POC 68 3/4 - Relations interreligieuses
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Informations

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Publié le 25 février 2019
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

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Premier semestre 2018
Colloque sur lehadith àl’Institut dominicain d’études orientales du Caire
Dans le cadre de l’accord signé, en novembre 2016, entre l’Institut dominicain d’études orientales (IDEO) et deux facultés de l’université al-Azhar, l’IDEOorganise les 11, 12 et 13 janvier 2018 un colloque intitulé « L’émergence duhadithcomme autorité du savoir », un sujet de débat crucial entre les courants de l’islam contemporain. Dans un entretien avec le journal « la Croix », le frère Jean Druel, organisateur du colloque, en explique la visée. Le colloque a eu lieu au Caire, en partie en anglais et en partie en arabe. Cela est très important puisque la plupart des colloques scientiïques en islamologie se tiennent en anglais. Or, comme les « savants » traditionnels de l’islam ne parlent qu’arabe, ils ne sont jamais exposés à ces autres méthodes. Le premier jour, une centaine de cheikhs du Centre des recherches d’al-Azhar sont venus, avec lesquels nous allons travailler à nouveau. Le simple fait que ce colloque ait eu lieu est positif.
Aujourd’hui, la question de l’autorité duhadith « est un débat capital au sein de l’islam et la particularité de notre colloque, dit-il, est de réunir les principaux courants, tous représentés parmi nos intervenants : l’un d’eux avait étudié quatorze ans en Arabie saoudite, deux étaient chi‘ites, un autre ibadite (autre courant minoritaire au sein de l’islam). Se mêlaient aussi des chercheurs du monde musulman et du monde occidental : certains d’entre eux étaient partisans de la méthode traditionnelle qui considère lehadithune source de comme droit ; d’autres ont expliqué qu’ils le lisaient, au contraire, comme un texte “littéraire” ou “historique” ».
Quant au contenu du colloque, le frère Jean Druel explique : Le sujet est central dans le débat au sein de l’islam. La question est de savoir si l’on peut utiliser les sciences humaines pour analyser
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l’islam, et donc lire le Coran, lasunnala tradition concernant – le prophète de l’islam –, les auteurs classiques, etc. Pour une partie des chercheurs, même musulmans, qui travaillent dans les grandes universités du Golfe, aux Émirats par exemple, aux États-Unis, au Canada ou en Allemagne, c’est une évidence : ils utilisent l’histoire, la linguistique, l’anthropologie, etc. Mais pour d’autres, en Égypte ou en Arabie saoudite notamment, l’islam ne peut être analysé que par l’islam, et donc par lehadith, ces paroles ou ces gestes attribués au prophète de l’islam (La Croix, 8.2.2018).
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La participation libanaise à la conférence d’al-Azhar sur Jérusalem
L’idée d’une conférence internationale à l’université al-Azhar pour soutenir la ville de Jérusalem est d’abord lancée en juillet 2017, suite aux nouvelles tensions qui ont éclaté autour de l’esplanade des Mosquées (cf.POC2018, 192). Envisagée alors pour septembre, elle est ajournée, mais l’initiative américaine de transférer son ambassade à Jérusalem et de proclamer cette ville capitale de l’État d’Israël, donne une nouvelle urgence à cette initiative.
Cette conférence islamo-chrétienne, sous la présidence de M. Amr Moussa, ancien secrétaire général de la Ligue arabe, se tient le 17 et le 18 janvier 2018 au Caire. Elle réunit sur le thème « la responsabilité internationale à l’égard d’al-Qods» des représentants de 86 pays dont le Liban. Étaient présents : l’ancien premier ministre, Fouad Siniora, l’ancien ministre de la culture, Tarek Mitri, le secrétaire général du comité pour le dialogue entre chrétiens et musulmans, Mohamad Sammak, et l’ancien président Amine Gemayel. Le président palestinien, Mahmoud Abbas y prend également part. Les participants chrétiens les plus en vue sont le patriarche copte orthodoxe, le pape Tawadros II, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï et le catholicos arménien orthodoxe er Aram I , avec le nonce apostolique en Égypte, Mgr Bruno Musarò.
