Doucement, c est tout de même une femme - article ; n°1 ; vol.52, pg 42-48
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1984 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 42-48
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Guillemin
"Doucement, c'est tout de même une femme"
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 52-53, juin 1984. pp. 42-48.
Citer ce document / Cite this document :
Guillemin Alain. "Doucement, c'est tout de même une femme". In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 52-53, juin
1984. pp. 42-48.
doi : 10.3406/arss.1984.3330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1984_num_52_1_3330:
:
alain willemin
"Doucmmm
ont accordé une place privilégiée) ont
traité l'événement, c'est la prégnance remarques des représentations les plus «traditional
istes» des violences paysannes. Dans
une ferme où 30 vaches «crottées sur le statut tie
jusqu'aux flancs», écrit par exemple
France-Soir, «ruminent dans une vieille
Le cortège St dans le rencontré Edith visiter (CNJA), interprofessionnel de la d'exploitants Centre Calvados, ferme, Clair, mardi Fédération la une commune.de Cresson, une national officiel le exploitation 2 à les février ministre la le exploitation. responsables agricoles tête nationale pénètre manifeste des 1982, du d'un Moult. jeunes se agricole lait, (FNSEA) de rend dans en millier des régionaux tournée l'agriculture, à Après le agriculteurs Lorsque du Herouville la située en syndicats désir cour voiture Centre d'agriet avoir dans près de du le laviolenoe étable débordante de fumier», les
paysans «se sont déchaînés», même si
quelques-uns criaient «Doucement,
dans les c'est tout de même une femme» (1).
La «bergère parisienne», écrit Le Quoti
dien de Paris y trouve là son «chemin de manifestations croix» et piétine dans la boue avec «son
petit 38 caoutchouté» tandis que les
culteurs, l'attendent de pied ferme et «brutes de la FNSEA», «fils de la bonne
la visite terminée, cette foule dont les terre de France», conspuent le «frêle
rangs ont grossi entreprend d'exprimer ministre» (2). Le lendemain, en accord
ses griefs au ministre de l'agriculture. protestation leur semblent, banalité. paysannes en des effet, Cependant, agriculteurs, la forme les typique d'où manifesaussi de avec Claude Labbé, président du RPR,
Pendant près de deux heures celle-ci qui voit dans cet incident «un dialogue
répond aux questions des manifestants, un peu rural» et avec les agriculteurs tations les plus spontanées nécessitent mais le ton monte, la foule s'énerve et du Calvados qui déclarent que «ça n'a toujours un minimum d'organisation et
cet échange d'arguments, au fil des pas été bien méchant», Le Matin de les manifestations les plus violentes ne Paris observe que «la force paysanne» minutes, est de plus en plus émaillé de sont pas toujours les plus spontanées. n'a pas tourné à «la jacquerie» cris hostiles. Lorsque le préfet conseille Surtout, la forme, l'impact et, de ce l'exploitant visité explique «tout rêveur» la retraite, l'accès aux voitures est coupé, fait, l'efficacité symbolique des manifes que c'était comme une «fête aérienne» des manifestants ayant barré la route tations d'agriculteurs sont fonction, non et un autre exploitant, «bonne tête avec des charrettes pendant la discussion. seulement des modes d'insertion de la rubiconde», estime que «ça n'a pas été La seule issue est la voie des airs, mais paysannerie dans la société globale, y très grave» (3). l'hélicoptère tarde à arriver et dès que compris au niveau des représentations, Certes, ces trois journaux, ainsi les personnalités, ministre en tête, mais encore des rapports entre les dir que Le Monde et Le Figaro, soulignent entreprennent de se diriger vers le champ igeants agricoles et les diverses couches où l'appareil doit faire un atterrissage qu'au même moment François paysannes. A ce titre, les profits respect Guillaume, président de la FNSEA, est de fortune, le petit groupe est entouré, ifs de la violence et des stratégies de reçu à l'Elysée par le président de la bousculé, acculé dans la zone la plus relations publiques ne sont plus les République et explicitent les raisons boueuse où les gardes mobiles doivent mêmes depuis que les représentants du d'une «colère» paysanne qu'ils imputent l'arracher aux manifestants qui projet CNJA, dans les années 60, en refusant à la dépréciation du revenu agricole et tent sur lui mottes de terre et œufs de continuer à considérer l'agriculture aux divergences entre les organisations pourris. Bien qu'elle ait fait la «une» de comme un monde séparé, ont incité agricoles les plus représentatives et le la plupart des journaux parisiens, cette progressivement les agriculteurs et leurs gouvernement. Mais ce qu'ont surtout «séquestration» n'a pas véritablement organisations représentatives à passer retenu les journalistes, c'est ce face à face constitué un «événement politique». du langage de l'affrontement à ceiui de spectaculaire entre une «faible femme» Peut-être parce que les violences exercées la négociation. et des «rustres». Cependant, il ne à rencontre du ministre de l'agriculture
rejoignent la vision stéréotypée que les faudrait pas imputer cette forme de
traitement d'un fait divers à la seule autres groupes sociaux, en particulier les
citadins, se font des «fureurs» paysannes. initiative de rédacteurs en mal de sensaLes paysans sont-ils misogynes ?
