Les techniques de la propagande saint-simonienne à la fin de 1831 - article ; n°1 ; vol.10, pg 3-20

Jean Vidalenc

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Archives des sciences sociales des religions - Année 1960 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 3-20
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Philosophie et théologie

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• Publié le: 01 janvier 1960
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Jean Vidalenc
Les techniques de la propagande saint-simonienne à la fin de
1831
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 10, 1960. pp. 3-20.
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Vidalenc Jean. Les techniques de la propagande saint-simonienne à la fin de 1831. In: Archives des sciences sociales des
religions. N. 10, 1960. pp. 3-20.
doi : 10.3406/assr.1960.2691
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0003-9659_1960_num_10_1_2691AIX-EN-PROVENCE COLLOQUE
LES TECHNIQUES
DE LA PROPAGANDE SAINT-SIMONIENNE
LA FIN DE 1831
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misérables et aussi les plus nombreux Le problème était de les atteindre et les
saint-simoniens estimaient une propagande devait se faire de la fa on la
plus complète la plus totale possible par le sentiment en employant les artistes
par la raison en utilisant les savants par les actes enfin en recourant aux indus
triels Cette idée préalable exprimée dans de nombreux textes saint-simoniens
explique sans doute la variété des moyens une action persévérante et dyna
mique facilitée ailleurs par les circonstances
échec décevant des tentatives proprement politiques depuis plus un demi
siècle effondrement de Empire puis de la Restauration les prudences et les
calculs de la Monarchie de Juillet ses débuts avaient rien de ce il fallait pour
satisfaire la soif absolu une jeunesse romantique les insuffisances des
doctrines traditionnelles en face de évolution une société connaissant avec la
vulgarisation progressive de la machine vapeur sa révolution industrielle
devaient également attirer vers les solutions proposées par les saint- simoniens
tous ceux qui comprenaient la disparition progressive mais inéluctable de an
cienne organisation économique Les insuffisances des théologiens demeurés
presque tous examen des problèmes avec les préoccupations les méthodes et
ce qui est plus grave les connaissances générales du milieu du XVIIIe siècle
facilitaient de leur côté apparition une religion nouvelle mieux adaptée aux
soucis des hommes du XIXe siècle leur proposant selon usage une réponse
toutes les questions Il est autre part certain que la révolution de 1830 en elle-
même semblait annoncer un renouveau qui devait tendre se matérialiser dans
tous les domaines en particulier dans celui de idéologie Les opposants des
années antérieures qui ne se satisfaisaient pas de la seule révision de la Charte
et du retour au drapeau tricolore devaient souvent penser appoint que les
cultes révolutionnaires avaient en leur temps apporté au gouvernement républi
cain si bien que les tentatives des saint-simoniens devaient trouver un terrain
sinon toujours favorable tout au moins plus réceptif dans son ensemble que ne
permettrait de le penser la vue un peu sommaire une France bourgeoise
est-à-dire pensant bassement selon la définition de Flaubert une Monarchie
de Juillet gouvernant un pays légal endormi dans son egoïsme et un pays réel
Leurs méthodes et leurs résultats la fin de 1831 après une année de propagande
suffiraient en témoigner
La propagande devait encore dès on voulait atteindre les masses
utiliser les méthodes utilisées depuis des millénaires par tous les fondateurs de
groupements ils fussent politiques sociaux ou religieux Les discours les
prédications renseignement oral de la doctrine tenaient encore une place considé
rable dans une France où les illettrés formaient encore la majorité de la popu
lation tant ouvrière que rurale
Le foyer de la religion saint-simonienne était Paris et il est en conséquence
normal que effort ait été particulièrement grand dans la capitale Pendant les
derniers mois de 1831 on comptait neuf séances instruction saint-simonienne
dont cinq huit heures du soir deux le lundi une le mercredi et deux le samedi
dispersées dans les trois locaux de la rue Taranne delà rue Monsignyet de Athénée
Sorbonne auquel se substitua celui de la rue Taitbout pour enseignement central
Deux autres séances avaient lieu le dimanche après-midi rue Taitbout et Athé
née Sorbonne une huitième instruction était donnée salle le jeudi
16 heures destinée de futurs propagandistes recrutés semble-t-il surtout dans
les milieux intellectuels et dans les professions libérales où on traitait de TECHNIQUES DE LA PROPAGANDE SAINT-SIMONIENNE LES
histoire de industrie des vues de la doctrine sur la science la législation la
hiérarchie la famille les beaux arts Un dernier enseignement le mardi après-
midi était fait en langue italienne usage des nombreux étrangers réfugiés en
France après échec des révolutions libérales Il est pas sans intérêt observer
que enseignement du lundi soir rue Monsigny adressait expressément un
nombre assez borné ouvriers membres du degré préparatoire Il particu
lièrement pour objet de mettre quelques-uns entre eux en état de prendre part
de grands enseignements pour les ouvriers qui ne tarderont pas être fon
dés Les saint-simoniens avaient pas attendu la formation complète des
propagandistes pour adresser aux milieux ouvriers de la capitale le rapport
Henri Fournel et de Claire Bazard estimait que le degré des ouvriers comptait
au début de septembre 220 fidèles dont 100 femmes appartenant 54 profes
sions différentes parmi lesquels 19 maîtres et ouvriers tailleurs 16 imprimeurs et
compositeurs 14 ébénistes et 10 cordonniers auxquels il fallait ajouter 400
catéchumènes Un mois plus tard il comptait 330 ouvriers saint-simoniens
dont 220 hommes et 110 femmes 150 enfants et 510 auditeurs complétaient les
effectifs ouvriers touchés par la propagande Paris affluence était telle rue
de Athénée on en arrivait envisager ouverture des portes une heure
moins avancée Tout était ailleurs pas facile dans cette propagande mais il
est révélateur de voir que les saint-simoniens ne se dissimulaient pas leurs diffi
cultés et les évoquaient franchement dans le Globe Les enseignements de Athénée
avaient abord été prévus pour les étudiants du Quartier Latin et ce fut seule
ment pendant les vacances que les ouvriers du prirent habitud