Schéma pour une étude idéologique de la Coopération - article ; n°1 ; vol.13, pg 331-342
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Schéma pour une étude idéologique de la Coopération - article ; n°1 ; vol.13, pg 331-342

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1973 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 331-342
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Flory
Schéma pour une étude idéologique de la Coopération
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°13-14, 1973. pp. 331-342.
Citer ce document / Cite this document :
Flory Maurice. Schéma pour une étude idéologique de la Coopération. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée,
N°13-14, 1973. pp. 331-342.
doi : 10.3406/remmm.1973.1213
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1973_num_13_1_1213POUR UNE ETUDE IDEOLOGIQUE SCHÉMA
DE LA COOPÉRATION
par Maurice FLORY
La coopération peut apparaître d'abord comme une vaste opération de
transfert des connaissances et comme une importante aide financière. Elle est
aussi, et peut-être de plus en plus, un affrontement idéologique. A travers l'aide et
l'assistance technique on retrouve sous des formes évolutives l'antagonisme
Est-Ouest c'est-à-dire la compétition de deux modèles de société, de deux
méthodes de développement qui viennent s'offrir aux pays du Tiers-Monde avec la
conviction de leurs certitudes et aussi leur volonté d'éliminer le concurrent. Mais
l'affrontement idéologique ne se limite pas aux Etats fournisseurs ; curieusement
dans une coopération qui, par hypothèse, est voulue de part et d'autre, qui est
formellement sollicitée, l'Etat assisté va être partagé entre le désir de profiter d'une
aide qui lui est nécessaire et la crainte de retomber sous l'emprise d'un mécanisme
impérialiste et néo-colonialiste. Il est alors évident que tous ces conflits se
retrouveront dans cette catégorie fondamentalement ambiguë qu'est le coopérant ;
sa "neutralité" statutaire ne l'empêche ni de réfléchir, ni d'avoir des opinions
politiques, ni même d'avoir sa conception du développement. Statutairement et
affectivement partagé entre son Etat de rattachement et son Etat employeur, il ne
peut renier ni l'un ni l'autre ; il sera donc au coeur de tous les conflits sans
pouvoir en assumer réellement aucun, d'où ce malaise inhérent à une fonction qui
ne saurait être que transitoire.
Ainsi l'idéologie de la coopération est-elle un domaine d'investigation particu
lièrement riche dans ses trois supports que constituent l'Etat fournisseur, l'Etat
bénéficiaire et le coopérant. Le Maghreb offre à cet égard un secteur géographique
privilégié ; le poids de la colonisation, inégal dans les trois Etats, permet une
intéressante comparaison ; l'orientation politique, économique et sociale des trois
régimes introduit une diversité dans les tendances qui se manifestent au sein de
chacun de ces pays à l'égard de la coopération ; l'assistance massive en personnel
fournit un éventail remarquablement ouvert de coopérants.
I. - RICHESSE ET COOPERATION
Parmi les Etats distributeurs de l'aide et de l'assistance technique il faut
distinguer, lorsqu'on étudie l'idéologie qui sous -tend leur action, les puissances
occidentales et les pays de l'Est. Dans les premières, il faut tenir compte de la M. FLORY 332
confrontation permanente des idées qui est le propre des régimes libéraux pour
dégager les tendances dominantes qui ont varié dans le temps et qui peuvent
diverger d'un pays à un autre et même d'un groupe à un autre au sein d'un même
pays. Dans les seconds, il s'agit au contraire d'une doctrine officielle puisée aux
bonnes sources marxistes.
A — Capitalisme et coopération
L'échec des méthodes coloniales qui s'est soldé par la dispartion des Empires
laisse peut être au colonisateur une certaine amertume, mais ne lui enlève rien de
son complexe de supériorité. Il a dû renoncer à ses méthodes pour des raisons
politiques et sous la pression conjuguée du terrorisme sur le terrain et de l'O.N.U.
sur le théâtre international. Il connaît la faiblesse de ces nouveaux Etats et il a la
certitude que sans son secours ils n'arriveront pas à se développer. Il va donc
offrir son aide en sachant parfaitement qu'il se trouve dans une position
dominante et il va lui être bien difficile de ne pas essayer d'en tirer des avantages ;
il va même lui falloir mettre en avant les bénéfices de l'opération pour obtenir la
nécessaire approbation d'une opinion de plus en plus réticente au fur et à mesure
que les années passent. Il est en effet possible de distinguer une évolution dans
l'idéologie dominante reflétée par la politique officielle en matière de coopération.
