Les sols polygonaux dans les Alpes et la genèse des sols polaires  - article ; n°228 ; vol.40, pg 610-619
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Description

Annales de Géographie - Année 1931 - Volume 40 - Numéro 228 - Pages 610-619
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Gignoux
Les sols polygonaux dans les Alpes et la genèse des sols
polaires
In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°228. pp. 610-619.
Citer ce document / Cite this document :
Gignoux Maurice. Les sols polygonaux dans les Alpes et la genèse des sols polaires . In: Annales de Géographie. 1931, t. 40,
n°228. pp. 610-619.
doi : 10.3406/geo.1931.11102
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1931_num_40_228_11102610
LES SOLS POLYGONAUX DANS LES ALPES
ET LA GENÈSE DES SOLS POLAIRES
(Pl. XIV.)
Le point de départ de cet article a été l'observation d'un très bel
exemple de « sol polygonal » dans les Alpes françaises ; cette observa
tion m'a amené à rechercher les exemples analogues, assez rares,
déjà décrits dans les Alpes, puis à réfléchir sur le mécanisme de fo
rmation de ces sols, bien connus dans les régions polaires ; il m'a sem
blé en particulier que des expériences toutes récentes, faites en
Amérique par S. Taber1, pouvaient suggérer à ce sujet des idées nouv
elles.
Pour plus de clarté, nous adopterons dans l'exposé qui va suivre un
ordre inverse.
I. — Les sols des régions polaires
Dans les régions polaires, partout où le sol n'est ni rocheux, ni
perpétuellement recouvert de neige ou de glace, les conditions cl
imatiques déterminent des formes de sols très particulières. Les pierres
grosses ou petites et les terres argileuses, au lieu d'être mélangées
pêle-mêle et sans ordre, y apparaissent triées par grosseurs et groupées
en arrangements caractéristiques. Des zones où sont rassemblées les
plus grosses pierres alternent avec d'autres où le sol n'est formé que
de fines boues argileuses.
Ainsi prennent naissance des sols d'un aspect si particulier et si
net qu'ils ont été remarqués de suite par tous les explorateurs po
laires, et même par les voyageurs visitant le Spitzberg, région entrée
maintenant dans le domaine du grand tourisme.
Ces sols polaires ont donc été maintes fois décrits, et sont très bien
connus, sinon expliqués. On trouvera à ce sujet de nombreuses réfé
rences bibliographiques dans un article récent de W. Salomon8,
1. Stephen Taber, Frost heaving (Journal of Geology, XXXVII, 5, p. 428-461,
21 fig. Chicago, 1929). — The mechanics of frost heaving (ibid., XXXVIII, 4, p. 303-
317, fig. 5, 1930).
2. W. Salomon, Arktische Bodenformen in den Alpen (Sitzungsber. d. Heidelberger
Akad. d. Wiss., Math.-naturwiss. h lasse, Jahrg. 1929, 5. Abt., 31 p., 6 fig.).
J'y ajouterai l'indication de deux articles plus récents : J. F. Gellert et A. Schil
ler, Eiszeitboden im Riesengebirge (Zeitschr. d. deutschen geol. Ges., Band 81, 1929,
Heft 9), et J. W. Gregory, Stone polygons beside Loch Lomond (The geogr. Journ.,
vol. LXXVI, n° 5, 1930), travail qui m'a été aimablement signalé par mon collègue
M. Blache.
Malgré son titre, l'étude de N. Krebs, Klimatisch bedingte Bodenformen in den
Alpen (Geographische Zeitschrift, Jahrg. 31, 1925), n'apporte aucune donnée nouvelle
intéressante à notre point de vue. SOLS POLYGONAUX DANS LES ALPES 611 LES
qui nous intéressera plus spécialement tout à l'heure. Nous mention
nerons en particulier l'étude fondamentale de B. Hôgbom г et celle
de K. Gripp2. En langue française, R. Deuvillé3 a publié une mise
au point très claire, accompagnée d'excellentes photographies ; un
très substantiel résume de la question a été donné par Emm. de
Martonne 4.
Le triage des matériaux, qui caractérise les sols polaires, prouve
que ces sols ont été le siège de mouvements internes, sorte de courants
de convection. Et le problème revient à préciser la cause et la loca
lisation de ces courants : beaucoup d'hypothèses ont été émises à ce
sujet, mais aucune n'est encore entièrement satisfaisante.
