Puškin en français : Les poèmes traduits par Marina Cvetaeva. - article ; n°2 ; vol.32, pg 217-235
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 217-235
Robin Kemball, Pushkin in French. The poems translated by Marina Tsvetaeva. An experimental metrical analysis.
In contrast to the pure syllabism of French versification, Tsvetaeva 's French translations of Pushkin's verse (PVC) are clearly syllabo-tonic in character, and include all the rhythmic variations encountered in the originals. (Tsvetaeva 's correspondence on this subject shows that this was a deliberate process on her part.) On the other hand, there is no apparent correlation in the incidence and distribution of these variations as between French versions and Russian originals. The syllabo-tonic character of the PVC is more marked than that of other analogous versions. However, even these other versions tend towards a basic syllabo-tonic rhythm, especially if one compares them with an original French poem of analogous type (here, Baudelaire's « Le chat »). The author confines himself to an objective analysis of the metrical and rhythmical elements involved, considering that all aesthetic or artistic valuation should properly be left to the reader of French mother-tongue.
Robin Kemball, Puškin en français. Les poèmes traduits par Marina Cvetaeva. Essai d'analyse métrique.
À la différence du syllabisme pur propre à la versification française, les vers de Puškin dans les versions de Cvetaeva (PVC) revêtent un caractère nettement syllabo-tonique, comportant toutes les variantes rythmiques rencontrées dans les originaux. (La correspondance de Cvetaeva à ce sujet démontre que c'est là un processus délibéré de sa part.) En revanche, il n'y a aucune corrélation apparente dans la répartition de ces variantes par rapport à celle observée dans les originaux russes. Le caractère syllabo-tonique des PVC est plus marqué que celui rencontré dans d'autres versions analogues. Cela dit, même ces autres versions tendent vers un rythme syllabo-tonique de base, surtout si l'on les compare avec un poème original français de type analogue (ici, « Le chat » de Baudelaire). L'auteur se limite à une analyse objective des éléments métriques et rythmiques en jeu, estimant que tout jugement de valeur relève de la compétence du seul lecteur francophone.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robin Kemball
Puškin en français : Les poèmes traduits par Marina Cvetaeva.
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 32 N°2. pp. 217-235.
Citer ce document / Cite this document :
Kemball Robin. Puškin en français : Les poèmes traduits par Marina Cvetaeva. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol.
32 N°2. pp. 217-235.
doi : 10.3406/cmr.1991.2276
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1991_num_32_2_2276Abstract
Robin Kemball, Pushkin in French. The poems translated by Marina Tsvetaeva. An experimental
metrical analysis.
In contrast to the pure syllabism of French versification, Tsvetaeva 's French translations of Pushkin's
verse (PVC) are clearly syllabo-tonic in character, and include all the rhythmic variations encountered in
the originals. (Tsvetaeva 's correspondence on this subject shows that this was a deliberate process on
her part.) On the other hand, there is no apparent correlation in the incidence and distribution of these
variations as between French versions and Russian originals. The syllabo-tonic character of the PVC is
more marked than that of other analogous versions. However, even these other versions tend towards a
basic syllabo-tonic rhythm, especially if one compares them with an original French poem of analogous
type (here, Baudelaire's « Le chat »). The author confines himself to an objective analysis of the
metrical and rhythmical elements involved, considering that all aesthetic or artistic valuation should
properly be left to the reader of French mother-tongue.
Résumé
Robin Kemball, Puškin en français. Les poèmes traduits par Marina Cvetaeva. Essai d'analyse
métrique.
À la différence du syllabisme pur propre à la versification française, les vers de Puškin dans les
versions de Cvetaeva (PVC) revêtent un caractère nettement syllabo-tonique, comportant toutes les
variantes rythmiques rencontrées dans les originaux. (La correspondance de Cvetaeva à ce sujet
démontre que c'est là un processus délibéré de sa part.) En revanche, il n'y a aucune corrélation
apparente dans la répartition de ces variantes par rapport à celle observée dans les originaux russes.
Le caractère syllabo-tonique des PVC est plus marqué que celui rencontré dans d'autres versions
analogues. Cela dit, même ces autres versions tendent vers un rythme syllabo-tonique de base, surtout
si l'on les compare avec un poème original français de type analogue (ici, « Le chat » de Baudelaire).
L'auteur se limite à une analyse objective des éléments métriques et rythmiques en jeu, estimant que
tout jugement de valeur relève de la compétence du seul lecteur francophone.ROBIN KEMBALL
PUSKIN EN FRANÇAIS
LES POÈMES TRADUITS PAR MARINA CVETAEVA
Essai d'analyse métrique
Remarques préliminaires
Inutile d'insister sur les différences profondes qui distinguent les deux systèmes
de versification : d'une part, le système russe (tout comme les systèmes anglais et
allemand) tonique (ou syllabo-tonique), d'autre part, le système français, en prin
cipe purement syllabique.
