Du bon usage des quipus face à l administration coloniale espagnole - article ; n°1 ; vol.53, pg 139-159
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Population - Année 1998 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 139-159
Loza (Carmen Beatriz).- Du bon usage des quipus face à l'administration coloniale espagnole Cet article aborde le problème de la constitution de la preuve par quipu dans le «droit des Indes». Autrement dit, il s'agit de comprendre les raisons pour lesquelles la Couronne et ses fonctionnaires acceptent d'utiliser les données (de population et fiscales) qui proviennent de cet instrument indigène construit à partir de cordelettes-registres mnémotechniques, capables d'enregistrer un £rand nombre d'informations. Le quipu est fondé sur un système de numération décimale. A partir de cet instrument il était possible de réaliser des opérations de calcul sans avoir systématiquement recours aux abaques. Pour restituer la dynamique de reconnaissance du quipu, nous avons établi une chronologie du processus de transaction entre les Indiens et les fonctionnaires à partir des quipus. Ainsi, nous avons suivi à partir de 1550 leurs premiers décodages officiels et leur introduction dans les dossiers juridiques, ceci jusqu'à l'octroi d'un statut aux quipus dans l'administration coloniale à partir dès 1570. L'analyse des dossiers de procès et du corpus des lois, garantissent la force probatoire des quipus au XVIe siècle, et montrent l'admission d'un savoir arithmétique et d'une technologie propre aux Indiens.
Loza (Carmen Beatriz).- Use of the quipu and the Spanish colonial administration This article examines the problem of the legal recognition of the quipu in the 'law of the Indies'. It explores the reasons why the crown and officials came to accept the information (about population and taxation) provided by this native instrument, which took the form of a series of knotted threads, of various colours, by means of which large quantities of information could be recorded. The quipu was based on a system of decimal numbering system, and it could be used to perform calculations without systematic use of abacuses. The process whereby the quipu came to be recognized is studied by establishing a chronology of the process of transaction between the Indians and the officials based on the quipu. We have tracked from 1550 their first official decoding and their admission in juridical matters, up to the attribution of a statute to the quipu by the colonial administration from 1570. An analysis of trial records and the body of laws, establishes the authority of the quipu in the sixteenth century, and illustrates the acceptance of an arithmetical knowledge and a technology that was specific to the Indians.
Loza (Carmen Beatriz).- El buen uso de los quipus frente a la administración colonial espaňola Este artículo analiza el problema de la incorporación de la prueba рог quipu en el derecho de las Indias. Se trata de comprender las razones por las cuales la Corona y sus funcionarios aceptaron el uso de datos (de población y fiscales) procedentes de este instru- mento indigena, construido a partir de registros mnemotécnicos capaces de registrar una gran cantidad de información. El quipu se basa en un sistema de numeración decimal, y per- mite realizar operaciones de cálculo sin recurrir sistemáticamente a los abacos. Para reconstruir el proceso de reconocimiento del quipu, el artículo establece una cronologia de las transacciones entre los Indios y los funcionarios a partir este instrumente A través de esta cronologia se siguen a partir de 1550 los primeros desciframientos oficiales y su introducción en los documentos juridicos, hasta llegar a otorgar a los quipus un estatu- to en la administración colonial a partir de 1570. El análisis de los documentos del proceso y de las leyes garantiza la importancia de los quipus en el siglo XVI, y muestran la acepta- ción de un conocimiento aritmético y de una tecnologia propia de los Indios.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Carmen Beatriz Loza
Du bon usage des quipus face à l'administration coloniale
espagnole
In: Population, 53e année, n°1-2, 1998 pp. 139-159.
Citer ce document / Cite this document :
Loza Carmen Beatriz. Du bon usage des quipus face à l'administration coloniale espagnole. In: Population, 53e année, n°1-2,
1998 pp. 139-159.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1998_num_53_1_6849Résumé
Loza (Carmen Beatriz).- Du bon usage des quipus face à l'administration coloniale espagnole Cet
article aborde le problème de la constitution de la preuve par quipu dans le «droit des Indes».
Autrement dit, il s'agit de comprendre les raisons pour lesquelles la Couronne et ses fonctionnaires
acceptent d'utiliser les données (de population et fiscales) qui proviennent de cet instrument indigène
construit à partir de cordelettes-registres mnémotechniques, capables d'enregistrer un £rand nombre
d'informations. Le quipu est fondé sur un système de numération décimale. A partir de cet instrument il
était possible de réaliser des opérations de calcul sans avoir systématiquement recours aux abaques.
