Des méthodes dans la psychologie spéciale - article ; n°1 ; vol.17, pg 64-79
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Description

L'année psychologique - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 64-79
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 7
Langue Français
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Extrait

G. Heymans
Des méthodes dans la psychologie spéciale
In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 64-79.
Citer ce document / Cite this document :
Heymans G. Des méthodes dans la psychologie spéciale. In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 64-79.
doi : 10.3406/psy.1910.7272
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1910_num_17_1_7272Ill
DES METHODES
DANS LA PSYCHOLOGIE SPÉCIALE1
Par le terme « psychologie spéciale » j'ai coutume de dési
gner cette partie de la qui, au lieu de chercher des
lois générales se manifestant dans la vie psychique de tous,
s'occupe plutôt des différences entre les individus et les groupes
d'individus, pour faire ressortir de cette diversité même un
ordre plus ou moins exact et complet. On peut dire que, jusqu'à
présent, ces recherches ont constitué une science presque exclu
sivement française. Même sans compter les Montaigne, les
Labruyère, les Larochefoucauld et tant d'autres noms appar
tenant à un temps reculé, il faut avouer que nos connaissances
actuelles dans ce domaine sont dues pour la plus grande partie
aux travaux de Binet, de Malapert, de Paulhan, de Perez,
d'Hartenberg et de plusieurs autres qui, pour la première fois,
nous ont donné une idée de la multiplicité des types, et de la
régularité avec laquelle, dans ces types, se combinent les
divers éléments du caractère. Dans le présent article je vou
drais me rendre compte des méthodes à l'aide desquelles ces
résultats ont été obtenus, me demander jusqu'où ces méthodes
peuvent nous mener, et enfin en indiquer une ou deux autres,
qui mériteraient d'être employées en combinaison avec elles.
En parcourant la plupart des livres mentionnés on est tout
d'abord frappé par ce que je voudrais nommer leur caractère
semi-littéraire ou semi-artistique. Par ces mots, je ne veux pas
seulement rendre hommage aux beautés de composition et de
style qui y abondent, mais je veux dire aussi qu'on n'y trouve
pas les démonstrations méthodiques, rigoureuses, souvent plus
ou moins pédantesques, qui caractérisent les œuvres purement
1. Le contenu de cet article correspond essentiellement à celui d'un
chapitre de ma Psychologie der Frauen, Heidelberg, 1910. — DES MÉTHODES DANS LA PSYCHOLOGIE SPÉCIALE 65 HEYMANS.
scientifiques. La méthode n'est peut-être pas absente, mais elle
ne saute pas aux yeux; au lieu de s'imposer, elle se cache, ce
qui, du reste, donne à ces livres un charme de plus. On lit, et
on se sent convaincu; mais si, ayant fini la lecture, on se
demande sur quoi repose en dernière instance cette conviction,
on ne trouve pas immédiatement une réponse. Certainement,
l'auteur n'a pas manqué d'illustrer ses thèses par des exemples
empruntés à l'histoire, aux romans, quelquefois à son propre
milieu; mais au bout du compte une illustration n'est pas une
démonstration, et l'on se sent mal à l'aise en ne voyant pas
distinctement le sol, sur lequel cependant on se trouve sol
idement planté. On se dit que, dans aucune autre science d'une
complication pareille, deux ou trois exemples ne seraient jugés
suffisants pour fonder une théorie générale, et l'on se demande
encore une fois à quel titre l'auteur affirme et le lecteur accepte
des choses qui semblent n'avoir aucunement de base plus
solide que celle-là.
Or, il me semble que ces questions admettent une réponse,
qui, tandis que d'une part elle explique et justifie amplement
les procédés usés par les psychologues mentionnés, de l'autre
part montre la nécessité d'y suppléer par d'autres méthodes
qui jusqu'ici ont été trop négligées. C'est ce que je veux tâcher
de faire voir.
Comment donc se fait-il qu'en matière de psychologie spé
ciale on puisse parvenir à des résultats solides, convaincre soi-
même et les autres, sans alléguer pour ses affirmations plus
d'une demi-douzaine de faits ? Je crois que c'est en premier lieu
