Conduites instrumentales et estimations des durées chez l animal - article ; n°1 ; vol.69, pg 209-246
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Conduites instrumentales et estimations des durées chez l'animal - article ; n°1 ; vol.69, pg 209-246

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Description

L'année psychologique - Année 1969 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 209-246
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marc Blancheteau
Conduites instrumentales et estimations des durées chez
l'animal
In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°1. pp. 209-246.
Citer ce document / Cite this document :
Blancheteau Marc. Conduites instrumentales et estimations des durées chez l'animal. In: L'année psychologique. 1969 vol. 69,
n°1. pp. 209-246.
doi : 10.3406/psy.1969.27658
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1969_num_69_1_27658CONDUITES INSTRUMENTALES ET ESTIMATIONS
DES DURÉES CHEZ L'ANIMAL
par Marc Blancheteau
Laboratoire de Psychologie expérimentale
et comparée de la Sorbonne associé au C.N.R.S.
Les premières études expérimentales concernant l'adaptation des
conduites animales à l'existence d'un délai entre un signal donné et
l'événement qui lui fait suite ont été menées par Pavlov (1927) et par
ses élèves (Pimenov, 1907 ; Grossmann, 1909 ; Dobrovolski, 1911 ;
Théocritova, 1912). Ces travaux ont souvent été commentés
(Fraisse, 1957) et le principal problème qui se pose à leur sujet est de
savoir pourquoi la réponse conditionnée peut être différée. On peut voir,
en effet, dans ce phénomène une simple conséquence des modalités
temporelles du renforcement lui-même : ces réponses sont tardives
pour les mêmes raisons qu'elles sont également labiles, facilement sujettes
à inhibition externe et sont précédées par une inhibition génér
alisée menant parfois au sommeil, c'est-à-dire en définitive parce que
le signal et le stimulus absolu ne sont pas assez rapprochés dans le temps
ce qui entraîne une faiblesse de la liaison conditionnelle. Cependant,
il est également permis de penser que la précision temporelle dont
témoigne le réflexe conditionné de trace laisse supposer que le temps
lui-même est un signal et que l'animal adapte sa conduite à la durée
perçue comme un stimulus discriminatif.
Ce domaine de recherches a également été abordé au moyen d'expér
iences d'apprentissage classique et de conditionnement instrumental.
Les sujets animaux ont rarement été des chiens, mais principalement
des rats et des pigeons, parfois des singes ; d'autre part, les délais utilisés
sont en général inférieurs à ceux des praticiens du conditionnement
classique : ils n'excèdent jamais cinq minutes et le plus souvent ne dépas
sent pas 30 s. Nous rappellerons tout d'abord les premiers travaux effec
tués au moyen d'allées, de labyrinthes et de boîtes à choix, et nous
considérerons ensuite le remarquable développement qu'a donné à ces
études la technique du conditionnement opérant.
A. PSYCHOL. 69 14 210 REVUES CRITIQUES
PREMIÈRES ÉTUDES
I. — Temps de parcours et durée de contention
Les premiers auteurs ont adopté le matériel expérimental classique
de leur époque, à savoir le labyrinthe que parcourent des rats ; ce choix
s'explique d'autant mieux que l'étude des indices guidant l'orientation
spatiale de ces animaux faisait alors l'objet de très nombreux travaux,
et que certains chercheurs avaient supposé que l'un de ces indices pouvait
bien être le temps de parcours.
Un certain nombre d'expériences de ce type ont consisté à présenter
au rat un carrefour de deux allées qui se rejoignent plus loin pour aboutir
à un même but où se trouve la nourriture ; l'une des allées est plus
longue que l'autre et requiert un temps de parcours supérieur
(de Camp, 1920), ou bien dans chaque allée le rat subit un confinement
d'une durée déterminée (Cléments, 1923 ; Sams et Tolman, 1925 ;
Mori, 1954), de sorte que l'animal doit choisir l'allée la plus courte ou
bien celle où il est détenu le moins longtemps. Il y parvient effectiv
ement dans la plupart des cas, mais il faut que la différence des temps
de détention, par exemple, varie au moins du simple au quadruple
