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PROJET DE THĒSE NATURALISATION ET FOLKLORISATION IIII INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET LES TOURISTES I DANS LA RĖSERVE NATURELLE ET LE SITE SACRĖ DE IHUANGLONG (SICHUAN, CHINE) UANGLONG ICHUANHINEUANGLONG ICHUANHINE ANGELA BOLIS 2007/2008 MASTER II ETHNOLOGIE, PARIS X DIRECTEUR: FERNAND MEYER TUTRICE: FLORENCE BRUNOIS INTRODUCTION La rencontre entre les touristes et les populations locales est aujourd’hui une forme cruciale de la globalisation dans le sens où la mobilité et les échanges interculturels accrus semblent donner lieu à un dépassement de la situation locale. Cet échange interactif se répercute sur tous les niveaux d’une société, ce qui a incité certains à parler de "fait social total" : les sphères économique, culturelle, imaginaire, les organisations et hiérarchies sociales, les identifications de Soi et de l’Autre sont en jeu dans ce contact transformateur. Un tiraillement semble traverser ce paradigme touristique, entre une vision de la modernisation, pointe d’un progrès à la fois destructif et salvateur, et sa réaction interne : les désirs d’un ré enchantement du monde ; ou entre une uniformisation idéologique et culturelle, et l’ostentation de la diversité ethnique ; enfin entre une séparation de l’homme rationnel contre le monde, et une nostalgie de l’intimité avec la ...

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PROJET DE THĒSE





NATURALISATION ET FOLKLORISATION IIII



INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET INTERACTIONS ENTRE LES RĖSIDENTS TIBĖTAINS ET
LES TOURISTES I
DANS LA RĖSERVE NATURELLE ET LE SITE SACRĖ DE I
HUANGLONG (SICHUAN, CHINE) HUANGLONG (SICHUAN, CHINE) HUANGLONG (SICHUAN, CHINE)








ANGELA BOLIS

2007/2008







MASTER II ETHNOLOGIE, PARIS X
DIRECTEUR: FERNAND MEYER
TUTRICE: FLORENCE BRUNOIS

INTRODUCTION

La rencontre entre les touristes et les populations locales est aujourd’hui une forme
cruciale de la globalisation dans le sens où la mobilité et les échanges interculturels accrus
semblent donner lieu à un dépassement de la situation locale. Cet échange interactif se répercute
sur tous les niveaux d’une société, ce qui a incité certains à parler de "fait social total" : les
sphères économique, culturelle, imaginaire, les organisations et hiérarchies sociales, les
identifications de Soi et de l’Autre sont en jeu dans ce contact transformateur.
Un tiraillement semble traverser ce paradigme touristique, entre une vision de la
modernisation, pointe d’un progrès à la fois destructif et salvateur, et sa réaction interne : les
désirs d’un ré enchantement du monde ; ou entre une uniformisation idéologique et culturelle, et
l’ostentation de la diversité ethnique ; enfin entre une séparation de l’homme rationnel contre le
monde, et une nostalgie de l’intimité avec la nature.
C’est pourquoi les nombreuses entreprises de patrimonialisation qui fleurissent depuis peu sur le
plan international, s’efforcent de préserver une « authenticité » de ces peuples sur un fond de
conservation de la nature. Ce phénomène nous conduit à des couples suspects de l’ethnologie
(nature-culture, authenticité-modernité, etc.), qui seront examinés dans le cadre de la
folklorisation et de la naturalisation (au sens étymologique) des communautés locales.
On peut dès lors émettre l’hypothèse que ces entreprises, apparemment contradictoires, de
conservation et de développement touristique aboutissent non pas à une conservation effective de
la nature et de la culture, mais à des reformulations culturelles locales, notamment vis-à-vis de la
perception de son environnement.

Je souhaite observer ces phénomènes dans la réserve naturelle de Huanglong (Nord du
Sichuan), où se croisent différentes élaborations conceptuelles de la culture locale tibétaine et de
l’environnement naturel.
Nous verrons en effet qu’il s’agit simultanément d’une réserve touristique gérée par
l’administration chinoise, d’un site de « patrimoine naturel mondial » (depuis 1992), d’une
réserve de biosphère (depuis 2000) de l’UNESCO, du lieu de résidence de 630 villageois (Han,
Tibétains et Hui) et enfin d’un site sacré de pèlerinage de tous les cultes locaux.
Au sein de ce palimpseste de représentations culturelles de la nature, je souhaite focaliser
mon attention sur les interactions entre les touristes et les résidents tibétains et sur les éventuelles
transformations qu’elles induisent sur les identifications culturelles tibétaines.
Il est possible que les représentations de soi se réajustent face à l’imaginaire des touristes
concernant leurs hôtes, ou bien qu’un écart se creuse entre représentations de soi et présentation
de soi devant ces touristes.
Ces processus ne seront pas observés dans tout l’éventail de représentations des Tibétains, mais
seulement dans le cadre de leur lecture sacrée du paysage et de leur pèlerinage.
La naturalisation et la folklorisation peuvent en effet y être prégnantes : les images internationales
d’une dimension écologique du bouddhisme et des sites sacrés, les éventuelles créations de rites
simulacres pour touristes, la participation des touristes au pèlerinage en témoignent.

