Bruno Dallago and Luigi Mittone (Eds.), Economic Institutions, Markets and Competition  ; n°2 ; vol.29, pg 225-235
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1998 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 225-235
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Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Sapir
Bruno Dallago and Luigi Mittone (Eds.), Economic Institutions,
Markets and Competition
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 29, 1998, N°2. Les transformations du travail et de l'emploi en
Europe de l'Est depuis 1990. pp. 225-235.
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Sapir Jacques. Bruno Dallago and Luigi Mittone (Eds.), Economic Institutions, Markets and Competition. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 29, 1998, N°2. Les transformations du travail et de l'emploi en Europe de l'Est depuis 1990.
pp. 225-235.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1998_num_29_2_2917Revue des livres 225
B. Dallago and L. Mittone (Eds.), Economie Institutions, Markets and
Competition, Cheltenham : Edward Elgar, 1996, 400 pages.
Le recueil de textes édité par Dallago et Mittone illustre à la perfection ce que
devraient être des études comparatives en économie. Non la simple juxtaposi
tion d'expériences ou d'analyses de pays et d'économies, mais une tentative rai-
sonnée pour tirer de la comparaison entre des réalités différentes des éléments
d'unité théorique.
Les différents chapitres constituant cet ouvrage s'inscrivent en effet dans une
double perspective. Dans leurs objets d'étude, il s'agit de comparer les mouve
ments de décentralisation et de déconcentration qui se manifestent tout à la fois
dans le cours de ce que l'on appelle la transition, mais aussi dans les économies
de l'Europe occidentale. Dans leurs cadres théoriques, ces contributions s'ins
crivent dans l'espace balisé par les différentes théories institutionnalistes et évo-
lutionnaires. Les références à l'école autrichienne (ou plus exactement aux
écoles autrichiennes) sont nombreuses sans être écrasantes. On y trouve aussi
de multiples emprunts au néo-institutionnalisme (Coase et Williamson) ou à la
théorie des contrats incomplets de Alchian et Demsetz. Pour l'ensemble des
auteurs, les marchés ne sont pas ce mécanisme autorégulateur producteur
d'équilibre qu'avait supposé Walras. Les institutions, les règles, les organisa
tions jouent un rôle essentiel dans le développement des systèmes écono
miques.
On doit à cet égard relever deux articles fondamentaux compte tenu de la
richesse même des contributions. La simple lecture de la table des matières a en
effet de quoi faire saliver tout économiste qui n'a pas été lobotomisé. Ce choix
de deux chapitres est évidemment injuste, mais s'impose tant par leur dimens
ion synthétique que par l'importance des thèmes qu'ils traitent.
I. LES LOGIQUES DE DÉCENTRALISATION ET DE DÉCONCENTRATION
Giorgio Brosio ("A Presentation of Fiscal Federalism") présente un mouve
ment dit de décentralisation affectant depuis les vingt dernières années tant les
pays européens que les pays ex-soviétiques et l'Amérique latine. Il s'agit en
réalité d'une combinaison de déconcentration et de décentralisation, mais cette
remarque n'enlève rien à l'intérêt de sa contribution. Parmi les arguments en
faveur de ce qu'il appelle la décentralisation, Brosio insiste sur la possibilité de
transferts, assurant une situation équitable sur la totalité du territoire. Un autre
argument pour la décentralisation est l'engorgement des instruments décision
nels s'ils doivent traiter à la fois des sujets généraux et locaux. Ainsi, un parl
ement local est plus incité à collecter les informations locales pertinentes,
(p. 131). La décentralisation est également justifiée pour Brosio quand les pré
férences ne sont pas uniformes dans le pays (p. 131). L'existence de préférences
homogènes par région rend la décentralisation plus efficace dans la promotion
du bien-être des habitants des régions concernées. Enfin un dernier argument 226 Revue des livres
réside dans l'impossibilité ou la difficulté pour des acteurs rationnels à exprimer
leurs préférences en matière de biens publics de manière explicite. En offrant
aux individus une palette de choix et en observant comment ils se déplacent
d'un endroit à l'autre, on aurait une bonne idée de leurs préférences.
