Réflexions sur le parcours de Francis de Pressensé - article ; n°1 ; vol.72, pg 12-16
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Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2003 - Volume 72 - Numéro 1 - Pages 12-16
Francis de Pressensé, the second president of the French league for human rights, had a strong personality. Dreyfusard” and socialist, he succeeded in 1903 the moderate Ludovic Trarieux. He fighted for the individual rights of human beings, but also for the collective rights of the minor officials, the workers, the natives of the colonies. During his presidency, which ended in 1914, he managed to develop efficiently the League for human rights. Since 1907, his presidency has also been caracterised by internal divisions between radicals and socialists.
Francis de Pressensé, le deuxième président de la Ligue des droits de l’homme, est une forte personnalité. Socialiste dreyfusard, il succède en 1903 au modéré Ludovic Trarieux. Il défend les droits des individus, mais aussi les droits collectifs, ceux des fonctionnaires, des ouvriers, des indigènes des colonies. Sa présidence, qui s’achève en 1914, voit un grand développement de la Ligue des droits de l’homme. Elle est marquée, à partir de 1907, par des divisions internes entre radicaux et socialistes.
5 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Réflexions sur le parcours
Rémi FABRE
de Francis de Pressensé
Je reprends dans cette intervention quelques-uns Second Empire, ce père, Edmond de Pressensé, était un
des résultats de l’étude biographique de Francis de proche de Thiers. Élu député à l’Assemblée nationale aux
1Pressensé que j’ai achevée à l’automne 2002 . Le élections complémentaires de juillet 1871, il a fait partie
deuxième président de la Ligue des droits de l’homme du Centre gauche et a contribué au vote des lois consti-
(LDH) est incontestablement une forte personnalité, qui tutionnelles républicaines. Il finira sa carrière entre 1883
a beaucoup marqué l’histoire de la grande association et 1890 au poste de sénateur inamovible, se situant tou-
dreyfusarde et républicaine. Après avoir donné une jours dans une mouvance Centre gauche que l’évolution
idée de son parcours politique et intellectuel, je vou- politique plaçait désormais un peu à droite de l’axe
drais présenter quelques remarques sur la façon dont il majoritaire de la République républicaine. On notera en
a conçu la défense des droits de l’homme, en réflé- passant qu’aux obsèques d’Edmond de Pressensé c’est
chissant en particulier sur les rapports qui ont été entre- son collègue et ami le sénateur Trarieux qui a prononcé
2tenus pendant sa présidence, entre 1903 et 1914, avec son éloge funèbre au nom de la Haute Assemblée .
les pouvoirs publics. Je dirai également quelques mots Il faut, par ailleurs, signaler que la mère de Francis
de l’autorité de ce président sur son organisation, en de Pressensé, Élise, est aussi une forte personnalité.
mettant en évidence la façon dont il a été soutenu, Écrivain, auteur de romans pour enfants à succès, dame
suivi et admiré, mais aussi la façon dont il a pu être d’œuvres protestantes, elle a des idées politiques nette-
contesté. Si on peut parler d’une présidence forte, nous ment plus à gauche que celles de son mari, puisqu’el-
n’avons pas, en effet, affaire, pendant le mandat de le n’hésite pas à se réclamer du socialisme, un socia-
Francis de Pressensé, à une présidence consensuelle. 3lisme teinté d’esprit évangélique .
Cela tient, peut-être en partie au tempérament de
Francis de Pressensé est donc « un héritier », maisFrancis de Pressensé, mais, on va le voir, c’est aussi une
l’héritier, pourrait-on dire d’une double tradition. Dansconséquence de la situation politique marquée par la
la première partie de sa carrière, il suit les traces poli-
rupture du Bloc des gauches.
tiques libérales de son père, dont les relations lui ont
Je présenterai successivement les « antécédents » de évidemment ouvert beaucoup de portes. Après une pre-
1. Rémi Fabre, Francis de Francis de Pressensé avant 1898, son engagement mière expérience dans la diplomatie de 1879 à 1882, il
Pressensé (1853-1914), « révolutionnaire » dans l’affaire Dreyfus, son accession devient journaliste. Entré au Temps en 1888, il en estune biographie politique
à la présidence et la première partie de son mandat auet intellectuelle, Dossier rapidement une des personnalités centrales, puisqu’il
pour l’habilitation à temps du climat « unitaire » de la République combiste, dirige la rubrique de politique étrangère et rédige à peu
diriger des recherches, enfin la période plus conflictuelle qui débute aux alen- près quotidiennement le Bulletin (Bulletin du Jour puisvolume 1, Université de
tours de 1906 et dure pratiquement jusqu’à la fin, en jan-Paris XII-Créteil, Bulletin de l’Étranger), soit l’éditorial le plus important
décembre 2002. vier 1914, Francis de Pressensé disparaissant quelques de la Une. Pour caractériser l’orientation du Temps,
2. Voir le compte rendu mois avant l’éclatement de la Grande Guerre. organe de la bourgeoisie cultivée, on pourrait parler
des obsèques d’Edmond
d’un libéralisme mâtiné de conservatisme. Le Temps ade Pressensé dans le
numéro spécial que lui aussi la réputation d’être la voix officieuse du quai
Les « antécédents »consacre La Revue d’Orsay, de pratiquer en tout cas la « défense et illustra-
erchrétienne, 1 mai 1891. de Pressensé tion » de la politique étrangère de la France. Il faut donc
3. Rémi Fabre, « Une
situer le Francis de Pressensé des années 1890 relative-grande dame du
Francis de Pressensé est né en 1853 dans une gran-protestantisme, Élise de ment à droite. On notera aussi qu’il a failli se convertir
Pressensé », Bulletin de de famille protestante. Son père est pasteur, homme de au catholicisme, et qu’il a été un ferme partisan de l’al-
la Société d’histoire du lettres, mais aussi homme politique. Opposant libéral au liance entre les républicains de gouvernement, lesprotestantisme français,
janvier-février-mars 1986. « progressistes » de ces années de République modérée,
et les catholiques ralliés. Il a même pu écrire en 18974. Francis de Pressensé, RÉMI FABRE, Maître de conférences à l’Université de Nantes, Rémi
« La République et la Fabre est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur dans La Revue des Deux Mondes que « la République
en histoire. Il a publié récemment un ouvrage sur Les protestants encrise du libéralisme », ne sera vraiment intangible que le jour où elle aura lais-France depuis 1789. Il vient d’achever la biographie de Francis deRevue des Deux Mondes,
Pressensé pour son dossier d’habilitation à diriger des recherches. 4sé les ralliés la gouverner ».15 février 1897.eLes archives de la Ligue des droits de l’homme dans le premier XX siècle • 13
ment. La journée est un succès « militaire » pour lesUn engagement révolutionnaire
nationalistes emmenés par Déroulède. À la suite de cesdans l’affaire Dreyfus
incidents, Francis de Pressensé accepte de marquer
pendant quelques semaines une pause dans ses inter-L’affaire Dreyfus a opéré chez Francis de Pressensé
ventions publiques. Comme le montre le compte renduune rupture brutale et profonde. On peut parler dans
du comité de la Ligue du 17 octobre, Ludovic Trarieuxson cas d’un engagement révolutionnaire, dans la
craignait que les violences et l’agitation ne compro-mesure où il a connu une véritable révolution intérieu-
mettent la cause de la révision du procès Dreyfus. Maisre et où il a adopté des positions politiques bien éloi-
bien vite Francis degnées de ses orientations antérieures. Francis de
Pressensé accompa-Pressensé prend le parti d’Alfred Dreyfus en janvier 1898.
gné d’un nombre deÀ la suite de la publication de « J’accuse », il signe la
plus en plus grand5deuxième protestation des intellectuels . Mais c’est sur-
d’intellectuelstout au lendemain du procès d’Émile Zola qu’il s’enga-
ligueurs reprend sage. Il publie en particulier le 26 février 1898 une ferme
participation auxlettre de soutien à l’écrivain condamné.
meetings dreyfu-
C’est assez logiquement que Francis de Pressensé est sards. Il est désigné
élu membre du comité de la Ligue des droits de l’hom- comme un des chefs
me à la suite de l’assemblée fondatrice du 4 juin 1898. du « syndicat » par
Une personnalité comme Francis de Pressensé, très ses ennemis, et
proche par ses antécédents familiaux et sa culture poli- salué par Jaurès
tique libérale du président Trarieux, avait une place comme l’incarna-
« naturelle » au sein du groupe fondateur. Il y occupait, tion de l’engage-
pourrait-on dire, une position intermédiaire entre les ment des intellec-
« politiques » comme Ludovic Trarieux, Yves Guyot, tuels. Pendant près
Arthur Ranc, Joseph Reinach, et les « intellectuels » etd’une année,
savants comme Édouard Grimaux, Émile Duclaux, Francis de Pressensé
Louis Havet, Jean Psichari. prend la parole
Mais le clivage qui apparaît assez vite au sein de la presque chaque soir
Ligue transcende ces différences « professionnelles ». Il et visite de très nom-
oppose les « modérés », partisans d’une action légaliste breuses villes de
et les « activistes » qui veulent radicaliser le combat province où com-
dreyfusard. C’est très nettement dans la seconde catégo- mencent à appa-
Francis de Pressensé.rie que se situe Francis de Pressensé. À la fin juillet 1898, raître des sections de la Ligue des droits de l’h

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