er Le catholicos Aram I prend la parole le premier jour et effectue un rapide survol historique de la cité reconnue sainte par les trois religions abrahamiques. Celles-ci, dit-il, s’y sont implantées depuis des siècles, acquérant des droits déïnis depuis les Ottomans par le er statu quoI insiste qui est en train de voler en éclats. Aram sur le
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respect absolu des décisions internationales permettant aux ïdèles des trois religions d’accéder librement à leurs Lieux saints et de continuer à jouir en paix des biens acquis avant la création d’Israël. En tant qu’ancien modérateur du Conseil œcuménique des Églises (COE), il tient à rappeler que cette organisation n’a cessé d’exhorter à la paix et d’en chercher les voies loin de la violence, car « Jérusalem symbolise la coexistence paciïque des trois religions monothéistes ». En tant qu’arménien, il souligne fortement que son Église est implantée à Jérusalem depuis 638, que son évêque a reçu le titre de patriarche reconnu par le sultan d’Égypte, en 1311. Il presse les trois religions « à faire front ensemble aux visées exclusivistes, aux proclamations absolutistes et aux actions unilatérales, pour le respect de Jérusalem, sa nature religieuse et son caractère universel ». Mgr Youannes Lahzi Gaid, de la secrétairerie d’État et proche collaborateur du pape, donne lecture du message du pape François qui déclare : Le Saint-Siège, pour sa part, ne cessera de rappeler avec urgence la nécessité d’une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens en vue d’une solution négociée et ïnalisée en vue d’une coexistence paciïque des deux États à l’intérieur des frontières internationalement reconnues, dans le plein respect de la nature particulière de Jérusalem dont la signiïcation va au-delà de toute considération relative aux questions territoriales. Seul un statut spécial, lui aussi internationalement garanti, pourra en préserver l’identité, la vocation unique comme lieu de paix, à laquelle appellent les Lieux saints et dont la valeur universelle permet un avenir de réconciliation et d’espérance pour la région tout entière.
Le patriarche copte orthodoxe insiste sur le lien entre les perspectives de paix au Moyen-Orient et le respect des droits nationaux du peuple palestinien. « La véritable paix, afïrme-t-il, ne deviendra réalité que lorsque l’on mettra un terme à la violence, aux menaces et à toutes les promesses faites sans tenir compte des sentiments des musulmans et des chrétiens, dans le monde et dans notre région ».
Le patriarche Béchara Raï rappelle la position du Saint-Siège sur le statut de Jérusalem et le droit du peuple palestinien à disposer d’un État, dans le respect des résolutions de l’ONU.
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Mgr Paul Matar, archevêque maronite de Beyrouth, reprend à son compte la position ofïcielle de l’Église catholique signiïée la veille par le pape François dans sa lettre au grandmuftid’al-Azhar, Ahmed el-Tayeb. Il dénonce le comportement du « président des États-Unis qui ruine les chances de paix et dénature l’histoire de Jérusalem ainsi que son message humain et spirituel, balayant ainsi les droits légitimes des Palestiniens ».
Mme Fadia Kiwan, de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, procède à une analyse des comportements des régimes arabes « en état de dispersion et de lassitude » qu’elle attribue au double échec des deux logiques suivies au cours des dernières décennies : celle de la résistance armée et celle d’un compromis honorable « la paix contre les territoires ». Elle en appelle à un renouveau de l’élite arabe et à la ïn des divisions politiques qui en éparpillent les forces. Elle prône une approche paciïque reposant sur l’appel au respect des résolutions internationales et un renouvellement du rôle « irremplaçable » de la Ligue arabe.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Aoudeh, défend la vision de Jérusalem en tant que « lieu de rencontre et de fraternité interreligieuse, lieu d’interaction des idées, des cultures et des religions ». Pour cela, il faut que les voix chrétiennes et musulmanes « s’élèvent à l’unisson » pour réclamer le rétablissement des Palestiniens dans leur droit.
