A propos des objets en criminologie: quelques réponses - article ; n°3 ; vol.19, pg 291-303
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Description

Déviance et société - Année 1995 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 291-303
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alvaro P. Pires
A propos des objets en criminologie: quelques réponses
In: Déviance et société. 1995 - Vol. 19 - N°3. pp. 291-303.
Citer ce document / Cite this document :
Pires Alvaro P. A propos des objets en criminologie: quelques réponses. In: Déviance et société. 1995 - Vol. 19 - N°3. pp. 291-
303.
doi : 10.3406/ds.1995.1581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1995_num_19_3_1581et Société, 1995, Vol. 19, No 3, pp. 291-303 Déviance
À PROPOS DES OBJETS EN CRIMINOLOGIE:
QUELQUES RÉPONSES
A. PIRES*
Disons d'entrée de jeu que je me suis senti honoré lorsque le comité scientifique de
Déviance et Société m'a invité à participer à ce débat sur un de mes articles, sous la direc
tion de Lode Van Outrive. Et d'autant plus que mes trois interlocuteurs sont d'anciens
professeurs qui ont marqué fortement ma formation criminologique, et ce bien au delà de
quelques idées scientifiques. Si une longue et forte amitié nous unit, elle n'a heureusement
jamais été marquée par une complaisance sur le plan intellectuel, et la lecture de ce débat
en témoigne ; en effet, les positions varient considérablement et Van Outrive a même sorti
sa hache de guerre. Parce que l'enjeu principal est celui de faire avancer notre compré
hension commune d'une question fort complexe, ce débat a assurément de bonnes
chances de contribuer à cet objectif. D'ailleurs, son dénouement nous dépasse largement.
En plus, il convient de garder à l'esprit que ma propre contribution est minime: j'ai puisé
dans d'autres travaux, y compris ceux de mes interlocuteurs, et je ne prétends que de les
avoir regroupés à ma façon. C'est donc dans cet esprit que je soumets les propos qui sui
vent.
Je ne peux pas relever tous les points de discussion. D'ailleurs, je ne suis pas sûr de
tous les avoir bien compris et je doute qu'ils aient une même valeur pour la résolution du
problème. Depuis la parution de mon article, d'autres critiques ont été avancées.
Françoise Tlilkens, suivie d'Yves Cartuyvels et Dan Kaminski, ont adressé, avec raison,
une critique à la section IV, item 2 (pp. 145-146). J'y reviendrai à la fin. Une autre critique
m'a été faite par le professeur Raymond Gassin (1994). Christian Debuyst en tient compte
dans ses commentaires et propose une première réponse. Je ne la relèverai donc pas ici,
d'autant plus que Debuyst était en meilleure position pour y répondre.
Même les discussions théoriques sérieuses peuvent être parsemées de glissements
imprévus. On se doit d'y répondre dans la mesure où ils constituent un obstacle pour cer
ner convenablement le problème central. Mes premiers commentaires visent donc à
recentrer le débat.
I. Les objectifs théoriques et deux malentendus possibles
II me semble qu'il y a eu deux malentendus concernant mes intentions théoriques, l'un
enchâssé dans l'autre.
1. Le premier, moins important, se manifeste autour des idées de «réconciliation», de
«compromis», d'« intégration», de «synthèse», etc. Van Outrive et d'autre collègues
canadiens m'ont fait la remarque d'une façon ou d'une autre u. pourquoi préconisez-
Département de Criminologie, Université d'Ottawa.
1 Certains de mes collègues de l'Université d'Ottawa m'ont posé oralement ces questions et Brodeur
(1993, 99) fait une allusion, en passant, à ce problème. 292 Déviance et Société
vous la fusion des deux paradigmes? ou encore: n'êtes-vous pas conscient du fait que
cette opposition entre naturalisme et constructivisme est très ancienne et qu'elle a très
peu de chances d'être résolue par une discussion théorique?
