'esprit de liberté et d'examen pénétrait partout, et s'essayait à remuer, à changer le monde. L'antiquité,retirée de sa poussière, fournit les premiers instruments. On étudia avec une ardeur que la science n'a guère connue depuis, tous cessystèmes de ...

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 23 Mo

Extrait

La Métaphysique
Aristote
Trad. Alexis Pierron et Charles Zévort
Ébrard, 1840
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>La Métaphysique (trad. Pierron et Zévort) : Introduction
INTRODUCTION
La Scolastique, c'est-à-dire la philosophie d'Aristote telle que se l'était faite le moyen-âge, fut, dès le quinzième siècle, l'objet
d'attaques assez vives, mais au fond peu dangereuses. Ce dont il s'agissait avant tout pour les beaux esprits du temps, pour ces
Grecs chassés par la conquête, c'était d'enseigner leur langue et leur littérature, d'en répandre le goût parmi les Occidentaux. Ils
traduisaient, ils commentaient Aristote ou Platon, ils se passionnaient dans cette étude; et l'interprète de Platon se croyait tenu, pour
louer dignement son modèle, d'établir la prééminence de Platon sur Aristote. Les choses n'allaient pas beaucoup plus loin.
L'Académie platonicienne de Florence suivit à peu près les mêmes errements ; d'ailleurs elle se montra peu exclusive : à Florence,
comme jadis à Alexandrie, on admirait à la fois Aristote et Platon.
Durant la première moitié du seizième siècle, le débat grandit et prit un caractère sérieux ; bientôt la Scolastique put commencer à
craindre pour son existence. L'esprit de liberté et d'examen pénétrait partout, et s'essayait à remuer, à changer le monde. L'antiquité,
retirée de sa poussière, fournit les premiers instruments. On étudia avec une ardeur que la science n'a guère connue depuis, tous ces
systèmes de philosophie, enfants sans joug de la pensée antique. La foi naissait de l'enthousiasme, le prosélytisme, de la foi; dans
cette fièvre de rénovation, les plus audacieuses hypothèses trouvèrent de dévoués partisans, des martyrs même. Toutes les
doctrines et tous les noms se levèrent à la voix du siècle, et s'avancèrent, pour ainsi dire en armes, contre ce grand nom et cette
grande doctrine depuis si longtemps en possession d'une absolument universelle autorité. La Scolastique succomba, mais après une
lutte longue et acharnée; elle défendit pied à pied la victoire, elle employa tous les moyens pour prolonger son existence. Ses efforts
furent inutiles. Censures théologiques, destruction des ouvrages ennemis par la main de l'autorité séculière, condamnations
[1]infamantes portées contre les partisans d'autres doctrines, enfin une loi de sang , tout ce que la Scolastique imagina pour se
perpétuer dans l'empire, n'aboutit, comme c'est l'inévitable cours des choses, qu'à accélérer sa ruine. L'arrêt du Parlement, qui
condamne les dissidents à mort, cet arrêt plus extravagant et plus ridicule encore qu'il n'est horrible, est le symp tome manifeste de
l'agonie du système; Pourtant ce n'est pas un système qui eut les honneurs du triomphe; ce ne fut ni Platon, ni Parménide, encore
moine Épicure. C'est au nom des progrès de l'empire humain que Bacon prononça la condamnation du passé : Descartes confirma
la sentence au nom de la pensée rétablie dans ses droits imprescriptibles.
On sait jusqu'à quel excès le dix-septième siècle poussa, en philosophie, son mépris pour la tradition. Aristote surtout, qui avait été
l'âme de la Scolastique, fut en butte à tous les outrages. On le chassa même de la Logique qu'il avait créée, même de l'Art oratoire.
Si la Poétique d'Aristote conserva son autorité, si cette autorité s'accrut encore durant la grande époque littéraire, ce n'est pas,
comme on l'a tant répété, par la vertu singulière du nom d'Aristote: Boileau lui-même s'est égayé aux dépens d'Aristote et des
Aristotéliciens. Ce miracle eut une autre cause. La vérité absolue n'est pas encore dans ce monde, mais du premier bond, pour ainsi
dire, l'humanité a atteint les limites du beau; et la Poétique d'Aristote, tableau fidèle, quoi qu'on en ait dit, de la pratique des éternels
maîtres, pourrait bien n'être pas autre chose que l'énumération des conditions éternelles de l'absolue beauté.
