Textes  relatifs  à l économie  savoyarde (XVIIe-XVIIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.25, pg 211-223
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Revue de géographie alpine - Année 1937 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 211-223
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Publié le 01 janvier 1937
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Langue Français

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Marcel Blanchard
Textes relatifs à l'économie savoyarde (XVIIe-XVIIIe siècles)
In: Revue de géographie alpine. 1937, Tome 25 N°1. pp. 211-223.
Citer ce document / Cite this document :
Blanchard Marcel. Textes relatifs à l'économie savoyarde (XVIIe-XVIIIe siècles). In: Revue de géographie alpine. 1937, Tome
25 N°1. pp. 211-223.
doi : 10.3406/rga.1937.3968
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1937_num_25_1_3968TEXTES RELATIFS A L'ÉCONOMIE
SAVOYARDE
(XVII-XYIIP SIÈCLES)
par Marcel BLANCHARD.
La diplomatie du sel développée par les rois de France à
l'égard des petits états alpins en est encore à attendre son his
torien. M. Edouard Rott avait eu le grand mérite d'en montrer
le premier toute l'importance et d'en décrire certains épisodes
majeurs; mais, qu'il ait ou non nourri le dessein de s'en cons
tituer quelque jour Le spécialiste, il est mort sans mous avoir,
de cette politique, présenté l'exposé systématique qui reste à
faire.
Sujet pourtant hautement séduisant. Un grand Etat, la Mo
narchie française, se trouve détenir en Europe Occidentale les
principales sources de La production d'une denrée — le sel —
absolument indispens<abLe à la vie des humains et, tout comme
à la conservation du poisson, à l'élève du bétail. Dans son im
médiat, voisinage, de médiocres Etats montaignards : cantons
helvétiques et duché de Savoie-Piémont, naturellement orientés
vers l'élevage mais à peu près démunis sur le fait du sel de
ressources propres. Brochant sur cette donnée essentielle, ce
fait que partout alors — et que la chose dérive avant tout de
préoccupations fiscales, comme c'est le cas en France et en
Savoie, ou, comme il arrive dans les pays suisses, de préoccu
pations d'ordre public — ce fait, disons-nous, que le commerce 212 MARCEL BLANCHARD.
et la distribution des sels sont, au premier chef, affaire d'Etat.
Les diplomates français eussent été des apprentis — or ils
étaient des maîtres — s'ils n'avaient dès lors inscrit l'octroi ou
la concession de fournitures de sel entre les moyens de pres
sion à leur disposition vis-à-vis de ces voisins. Ainsi, dans
l'actuelle diplomatie, les fournitures de charbon et de pétrole.
De la sorte et tout au long des xvne et xvm" siècles, la livrai
son des sels languedociens aux Gabelles, ducales d'abord,
royales ensuite, de la Maison de Savoie a-t-elle donné lieu à de
fort nombreuses négociations. Ainsi s'est trouvé constitué un
fort important appareil documentaire de mémoires et de rap
ports sur le thème des besoins en sel die ces pays savoyards;
rapports et mémoires, dont beaucoup ne sont point sans con
tenir de fort intéressantes précisions sur le comportement éc
onomique de ces pays mêmes. L'on a cru pouvoir en reproduire
ici quelques passages retenus pour particulièrement signifi
catifs i.
Sur le fait de la consommation du sel, deux essentielles part
ies prenantes : les hommes, les bêtes. L'on rencontre donc tout
naturellement, dans les documents relatifs aux fournitures, des
renseignements sur la population et- ses mouvements, sur le
bétail, son entretien et son négoce.
Le premier document que l'on présente ici s'offre, daté de
1617, sous les espèces d'un avis de la Chambre des Comptes du
Piémont 2. Contemporain des premières fournitures françaises,
plus exactement des premiers contrats de de quel
que volume, ce document est nettement hostile à la récente
innovation. Il n'y a pas lieu de s'en étonner au surplus : tels
hauts magistrats de Turini n'étaient pas sans être directement et
1 Sources de cette étude : Dossiers de la Gabelle des sels de Savoie (G. S. S.)
aux Archives de Turin. Section centrale.
2 G. S. S., II, n° 6, Avis du 15 décembre 1617. RELATIFS A L'ÉCONOMIE SAVOYARDE (XVIIe-XVIIIe S.). 213 TEXTES
personnellement intéressés à des fournitures de sels espagnols;
tout comme très vite certains de leurs congénères de Ghámbéry
chercheront à prendre des intérêts personnels dans la fourni
ture des sels français.
