Recherches archéologiques dans le district de Tautira (Tahiti, Polynésie française) - article ; n°20 ; vol.20, pg 5-22
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1964 - Volume 20 - Numéro 20 - Pages 5-22
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

José Garanger
Recherches archéologiques dans le district de Tautira (Tahiti,
Polynésie française)
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 20, 1964. pp. 5-22.
Citer ce document / Cite this document :
Garanger José. Recherches archéologiques dans le district de Tautira (Tahiti, Polynésie française). In: Journal de la Société
des océanistes. Tome 20, 1964. pp. 5-22.
doi : 10.3406/jso.1964.1893
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1964_num_20_20_1893RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES
DANS LE DISTRICT DE TAUTIRA
(Tahiti, Polynésie Française)
RAPPORT PRÉLIMINAIRE
Ces recherches archéologiques (prospections et fouilles) ont été effectuées à
Tahiti pendant la période du 1er mars 1963 au 28 janvier 1964 sous l'égide de
l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer et du Centre Natio
nal de la Scientifique.
Tahiti, l'un des foyers les plus importants de la culture polynésienne, est l'île
la moins atteinte par les recherches archéologiques récentes. Si K. P. Emory (cf.
K. P. Emory 1933) avait, dès 1925, commencé l'important travail que l'on sait
(localisation de nombreuses structures et classification des Marae en trois types
évolutifs), les méthodes archéologiques récentes, apparues en Polynésie depuis une
dizaine d'années seulement, n'ont réellement porté leurs fruits que dans les autres
îles : travaux d'Emory et de Sinoto aux îles sous le Vent, de Green à Moorea et
à Mangareva, de Suggs aux Iles Marquises, etc.. 1. Ceci s'explique par les diff
icultés propres de la recherche archéologique à Tahiti.
L'un des objectifs les plus généralement poursuivis en Polynésie est- la recherche
de l'outillage dans un contexte stratîgraphique pour déterminer les séquences
chronologiques d'une région donnée et préciser les relations de cette région avec
l'extérieur. Le résultat final doit en particulier éclairer le problème des origines
et des migrations des Polynésiens. Il est indispensable de pouvoir situer exacte
ment le rôle de Tahiti dans les processus de peuplement de la Polynésie orientale.
L'heureuse découverte de Maupiti (K. P. Emory et Y. H. Sinoto 1963) éclaire
singulièrement le passé des Iles sous le Vent, mais les périodes plus anciennes
restent encore dans l'obscurité et, d'autre part il serait imprudent de considérer
que les Iles sous le Vent et les Iles au vent ont une histoire exactement parallèle.
Les hypothèses récentes qui font appel à la glottochronologie et aux résultats des
travaux archéologiques effectués en dehors de Tahiti (cf. K. P. Emory 1963)
sont précieuses en tant qu'hypothèses de travail. Seule la connaissance des carac
tères typologiques de l'outillage tahitien ancien permettrait de confirmer cette
hypothèse qui fait des Iles Marquises le premier centre de dispersion des civilisa
tions Est-Polynésiennes. Les Iles de la Société, comparées aux archipels extérieurs,
se sont malheureusement révélées très pauvres en outillage, ce n'est pas néces
sairement un trait culturel : la collecte des « curios » a commencé ici un siècle plus
tôt qu'ailleurs. Le repérage des sites « ouverts », c'est-à-dire non associés à des
structures de surface, s'est révélé lui-même très difficile à Tahiti pour de mul-
1. Nous ne citons que les travaux qui ont fait l'objet d'une publication même partielle
et qui concernent la Polynésie Française, une bibliographie plus générale a été donnée
dans mon rapport annuel pour 1962. D SOCIETE DES OCEANISTES
tiples raisons (cf. Emory 1962). Effectuer en tout lieu des sondages non motivés
par des indices de surface est une méthode coûteuse et non moins décevante. Tahiti
reste donc, dans le domaine de la typologie comparée et pour les périodes les plus
archaïques, une terre inconnue, c'est là une situation assez irritante.
