Choix professionnel et conception de soi - article ; n°2 ; vol.69, pg 599-614
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Description

L'année psychologique - Année 1969 - Volume 69 - Numéro 2 - Pages 599-614
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Gadbois
Choix professionnel et conception de soi
In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°2. pp. 599-614.
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Gadbois C. Choix professionnel et conception de soi. In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°2. pp. 599-614.
doi : 10.3406/psy.1969.27682
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1969_num_69_2_27682CHOIX PROFESSIONNEL ET CONCEPTION DE SOI
par Charles Gad bois1
Laboratoire de Psychologie du Travail de VE.P.H.E., Paris
Le choix professionnel est un processus complexe relevant de
quelques grandes classes de déterminants, depuis longtemps explorés.
De nombreuses recherches ont contribué à établir un corps important
de connaissances sur le rôle des aptitudes, des intérêts, des traits de
personnalité. Cependant, la plupart de ces travaux conçoivent implic
itement le choix du métier comme le résultat de réactions immédiates
et automatiques aux caractéristiques des diverses professions ; n'a pas
été suffisamment pris en compte le fait que la conduite humaine est,
comme le rappelle Nuttin, « guidée et dominée par un projet (...) effort
de réaliser ou d'atteindre un objet-but ». Pourtant le choix professionnel
est un champ d'étude où devrait se trouver privilégié cet aspect du
comportement humain. Le choix du métier est en effet une décision
consciente, prise par l'adolescent à son propre sujet. L'univers des
métiers, les caractères spécifiques de chacun d'eux constituent l'un
des facteurs pris en compte dans cette décision et les représentations
des professions (plus ou moins stéréotypées) ont fait l'objet de nomb
reuses études (Huteau, 1968). L'autre facteur qui pèse dans la décision
c'est le sujet, mais le sujet avec ses aptitudes, ses intérêts, sa personnalité
tels que lui-même les perçoit, non tels qu'un observateur objectif
pourrait les évaluer. Et l'une des tâches du conseiller est parfois juste
ment d'aider l'adolescent à ajuster à la réalité l'idée qu'il se fait de
lui-même. Comment et dans quelle mesure la représentation que le
sujet a de lui-même (sa conception de soi) intervient-elle dans le choix
professionnel ? Ce déterminant peut-il être analysé ? Une série de
recherches a commencé, au cours de ces dernières années, à débrouiller
les problèmes, et nous nous proposons d'en dresser ici un bilan. Nous
montrerons d'abord comment la question a été posée, puis nous exami
nerons les difficultés qu'a rencontrées son analyse et les limites qui
en résultent pour les données rassemblées jusqu'ici avant de noter
les progrès que ces études ont déjà suscités ou qu'elles appellent
encore.
1. Attaché de recherches au C.N.R.S. 600 REVUES CRITIQUES
POSITION DU PROBLÈME
La conception de soi doit à Super son entrée dans la psychologie de
la vie professionnelle. Dans son ouvrage Psychology of careers (1957),
Super présente en effet la conception de soi comme le principe directeur
qui guide l'évolution de toute la carrière professionnelle, depuis le choix
du métier jusqu'au passage à la retraite : « Les préférences profession
nelles et les compétences, les situations dans lesquelles les gens vivent
et travaillent, et par suite leur conception de soi, changent avec le temps
et les expériences, faisant ainsi des choix et de l'ajustement un processus
continu. » « Le processus du développement professionnel est essentie
llement celui du développement et de l'accomplissement de la conception
de soi » ; « les satisfactions dans le travail et dans la vie dépendent de
l'établissement de l'individu dans une profession, un poste et une
manière de vivre qui lui permettront de jouer les types de rôle qu'il
considère comme appropriés à lui-même ». En fait les conceptions de
Super ont été élaborées à partir de son expérience dans le domaine de
l'orientation professionnelle, et c'est surtout sur le problème du choix
du métier qu'il s'est attaché à faire valoir ses vues. Cette première étape
est pour lui « un des moments de la vie où l'individu est appelé à affirmer
de manière explicite la conception qu'il se fait de lui-même par une
confrontation avec les modèles variés qu'offrent les professions entre
lesquelles il faut choisir ».
Cependant, même sur ce point précis, les propositions avancées par
Super avaient un caractère très général, et l'on pouvait à juste titre
leur adresser le reproche d'être trop vagues et incapables d'engendrer
des hypothèses vérifiables. Ces difficultés tenaient à l'absence d'une
définition explicite — théorique et opérationnelle — , de la notion de
conception de soi. Cette grave lacune s'est trouvée comblée grâce au
développement des recherches consacrées à la conception de soi dans
un autre domaine : celui de la psychothérapie non directive.
Rogers propose en effet un cadre théorique dans lequel la conception
de soi joue un rôle central. Il définit « l'idée du moi x1 comme la « confi
guration expérientielle composée de perceptions se rapportant au moi,
aux relations du moi avec autrui, avec le milieu et avec la vie en général,
1. La terminologie, en ce domaine, manque de précision. En particulier,
le mot américain self-concept est utilisé en deux sens différents. Dans certains
cas il désigne un sentiment global de valeur personnelle et de satisfaction
à l'égard de soi-même pour lequel nous reprendrons le terme d'estime de
soi également utilisé dans la littérature. Il désigne aussi parfois ce que nous
appellerons l'image de soi c'est-à-dire une représentation composée d'un
ensemble de traits personnels concrets qui peuvent être appréciés quant à leur
réalité (image du moi réel, ou encore moi perçu) ou quant à leur valeur
sociale (imagedu moi idéal ou simplement moi idéal). Lorsque nous emploie
rons l'expression « conception de soi » ce sera comme terme générique englo
bant les divers points de vue que le sujet peut prendre sur lui-même. GADBOIS 601 C.
ainsi que des valeurs que le sujet attache à ces diverses perceptions »
(Rogers, 1965, p. 179). Décrite comme disponible à la conscience,
constamment changeante mais toujours organisée et cohérente, l'idée
du moi est considérée comme un mécanisme régulateur du comporte
ment : « Le comportement est fondamentalement l'essai de l'organisme,
orienté vers un but, pour satisfaire ses besoins tels qu'il les ressent,
dans le champ tel qu'il le perçoit » ; et « la plupart des modes de compor
tement adoptés par l'organisme sont ceux qui sont cohérents avec la
conception de soi » (Rogers, 1951). Par ailleurs, les efforts tentés pour
vérifier les implications de cette théorie quant au déroulement du pro
cessus psychothérapeutique ont conduit à élaborer une traduction
opérationnelle de la notion d'idée du moi.
Cette opérationnalisation est inspirée de la méthodologie élaborée
par Stephenson (1952) à partir de la technique d'analyse factorielle
de corrélations entre personnes, dite Q. En fait les éléments
retenus l'ont été séparément du contexte dans lequel Stephenson les
présentait. L'emprunt concerne notamment une technique spéciale
d'estimation : la classification Q ; elle consiste à présenter au sujet une
liste de phrases descriptives de traits en lui demandant de les classer
en neuf catégories — selon leur ressemblance à sa propre personnalité —
avec l'obligation de respecter une répartition normale. Ensuite sur les
données ainsi obtenues on calcule des corrélations, en considérant non
plus des individus distincts — comme dans la technique Q — mais les
points de vue différents d'un unique sujet sur lui-même. Rogers distingue
dans la conception de soi deux éléments : le moi perçu et le moi idéal,
dont les rapports sont essentiels car ils déterminent la considération
positive de soi, autre aspect — particulièrement important — de la
conception de soi. Aussi les premières traductions opérationnelles de
la de soi ont consist&#

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