Disons que mon objectif n'a jamais été de chercher une fusion, mais de contribuer à
résoudre un problème théorique et d'indiquer une autre conception possible des objets
(qui me paraît préférable aux deux précédentes). Ceci a été clairement exprimé dans
l'article publié avec ma collègue Françoise Digneffe (Pires, Digneffe, 1992, 39-41). Nous
ne cherchions pas alors à «intégrer» (au sens d'une juxtaposition) deux positions oppo
sées que nous estimons - pour différentes raisons et à différents degrés - inadéquates ou
inexactes, mais à proposer un autre point de vue qui dépasse (au sens hégélien du terme
aufheben) les précédents. Bien sûr nous n'avons jamais eu l'illusion que l'opposition glo
bale entre naturalisme et constructivisme allait disparaître pour autant, ni même que cela
pouvait se passer pour la criminologie. Certains chercheurs resteront assurément là où ils
sont, mais ceci ne signifie pas nécessairement que le débat n'évolue pas (si l'on considère
les positions les plus sophistiquées) ni qu'il est inutile d'ouvrir ou d'attirer l'attention sur
d'autres chantiers possibles dans le cadre d'un savoir en particulier.
J'ajouterai que les notions de «réconciliation», de «synthèse consensuelle», etc. véhi
culent souvent l'idée de «compromis», ce qui peut être tout à fait impropre ici. En effet,
peut-être avons-nous trop à l'esprit parfois la notion pratique de «médiation» par laquelle
nous renonçons à des choses qu'on trouve justes en échange d'un compromis qui serait,
malgré les pertes, préférable au statu quo. Or, arriver provisoirement à un certain consen
sus parce qu'on a cherché une meilleure position théorique n'est pas la même chose que
chercher un compromis par lui-même. Dit autrement: le compromis ne doit pas être une
préoccupation en soi de l'activité scientifique, mais un certain degré de consensus théo
rique peut bien être un résultat (éphémère) de cette activité. Le politicien, le thérapeute,
etc. peuvent viser au compromis pour résoudre un problème pratique ou politique, mais
cet objectif, très louable dans la vie quotidienne, est boîteux sur le plan de la connaissance.
La preuve est que cette affirmation nous paraîtrait étrange : l'objectif de la science est
d'avoir moins de dispute entre les chercheurs, même si pour y arriver nous devons renoncer
à l'objectif de mieux connaître les choses. Idéalement parlant, l'activité scientifique doit se
préoccuper avec l'avancement de nos connaissances en espérant que des zones de consen
sus puissent être créées par la solution des problèmes précédents.
2. Il n'est pas facile de restituer le sens global d'une démarche théorique parce qu'elle
relève souvent d'une constellation d'objectifs agencés les uns sur les autres et ils peu
vent être formulés de diverses façons. Dans l'ensemble, l'article visait deux objectifs
étroitement reliés (Pires, 1993, 129, 134-135): a) élucider le syntagme le crime est une
réalité socialement construite, entre autres dans le but, comme le remarque Debuyst,
b) de dépasser cette opposition entre les deux criminologies, opposition qui reste stérile
si on ne cherche pas à préciser ce qu'elle implique (nous soulignons).
Le deuxième malentendu s'est constitué autour de ce deuxième objectif, plus spécif
iquement autour de ce que je voulais supposément «réconcilier». Mes critiques ont parfois
laissé entendre que je voulais «réconcilier» deux théories ou encore deux conceptions de
l'objet, alors que j'ai soutenu fondamentalement la nécessité d'articuler, pour ainsi dire,
deux questions de recherche plutôt qu'une seule. Dans ses grandes lignes, cette orienta
tion avait déjà été proposée, dans le passé, par d'autres criminologues d'orientation socio
logique ou psychologique. Je voulais la réactiver en ajoutant des nouveaux arguments et
en défaisant certains nœuds qui persistaient ou qui se sont ajoutés par après. Je pense
qu'on peut remonter le point de départ de cette orientation aux années 1920 avec, d'une
part, les écrits de Sutherland et d'autre part, ceux de De Greeff. Quoi qu'il en soit, à partir A propos des objets en criminologie 293 Pires,
des années 1950, cette orientation est présentée explicitement dans des termes appropriés
par Void (1953; 1958), Jeffery (1956, 1959) et par l&#

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