La proposition du président de l’Autorité palestinienne de développer les pèlerinages tant musulmans que chrétiens à Jérusalem ne déclenche pas l’enthousiasme, beaucoup y voyant une initiative qui ne tarderait pas à être détournée par Israël.
La conférence se termine sur des recommandations dont la conïrmation de l’identité arabe de Jérusalem, Ville sainte, islamique et chrétienne à travers l’histoire ; le déploiement d’efforts pour la reconnaissance internationale de Jérusalem comme capitale de la Palestine ; le rejet catégorique de la décision des États-Unis concernant Jérusalem ainsi que le rejet de la normalisation avec Israël et la ïn de l’occupation israélienne de la Palestine.
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Pour le dialogue interreligieux et la paix
Le 30 janvier 2018, la ïnale de la compétition internationale «: Facebook Global ChallengePeer to Peer », visant à combattre le discours de haine, met en lice 92 universités du monde entier. L’équipe libanaise de l’université Haigazian reçoit le troisième prix, grâce à son projetRISE (Respecter l’individualité et faire preuve d’empathie). Ce groupe mène campagne contre les discours de haine à caractère religieux qui ne sont pas sans lien avec le terrorisme, s’adressant aux jeunes de différentes confessions, de couples mixtes, de professeurs spécialisés en religion, utilisant les réseaux sociaux et des dépliants dénonçant le fanatisme.
Adyan : activités et prix
Février 2018 fera date pour la Fondation Adyan, fondée en 2006 par le père Fadi Daou, Nayla Tabbara, Samah Halwany, Tony Saouma et Mireille Matar. Au début du mois, Adyan participe activement à la conférence organisée conjointement par le Conseil pontiïcal pour le dialogue interreligieux et le centre britannique Wilton Park, «S’attaquer à la violence commise au nom de la religion». Les 64 hauts responsables politiques, diplomates et religieux, venus de 19 pays participer aux échanges, sont reçus par le pape François, le 2 février.
e À la mi-février, Adyan reçoit le 35 Prix Niwano de la paix attribué par la Fondation japonaise composée de personnalités religieuses de stature internationale. Elle félicite Adyan pour « son travail créatif et de grande envergure, visant à édiïer la paix et à favoriser la coexistence paciïque », pour son action auprès des déplacés syriens dès 2013, proposant un dialogue de médiation interconfessionnelle et une éducation à la paix aux citoyens syriens vulnérables au Liban et en Syrie, à travers un projet d’élaboration de la résilience et de la réconciliation. De même, Adyan est félicitée pour son engagement en Iraq dont le but est d’encourager journalistes et acteurs de la société civile à diffuser les valeurs de la citoyenneté inclusive et de la solidarité interreligieuse et de guérir la société traumatisée par Daech. Plus d’une trentaine de pays bénéïcient des activités d’Adyan, accessible sur son sitetaadudiya, consulté par près de 23 millions de personnes dans le monde arabe.
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Fin février, à Vienne, le père Fadi Daou fait partie de la délégation libanaise composée du patriarche maronite, Béchara er Boutros Raï, du catholicos Aram I , de l’archevêque maronite de Beyrouth, Paul Matar, du métropolite de Beyrouth, Elias Aoudeh, de la secrétaire générale du Conseil des Églises du Moyen-Orient, Souraya Bechealany, dumuftide la République, Abdel Latif Deriane, et de l’ancienmufti de Tyr, cheikh Sayed Ali el-Amine. Ils sont venus participer au congrès organisé par leKAICIID, sur le thème «Convertir le monde au dialogue».
La presse a relevé les déclarations du patriarche maronite qui afïrme avec vigueur que « le moment – lekairos– est là, et qu’il faut le saisir. L’Église a tourné un jour la page de la violence exercée au nom de Dieu, le moment est venu pour que l’islam saisisse l’occasion que l’Esprit-Saint lui offre et le fasse à son tour ; les crimes commis au nom de la religion étant désormais une offense pour plus d’un milliard de croyants ».