C'est dans la période qui a immédiatement suivi l'indépendance que la
coopération, appelée plutôt à l'époque assistance, a peut-être semblé la plus
convaincante à l'opinion publique. La coopération apparaissait alors comme le seul
moyen de ne pas tout perdre et d'assurer les transitions. L'expression du Pré
sident Pinay qui parle à l'époque pour le Maroc et la Tunisie d'"Indépen-
dance dans l'Interdépendance" est le reflet de ces préoccupations, par ailleurs
nullement exemptes de générosité. En effet la coopération sous l'impulsion de
divers courants de pensée à trouvé à ce moment ses premiers zélateurs,
notamment parmi les libéraux (1) de toute obédience qui avaient préconisé la
décolonisation. Et si la coopération avait quelque peine à recruter des adeptes et à
freiner un mouvement de départ dû à l'indépendance, c'est à cette époque qu'elle
a cependant connu ses défenseurs les plus convaincus. Les gouvernements ne se
sont pourtant pas laissé aller à une mystique désincarnée de l'assistance ; ils ont
cherché à être réalistes, à voir leur intérêt, à comprendre l'importance que pouvait
revêtir la coopération sans pour autant renoncer à une certaine générosité, elle
aussi payante d'ailleurs. C'est ainsi que la politique de coopération lancée par la
France à partir des années 1957 repose sur une idée à la fois égoïste et généreuse,
bien dans la tradition de l'expansionisme français (2) qui privilégia l'aspect
humaniste de son apport sans nier pour autant l'existence de considérations plus
intéressées.
Quelques années d'expérience ont confirmé aux Etats fournisseurs qu'une
politique d'aide constituait un incontestable facteur d'influence dans le jeu des
relations internationales. La France, en particulier, délestée de son Empire et
(1) Cf. la thèse de H. Bleuchot sur les Français libéraux du Maroc. Aix, 1970.
(2) Cf. J.M. Domenach in Esprit, Les coopérants et la coopération, numéro spécial,
Juillet-Août 1970. ETUDE IDEOLOGIQUE DE LA COOPERATION 333
appauvrie par deux guerres mondiales y vit l'instrument d'un rayonnement
conforme à ses préoccupations de grande puissance. Mais elle n'était pas la seule à
avoir compris l'influence que lui procurait le maintien de sa présence à travers une
aide multiforme et une sorte d'émulation qui a pris parfois l'allure d'une
compétition s'est manifestée en faveur de certains pays et pour certaines formes
d'aide. Un stimulant puissant a été l'entrée en lice de l'Union soviétique, des pays
de l'Est, puis de la Chine qui ont fait un effort pour ne pas laisser à l'Occident le
monopole de l'aide et qui ont vu par ce moyen une nouvelle stratégie de
pénétration. Cette compétition a été favorisée par les Etats demandeurs qui l'ont
habilement exploitée pour accroître l'aide en puisant à plusieurs sources et pour la
neutraliser en diversifiant les fournisseurs. Ainsi s'est instaurée une politique de
bascule à la fois lucrative et conforme au non engagement (3).
Dans une troisième phase, l'attitude des pays riches en face du problème du
sous développement est en train de se transformer sous l'influence de plusieurs
facteurs.
Au plan des relations internationales les rapports Est-Ouest connaissent une
nette détente ; les crises chaudes de l'époque stalinienne sont totalement révolues.
L'Union soviétique est d'ailleurs de plus en plus préoccupée par son grand voisin
de l'Est avec lequel les rapports se sont considérablement tendus.
Sur le plan interne les pays r

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents