Le vœu de Louis XIII - article ; n°102 ; vol.24, pg 47-58
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1938 - Volume 24 - Numéro 102 - Pages 47-58
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Maurice de Vaulgrenant
Le vœu de Louis XIII
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 24. N°102, 1938. pp. 47-58.
Citer ce document / Cite this document :
Vaulgrenant Maurice de. Le vœu de Louis XIII. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 24. N°102, 1938. pp. 47-58.
doi : 10.3406/rhef.1938.2849
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1938_num_24_102_2849VŒU DE LOUIS XIII* LE
commémoratifs. Louis La situation XHI. — L'ordonnance du — Réfutation royaume du en de 10 1&36. quelques février — La : erreurs son formation caractère. courantes. du — projet Tableaux de
La situation du royaume en 1636.
Pour bien comprendre la genèse et la portée du vœu de
Louis XIII en 1638, il faut nous reporter un peu en arrière
et jeter un coup d'œil sur la situation intérieure et extérieure
du royaume au début de 1636.
A l'intérieur d'abord, des deux grands buts que s'était
proposés Richelieu : faire rentrer les protestants dans le
devoir et les grands seigneurs dans l'obéissance au roi, le
premier avait été à peu près atteint par la paix d'Alès en 1629.
Mais il n'en était pas de même du second. Richelieu avait pu
faire tomber les têtes du comte de Chalais, des maréchaux
de Marillac et de Montmorency; les grands seigneurs, frémis
sants sous la rude poigne du Cardinal, n'en continuent pas-
moins à ourdir contre lui intrigues sur intrigues, allant
parfois jusqu'à des ententes avec l'étranger : quelques-uns
rêvent même d'un changement dans la personne royale.
Bien plus, dans sa propre famille, le roi ne trouve autour
de lui que cabales et même trahisons. Son frère, Gaston
d'Orléans, un triste sire s'il en fut, ne cesse de fomenter des
complots criminels et, lorsqu'il est découvert, n'hésite pas-
à dénoncer ses complices pour se sauver lui-même. La petite
cour de la reine-mère Marie de Médicis, maintenant acharnée
contre le cardinal, est un foyer d'agitations et d'intrigues
continuelles, qui ont été sur le point d'aboutir lors de la
Journée des dupes en 1630. Quant à la reine Anne d'Autriche,
restée plus infante d'Espagne que reine de France, elle fait,
par l'intermédiaire de son amie la duchesse de Chevreuse,
* Nous publions ici le texte de la conférence prononcée à l'Hôtel de
ville de Saint-Germain-en-Laye le 10 février 1938, lors des solennités
organisées pour fêter le tricentenaire du vœu de Louis XIII, en présence
du Nonce apostolique, de l'évêque de Versailles, du préfet de Seine-et-
Oise et de nombreuses personnalités (n.d.l. r.). REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 48
passer à son frère, 'le cardinal-infant, tous les secrets d'État
qu'elle peut surprendre : elle excite en sous-main le duc de
Lorraine à se prononcer en faveur de l'Espagne.
Comme si ce n'était pas assez pour le malheureux Louis XIII
de tant de trahisons éhontées autour de lui, voici qu'il apprend
que jusqu'au 11 mai ses jours mêmes sont menacés. D'accord
avec le Cardinal, il supprime la cérémonie du touchement des
malades qui devait avoir lieu précisément le 11 mai, jour de
la Pentecôte. Ce n'était donc plus seulement à son ministre,
c'est à lui-même, à sa personne royale qu'on en voulait. En
vérité, tout s'effondrait autour de lui. Pouvait-il, du moins,
en tournant ses yeux vers l'extérieur, y trouver quelques
sujets de consolation ?
En septembre 1634, les alliés de la France, les Suédois et
la Ligue protestante d'Allemagne avaient été écrasés défin
itivement par l'empereur Ferdinand II à Nordlingen : rien ne
semblait plus désormais s'opposer aux desseins ambitieux de
l'empereur. Ne pas intervenir, c'était pour la France, abandon
ner l'Europe à la domination de la Maison d'Autriche et
assister à la formation de ce bloc germanique dont il est
encore question de nos jours. Aussi le roi et Richelieu avaient-
ils cru devoir entrer officiellement, dès le mois de mai 1635,
un peu malgré eux, dans la terrible guerre que nous appelons
la guerre de Trente Ans.