Décès du père Georges Massouh, figure de dialogue entre chrétiens et musulmans
Le père Georges Massouh, prêtre grec orthodoxe du diocèse du Mont-Liban, théologien et professeur d’islamologie, marié et père de trois enfants, est décédé le 25 mars 2018. Il était une ïgure éminente de l’Église grecque orthodoxe au Liban décrite en ces termes par Claude Assaf dans l’Orient-le-Jour du 26 mars 2018 : Le père Georges Massouh, théologien, chercheur et philosophe, connu pour avoir œuvré durant de longues années pour le rapprochement islamo-chrétien et l’acceptation de l’autre, est décédé hier à l’âge de 55 ans des suites d’une longue maladie. Licencié en mathématiques de l’université libanaise, le père Massouh était détenteur d’un master en théologie orthodoxe de l’Institut Saint-Serge à Paris (1992), et d’un doctorat en études islamiques de l’Institut pontiïcal des études arabes et islamiques (PISAI) de Rome. Ordonné prêtre en 1997, il a pris en charge la direction du Centre d’études islamo-chrétiennes au sein de l’université de Balamand. S’identiïant lui-même comme « religieux révolutionnaire », le père Massouh est l’auteur d’un ouvrage ainsi que de nombreux articles hebdomadaires publiés dans le quotidien libanais An-Nahar, à travers lesquels il a prôné la
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coopération entre les deux communautés musulmane et chrétienne au Liban, mais aussi dans la région et dans le monde, à la manière de l’évêque grec-orthodoxe du Mont-Liban, Mgr Georges Khodr, et de l’évêque grec-catholique décédé Mgr Grégoire Haddad.
Initiatives pour la paix
De nombreuses initiatives sont prises, au niveau universitaire, pour promouvoir la paix, à travers les engagements de professionnels conscients de leur impact sur la vie des sociétés méditerranéennes en quête de stabilité et de prospérité. En mars leGAMe (Giovani Ambasciatori Mediterranei) fait son apparition au Liban et souhaite multiplier les échanges entre de jeunes ingénieurs et des étudiants issus de facultés scientiïques pour les préparer à faire face aux problèmes mondiaux : l’énergie, l’alimentation, l’urbanisme, l’environnement et la sécurité. Le GAMe organise des ateliers successivement en Égypte, au Maroc, en Italie, au Liban où les universités les plus impliquées sont, d’après l’ambassadrice du Liban, Christine Abdel Nour, l’université Saint-Esprit de Kaslik et l’université Notre-Dame de Loueizé. Un autre projet est mené par le centre professionnel de médiation (CPM) de l’université Saint-Joseph. Il concerne les étudiants de 9 universités libanaises aussi bien musulmanes que chrétiennes : l’université libanaise, l’université des arts, de sciences et de la technologie au Liban, l’université islamique du Liban, l’université Saint-Esprit de Kaslik, l’université Saint-Joseph de Beyrouth, l’université Notre-Dame de Loueizé, l’université arabe de Beyrouth, l’université de Balamand et l’université Jinan. L’objectif duCPM est de sensibiliser les jeunes universitaires au processus de négociation et de médiation. Dans un pays ayant connu violences et guerre civile, la médiation permet d’avoir des outils de connaissance positive de soi-même et de l’autre partie, et devient en elle-même un outil de communication et de paciïcation ; puisqu’il s’agit d’apprendre à transformer un rapport violent en une relation de coopération et de collaboration.
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Colloque sur les interactions entre musulmans chiites et chrétiens
L’Institut dominicain d’études orientales (IDEO) organise également du 11 au 13 avril, avec l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) de l’Institut catholique de Paris et le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les écritures missionnaires (GRIEM) à Paris, un colloque sur les interactions entre chiʿites duodécimains et chrétiens : histoire, théologie, littérature. Plusieurs spécialistes de renommée internationale y participent, notamment les professeurs Rudi Mathee et Francis Richard. Une délégation de savants venus d’Iraq et de l’Institut al-Khoei y prend part également.