Le dix-huitième siècle se tourna vers une face nouvelle des choses. Il vit dans une portion de la réalité, la réalité tout entière, dans une
vérité, la vérité même. Comme le dix-septième siècle avant lui, plus encore peut-être, plein d'une admiration sincère pour ses propres
découvertes, convaincu que l'âge de la raison datait de lui seulement, il condamna, avec une assurance impitoyable, tout ce qui l'avait
précédé, même le grand siècle. Il s'agissait bien, alors que Malebranche passait pour insensé, alors que Descartes n'était guère plus
doucement traité que Malebranche, il s'agissait bien d'Aristote, de Platon, de la philosophie antique! Hormis quelques érudits
paisibles, ou quelques hommes assez forts pour s'arracher aux vives préoccupations du moment, combien y en avait-il, non pas
seulement en France, mais en Europe, qui connussent de Platon et d'Aristote autre chose que leur nom, et que ne satisfit pas le
jugement traditionnel sur les rêveries mystiques de Platon, et les abstractions vides de sens de son pédantesque rival? On continuait
à médire d'Aristote et de Platon, mais sans se donner la peine de motiver la critique, par habitude, par imitation, plutôt que par
animosité véritable, et l'on riait, sans trop savoir pourquoi, des plaisanteries de Voltaire sur les grands mots de catégories et d'
entéléchie.
Leibnitz s'était proclamé, et à bon droit, le disciple d'Aristote. Leibnitz jouit pendant le dix-huitième siècle d'une renommée immense
et d'une grande autorité. Aristote n'y gagna rien. On s'obstina à rapporter à Leibnitz toute la gloire de son grand système. L'idée de la
Scolastique effrayait encore les esprits; on eût cru, en adressant quelques hommages à l'antique idole de la Scolastique, reculer vers
le moyen âge, c'est-à-dire, dans l'opinion du temps, vers la barbarie. Leibnitz protesta du moins. Mais en France, l'anathème fut
maintenu, sans adoucissement, sans réclamation, avec une persévérance inouïe. Pas une seule voix, durant deux cents années, ne
s'éleva de notre pays, en faveur de ces doctrines qu'on y avait autrefois défendues avec la hache et le glaive, et les dédains de nos
pères firent longuement expier au roi déchu le despotisme de son génie.
Il était réservé à notre siècle, qui a déjà déraciné tant de préjugés, réparé tant d'injustices, réhabilité tant de gloires, de rappeler enfin
à la lumière cet Aristote si profondément oublié. Ce ne fut point une vaine fantaisie d'érudit, la curiosité d'exhumer un cadavre, et de
mesurer le néant. Il ne s'agissait pas non plus, à l'exemple du seizième siècle, d'enchâsser richement une vieille relique dédaignée,
pour la proposer aux adorations du monde. La critique moderne avait un but plus élevé ; elle essayait de renouer la tradition brisée,
de rattacher le présent et l'avenir au passé, de faire l'éducation du genre humain, par l'expérience du genre humain lui-même. C'est
en Allemagne qu'on vit se manifester les premiers symptômes de cette révolution favorable. Les deux grands systèmes dogmatiques
qui passionnaient les esprits, devaient naturellement appeler l'attention sur l'aïeul de Spinosa et de Leibnitz, de Schelling et de Hegel.
Il y a vingt ans, un philologue du premier ordre, Chrétien-Auguste Brandis, commentait à ses disciples la Métaphysique d'Aristote, nonpas pour faire puérilement parade devant eux d'un beau talent et d'une érudition immense, mais pour les initier à la philosophie de
[2]leur temps . L'exemple de Brandis trouva des émules dans cette noble contrée où rien de ce qui regarde l'antiquité n'excite un
médiocre intérêt : des travaux précieux attestent la fécondité d'un mouvement qui dure toujours et qui grandit encore.
La réhabilitation d'Aristote ne date, en France, que de quelques années. C'est à M. Cousin qu'appartient l'honneur d'avoir appelé
enfin sur Aristote, sinon une faveur passionnée, au moins l'universelle bienveillance. On sait le but que se proposa de tout temps ce
philosophe illustre. Il tenta de retrouver, au travers de tous les systèmes, les éléments épars, et latents, pour ainsi dire, de la vérité
philosophique. Entreprise gigantesque poursuivie pendant vingt ans avec une infatigable persévérance, et qui eut bien

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