Mais c'était une grande affaire de lutter contre la Maison
d'Autriche. Certes, Richelieu savait bien qu'un pays doit
toujours avoir l'armée et la marine de sa politique. Cepen
dant, malgré ses efforts, il n'avait pu encore en 1636 doter le
royaume de l'instrument capable de bien servir ses grands
desseins. En outre, fait très grave, la France n'avait à ce
moment aucun grand chef militaire, vraiment digne de la
confiance du roi. La, campagne allait donc s'ouvrir sous de
fâcheux présages que les événements devaient bien vite,
liélas ! justifier.
La formation du projet de Louis XIII.
Ainsi donc, de ce tableau, brossé à grands traits, de la
France au début de 1636, ressort une impression lourde, non
seulement d'inquiétudes, mais d'angoisses pour l'avenir
immédiat du pays. Partout, l'horizon est noir, les nuées
d'orage s'amoncellent : troubles et trahisons à l'intérieur en
même temps que menaces à l'extérieur. Vraiment l'atmosphère
que respire le roi est comme empoisonnée. Dans ces condi- LE VŒU DE LOUIS XIII 49
tions, comment s'étonner que Louis XIII, tel que nous le
connaissons, ait songé à recourir à une aide supra-terrestre,
dont l'action efficace lui a été déjà, à plusieurs reprises, si-
précieuse ?
Les historiens ont beaucoup épilogue, nous ne l'ignorons
pas, sur la nature de la piété de Louis XIII; on a été jusqu'à
dire1 : « Jamais homme n'aima moins Pieu et ne craignit
plus le diable ». Mais il ne faut pas croire tout ce que disent
les mauvaises langues, à la recherche d'un mot d'esprit ou
d'une thèse originale. Nous nous en tenons à un fait
indéniable : Louis XIII était pieux, très pieux même, avec une
tendance marquée au mysticisme. Il est également certain
que, depuis son enfance dirigée par le père Cothon, il profess
ait une dévotion toute particulière à la Sainte Vierge. Les
preuves en abondent : pèlerinage à Notre-Dame des Vertus
d'Aubervilliers, vœu à Notre-Dame des Ardilliers près de
Saumur en 1627, pose de la première pierre de NotrejDame
des Victoires, etc.
En ce début de 1636, Richelieu est témoin des angoisses
de Louis XIII; il les partage sans doute. Il connaît aussi
parfaitement la mentalité de son roi et il a la certitude
d'être dans la ligne de celui-ci — qui est aussi la sienne, à
lui Richelieu — en lui écrivant le 19 mai une lettre fort inté
ressante, pour nous, puisque pour la première fois, on y voit
poindre l'ébauche, le germe de l'ordonnance du 10 février
1638. Voici cette lettre2 :
Rueil, 19 mai 1636.
On prie Dieu à Paris, par tous les couvents, pour le succez des armées
de votre Majesté. On estime que si elle trouvait bon de faire un vœu
à la Vierge avant que ses armées commencent à travailler, il serait bien
à propos. On ne prétend pas que ce vœu soit de difficile exécution. Les
dévotions qui se font maintenant à Notre-Dame de Paris sont très
grandes; s'il plait à votre Majesté d'y donner une belle lampe et la faire
entretenir à perpétuité, ce sera assez et je me charge de faire exécuter
sa volonté en ce sujet. Un redoublement de dévotion envers la mère de
Dieu ne peut que produire de très bons résultats.
Jusqu'à présent, il n'est donc question que d'une belle
lampe et de son entretien : ce sera assez, dit le Cardinal. Ce
mot semble bien impliquer, que, soit dans les désirs exprimés
par les couvents, soit dans les entretiens avec le Roi, il a été
1. A. Bazin, Histoire de Louis XIII (Paris, 1846), p. 452.
2. Publiée dans G. d'ÂVENBL, Lettres, instructions diplomatiques et
papiers d'État du cardinal de Richelieu (Paris, 1863), t. V, p. 467. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 50
question de quelque chose de plus important, de plus général
— et c'est ce « quelque chose » que nous allons voir dans»
les mois suivants, se développer et prendre corps.
Tout de suite, à la lettre du Cardinal, Louis XIII répond r
« Je trouve très bon de faire ce vœu à la façon que vous me
le mand

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