L'étude des monuments religieux (Marae) est également nécessaire, tout est
loin d'être résolu en ce qui les concerne (structure, chronologie et évolution des
types). Une grande partie de ces monuments, situés sur la plaine côtière, ont mal
heureusement à jamais disparu. Lorsqu'ils existent encore, une longue occupation
de l'habitat contemporain les a considérablement amputés, cette situation est bien
moins grave dans les autres îles où la densité de l'habitat non traditionnel est
plus faible.
Cette quête du fossile directeur en vue d'établir une chronologie relative et
l'étude comparée des monuments de surface, pour importantes qu'elles soient, ne
sont que des aspects de la recherche archéologique. On considère en effet que sa
démarche doit viser à éclairer le passé d'un point de vue ethnologique autant
qu'historique et que ce but ne peut être approché (seulement approché, il serait
vain d'espérer davantage) que par la convergence de toutes les méthodes dispo
nibles appliquées à l'étude globale d'un ancien établissement humain. Cette pré
occupation apparaît dans les travaux de Suggs aux Marquises (Suggs 1961) et
de Green à Moorea (Green 1961 et 1962). On peut aller plus loin encore dans
cette voie : une « Ethno-archéologie » est concevable en Polynésie et même néces
saire là où l'ancienne culture échappe à l'ethnologue de terrain. L'archéologie
peut non seulement éclairer les genres de vie anciens cryptographies dans le sol
et préciser la densité et la répartition des témoins mobiliers et immobiliers dans
l'espace, elle peut également rechercher les lois culturelles de cette organisation
de l'espace géographique. De telles recherches ne sauraient fructifier avant que de
nombreux travaux orientés dans ce sens n'aient permis une vérification statistique
des hypothèses chaque fois avancées. Cette démarche à entreprendre est difficile à
Tahiti pour les raisons déjà exposées.
C'est en considérant et l'impérieuse nécessité d'effectuer des travaux archéo
logiques à Tahiti et les difficultés à surmonter pour les mener à bien que l'on a
choisi le district de Tautira comme terrain de recherche. Sans doute, exposée
aux vents dominants, cette région reçoit-elle la plus grande partie des pluies qui
tombent sur Tahiti, pluviosité quasi permanente dans la montagne et la
végétation luxuriante qui en résulte ne rendent ni le séjour ni le travail bien confor
tables. Cependant c'est la région de Tahiti la moins troublée par l'activité contempor
aine, les vallées intérieures et la côte orientale sont pratiquement désertées depuis
l'arrivée des européens, on espérait donc rencontrer là des sites non perturbés
leur abandon et propres à une étude de leurs séquences chronologiques. D'autre part,
la prospection des monuments de la grande vallée de Tautira restait à faire,
K. P. Emory n'ayant pu visiter l'intérieur de la presqu'île (K. P. Emory 1933).
Certaines sources (Maximo Rodriguez et Teuira Henry en particulier) laissaient
aussi espérer que l'on pourrait, dans ce district, éclairer le problème des structures
sociales tahitiennes avant l'arrivée des européens en confrontant et les résultats
de la recherche archéologique et les informations recueillies à ces sources. Il n'était
pas impensable non plus que l'on rencontrât ici les traces d'une occupation très
ancienne : les vents et les courants portent les embarcations vers la région orien
tale de Tahiti ; la tradition rapporte que c'est à Tautira que sont arrivés pour la
première fois les prêtres d'Oro (cf. T. Henry 1951, pp. 136 à 138). Par ailleurs, il
semble que l'ancienne culture tahitienne se soit maintenue plus longtemps dans
la presqu'île qu'à Tahiti-nui. Si c'est à Tautira que des européens s'installèrent
pour la première fois en Polynésie cette mission espagnole (1774-1775) y vécut
repliée sur elle-même et fut un échec ; plus tard, alors que Tahiti-nui adoptait
déjà le système politique et religieux des européens, les gens de la presqu'île se RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES À TAUTÏRA 7
montraient rebelles à cette assimilation : l'hérésie de la

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