Enée, Lavinium et les treize autels. En marge d’un livre récent* - article ; n°1 ; vol.200, pg 41-66
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Revue de l'histoire des religions - Année 1983 - Volume 200 - Numéro 1 - Pages 41-66
La recension critique de l'ouvrage publié par G. Dury- Moyaers sur les découvertes de Lavinium (Pratica di Mare) conduit à revoir l'interprétation des données archéologiques et des témoignages de la tradition littéraire, notamment à l'endroit des treize autels qui pourraient avoir un lien avec le culte de Junon plutôt qu'avec celui des Pénates, de Vénus ou de divinités « agraires ».
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Turcan
Enée, Lavinium et les treize autels. En marge d’un livre récent*
In: Revue de l'histoire des religions, tome 200 n°1, 1983. pp. 41-66.
Résumé
La recension critique de l'ouvrage publié par G. Dury- Moyaers sur les découvertes de Lavinium (Pratica di Mare) conduit à revoir
l'interprétation des données archéologiques et des témoignages de la tradition littéraire, notamment à l'endroit des treize autels
qui pourraient avoir un lien avec le culte de Junon plutôt qu'avec celui des Pénates, de Vénus ou de divinités « agraires ».
Citer ce document / Cite this document :
Turcan Robert. Enée, Lavinium et les treize autels. En marge d’un livre récent*. In: Revue de l'histoire des religions, tome 200
n°1, 1983. pp. 41-66.
doi : 10.3406/rhr.1983.4565
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1983_num_200_1_4565LAVENIUM ÉNÉE,
ET LES TREIZE AUTELS
En marge d'un livre récent
La recension critique de V ouvrage publié par G. Dury-
Moyaers sur les découvertes de Lavinium (Pratica di Mare)
conduit à revoir V interprétation des données archéologiques et
des témoignages de la tradition littéraire, notamment à l'endroit
des treize autels qui pourraient avoir un lien avec le culte de
Junon plutôt qu'avec celui des Pénates, de Vénus ou de divinités
« agraires ».
Il est banal de s'émerveiller sur la riche moisson de don
nées archéologiques qu'ont livrée depuis un quart de siècle le
site et les environs immédiats de Lavinium (Pratica di Mare).
Telles de ces données confirment celles de la tradition litté
raire ; d'autres soulèvent des interrogations ou des contro
verses ; certaines nous révèlent ou nous précisent des aspects
importants de la religion latiale. Ce matériel est en cours de
publication dans la série Lavinium que dirige F. Gastagnoli1.
Il a suscité toute une littérature déjà considérable de dis
cussions, interprétations, contre-interprétations, réfutations,
mises au point diverses ou contradictoires propres à dérouter
le lecteur moyen de l'Enéide qui voudrait mettre à jour sa
culture classique. Aussi saura-t-on gré à G. Dury-Moyaers2
1. Lavinium I, Topografla générale, fonti e storia délie ricerche, Rome, 1972 ;
Lavinium II, Le tredici are, Rome, 1975.
2. Enée et Lavinium. A propos des découvertes archéologiques récentes, avec
une préface de F. Castagnoli (coll. t Latomus », vol. 174), Bruxelles, 1981,
252 p., in-8°, XXXVII pi. h. t.
Bévue de l'Histoire des Religions, col/1983 Robert Turcan 42
de nous proposer une synthèse ou, du moins, une explication
de la légende d'Enée et de la tradition littéraire qui la concerne,
en fonction de l'archéologie lavinate. La diversité des sujets
abordés et des documents traités fait d'autant plus regretter
qu'aucun index ne facilite la consultation de cet ouvrage.
Les textes (chap. I : « Enée dans les sources littéraires »)
nous informent inégalement sur la germination, les variantes
et les cheminements du mythe. Chez Homère semble s'esquisser
le thème du Pius Aeneas, mais sans la moindre allusion à sa
fuite vers l'ouest. Hésiode (Théog., 1013) connaît déjà Latinos
et Agrios (= Silvius ?), qui évoqueraient Lavinium et les
cités latiales, selon G. Dury, mais sans relation directe avec
Enée. C'est Ulysse qui est glorifié, et le poète l'associe à des
héros latins plutôt qu'étrusques (p. 44 s.). Stésichore d'Himère
est le premier, vraisemblablement, qui popularise en vers le
départ d'Enée « pour l'Hespérie » (c'est-à-dire l'Occident ou
l'Italie, pays des morts et des Enfers)3. Mais nous n'avons sur
ce point que le témoignage des Tables Iliaques, qui datent
de l'époque augustéenne, et — curieusement — Stésichore
n'est pas cité par Denys d'Halicarnasse, qui aligne tant de
références littéraires sur la légende d'Enée. Faut-il croire avec
G. Dury (p. 50) que « Le rendu du poème de Stésichore sur la
Tabula nous informe sur l'ampleur que pouvait avoir la
légende au vie siècle » ? On peut encore en douter.
