Sur un schème trifonctionnel dans une famille de légendes germaniques - article ; n°1 ; vol.150, pg 55-92
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1956 - Volume 150 - Numéro 1 - Pages 55-92
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Lucien Gerschel
Sur un schème trifonctionnel dans une famille de légendes
germaniques
In: Revue de l'histoire des religions, tome 150 n°1, 1956. pp. 55-92.
Citer ce document / Cite this document :
Gerschel Lucien. Sur un schème trifonctionnel dans une famille de légendes germaniques. In: Revue de l'histoire des religions,
tome 150 n°1, 1956. pp. 55-92.
doi : 10.3406/rhr.1956.7143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1956_num_150_1_7143Sur un scheme trifonctionnel
dans une famille de légendes germaniques
II est une famille de légendes germaniques modernes où
apparaît la bipartition fonctionnelle, héritée des Indo-euro
péens, qui a été mise en valeur par M. G. Dumézil : voir la
série des Jupiter Mars Quirinus et l'Héritage indo-européen
à Rome, 1949.
Le thème général de ces légendes est le suivant : d'une
certaine manière, un être humain entre en relation avec des
êtres doués d'un pouvoir merveilleux qui vivent en. quelque
sorte à la frontière du monde des -hommes; de ce contact,
il résulte un don fait par les êtres merveilleux à l'humain qui
les a approchés. Et c'est dans la définition des vertus parti
culières de ce don qu'apparaît le concept trifonctionnel indo
européen.
Plus précisément, on peut distinguer deux groupes qui se
différencient surtout par la nature du don : dans le premier
groupe que nous allons considérer, ce don, tout matériel,
consiste, dans son principe, en trois objets merveilleux ; c'est
le groupe dont l'aire d'extension est la plus considérable.
Dans le second groupe, le don se spécifie comme une qualité
particulière accordée au héros qui doit pour l'obtenir choisir
entre les trois propositions qui lui sont faites : ce second groupe
semble avoir pour domaine propre la Suisse alémanique.
I
La légende que nous allons tout d'abord étudier a été
reproduite, avec diverses variantes par les frères Grimm
(Deutsche Sagen, n° 41). et par Miillenhof (Sagen, Màrchen... 56 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
der Herzogthiimer Schleswig, Holsiein und Lauenburg (1845),
n° 443). La première version rapportée par les frères Grimm
et qui a pour garants des auteurs allemands du xvne siècle,
situe la légende chez une. famille noble du Holstein, les von
Rantzau ; pour le reste, cette première version n'est qu'un
résumé de la. seconde version,, très /détaillée, qui se .présente,
en français, comme une « nouvelle allemande » dans L'amant
oysif de Garouville (Paris, 1671, t. III, p. 337). Comme le.
texte en est difficile à trouver (les frères Grimm ne connais
saient que l'édition de Bruxelles 1711), nous le donnons ci-
dessous in extenso.
LA COMTESSE DE FALINSPERK
(nouvelle allemande)
II n'y avoit pas longtemps que le Comte de Falinsperk avoit épousé
une des plus belles femmes du Danemark, quand l'aventure que je vay
raconter arriva. Cette Dame dormoit fort paisiblement auprès du
Comte son Mary, quand un bruit qui se fit dans sa Chambre la fit
réveiller en sursaut. Elle ouvrit les rideaux de son lit et elle fut fort
surprise de voir entrer dans sa Chambre une petite Femme qui n'avoit
qu'une coudée de haut, mais qui estoit d'une beauté merveilleuse, et
tenoit un flambeau à la main. Je vous laisse à penser queile frayeur
elle eut : Elle voulut croire pendant quelque temps que c'estoit un
songe, mais elle se trouvoit trop éveillée pour demeurer longtemps
dans cette creance-là. La petite Femme approchant cependant de son
Lit, fit si fort redoubler la crainte de la Comtesse, qu'elle ne songea pas
mesme à éveiller son Mary, de qui elle eut pu espérer quelque secours.
Celle qui causoit cette frayeur, se hasta de parler pour la remettre.