Toutefois, il serait exagéré de nier complètement le rôle de l'accentuation en
français : sous un aspect au moins, elle est même plus apparentée à
russe que ne le sont les systèmes anglais et allemand. J'entends par là l'absence, en
français comme en russe, de tout accent secondaire ou, si l'on veut, le fait que cha
que mot français (y compris les combinaisons proclitiques ou enclitiques) ne porte
qu'un seul accent - ce qui prête au vers français quelque chose de cette « légèreté »
et de cette souplesse que l'on retrouve en russe, mais moins en anglais et encore
moins en allemand (Nebenton !). Ainsi, dans le vers français l'accentuation, si peu
appuyée qu'elle soit, n'en reste pas moins un élément nécessaire, un élément constit
utif. Mais (et c'est là un grand MAIS) - « ...elle n'en saurait être l'élément fonda
mental, parce qu'elle n'est pas assez marquée dans notre langue ». C'est là l'explica
tion de Jean Suberville, qui conclut ce passage par la simple constatation : « le vers
français ne se scande pas : on compte ses syllabes. » '
Mais ce qui est vrai pour le poète de langue française ne l'est pas nécessaire
ment pour le traducteur français de vers russes, et encore moins dans le cas de
Marina Cvetaeva en tant que traductrice de Puškin.
Rien qu'à les lire, et sans même les analyser, le lecteur attentif constate
d'emblée que les vers de Puškin dans les versions de Cvetaeva (désormais : PVC)2
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXII (2), avril-juin 199 1, pp. 217-236. 218 ROBIN KEMBALL
ont une base nettement tonique, voire un rythme, soit iambique, soit (dans le cas
des «Démons») trochaïque. Neuf parmi ces onze versions étant en
« octosyllabes » à tendance iambique, il me sembla intéressant de les soumettre à
une analyse métrique selon la formule classique utilisée pour l'analyse du
četyrehstopnyj jamb russe (qui est aussi la mesure des neuf originaux de Puškin).
Octosyllabe iambique
Une analyse détaillée des 234 vers concernés révèle l'existence dans les PVC
des mêmes variantes (« vers-types ») que celles rencontrées dans l'octosyllabe iam
bique russe, à savoir :
Types de vers
Vers comportant les 4 accents métriques
1. Son âme vit, son âme vibre — '- — - — - — '■
Vers comportant 3 accents
Absence d'accent sur la 2e syllabe du vers (correspondant au 1er pied iambique)
2. Est oublié du dieu vivant - — - — —
Absence d'accent sur la 4e syllabe (2e pied)
3. Alerte sa profonde fibre - - — -
Absence d'accent sur la 6e syllabe (3e pied)
4. Il fuit les dires du vulgaire — '- — — 1
Vers comportant 2 accents
Absence d'accents sur la 2e et la 6e syllabe (1er et 3e pieds)3
5. Il est plongé piteusement -
Absence d'accents sur la 4e et la 6e syllabe (2e et 3e pieds)
6. Ivresse de la perdition — — '-
Absence d'accents sur la 2e et la 4e syllabe (1er et 2e pieds)
7. D'une immortalité - promesse : - -
Vers comportant un seul accent (final)
8. Comme tu fus quand nous nous dîmes -
Remarques : Les exemples des vers-types 1 à 5 sont tirés de la version « Le
poète ». Les types 6 et 7 (« Hymne en l'honneur de la peste »), ainsi que le type 8
(« Incantation ») sont respectivement les seuls exemples de leur genre repérés dans
PVC. À noter qu'en russe la forme 6 est déjà rare, alors que les formes 7 et 8, si
elles peuvent être envisagées théoriquement, n'existent pas en pratique4. (Quant à
l'échantillon français du type 8, certains admettraient un deuxième accent, atténué,
sur la 4e syllabe (fus), ce qui ramènerait ce vers sous le type 5.) Pour la classifica
tion et la numération des vers-types, nous avons suivi le schéma adopté par
Unbegaun5. EN FRANÇAIS 2 19 PUŠKD4
Répartition et proportions numériques
par types de vers dans PVC
1 2 3 4 5 6 7 8 Total
Nombre de vers 43 46 35 59 48 1 1 1 234
% du total 18,4 19,7 15,0 25,2 20,5 0,4 0,4 0,4 100%
Comparaison avec les «normes» russes (%) 6 :
par types de vers
1 2 3 4 5 6 7 8
18,4 19,7 PVC 15,0 25,2 20,5 0,4 0,4 0,4
- - 27,5 8,5 PuSkin (moyenne) 6,5 47,5 10,0 0,2
- - XIXe siècle (24. 144 vers) 28,1 7,1 9,0 49,0 0,6 6a
xxe siècle (9.063 vers) 26,3 7,5 10,5 1U 43,1 1,5
Conclusions et réflexions
De toute évidence, il n'existe pas de vraie base de comparaison. On retiendra
tout au plus la prééminence dans les deux cas du type 4 (absence d'accent dans le
pied pénultième). Mais même là, le taux d'environ 25 % rencontré dans PVC est
encore très loin des moyennes russes, qui oscillent entre 40 % et 50 %. En fait, si le
cetyrehstopnyj jamb russe est nettement dominé par deux types de vers - le 4 et le 1
(qui recouvrent ensemble entre 70 % et 80 % de tous les vers) -, les PVC se distin
guent par une répartition bien plus égalisée entre les cinq types courants (1 à 5), qui
se situent tous quelque part entre 15 % et 25 %. On peut penser qu'il existe des rai
sons « objectives » à cela7. Quoi qu'il en soit, il n'y a rien d'étonnant à constater que
deux langues si différentes puissent fournir des résultats si disparates. C'est plutôt
l'inverse qui serait un objet d'étonnement. Pour ma part, je ne m'attendais pas à
trouver une concordance de ce genre et ce ne fut pas là mo

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