Je présenterai, en premier lieu, le contexte idéologique et politique de cette étude.
J'examinerai :
- les niveaux local et national des relations sino-tibétaines (emblématisées par le concept de
minzu) et de la politique environnementale ;
- le niveau international de l’idéologie conservationniste et d’une identité tibétaine bouddhiste
universalisée par le gouvernement en exil du Dalaï-Lama.
Nous verrons dans ce contexte se dessiner une convergence des discours vers la naturalisation du
peuple tibétain.

Dans un second temps, il s’agira de définir un certain angle de vue permettant de saisir
avec le plus de justesse la relation entre Tibétains et touristes. Nous focaliserons ensuite sur les
éventuelles influences de cette relation touristique dans la lecture sacrée de l’environnement.
1 I/ DE LA RESERVE NATURELLE A LA NATURALISATION DE LA CULTURE
TIBETAINE : MISE EN FORME DES PROBLEMATIQUES DANS UN CONTEXTE
IDEOLOGIQUE ET POLITIQUE LOCAL, SINO-TIBETAIN, INTERNATIONAL

Dans un premier temps, il s’agit de poser les grands traits de la situation des résidents
tibétains de la réserve de Huanglong. Ils s’inscrivent dans des projets idéologiques et
politiques, nationaux et internationaux, qui engagent plusieurs acteurs de la conservation et du
développement local.
Nous supposons que ces acteurs se rejoignent dans la naturalisation des résidents tibétains de
la réserve naturelle, en projetant plusieurs niveaux de leur identité culturelle, de l’identité
locale d’une minzu naturelle à l’identité universelle de Tibétains bouddhistes écologiques.


1- Les relations sino-tibétaines au Sichuan : la minorité ethnique nationale

La réserve de Huanglong se situe dans la province chinoise du Sichuan, élargie en
1950 par l’annexion de provinces de peuplement tibétain. Le redécoupage administratif la
transféra donc de l’ancienne région du Kham à la Préfecture Autonome Tibétaine de Ngapa. Il
s’agit donc d’une région tibétaine sous la tutelle de Beijing, fortement sinisée par les
migrations et le contrôle étatique han. D’autres minorités y résident, notamment les Hui
musulmans.
Il faut donc s’attendre à une cohabitation (plus ou moins conflictuelle) des peuples et à un
croisement de différents niveaux d’identifications culturelles et ethniques.


¤ Histoire du concept de minzu et conception de l’historicité des minzu

Construction de la nation, une et diverse
Les premières mentions du terme minzu, au début du XX siècle, seraient empruntées
au japonais minzoku par des révolutionnaires tel que Sun Zhongshan, premier président de la
République de Chine après l’effondrement de l’empire Qing et co-fondateur du Kuomintang.
Durant l'ère Meiji, ce terme s’appliquait à désigner les caractéristiques objectives d’un peuple,
ainsi que ce qui était considéré comme son substrat culturel vernaculaire et traditionnel : son
folklore (Harell, 2001: 29).
L’emploi conjoint de min (peuple) et de zu (groupe ethnique) serait issu de l'influence
de la notion occidentale de nation, en cette période de construction des identités nationales. Le
terme dérive alors vers les concepts de nationalisme et d’affirmation de la supériorité de la
race han (MacKerras, 1994 : 6).
L'appartenance collective se dessine donc non pas par des liens subjectifs de volontés
et de sentiments communs (modèle de Renan), mais par la nécessité d’une identification
visible, objective, par la terre, le corps, la langue, le mode de vie (modèle de Fichte).

Minzu, en Chine, a d'abord désigné la nation des Hans, avant de rendre compte d'une
première tentative d'unification de la diversité mesurée : la "République des cinq nationalités"
comprend les Hans (que la terminologie française ambiguë traduit par chinois), les Zangs
(Tibétains), les Huis (Musulmans), les Mans (Manchu) et les Mengs (Mongols).
Après l'avènement de la République Populaire de Chine, le terme minzu prend une
signification d'influence soviétique.
Une initiative d'identification des cinquante-cinq minorités ethniques mêle
catégorisation de l'Etat chinois et autoreprésentations de ces peuples, avec des critères de
définition parfois sommaires. En même temps qu'est saisie leur diversité, ces groupes se
2 voient homogénéisés comme parties intégrantes d’une même nation chinoise, créant "a
unified country of diverse n

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