L orage du 3 au 4 octobre 1935 dans le bassin du Rhône - article ; n°1 ; vol.24, pg 217-233
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L'orage du 3 au 4 octobre 1935 dans le bassin du Rhône - article ; n°1 ; vol.24, pg 217-233

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Revue de géographie alpine - Année 1936 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 217-233
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Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Maurice Pardé
L'orage du 3 au 4 octobre 1935 dans le bassin du Rhône
In: Revue de géographie alpine. 1936, Tome 24 N°1. pp. 217-233.
Citer ce document / Cite this document :
Pardé Maurice. L'orage du 3 au 4 octobre 1935 dans le bassin du Rhône. In: Revue de géographie alpine. 1936, Tome 24 N°1.
pp. 217-233.
doi : 10.3406/rga.1936.3522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1936_num_24_1_3522ACTUALITÉ
L'ORAGE DU 3 AU 4 OCTOBRE 1935
DANS LE RASSIN DU RHONE
L'automne de 1935 et'le début de l'hiver 1935-1936 laisseront de
tristes souvenirs aux riverains des cours d'eau français. Depuis bien
longtemps, on n'avait assisté dans notre pays à une telle succession
de crues. En mars 1935 déjà, la Garonne avait subi une inondation
violente, quoique sensiblement inférieure au cataclysme tragique
de mars 1930. Le printemps et l'été ne furent point marqués par
des excès fluviaux, sauf en certains secteurs alpestres où des fontes
massives de neige commirent des dommages i. Mais à partir du dé
but d'octobre, les intempéries ont commencé, ne se sont inte
rrompues que par courtes accalmies et ont multiplié les sinistres.
A l'heure où nous écrivons, leur bilan peut se résumer ainsi : au
début d'octobre orage méditerranéen intense, du haut Vivarais au
Jura méridional et central, avec intensité sans précédent sur la ré
gion lyonnaise; du 10 au 20 novembre, crues générales méditer
ranéennes dans le bassin du Rhône, avec maxima les plus forts
connus depuis 1856, à partir du confluent de l'Ouvèze-Sorgue, et
durée peu ordinaire des hautes eaux; au début de décembre, crue
océanique, sans gravité particulière, sur le Rhône, la Saône, la Ga
ronne inférieure; du 20 au 24 décembre, grande crue océanique
pyrénéenne de la Garonne moyenne et inférieure; aussitôt après,
du 24 décembre au 4 janvier, crue méditerranéenne générale du
Rhône, avec triple maximum de plus de 6 m. 30 à Avignon, fait
i Cf. M. Pardé, Inondations dues à la fonte des neiges. Crues de la Valloi-
rette et du Rhône alpestre en juin et juillet 1985 (Revue de Géographie alpine,
vod. XXIII, 1935, fasc. III, p. 655-659, 1 fig., 1 pi.). 218 MAURICE PARDÉ.
saos précédent à une telle date pour des phénomènes de cette espèce;
et finalement, du 3 au 8 janvier, rrue océanique générale considé
rable sur le Rhône moyen et inférieur, la Garonne, la Charente,
menaçante sur la Seine, très grave sur la Vilaine, la basse Loire,
dont pendant quelques jours on redouta le pire.
Je décrirai ou résumerai tous ces événements et surtout ceux qui
concernent le bassin rhodanien dans la Reruc de Géographie alpine.
Mais pour les plus récentes de ces crues, les documents me man
quent encore. Dans ce fascicule, on n'examinera que les orages du
début d'octobre.
Orage du 30 septembre au 1er octobre.
Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, puis le 1er, des orages
déjà violents sévirent sur une partie du bassin rhodanien. Je n'ai
point étudie leurs causes atmosphériques, mais ils me semblent de
voir être classés dans les phénomènes de type océanique (pour au
tant que ce terme s'applique à des phénomènes orageux), car ils ne
frappèrent point avec vigueur les régions méridionales. Par contre,
ils donnèrent beaucoup d'eau en certains secteurs alpestres et ju
rassiens.
105 mm. dont 85 en un jour. il Thorens, en Haufe-Savoie,
111 — 63 — à Bellevaux, en Haute-Savoie,
142 — 108 — a Are-Senans, dans le Doubs,
à Lons-le-Saunier, 79 en un jour.
75 — à Bourg-en-Bresse,
121 — 94 — il Mijoux, dans l'Ain,
112 — 84 — h Montréal, dans l'Ain,
1er octobre La pluie très drue dans la nuit du 30 septembre au
s'accompagna de manifestations électriques imposantes; à Grenoble,
les coups de tonnerre faisaient trembler les vitres comme il arrive
assez rarement. Ces vibrations étaient d'ailleurs plus remarquables
que la puissance même des grondements.
