Essai de définition d une géographie régionale dynamique - article ; n°4 ; vol.46, pg 411-448
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1971 - Volume 46 - Numéro 4 - Pages 411-448
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Guy Daudé
Essai de définition d'une géographie régionale dynamique
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 46 n°4, 1971. pp. 411-448.
Citer ce document / Cite this document :
Daudé Guy. Essai de définition d'une géographie régionale dynamique. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 46 n°4, 1971.
pp. 411-448.
doi : 10.3406/geoca.1971.1595
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1971_num_46_4_1595DE DÉFINITION ESSAI
D'UNE GÉOGRAPHIE RÉGIONALE DYNAMIQUE
par Guy Daudé
Une constatation assez paradoxale s'impose : d'une part les écoles
politiques ont adopté, avec ou sans enthousiasme mais sans exception,
le thème du développement régional, d'autre part la branche de la
géographie dite régionale perd de sa vigueur au profit d'une branche
plus normative, dite générale, dont l'objet est de dépasser la spécificité
des cadres spatiaux. L'opinion publique s'intéresse à la problématique
régionaliste mais les étudiants boudent les cours de géographie régionale
traditionnelle.
Un fossé se creuse donc entre une réalité vécue dans le quotidien et
une science de plus en plus séparée de la vie courante.
L'explication réside, en partie, dans un engouement excessif pour un
développement régional proposé comme un remède sans appel à tous
les problèmes du développement économique global, et auquel on
sacrifie comme à une mode tout en conservant, pour l'essentiel, des
intentions diamétralement opposées. Cependant, le géographe, persuadé
par métier de la valeur intrinsèque des idées régionalistes de base et du
bien fondé d'un aménagement pensé du territoire, ne peut se contenter
de cette explication et force lui est de reconnaître qu'il est, en définitive,
responsable du divorce entre sa discipline et la réalité vécue.
Le caractère figé et dépassé d'une partie de la géographie régionale
donne l'explication essentielle. Les géographes doivent, en conséquence,
faire un effort de pensée conceptuelle susceptible de porter leur disci
pline au niveau d'un réel et d'un présent que, par définition, elle
n'aurait jamais dû quitter.
I. — La géographie régionale doit être replacée
DANS DE NOUVELLES NORMES SPATIALES ET TEMPORELLES
1 ) L'appréhension du « temps géographique »
Si la géographie s'est séparée de la vie, c'est parce qu'elle s'est
présentée « comme la recherche d'une image instantanée du monde ». GUY DAUDÉ 412
« Faire état d'un plan était considéré comme une perversion au moins
égale à celle qui consiste à affirmer des faits sans citer des sources »x.
L'histoire et la géographie sont à la base de toute culture car elles
donnent à tout individu ou à toute société les deux coordonnées fonda
mentales qui leur permettent de se situer dans le temps et dans l'espace.
En France, ces deux disciplines sont restées, jusqu'à nos jours, intime
ment associées. Mais cette association est, en fait, bien plus fondament
ale que nous ne le croyons généralement. L'histoire ne peut accéder à
la précision et à la science sans une réelle maîtrise de l'espace comme
l'atteste le rôle important joué dans cet enseignement par les cartes et
les atlas. Inversement, nous ne pensons pas qu'il soit possible de
définir la géographie par la seule traduction cartographique de phéno
mènes présents. L'analyse géographique, certes, a pour but essentiel
la domination de l'espace mais cette domination ne peut être obtenue
réellement sans la participation de la donnée temporelle car « toute
situation est mouvement » 2.
Le sens de l'évolution
Définir la géographie comme la représentation spatiale de phénomènes
présents équivaut ainsi à lui donner, comme but profond, l'analyse et
l'explication des transformations d'un paysage. La géographie devient
la science des mutations actuelles. La maîtrise du temps lui est aussi
fondamentale que celle de l'espace. Le présent, en effet, n'est rien si ce
n'est le simple passage toujours mouvant et philosophiquement insaisis
sable du passé vers l'avenir. Car le temps ne peut pas être discontinu.
Le présent s'explique par le passé mais il s'explique aussi par le futur.
L'avenir est déjà à l'œuvre dans le présent.
En s'appuyant sur la donnée temporelle le géographe doit rechercher
la réalité du destin de la nature. Tout paysage peut être défini comme
le résidu d'une évolution passée mais aussi comme le germe d'une
évolution future. Passé et futur, comme dans un jeu de miroir, se
confondent pour donner l'image fugitive du bilan présent de l'action
des hommes. Pour être utile, et pour accéder à la compréhension pro
fonde des campagnes et des villes, le géographe doit alors s'efforcer,
en partant du concret, de dissocier ces deux images, l'image du passé
et l'image du futur. La géographie devient ainsi, parallèlement à la
science de la représentation cartographique, la chronique d'une civil
isation en marche. Cette prise de conscience du « devenir géographique »
conditionne l'évolution de la géographie régionale tombée dans une
certaine sclérose. C'est là un thème très connu. Les élèves des Lycées
1. P. George, R. Guglielmo, B. Kayser et Y. Lacoste, La Géographie active,
Paris, 1964.
2. Idem. RÉGIONALE DYNAMIQUE 413 GÉOGRAPHIE
et les étudiants des Universités ne digèrent plus les minutieuses
dissections du Massif Central ou des Pays de la Loire. Pourquoi ?
Parce que ces découpages sont morts alors que les élèves sont vivants
et que la géographie doit être par excellence la science du présent en
mutation. Il n'y a plus adéquation du raisonnement régional tradi
tionnel et de la réalité géographique telle qu'elle existe. Il faut passer
de l'autopsie à la vivisection. En fait les découpages consacrés ne sont
pas totalement périmés (et ne peuvent pas l'être, car ils sont la traduction
d'un héritage qui, pour partie, conditionne encore le présent), mais ils
ne rendent plus compte de l'essentiel : le sens de l'évolution.
La recherche de « l'avenir du passé »
L'intégration du temps comme donnée géographique fondamentale
est indispensable, la courbe devenant ainsi un instrument d'expression
majeur à côté de la carte. Mais encore faut-il, si nous voulons vraiment
sortir de la géographie traditionnelle, définir cette notion de temps, situer
à sa juste place sur l'échelle temporelle le moment géographique. En
effet les analyses régionales ont toujours, dans la tradition française,
accordé une grande importance aux évolutions passées comme facteurs
d'explication du présent. Cette façon de voir les choses était accordée
,au rythme de l'évolution d'alors, dans un monde où les permanences
étaient infiniment plus puissantes que les mutations. Expliquer un
paysage, dans la géographie du XIXe siècle, et plus particulièrement
un paysage agraire, consistait à établir par quels tâtonnements pro
gressifs telle région avait adopté tel système de culture, fixant tel
paysage. Alors, et encore pour l'essentiel aujourd'hui, dans les pays
du Tiers-Monde, alors, et jusqu'à une époque relativement récente,
dans nos pays évolués, la marche du temps était lente. La brouette de
l'évolution n'avançait que par saccades, après parfois des siècles de
gestation, car le moindre caillou, un simple changement de sol, suffisait
à bloquer sa roue. Dans ce « présent » là le passé était infiniment plus
lourd que l'avenir. C'est légitimement à l'histoire qu'il fallait faire
appel pour comprendre. Il n'en va plus ainsi aujourd'hui. C'est la
traction avant qui commande désormais des évolutions continues que
n'arrête plus une ligne de relief ou une dépression périphérique. Dans
notre présent de super-industrialisation le futur est devenu plus lourd
que le passé. Les hommes, qui pour la p

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