La Mise en place d'un nouveau type d'autorité. Signification sociologique et interprétation ecclésiologique de la mort du Christ dans le protestantisme. - article ; n°1 ; vol.39, pg 147-158

Gilbert Vincent

Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1975 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 147-158
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: Archives-des-sciences-sociales-des-religions
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 17
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Gilbert Vincent
La Mise en place d'un nouveau type d'autorité. Signification
sociologique et interprétation ecclésiologique de la mort du
Christ dans le protestantisme.
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 39, 1975. pp. 147-158.
Citer ce document / Cite this document :
Vincent Gilbert. La Mise en place d'un nouveau type d'autorité. Signification sociologique et interprétation ecclésiologique de la
mort du Christ dans le protestantisme. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 39, 1975. pp. 147-158.
doi : 10.3406/assr.1975.2775
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1975_num_39_1_2775Arch Sc soc des Rel. 39 1975 147-158
Gilbert VINCENT
LA MISE EN PLACE UN NOUVEAU
TYPE AUTORIT
Signification sociologique de la prédication et interprétation
ecclésioîogique de la mort du Christ dans le protestantisme
this article Contrary attempts to positivistic to lay down approach some guide of the lines phenomenon for an interpretation of death
of the social function of death The sociological reflection combined with
psychanalytical approach try to prove that in every social group the
basis of authority resides and is hidden in founding death The
author finds the Reform period particularly significant for the emergence
of the individual which was made possible then by certain practices
connected with the Scriptures marked the beginning of the contemporary
process of the democratization of authority
An interpretation of the Reform cannot neglect an analysis of
the phenomenon of the sect which is considered as radicalization of
the Reform Within the sect the weight of the authority may be
vested in one or two people only However this is not sign of freedom
since behind the affirmation of freedom of speech for example many
signs of subjection to the written word can be detected The practice of
preaching is such that it reinforces the suspicion that the democratic
fiction and the fiction of free speech go hand in hand and that these
fictions originate in relationship to the written word which is the
establishment of the internalization of the law new distance with
respect to oneself which is called conscience
seulement les gens savants connaissent que la vie humaine est sem-
J-Nl blable ombre ou fumée mais est un proverbe commun entre le
populaire Et parce on voyait que était une chose fort utile connaître on
célébrée par plusieurs belles sentences Et néanmoins il chose au monde
que nous considérions plus négligeamment ou dont il nous souvienne moins
Car nous faisons toutes nos entreprises comme constituant notre immortalité
en terre 1)
Ce propos de Calvin peut me semble-t-il alimenter le soup on suivant
lorsque nous croyons constater que notre époque méconnaît la mort elle
Jean CALVIN Institution chrétienne III
147 DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS ARCHIVES
oublie ou fait tout pour oublier que faisons-nous sinon reprendre une vieille
complainte Il en irait de cette constatation teintée amertume comme de cette
autre constatation non moins amère que la jeunesse est irrévérencieuse sacrilège
par rapport ce que révèrent les anciens mais peut-être ces lamentations se
rejoignent-elles en ceci ce qui est reproché la jeunesse est elle est oublieuse
de sa propre précarité de sa propre mort dans élan de ambition de faire ou
refaire un monde Mais si notre époque diffère de toute autre par sa discrétion
sur la mort on peut risquer cette explication mourir paraît un luxe en tout cas
un privilège quand le massacre et la torture deviennent loi que peut même
signifier mourir vivre et ne plus vivre dépendent de plus en plus de tech
niques et de comptabilités anonymes
Peut-on parler de ce qui nous hante nous obsède Hiroschima Auschwitz
la gégène et le cancer ces réalités des jours de notre mort Une sociologie
de la mort rencontre ici une de ses principales difficultés comment interpréter
la prétendue discrétion de nos contemporains sur la mort obsession est-elle