parce que, en dehors des faits allégués, auteur et lecteur ont à
leur disposition une multitude d'autres faits, qui leur ont été
fournis soit par le commerce des hommes, soit par l'introspec
tion, faits qui restent le plus souvent ensevelis dans les pro
fondeurs de l'inconscient, mais qui pourtant, par leur nombre
et par leur concordance, peuvent donner un appui solide à nos
théories et à nos suppositions. Et je crois que c'est en second
lieu parce que, dans les choses de l'esprit beaucoup mieux que
dans les choses de la nature, nous pouvons nous rendre
compte de la connexion logique des diverses qualités qui se
rencontrent dans un objet spécial, et les déduire a priori les
unes des autres. Ce seront donc principalement ces deux ou
trois méthodes, celle de l'observation journalière, de l'intr
ospection et de la déduction, pour lesquelles nous aurons à
l'année psychologique, xvii. 5 MÉMOIRES ORIGINAUX 66
demander jusqu'à quel point elles peuvent satisfaire aux
exigences de la science rigoureuse.
D'abord l'observation journalière. Le psychologue a le grand
avantage de vivre au milieu de ses objets d'étude et en contact
perpétuel avec eux ; chaque jour et chaque heure il assiste à des
scènes plus ou moins importantes, dans lesquelles ces objets
d'étude révèlent quelque chose de leur vie intérieure, et toutes
ces expériences laissent dans son esprit des traces minimes,
qui, se combinant entre elles sous le seuil de la conscience,
finissent par y fonder des présomptions plus ou moins certaines
pour de nouveaux cas spéciaux, voire même des hypothèses et
des théories sur les corrélations générales entre diverses qualités
psychiques. C'est de cette manière que se sont formées la plupart
des opinions courantes sur les différences psychiques entre les
sexes, les âges, les nationalités et les races, ainsi que les
diverses classifications proposées des tempéraments et des carac
tères : le psychologue, qui tourne son attention vers l'un de
ces sujets, trouve dans son esprit des images toutes faites, ce
rtainement un peu confuses dans les détails, mais assez dis
tinctes dans les lignes principales, des groupes dont il veut
faire la description, et il n'a qu'à les analyser. 11 me paraît hors
de doute que les analyses obtenues de cette manière méritent
au plus haut degré notre attention, parce que, au bout du
compte, elles reposent sur un fond solide et vaste de faits donnés.
Dans la masse énorme d'expériences sur la nature humaine,
que nous faisons pendant toute notre vie, les cas concordants
se supportent, et les cas contradictoires s'effacent mutuel
lement; il est donc à présumer que les combinaisons, qui se
présentent à notre esprit comme naturelles et plausibles, sont
en effet celles qui ont leurs racines dans la nature des choses.
Mais cette présomption n'existe à bon droit qu'à condition que
les cas qui ont contribué à fonder notre impression résul
tante, représentent dans leur ensemble d'une manière satisfa
isante l'humanité entière, ou bien cette partie de l'humanité à
laquelle se rapportent nos conclusions. Or cette condition est
loin d'être toujours réalisée. Il est possible que certains groupes
ne soient représentés dans le milieu fréquenté par nous que par
quelques individus; si ces individus par hasard ont quelques
traits en commun, ces traits s'associeront dans notre esprit au
caractère général du groupe, et nous supposerous des corréla-
lations, là où il n'y a que de simples coïncidences. Ensuite,
quand même le nombre des personnes ayant servi de modèles — DES MÉTHODES DANS LA PSYCHOLOGIE SPÉCIALE 67 HEYMANS.
pour quelque groupe serait assez grand, il est presque certain
que de ces personnes nous aurons fréquenté les unes plus
souvent que les autres; il s'ensuit que les premières auront
contribué pour une plus grande partie que les dernières à
l'image que nous nous sommes faite de l'habitus général du
groupe. Ainsi il arrive que, selon la remarque de J.-S. Mill,
des opinions émises par quelqu'un sur la nature de la femme
en général, on peut conclure dans une mesure presque comique
les qualités spéciales qui caractérisent son épouse. Certes, on
peut pre

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