La mort volontaire dans l oeuvre de saint Augustin. - article ; n°2 ; vol.187, pg 147-180
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Revue de l'histoire des religions - Année 1975 - Volume 187 - Numéro 2 - Pages 147-180
Confronté au donatisme, saint Augustin lutte contre les thèses de ce schisme, notamment celles relatives au martyre. Pour enlever aux hérétiques toute possibilité d'exploiter l'indécision passée de l'Eglise, l'évêque d'Hippone définit le martyre en termes précis : la cause (et non la peine) constitue le vrai martyre. Sur la base de cette définition, il s'attaque aux donatistes qualifiant leur mort, non de martyre, mais de suicide. Purement polémique dans le Contra Gaudentium, l'opposition devient plus théorique avec le De civitate Dei quand les donatistes se réclament de Razis, personnage de l'Ancien Testament, pour justifier leur attitude. Le débat se porte alors sur le plan des Ecritures. Saint Augustin centre son argumentation sur le non occides de l'Exode et y voit le rejet tant du suicide que de l'homicide. Celui qui se tue, tue un homme et est, de ce fait, homicide. Il en découle un sentiment de dégoût d'autant plus fort pour le chrétien que saint Augustin lie le suicide à une inspiration satanique et promet à celui qui se tue les peines éternelles. L'article tente de dégager la lente constitution des notions de suicide et de martyre dans le cadre de la querelle donatiste. Il vise à souligner les lignes de force de la pensée augustinienne tout en mettant en évidence sa nouveauté et en esquissant sa postérité.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Bels
La mort volontaire dans l'oeuvre de saint Augustin.
In: Revue de l'histoire des religions, tome 187 n°2, 1975. pp. 147-180.
Résumé
Confronté au donatisme, saint Augustin lutte contre les thèses de ce schisme, notamment celles relatives au martyre. Pour
enlever aux hérétiques toute possibilité d'exploiter l'indécision passée de l'Eglise, l'évêque d'Hippone définit le martyre en termes
précis : la cause (et non la peine) constitue le vrai martyre. Sur la base de cette définition, il s'attaque aux donatistes qualifiant
leur mort, non de martyre, mais de suicide. Purement polémique dans le "Contra Gaudentium", l'opposition devient plus
théorique avec le "De civitate Dei" quand les donatistes se réclament de Razis, personnage de l'Ancien Testament, pour justifier
leur attitude. Le débat se porte alors sur le plan des Ecritures. Saint Augustin centre son argumentation sur le "non occides" de
l'Exode et y voit le rejet tant du suicide que de l'homicide. Celui qui se tue, tue un homme et est, de ce fait, homicide. Il en
découle un sentiment de dégoût d'autant plus fort pour le chrétien que saint Augustin lie le suicide à une inspiration satanique et
promet à celui qui se tue les peines éternelles. L'article tente de dégager la lente constitution des notions de suicide et de
martyre dans le cadre de la querelle donatiste. Il vise à souligner les lignes de force de la pensée augustinienne tout en mettant
en évidence sa nouveauté et en esquissant sa postérité.
Citer ce document / Cite this document :
Bels Jacques. La mort volontaire dans l'oeuvre de saint Augustin. In: Revue de l'histoire des religions, tome 187 n°2, 1975. pp.
147-180.
doi : 10.3406/rhr.1975.6044
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1975_num_187_2_6044La mort volontaire
dans l'œuvre de saint Augustin
Confronté au donalisme, saint Augustin lutte contre les thèses
de ce schisme, notamment celles relatives au martyre. Pour enlever
aux hérétiques toute possibilité d'exploiter Vindécision passée de
l'Eglise, Vévêque ď Hippone définit le martyre en termes précis :
la cause (et non la peine) constitue le vrai martyre. Sur la base
de celte définition, il s'attaque aux donatistes qualifiant leur mort,
non de martyre, mais de suicide. Purement polémique dans le
Contra Gaudentium, l'opposition devient plus théorique avec le
De civitate Dei quand les donatistes se réclament de Razis,
personnage de l'Ancien Testament, pour justifier leur altitude.
Le débat se porte alors sur le plan des Ecritures. Saint Augustin
centre son argumentation sur le non occides de l'Exode et y voit
le rejet tant du suicide que de l'homicide. Celui qui se tue, tue
un homme et est, de ce fait, homicide. Il en découle un sentiment
de dégoût d'autant plus fort pour le chrétien que saint Augustin
lie le suicide à une inspiration satanique et promet à celui qui se
tue les peines éternelles.
L'article tente de dégager la lente constitution des notions de
suicide et de martyre dans le cadre de la querelle donatiste. Il
vise à souligner les lignes de force de la pensée auguslinienne
tout en mettant en évidence sa nouveauté et en esquissant sa
postérité.