bavarde Par où exprime le refus de la mort cancéreuse et tortionneuse Par le
sport torture sublimée et par la vitesse ce grand jeu du risque auto-mobile
sans doute beaucoup de difficultés attendent ici celui qui voudrait convertir
hypothèse en thèse et de plus nombreuses encore attendent celui qui voudrait
comparer le sentiment de la mort dans des sociétés différentes car chaque société
définit pour ses membres ce qui est spécialement horrible dans le mourir être
privé de sépulture mourir sans enfants mourir sans absolution etc Si on pré
tend que horrible contemporain est dans la dislocation du corps où les instituts
de beauté mortuaire) ne souligne-t-on pas un caractère de horrible que confirme
la pratique assez générale de la mutilation des cadavres de ceux que on maudit
particulièrement
Dans le sursis une sociologie du sentiment il pourrait sembler plus facile
esquisser une sociologie de la connaissance de la mort de ce qui finit en elle et
du moment où cela finit mais une telle sociologie risque fort être instable
écartelée entre la reconnaissance une juridiction de la logique et celle de la
pratique médicale En ce qui concerne la tentation logique je ne dirai rien de la
seconde plus évidente il est assez aisé devant le tableau des argumentations
développées propos de la mort de constater que entendement est au pilori
argumentation est écartelée par alternative une fin sans fin ou une fin qui
finit elle est généralement prise par le présupposé une mort-chose voire une
Mort-femme Le mythe en son opération de personnification aurait son origine
dans une faute logique dans la transformation énoncés descriptifs en énoncés
dont référence et prédicat se recouvrent La première faute serait de parler de la
mort autrement que comme de ce dont justement on ne peut rien dire moins
de engager dans les embarras signalés propos du paradoxe du menteur Epimé-
nide le Cretois notre frère en condition humaine
Resterait certes se demander pourquoi les séductions langagières sont quasi
invincibles réflexion linguistique et réflexion sociologique viendraient ici con
verger mais vers un point échappant exclusive juridiction de ces deux disci
plines point entrevu par Nietzsche essayant une explication de la connais
sance et de toute uvre en termes de ruse déployée par la peur de mourir chez les
faibles La peur de mourir serait terminus quo de la réflexion sociologique On
pourrait certes objecter que la peur de mourir est le fait de sociétés dont les
consensus est le plus faible Ce faisant on maintiendrait le primat de explication
sociologique dans un mouvement de pensée proche de celui de Durkheim Mais
le suicide que ce dernier analyse comme un effet de la désagrégation du consensus
social ne contredirait pas une hypothèse centrée sur la peur il vaudrait ail
leurs mieux parler angoisse de mourir Car le suicide pourrait bien chez
individu être effet un vertige répulsion fascinée lié angoisse de mourir
comme celle-ci pourrait être angoisse une conscience affolée par la disparition
des points cardinaux axiologiques une société Le suicide on le dit parfois est
148 NOUVEAU TYPE AUTORITE
faute de présomption dans un registre théologique on voyait en lui un geste de
désespérance corrélatif de orgeuil en lequel plus un théologien voyait essence
du péché attention sociologique aiguisée par le nombre de suicides exemplaires
contemporains en et propos de la Tchécoslovaquie envahie ou du Viêt-nam
broyé reconnaîtrait le bien-fondé de interprétation morale et théologique le
suicide apparaît en effet comme un holocauste sacré comme expiation un
crime social Le suicide est révélateur une crise sociale en lui sont arti
culées reconnaissance de la perte de autorité sociale de la société contre laquelle
on se suicide et exigence une sacralité nouvelle incarnée une humanité autre
on veut réveiller ou promouvoir
Pour la première fois le suicide nous confronte la jonction de la mort et de
autorité qui sera fil conducteur de cette étude travers le labyrinthe des propos
associés
étude du suicide pose des questions théoriques importance En effet
en toute rigueur épistémologique le primat explicatif que reconnaît le sociologue
il invoque la société et son degré de cohésion est un effet du primat métho
dologique La cause sociologique est pas première ontologiquement Mais la
primauté méthodologique risque être objet une préférence passionnée de
la part du sociologue où le glissement de affirmation