A. Peut-il exister un "marché" des biens publics ?
Ceci constitue typiquement une thèse de l'école autrichienne (Mises-Hayek).
Elle se heurte cependant à deux problèmes distincts : (a) pour qu'il y ait un
"vrai" marché inter-régional des biens publics, il faut supposer que la totalité
des variables définissant l'environnement de la région (qui constitue l'un des
critères de choix des agents) sont directement, instantanément et uniquement
affectées par la politique locale en matière de bien publics. Si tel n'est pas le
cas, choisir une région x contre une région y n'est plus équivalent à choisir une
politique en matière de biens publics contre une autre. Or, l'hypothèse que les
conditions d'existence au sens large seraient directement et instantanément
affectées par des politiques locales est plus qu'héroïque, elle est simplement
absurde. Les biens publics nécessitent en réalité des infrastructures dont l'iner
tie est considérable. Il faut raisonner en décennies avant que des changements
radicaux surviennent. Un gouvernement régional succédant à son prédécesseur,
qui a consacré de gros investissements à la santé, les transports et l'éducation,
au prix d'impôts très lourds, décide d'un coup de ne plus financer aucun inves
tissement mais simplement des coûts de fonctionnement. Il provoque une baisse
des impôts spectaculaires et présente ainsi aux agents un couple offre de ser
vices/coût fiscal très attrayant. Ceci signifie seulement qu'il reporte une partie
du coût sur les contribuables dans 15 ou 20 ans, quand il faudra renouveler les
infrastructures. Tout aussi importante est la question de la capacité à évaluer
l'effet d'un service comme l'éducation, la santé ou le transport sur une base
individuelle, compte tenu des externalités massives de ces services. Mais, si une
évaluation individuelle est impossible, par définition il n'y a pas de marché.
L'idée d'un "marché" des biens publics, dans la mesure où les agents ne peu
vent raisonnablement savoir aujourd'hui ce que sera la situation dans les 15 ou
20 ans à venir, est alors irrecevable au nom même des hypothèses de l'école
autrichienne sur notre incapacité à aboutir à une connaissance parfaite.
(b) Le second problème est classiquement celui de l'analyse des préférences.
Si l'on admet la possibilité de former les préférences (directement ou non),
alors la relation entre le gouvernement et ses citoyens change. En fait, on doit
considérer l'espace politique national comme un espace de controverse dont la
fonction est de créer en permanence des tendances à l'harmonisation des préfé
rences, en contrepoids aux réalités sectorielles et locales qui tendent, elles, à
diversifier et segmenter les préférences. Ceci pose la question fondamentale de
considérer les agents comme des consommateurs ou des citoyens. Dans ce
contexte, les comportements deviennent exclusifs. Si les agents se comportent
en consommateurs et réagissent par Y exit (au sens de Hirschman), il ne peut y
avoir de constitution d'un espace public de controverse, car personne ne peut
compter sur la solidarité de personne pour tenir ses engagements dans la contro- Revue des livres 227
verse. Si, par contre, ils agissent en citoyens, le recours au couple voice/loyalty
suppose qu'ils abandonnent la possibilité de faire jouer leur droit à Y exit.
B. Les limites de l'expérimentation —
Quant à l'argument reposant sur la possibilité d'expérimenter au niveau local,
Brosio l'utilise spécifiquement dans le contexte de l'évolution des systèmes
éducatifs. Cet argument contient une vérité forte, à savoir la possibilité de faire
profiter une communauté plus large d'initiatives et d'innovations engendrées à
un niveau inférieur. La plus faible inertie des niveaux inférieurs rend l'innova
tion à la fois plus facile et moins risquée. Si un échec survient, on peut plus
aisément revenir en arrière que si la totalité du système avait été

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