tionnel et de dramatisation. Si cet Ces explosions de colère, «brutales», A l'occasion de la séquestration d'Edith «aveugles» et «irraisonnées», qui, à événement, tel qu'il est rapporté ici par Cresson, au-delà des variations imputtravers la mémoire collective, renvoient la presse, s'apparente à bien des égards ables à la position que les divers à une sorte de viol symbolique — d'un à la jacquerie, à l'irruption des bandes journaux occupent dans le champ de la paysannes dans les villes et les villages côté Madame le ministre, belle, gracieuse presse et, par là, aux attentes des classes et provocante en sa fragilité et, de l'autre, et des fractions de classe auxquelles ils
Titre d'un article de France-Soir du 3 s'adressent, ce qui ressort, dans la façon 1— France-Soir, 3 février 1982. février 1982 (p. 7 sur 4 colonnes) faisant dont les quotidiens parisiens (en état de la séquestration d'Edith Cresson, 2-Le Quotidien de Paris, 3 février 1982. particulier France-Soir, Le Matin de ministre de l'agriculture , par les paysans
Paris et Le Quotidien de Paris, qui lui 'i-Le Matin de Paris, 4 février 1982. normands, le 2 février 1982. :
:
c'est tout de même une femme» 43 «Doucement,
des paysans brutaux qui, au sens propre que sa réussite et son «profil» sont inspirant des lois et des mesures régl
comme au sens figuré, veulent la traîner également exceptionnels (6). La cons ementaires, et en co-gérant la politique
dans la boue — c'est peut-être parce que tance avec laquelle les journalistes, quel agricole avec les pouvoirs publics. Aussi,
que soit l'organe de presse auquel ils dès l'arrivée au pouvoir de François la présence d'une femme au ministère de
appartiennent, mettent en avant les senl'agriculture a été aussi ressentie, par la Mitterrand, François Guillaume va
timents «profondément misogynes» des s'efforcer d'empêcher d'autres organisaplupart des agriculteurs, comme une
paysans français est d'ailleurs suspecte. tions agricoles de bénéficier des privilèges véritable violence symbolique.
On peut se demander si cette affirma de la FNSEA. Dans un premier temps, Trois jours après l'entrée en
tion constamment réitérée n'est pas un appuyé par l'appareil syndical, il tente fonction d'Edith Cresson, dans un article
moyen d'affirmer des positions inavouab de négocier avec le pouvoir, en limitant au titre évocateur, «Une femme à la
les dans le champ de la presse, en se son action à la pression institutionnelle. terre», Jacques Grall, spécialiste des
réfugiant derrière l'opinion d'un groupe Dans un second temps, la radicalisation questions agricoles au journal LeMonde,
social considéré comme rétrograde. de son opposition se manifeste par une souligne que la nomination d'une
Quoi qu'il en soit, le thème de flambée de manifestations agricoles en «rousse parisienne» comme «ministre
la violence, en particul

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