I. — Introduction
La compréhension de l'attitude adoptée par saint Augustin
face au problème de la mort volontaire passe par une connais
sance précise du donatisme et de ces abus. Toutes les concep
tions de l'auteur sont nées en réaction contre de mouvement
qui a longtemps déchiré l'Afrique.
Chronologiquement apparu en 311 à Carthage, il trouve son
origine dans l'élection contestée de Caecilianus en qualité de
successeur de Menscurius, à la chaire épiscopale de cette ville.
REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 2/75 148 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Toutefois, pour comprendre la raison profonde de cette
contestation sur la légitimité de l'élection, il faut évoquer
brièvement l'état d'esprit qui règne alors en Numidie. L'Eglise
vivait dans le calme et la tranquillité quand l'empereur
Dioclétien commence des persécutions contre les chrétiens.
La plupart d'entre eux n'étant nullement préparés à cet
événement, les conséquences ne se font pas attendre : partout,
des hommes renient leur foi ou jugent plus prudent d'y
renoncer provisoirement. Or, fait très important, ce mouve
ment d'apostasie totale ou partielle se manifeste surtout en
Numidie. Des chrétiens renoncent à leur foi, des clercs livrent
les livres saints aux païens.
Progressivement la persécution perd en intensité et cède
la place à un sentiment de remords et de mauvaise conscience.
Les moments difficiles passés, tandis que le calme se rétablit,
les lapsi manifestent le désir de rejoindre l'Eglise. Rien ne
s'oppose à leur retour, pour autant qu'ils acceptent de subir
l'humiliation exigée d'eux. Or, les lapsi y sont peu disposés.
Désireux de tourner la difficulté et d'échapper à l'humiliation,
ils utilisent une double méthode : ils pratiquent une louange
immodérée de leurs « martyrs », en créant au besoin de nou
veaux et exigent des comptes d'autres communautés. Ils
espèrent ainsi détourner d'eux l'attention. Parmi les personnes
mises en cause par les lapsi figure Menscurius, évêque de
Carthage. Sommé lors des persécutions de livrer les livres
saints, il avait eu recours à un habile stratagème : laissant
saisir les livres tenus pour hérétiques par l'Eglise, il avait
dissimulé les autres. Mais le bruit courait qu'il avait livré les
livres. Profitant de l'occasion les lapsi amplifient l'histoire.
Ils critiquent également Menscurius à propos d'une lettre
adressée par lui à ses fidèles pour leur recommander de fuir
la persécution et d'éviter de délivrer les chrétiens emprisonn
és. L'évêque espérait ainsi éviter les inutiles effusions de
sang. Il convient d'ailleurs de remarquer que de telles pres
criptions étaient fidèles au principe général édicté par Rome :
pas de martyrs mutiles. Dénoncé comme hérétique, Mens- MORT VOLONTAIRE DANS L'ŒUVRE DE SAINT AUGUSTIN 149
curius est convoqué à Rome pour rendre des comptes. Il
meurt pendant son voyage.
Les candidats ne manquent pas pour pourvoir à son
remplacement. Certains — comme Botrus ou Gaelestius —
ont eu une conduite honorable sous la persécution. Caecilia-
nus, l'ancien aide de Menscurius, se présente également. Mais
les lapsi lui tiennent rigueur d'avoir veillé fidèlement à la
mise à exécution des décisions de son évêque. De ce fait
l'élection du nouvel évêque de Carthage cristallise toutes les
haines et apparaît à la fois comme le point culminant et le
dénouement d'une crise suscitée par la brutale reprise des
persécutions. Cette élection est à la base du donatisme. En
effet, un véritable parti s'oppose à Caecilianus. A la tête de
ce groupe, une femme — Lucilla — et un certain Donat,
évêque des Cases-Noires1. En dépit de la campagne menée
contre lui, Caecilianus est élu. Mais immédiatement ses advers
aires contestent l'élection : un des trois évêques ayant consa
cré Caecilianus est soupçonné d'avoir livré les livres saints.
Le reproche étant apparu justifié, les évêques élisent un
certain Majorinus, candidat soutenu par Donat. Il deviendra
évident par la suite que la plupart des évêques responsables
de cette élection avaient été soudoyés par Lucilla. Quoi qu'il
en soit, Donat succède très rapidement à Majorinus et devient
évêque de Carthage sous le titre de Donat de Carthage dit
Donat le Grand. Mais Caecilianus lutte pour retrouver le titre
et fait appel au pouvoir impérial romain. En effet, tandis que
la scission naît en Afrique, l'arrivée au pouvoir de Constantin
a modifié les rapports de l'Eglise et de l'Etat. Par l'édit de
Milan, l'empereur accorde liberté de culte et protection offi
cielle à la véritable Eglise. Or, sur la terre africaine, deux
Eglises s'affrontent : celle des catholiques et celle des dona-
tistes. Même si la perspective d'une intervention directe au
sein des problèmes de l

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