Rappelons d'abord que ces courants de convection sont tout à fait
distincts des mouvements ďensemble auxquels sont naturellement
sujets tous les sols meubles sur des pentes même très faibles. Et
l'action de ces se traduit nécessairement par des align
ements allongés dans une direction parallèle ou perpendiculaire à l'al
ignement : on a des « sols rayés ».
Au contraire, dans les cas typiques que nous voulons étudier ici,
c'est-à-dire les sols polygonaux et formes voisines, il n'y a pas allo
ngement dans une direction déterminée ; Г arrangement j,des matériaux
se traduit par des figures plus ou moins circulaires ou polygonales.
Examinons d'abord les phénomènes que vont produire, dans les
sols des régions polaires, les alternatives de gel et de dégel.
On sait qu'en tous pays, au-dessous d'une zone superficielle sou
mise aux variations de température diurnes ou saisonnières, règne
une région dans laquelle le sous-sol garde une température constante
et égale à la température moyenne du pays ; c'est cette température
que possèdent les eaux des bonnes sources : elle est de 1С0 à 11° pour
nos régions. Dans les régions polaires, ou de hautes montagnes, où la
moyenne annuelle est inférieure à 0°, il existe donc une zone profonde
dans laquelle le sol ne dégèle jamais ; en été, elle commence à 1 ou
2 m. de profondeur ; c'est beaucoup plus bas seulement que le degré
géothermique commence à se traduire par une remontée de la tempér
ature au-dessus de 0°. Hôgbom avait admis qu'au Spitzberg le sol
devait rester gelé jusqu'à une profondeur de 150 à 300 m. ; des obser-
1. B. Hôgbom, Ûber die geologische Bedeutung des Frostes [Bull. geol. Inst. of Upsala,
1914, 12, p. 257-390).
On verra aussi le très important article de W. B. Schostakowitsch, Der ewig ge-
frorene Boden Sibiriens (Zeitschr. d. Ges. f. Erdkunde, 1927, p. 394-427).
2. K. Gripp, Beitràge zur Geologie von Spitzbergen (Abh. d. Naturwissensch. Vereins
zu Hamburg, XXI, 1927) et Glaciologische und geologische Ergebnisse der Hamburgischen
S pùzber gen- Expedition 1927 (ibid., XXII, 1929).
3. Robert Douvillé, Sols polygonaux ou réticulés (La Géographie, XXI, n° 4, 1916-
1917, p. 241-251, fig. 24-31).
4. Emm. de Martonne, Traité de Géographie physique , 4e édition, t. II, p. 858 (Paris,
Libr. Armand Colin, 1926). -J.T"
612 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
vations faites là, dans les mines de charbon, et rapportées par K. Gripp
ont donné le chiffre de 230 m. Au contraire, dans certaines régions
de la Sibérie, Schostakowitsch indique des chiffres trèsdifférents.
Ce sous-sol éternellement glacé est souvent qualifié, en français,
de sol de toundra, car c'est évidemment à son imperméabilité qu'est
due la stagnation des eaux dans les couches superficielles, détermi
nant les paysages marécageux de la toundra sibérienne. On peut aussi,
pour désigner cette croûte gelée, adopter, à l'exemple de Hôgbom, le
mot populaire suédois de tjâle. L'existence de cette tj&le détermine
ainsi, dans les terres polaires, une division très nette en une zone pro
fonde, toujours gelée, immobile, comparable à un béton à ciment de
glace, et une zone superficielle, transformée en été en une bouillie
semi-liquide et fluente.
La congélation d'un tel sol argileux imprégné d'eau se fait suivant
un processus tout à fait particulier ; on peut le résumer en disant
qu'il y a, au sein de la masse argileuse, sécrétion ou ségrégation de len
tilles ou de couches de glace pure. Ces phénomènes viennent précis
ément d'être étudiés expérimentalement par S. Taber, dans un travail
qui n'a pas encore retenu l'attention des géographes et géologues
ayant étudié les sols polaires ; inversement d'ailleurs, S. Taber n'a
pas eu l'occasion de faire ressortir suffisamment l'importance de ses
propres expériences pour l'explication des phénomènes naturels ob
servés dans les régions polaires.
Les de Taber montrent que, quand on refroidit un
cylindre d'argile humide, une partie de l'eau se concentre, sous forme
de glace pure, fibreuse, en couches ou lentilles plus ou moins épaisses,
tandis qu'une certaine proportion d'eau, absorbée par les particules
argileuses, reste à l'état liquide.
Si on refroidit le cylindre par le

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