Les crues consécutives à cette averse atteignirent les maxima sui
vants, que Fon pourra comparer aux cotes de la crue suivante et
aux records cités plus loin :
Ain à Bolozon, 8 m.
Ain a Pont-d'Ain 2, 3 m. 48.
Ain à Chazey s, 3 m. 92.
Rhône a Lyon (pont Morand), 2 m. 7Q.
2 Fond exhaussé ou échelle déplacée depuis quelques années.
3 La cote de 3 m. 92 paraît correspondre à des observations incomplètes. Le
maximum réel a dû dépasser 4 m. 10 ou 4 m. 20. l'orage d'octobre 1935 dans le bassin du rhône. 219
La montée des eaux n'eut quelque importance que dans le Jura
méridional, sur FAin et son affluent le Suran, le plus proche du Re-
vermont. La crue de l'Ain supérieur à Bolozon se distingue surtout
par une rapidité exceptionnelle sur cette rivière, et prouvant l'exi
stence d'une véritable trombe d'eau dans le voisinage; en quelques
heures, les eaux s'élevèrent de 5 m. ! Gomme toutes les intumes
cences fluviales à variations aussi foudroyantes, et mal renforcées
sur les cours inférieurs, celle-ci s'atténua, en importance relative
de l'amont vers l'aval. Le flot de l'Ain et du Rhône lyonnais se pro
pagea de manière à donner le 3 au soir, moment où allait éclater le
mémorable orage dont je parlerai surtout, 2 m. 20 à Valence, 2 m. 60
à Avignon.
Orage du 3 au 4 octobre.
Ses causes atmosphériques. — Le jeudi 3 octobre, à 7 heures, une
dépression occupait par son centre l'Irlande et la Grande-Bretagne
occidentale avec 980 millibars. Dams son secteur méridional, une
zone de baisse progressait vers le Sud-Est, englobant le Sud-Ouest
de la France, avec — 10 mb. depuis 12 heures vers Toulouse et du
Berry à la Haute-Seine. Par son effet, les isobares commençaient à
dessiner un V pointant vers le golfe du Lion, avec axe du N.N.O. au
S.S.E. En même temps, un gradient isobarique orienté de l'E.S.E. à
l'O.N.O. tendait à se former sur l'Italie malgré la fuite d'une faible
dépression précédente (1.005 millibars) sur le Niord de l'Adriatique.
A 18 h., le même jour (fig. 1), la baisse avait gagné vers le Sud,
car elle intéressait toute l'Espagne; mais, du côté de l'Est, elle pro
gressait peu; la zone de pressions, relativement élevées, tenait bon
sur l'Italie. Le V isobarique se faisait plus creux et plus aigu à
travers la France et la Méditerranée occidentale.
La pluie méditerranéenne devenait imminente. Il en est de même
chaque fois qu'un anticyclone au moins relatif avec gradient vers
ГО. ou le N.O. empiète sur l'Italie et qu'une dépression envahit le
Sud de la France. Les vents du Sud-Est soufflent de l'anticyclone
vers la dépression et chargés d'air humide méditerranéen viennent
se heurter aux reliefs de Provence et ůu. rebord oriental du Massif
Central; d'où ascension des vapeurs, refroidissement, chutes d'eau
abondantes; maintes fois, cet automne, j'ai pu vérifier la quasi-
infaillibilité de cette règle. Mais il est bien plus difficile d'expliquer
pourquoi la pluie tantôt se concentre sur la muraille cévenole, tan
tôt s'étend à tout le bassin rhodanien inférieur, et tantôt atteint son
paroxysme dans les dépressions, ou tout au moins se conforme mal
ou pas aux exigences du relief, ce qui devait arriver cette fois. Cer
tainement interviennent là, et surtout dans le dernier cas, des con
trastes thermiques, des fronts chauds ou froids, notions familières
à la météorologie actuelle. Mais la vérification de ces phénomènes, 220 MAURICE PARDE.
pour chaque circonstance, rencontre de graves difficultés, faute
d'observations nombreuses et simultanées dans la haute atmosphère.
Fig, 1. — Variations de pressions dans les 12 heures précédentes,
le 3 octobre à 18 heures.
Car souvent ces discontinuités doivent être les plus accusées à une
certaine altitude; même, lors des dépressions occluses (thermique-
ment homogènes au contact du sol), les fronts n'existent qu'en hau- d'octobre 1035 dans le bassin du rhône. 221 l'orage
teur. Mais alors ils peuvent comporter des contrastes thermiques
remarquables et produire des pluies diluviennes 4.
Fig. 2. — Températures à 7 heures, le 3 octobre.
* Sur les

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