En mettant l’accent sur les interactions, ce colloque se propose d’explorer les récits de voyages, les écrits des missionnaires, les textes théologiques, les rapports des ambassades et les manuscrits, aïn de questionner la nature des regards portés sur l’autre, les types d’échanges et de relations entre les groupes. Il s’agit aussi d’explorer l’évolution des identités, la transformation de chacun de ces groupes à la lumière de ces interactions, dans des contextes politiques pluriels selon les époques (IDEOnewsletterApril 2018).
Visite du cardinal Tauran en Arabie saoudite
Du 13 au 20 avril, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontiïcal pour le dialogue interreligieux, effectue une visite ofïcielle en Arabie saoudite. Il est accompagné du secrétaire du dicastère, Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot et Mgr Khaled Akasheh, directeur du bureau pour l’islam au sein du Conseil. Il avait déjà été reçu par le roi Salman, le prince Mohammed bin Abdurrahman bin Abdulaziz, gouverneur adjoint de la capitale et il avait également rencontré le cheikh Mohammad Abdul Karim al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, reçu lui-même, en septembre 2017, par le pape François.
Cette visite constitue un événement important et inédit. Son importance ne concerne pas seulement les relations entre l’Arabie saoudite et le Vatican mais aussi, la place de nombreux chrétiens qui travaillent dans ce pays et ne peuvent que très difïcilement trouver le moyen de célébrer les sacrements. Ainsi, il est important de noter que
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le Cardinal a pu célébrer la Messe pour un bon nombre de chrétiens le dimanche 15 avril, avec une nombreuse communauté principalement composée d’immigrés asiatiques. Au cours de la visite, un accord entre les deux États est signé. Il prévoit la création d’un comité mixte de coordination composé de représentants des deux parties. Ce comité devrait se réunir une fois tous les deux ans de manière alternative à Rome et dans une ville choisie par la Ligue islamique mondiale. Au cours de cette visite, maintes questions délicates sont également abordées dans un esprit de franchise et de conïance.L’Osservatore Romanoa publié quelques extraits sur les principaux thèmes abordés dans les discours prononcés :
Sur le choc des civilisations Ce qui nous menace tous, ce n’est pas le choc des civilisations mais plutôt le choc des ignorances et des radicalismes. Ce qui menace le vivre-ensemble, c’est avant tout l’ignorance ; donc, se rencontrer, se parler et construire quelque chose ensemble sont autant d’invitations à rencontrer l’autre et cela signiïe également nous rencontrer nous-mêmes.
Sur l’ouverture à tous des lieux sacrés
Le cardinal Tauran rappelle que les Lieux saints chrétiens « en Terre sainte, à Rome ou ailleurs ainsi que les nombreux sanctuaires aux quatre coins du monde » étaient « toujours ouverts à vous, nos frères et sœurs musulmans, aux croyants des autres religions et également à toutes les personnes de bonne volonté qui n’adhèrent à aucune religion ». Du reste, ajoute-il, « dans de nombreux pays, même les mosquées sont ouvertes aux visiteurs » et « cela – dit-il – c’est le genre d’hospitalité spirituelle qui aide à promouvoir la connaissance et l’amitié mutuelle et à combattre les idées reçues ».
Sur le véritable sens du martyre La religion est ce qu’une personne a de plus cher. C’est pour cela que certains, lorsqu’ils sont amenés à choisir entre conserver la foi ou rester en vie, préfèrent accepter de payer le prix fort : ce sont les martyrs de toutes les religions et de toutes les époques.