pour que le choix du rat s'avère constant. Anderson (1932) a utilisé un
appareil à choix comportant quatre portes menant à autant de comparti
ments où le rat est retenu 1, 2, 3 ou 4 mn respectivement avant d'en
sortir pour aller manger ; les taux de choix correspondants, après apprent
issage, sont : 72 %, 19 %, 6 % et 3 %. Avec deux portes seulement, cet
auteur est parvenu à faire différencier à huit rats, en 50 essais, des durées
variant du simple au double et comprises entre 30 s et 4 mn, mais en
100 essais quatre rats seulement ont pu différencier 1 et 1,5 mn, ou 2
et 3 mn.
Quoi qu'il en soit ces résultats sont justifiables de l'interprétation
qu'en donne Hull (1936) dans sa théorie du gradient de but : les réponses
d'orientation au carrefour dont le délai de renforcement sont les plus
courts ont le plus de chances d'être émises, et il est normal que le rat
évite les longs parcours ou les longs confinements, non du fait d'une
discrimination temporelle, mais simplement parce que la liaison condi
tionnelle n'est pas aussi forte dans ce cas que celle des réponses suivies
à plus bref délai par la satisfaction alimentaire.
Les travaux suivants échappent à cette critique, car la durée de
contention ne peut jouer dans ces expériences qu'un rôle d'indice discri-
minatif. Elles sont réalisées au moyen d'un labyrinthe en forme de lettre
T, dans la branche d'introduction duquel le rat subit une contention
pouvant durer, par exemple, 10 ou 30 s (Cowles et Finan, 1941) ou bien
5 ou 45 s, différence pouvant être réduite à 5 et 10 s en fin d'apprentis
sage (Heron, 1949). Après un confinement de longue durée le rat devra,
par exemple, tourner à droite, tandis qu'il tournera à gauche si le confi- BLANCHETEAU 211 M.
nement a été bref. Dans ces conditions, il a fallu 600 essais pour que
6 rats sur 9 parviennent au critère de 65 à 78 % de réussites dans l'expé
rience de Gowles et Finan ; dans celle de Heron les 12 sujets réussissent
9 essais sur 10 quand il faut comparer 5 et 45 s, mais 4 rats seulement
atteignent ce critère lorsqu'il s'agit de distinguer 5 de 20 s ; notons que
l'on retrouve ici le rapport liminaire du simple au quadruple signalé
par les premiers auteurs.
Crutchfleld (1939) utilise une allée droite surélevée flanquée d'une
série de chambres équidistantes et semblables entre elles, dont une seule
contient la nourriture. Lâché en un point quelconque de l'allée, le rat
(aveugle) doit parcourir toujours la même distance, ou marcher pendant
le même temps, pour parvenir à ce but. En fait, sa réussite apparaît
bien comme une discrimination de distances, et non de temps de par
cours : les valeurs de ceux-ci ne présentent aucune corrélation avec la
correction des choix effectués, et leur variabilité excède beaucoup celle
des distances parcourues. Le temps ne semble donc pas jouer un rôle
d'indice valable dans l'orientation spatiale.
Nous venons de considérer des expériences dont la motivation est
appetitive ; d'autres expériences ont, au contraire, mis en jeu la moti
vation aversive causée par le choc électrique. Le schéma en est le suivant :
le rat est placé dans une chambre qui sera électriflée après une durée
t, durant laquelle il peut passer dans une seconde chambre et sortir,
mais non immédiatement, car cette chambre est électriflée au moment
de l'introduction du rat dans l'appareil et ne cessera de l'être qu'après
un temps t' inférieur à t : la durée t — t' représente l'intervalle temporel
« de sûreté » durant lequel le rat peut s'échapper sans recevoir aucun
choc. Réalisée pour la première fois par Ruch (1931) qui situait son inter
valle de sûreté aux alentours de 7 mn, cette expérience a été reprise par
Buytendijk, Fishel et Ter Laag (1935) avec 4 mn, puis par Stott et
Ruch (1939) avec 4 mn également. Ces divers auteurs ont trouvé des
taux de réussite ordinairement inférieurs à 50 %, sauf si la période
t — t' est relativement très longue : 65 % de succès quand t = 7 mn
et t' = 30 s, mais 22 à 50 % seulement quand t — 5 mn et t' = 2 mn 40 s,
d'après Stott et Ruch ; la précision de l'estimation des durées s'avère
donc, ici encore, assez faible. On observe généralement une forte ten
dance &#

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