Un siècle plus tard, Hellanicos attribue à Enée la fonda
tion de Rome, et non de Lavinium, car (pour G. Dury)
YUrbs a désormais au sein de la Ligue latine une prééminence
qui occulte dans l'opinion hellénique le prestige religieux de la
vieille acropole latiale. « Désormais pour un Grec, c'est autour
de Rome que gravitent toutes les légendes ayant trait au
3. Cf. R. J. Clark, Catabasis : Vergil and the Wisdom-tradition, Amsterdam,
1979, p. 65 ss. Lavinium et les treize autels 43 Enée,
Latium » (p. 63), et « La roue tourne » (p. 64). Mais Lavinium
prend sa revanche au ine siècle avec Timée de Tauromenium
et Y Alexandra de Lycophron, « premier témoignage qui fait
de Lavinium la cité d'Enée ». Chez Naevius, Enée et Anchise
fondent la ville (p. 75) ou, du moins, un fragment (3, Morel
= 25, Strzelecki) nous montre Anchise prenant les auspices
et sacrifiant «aux Pénates » : s'agit-il bien des Pénates ? J. Per
ret en doutait, mais il est bien vrai que la tradition les stabil
ise à Lavinium. Avouons toutefois que les bribes conservées
du Bellum Punicum n'autorisent aucune certitude. Pareil
lement, le peu que nous connaissions de l'histoire romaine
écrite en grec par Fabius Pictor laisse aux hypothèses un
champ facile et généreux. Il semble que Fabius ait valorisé
le rôle d'Albe, puisqu'il y situe la gésine de la truie (FGH,
809 F 2). Mais c'est à Lavinium que la porca miraculeuse était
statufiée. Pour G. Dury (p. 81), « il est manifeste que, dans ce
fragment, les légendes des fondations de Lavinium et d'Albe
sont confondues en une seule inauguration » : en quoi « manif
este » ? En fait, le « fragment » n'est qu'un résumé qui
escamote sans doute plusieurs détails plus ou moins impor
tants ; mais on ne peut rien affirmer ni pour ni contre la
lettre de la citation que Georges le Syncelle tient lui-même de
Diodore (un témoignage au deuxième ou troisième degré est
toujours sujet à caution).
C'est chez Caton l'Ancien que se précise quelque chose de
YEnéide et de la chronologie des fondations successives de
Lavinium, puis d'Albe la Longue. Les héros de Virgile et les
ennemis d'Enée sont déjà en place dans les Origines. G. Dury
aurait pu noter (p. 88) que la légende des Pénates qui encou
ragent Enée à implanter une ville en terrain infertile (ap. Aur.
Vict., Origo gentis Bomanae, 12, 5) se déchiffre peut-être sur
les reliefs gravés au flanc droit du socle de la statue colossale
du Tibre qu'abrite le Musée du Louvre4. Le courant archaïsant
4. J. Le Gall, Recherches sur le culte du Tibre (« Publications de l'Institut
d'Art de l'Université de Paris, 2 »), Paris, 1953, p. 6 ss., 13 ss. et pi. II. 44 Robert Turcan
et la faveur dont bénéficie Caton le Censeur à l'époque où
fut probablement taillée la statue expliqueraient qu'on eût
illustré cette version du mythe6. Vairon aussi a largement
contribué au prestige de Lavinium, soucieux qu'il est « d'enri
chir la tradition » (p. 90). Mais Virgile romprait avec celle-ci,
du seul fait qu'il imagine le débarquement d'Enée à l'embou
chure du Tibre. Est-ce bien suffisant pour le penser ? D'autres
passages de VEnéide (discours d'Anchise, au chant VI) et le
témoignage même de Servius soulignent l'influence de l'ant
iquaire latin. Peut-on raisonnablement concevoir que Virgile
l'ait renié en ce qui regarde Lavinium ? Il faudrait pour en
être sûr connaître la suite de VEnéide, et rien ne prouve,
après tout, que cette épopée en douze chants n'est pas ina
chevée ! Il est vrai que « dans cette géographie toute poétique
du Latium, il ne faut pas s'arrêter », écrit G. Dury, à ce qu'elle
appelle des « incohérences » (p. 92). Encore faudrait-il s'en
tendre sur la notion d' « incohérence », dans le cas d'un
poète-
Telle que la retrace G. Dury, « l'évolution littéraire » de la
légende est hypothéquée par

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