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Sur le fondamentalisme Il y a des radicalismes dans toutes les religions. Les fondamentalistes et les extrémistes sont sans doute des personnes zélées mais qui ont malheureusement dévié d’une compréhension solide et sage de la religion. De plus, elles considèrent ceux qui ne partagent pas leur vision comme des mécréants qui doivent se convertir ou être éliminés au nom de la pureté. Ce sont des personnes égarées qui peuvent facilement sombrer dans la violence au nom de la religion, y compris dans le terrorisme. Elles sont convaincues, par un lavage de cerveau, qu’elles sont en train de servir Dieu. La vérité c’est qu’elles se font seulement du mal à elles-mêmes, en détruisant les autres et en ruinant l’image de leur religion et de leurs coreligionnaires. C’est pourquoi elles ont besoin de notre prière et de notre aide.
Sur l’égalité de traitement entre toutes les religions
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Après avoir clariïé le fait que « la religion peut être proposée mais jamais imposée, et ensuite acceptée ou refusée », le cardinal Tauran déclare que l’un des domaines sur lesquels les chrétiens et les musulmans devraient se mettre d’accord, vu que « par le passé, il y a eu beaucoup de concurrence entre les deux communautés », c’est celui « des règles communes pour la construction des lieux de culte ». En fait, « toutes les religions doivent être traitées de la même manière, sans discrimination, parce que leurs ïdèles, tout comme des citoyens qui ne professent aucune religion, doivent être traités de la même manière », fait-il remarquer, dans une allusion au sujet toujours actuel de la « pleine citoyenneté » pour tous. Parce que « si nous n’éliminons pas le système de deux poids, deux mesures de notre comportement en tant que croyants, qu’institutions et qu’organisations religieuses, nous alimenterons l’islamophobie et la christianophobie ».
Sur la condamnation du terrorisme Les leaders spirituels ont un devoir : celui d’éviter que les religions soient au service d’une idéologie ; ils sont tenus de reconnaître que certains de nos coreligionnaires, comme les terroristes, ne se comportent pas correctement. Le terrorisme représente une menace constante, c’est pourquoi nous devons être clairs et ne jamais le justiïer. Les terrorismes veulent démontrer l’impossibilité du vivre-ensemble. Nous croyons exactement le contraire. Nous devons éviter l’agression et le dénigrement.
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Sur le dialogue interreligieux Tout dialogue interreligieux authentique commence par la proclamation de sa propre foi. Nous ne disons pas que toutes les religions se valent mais que tous les croyants, ceux qui cherchent Dieu et toutes les personnes de bonne volonté qui n’ont pas d’afïliation religieuse, sont d’égale dignité. Chacun doit être laissé libre d’embrasser la religion qu’il veut.
D’où l’exhortation ïnale à unir nos forces « pour que Dieu, qui nous a créés, ne soit pas un motif de division mais bien d’unité » (L’Osservatore Romano, 17.4.18).
Dialogue tenu à Téhéran entre l’Église orthodoxe russe et l’islam
La onzième réunion de la commission mixte «orthodoxie-islam», menée par l’Église orthodoxe russe a eu lieu du 5 au 7 mai. Le thème de la réunion était : Les religions et l’environnement.
Lors de la séance ïnale, un communiqué ofïciel est publié. Il souligne que les membres des grandes religions doivent promouvoir une utilisation respectueuse des ressources naturelles, conformément aux doctrines de ces religions. La nature est l’une des bases de l’existence humaine, et la protection de l’environnement est une expression de reconnaissance envers le Créateur.
Les deux parties sont solidaires pour afïrmer que les processus de développement des technologies et de l’économie dans le monde contemporain doivent se faire sans porter atteinte à l’environnement. Le document relève le rôle et la responsabilité des leaders religieux et de leurs ïdèles pour inuencer les personnes qui prennent les décisions pratiques dans le domaine de l’interaction entre l’homme et la nature.
De telles réunions se tiennent tous les deux ans, à tour de rôle, à Moscou et à Téhéran. La prochaine réunion est prévue pour 2020, en Russie (site du patriarcat de Moscou, 10.5.2018).
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