Ne vous troublez point, Madame, luy dit-elle ; je ne viens pas pour
vous faire aucun mal ; mais je vous apporte un grand bonheur et
une grande fortune pour les Enfans que vous aurez, si vous voulez
me donner le secours dont j'ay besoin. Ce premier compliment ne
remit point la Comtesse ; mais la petite femme s'estant approchée
de plus pres, luy dit tant de choses, qu'elle la rassura, et la mit en
état d'écouter la proposition qu'elle vouloit luy faire. Si vous me
voulez suivre, et faire exactement ce que je vous diray, vous serez
la plus heureuse femme qui fut jamais. Suivez-moy dans les lieux où
j'ay dessein de vous conduire; ne mangez rien de ce qu'on vous
offrira, ne recevez aucun des presens qu'on voudra vous faire, et
prenez seulement ce que je vous donneray. Cette Dame suivit sa-
Conductrice, après s'estre en haste habillée, ne pouvant plus s'ima
giner qu'une Creature de la sorte pût lui faire aucun mal, ny qu'un FAMILLE DE LÉGENDES GERMANIQUES 57
mauvais Esprit pût paroistre. dans une si jolie figure. Sa Guide la
conduisit dans des lieux souterrains, où elle ne voyoit aucune lumière
que celle du flambeau de la Naine : mais elle ne demeura pas longtemps
dans cette obscurité, et tout d'un coup elle se trouva dans un Appar
tement où l'or et les pierreries, avec un grand nombre de lumières,
faisoient un jour bien plus beau que ceux que nous donne le Soleil.
Tout ce que vous avez entendu dire des Appartemens des Roys les
plus superbes, n'approchoit point, de cela, et l'imagination mesme
n'y peut arriver. La Comtesse trouva dans cet Appartement quantité
d'Hommes et de Femmes de la taille de sa Guide qui s'empressoient
auprès d'elle pour luy, faire plus d'honneur. Apres avoir passé par un
grand nombre de Chambres parées de la manière que je viens de dire,
on la fit entrer dans une autre plus grande qui estoit encore plus magnif
ique que tout ce qu'elle avoit veu. Elle y fut reçeuë par un petit
Homme fort joly, qui paroissoit le Roy de ce petit Peuple. Il fit à
cette Dame des civilitez extraordinaires, et malgré sa petite taille,
il avoit un air de grandeur qui sentoit assez son Prince. Il la conduisit
lui-mesme à un Lit dont la beauté répondoit à celle de la Chambre :
Elle y trouva une petite Reyne de mesme taille que ses Sujets, qui
avoit' besoin d'une Sage-Femme pour accoucher d'un Enfant qu'on
craignoit qui ne dût estre trop grand pour la taille de sa Mere, à cause
de la peine qu'il luy causoit. On pria. la Comtesse de l'assister, et on
lui dit que c'estoit le service qu'on avoit souhaité d'elle. Je vous laisse
à penser. qu'elle fut sa surprise; jamais elle ne se fut imaginé une
pareille chose, et l'on ne pouvoit lui faire faire un mestier où elle fut
plus neuve. Elle n'avoit mesme jamais eu d'Enfans ; neantmoins
comme elle avoit de l'esprit, elle prit bientost son party, elle entreprit
l'affaire et y réussit. La petite Reyne accoucha d'un Fils entre ses
mains fort heureusement, et la joye en fut excessive dans cette Cour.
Je croy que sur le champ on dépescha des Courriers dans tous les
autres Lieux souterrains où habite d'ordinaire cette Nation-là. Quand
tout ce qu'il falloit faire fut achevé, on fit des compliments à la Comt
esse qui faisoient bien connoistre la grandeur du plaisir qu'elle leur
avoit fait, et on la conduisit dans un Salon dont la beauté et la magnif
icence répondoient fort au reste de l'Appartement. On y avoit
préparé une Collation, où tout ce qu'on peut trouver de plus délicieux
y estoit servy ; mais elle ne voulut goûter de rien, encor qu'on l'en
pressast fort. Comme on la vit obstinée à ne point vouloir manger, on
la mit en liberté de s'en retourner avec la petite Naine qui l'avoit
amenée ; mais auparavant on lui offrit des Bassins d'or, remplis des
plus belles pierreries, et des mieux mises en œuvre qu'on puisse jamais
voir ; mais elle suivit toujours les préceptes de sa Guide, elle refusa
tout/ Apres de grandes reverences, et beaucoup de complimens j de
part et d'autre, elle reprit le chemin de sa Maison sous la conduite de
celle qui l'avoit amenée, qui lui parla de la sorte si-tost qu'elle l'eut
remise dans sa Chambre. Vous avez rendu un si grand service à nostre 58 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
petit Royaume que nous nous en souviendrons toujours, et particuli
èrement moy, qui chercheray avecque soin toutes les occasions de
vous faire plaisir ; et pour commencer, je vous donne cecy, luy dit-elle,
en luy mettant entre les mains un petit sac de brocard d'argent. Il y
a trois rouleaux de bois ; mettez ces trois rouleaux, adjoûta-t-elle,
sous vostre chevet de Lit ;

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