« Le sel rouge d'Evica est p>lus salé d'un tiers que celui de Pec-
caix [et] c'est un mensonge de dire que le sel blanc convient mieux
au bétail et aux produits de laitage...; la preuve en est que quand on
a introduit quelque temps le sel blanc dans le duché d'Aoste qui
usait précédemment du sel rouge... très vite les habitants n'en ont
plus voulu, ce qu'ils n'eussent point fait s'ils avaient reconnu ce sel
blanc plus favorable au travail du lait et au bétail dont ce duché
abonde. Tl est absurde de dire que l'usage du sel blanc [venant de
France] augmentera le commerce entre la Savoie et le Dauphine;
la Savoie n'a rien à vendre dont le Dauphine ne soit en plus grande
abondance; tandis qu'il convient de maintenir le commerce entre
la Savoie et le Piémont, car ce commerce fait marcher traite, douane
et dace qui ne sont point en Savoie.
La deuxième raison qui nous pousse est que pouvant Votre Al
tesse, comme elle l'a, avoir une gabelle bien fondée en Savoie, elle
1Ю doit pas se réduire à se servir d'intermédiaire comme dans le cas
de la fourniture des sels de France, dont la France demeure maît
resse, tandis que Te sel d'Evica se tire par des mers libres sans
crainte d'interruption d'aucune sorte; les marines, les voitures se
font par ses Etats, à la grande utilité de ses sujets à qui demeure
l'argent des conduites. Outre que ces transports et les retours jo
ignent la Savoie et le Piémont; sans l'occasion des transports des
sels, l'on abandonnerait les passages du Mont Gen i s et du Petit Saint-
Bernard, ou ces passages seraient difficiles au moins la moitié de
l'année; et alors les conducteurs prendraient la route du Mont Ge-
nèvre accomodée par les Français à cette intention... Tl faut noter
que les grandes dépenses aux routes de Nice, à la forature de la
cola 3 et au canal de Suse ne sont destinées qu'aux sels et autres
marchandises non seulement de V. A., mais des autres puissances...
Oe que voyant V. A. autoriser la Savoie à faire usage d'un autre sel,
les autres puissances ne feraient plus rien passer par là.... or, c'est
le gabeliier du sel d'Evica qui paie tous ces travaux; après, il ne
voudra ni ne pourra. »
Point de vue spécifiquement piémontais. Très vite au con
traire et de ce côté-ci des monts, l'on ne fut pas sans apprécier
à sa valeur, qui était grande, le s-el de France. Et l'on y insistait
3 C'est-â-dire à un essai d'ouverture d'un tunnel au col de Tende. 214 MARCEL BLANCHARD.
en particulier sur ce point que, transporté à un bien moindre
prix, il eût été en situation, n'eût élé une fiscalité trop avide,
d'être cédé à un prix beaucoup plus intéressant, et ce, au plus
grand bénéfice de l'élevage :
« J'ai vingt-deux ans de service dans cette Chambre des Comptes
de Savoie, écrit en 1633 le président Ghalles 4, et il nous est toujours
apparu que le haut prix du sel a causé la moindre vente, soit par
l'épargne [c'est-à-dire la restriction de la consommation]... soit par
la contrebande; et la punition dies coupables n'a aucunement remédié
au mal, mais causé la ruine d'une infinité de maisons... et, à la plu
part des provinces, le dégoût extrême d'acheter chèrement ce qui se
donne à bon marché chez leurs voisins.
De plus, il est très vrai que généralement parlant, dans tout l'Etat,
le menu peuple a la charge de traiter le bétail, l'ayant comme sien
ou le tenant en commande, ou à l'hiverner quand il est descendu des
montagnes; pendant l'été, chacun conduit les siens sur celles qui
sont communes ou les mettant aux chalais (sic) particuliers. Il est
tout assuré que ceux qui le prennent à charge amoindriront la quant
ité des fourmages [fromages] qu'ils donnent par tête, à cause du
prix du sel; et est à redouter que le surhaussement les empêche
d'en donner au bétail, ce par quoi il demeurera moindre en chair,
plus stérile en engeance, et en lait... En un mot le plus grand, et, à
mon avis, le seul commerce qui puisse attirer de l'argent en cet
état est celui du bétail. Surhausser le prix du sel, je crois qu

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