Pour restituer la dynamique de reconnaissance du quipu, nous avons établi une chronologie du
processus de transaction entre les Indiens et les fonctionnaires à partir des quipus. Ainsi, nous avons
suivi à partir de 1550 leurs premiers décodages officiels et leur introduction dans les dossiers juridiques,
ceci jusqu'à l'octroi d'un statut aux quipus dans l'administration coloniale à partir dès 1570. L'analyse
des dossiers de procès et du corpus des lois, garantissent la force probatoire des quipus au XVIe
siècle, et montrent l'admission d'un savoir arithmétique et d'une technologie propre aux Indiens.
Abstract
Loza (Carmen Beatriz).- Use of the quipu and the Spanish colonial administration This article examines
the problem of the legal recognition of the quipu in the 'law of the Indies'. It explores the reasons why
the crown and officials came to accept the information (about population and taxation) provided by this
native instrument, which took the form of a series of knotted threads, of various colours, by means of
which large quantities of information could be recorded. The quipu was based on a system of decimal
numbering system, and it could be used to perform calculations without systematic use of abacuses.
The process whereby the quipu came to be recognized is studied by establishing a chronology of the
process of transaction between the Indians and the officials based on the quipu. We have tracked from
1550 their first official decoding and their admission in juridical matters, up to the attribution of a statute
to the quipu by the colonial administration from 1570. An analysis of trial records and the body of laws,
establishes the authority of the quipu in the sixteenth century, and illustrates the acceptance of an
arithmetical knowledge and a technology that was specific to the Indians.
Resumen
Loza (Carmen Beatriz).- El buen uso de los quipus frente a la administración colonial espaňola Este
artículo analiza el problema de la incorporación de la prueba рог quipu en el "derecho de las Indias". Se
trata de comprender las razones por las cuales la Corona y sus funcionarios aceptaron el uso de datos
(de población y fiscales) procedentes de este instru- mento indigena, construido a partir de registros
mnemotécnicos capaces de registrar una gran cantidad de información. El quipu se basa en un sistema
de numeración decimal, y per- mite realizar operaciones de cálculo sin recurrir sistemáticamente a los
abacos. Para reconstruir el proceso de reconocimiento del quipu, el artículo establece una cronologia
de las transacciones entre los Indios y los funcionarios a partir este instrumente A través de esta
cronologia se siguen a partir de 1550 los primeros desciframientos oficiales y su introducción en los
documentos juridicos, hasta llegar a otorgar a los quipus un estatu- to en la administración colonial a
partir de 1570. El análisis de los documentos del proceso y de las leyes garantiza la importancia de los
quipus en el siglo XVI, y muestran la acepta- ción de un conocimiento aritmético y de una tecnologia
propia de los Indios.DU BON USAGE DES QUIPUS
FACE À L'ADMINISTRATION
COLONIALE ESPAGNOLE (1550-1600)
Carmen Beatriz LOZA*
De nombreuses preuves attestent, bien avant la présence espagnole dans
les Andes, d'un savoir-faire comptable, de l'existence d'instruments pour éla
borer des calculs, et de techniques pour enregistrer l'information quantitative
sur des supports variés. Parmi ces instruments se trouve un système de cordel
ettes-registres mnémotechniques, capable d'enregistrer une grande complexité
d'informations, appelé quipu par les Indiens. Il était réalisé à partir d'une cor
delette principale à laquelle étaient assemblées, en plusieurs groupes, des ficelles
qui, elles, pendaient. Ces ficelles pendantes étaient ponctuées, à intervalles ré
guliers ou non, de nœuds de différentes sortes. Chaque ficelle avait une fonction
mnémotechnique, car elle pouvait être identifiée par une série de signes et de
relations : localisation dans un ensemble spécifique de faisceaux de cordes, cou
leur (naturelle ou teinte dans différentes gammes de tons), type d'attache à la
cordelette principale, nombre et forme des nœuds, distance des nœuds par rapport
à la corde etc. Les nœuds de chaque ficelle, qui parfois reliaient
certaines ficelles à d'autres, avaient une signification selon leur distance par
rapport à la ficelle principale. L'emplacement des ficelles les unes par rapport
aux autres, selon le nombre de nœuds, et enfin le type de torsion des ficelles
et la direction de la dite torsion avaient aussi un sens (figure 1).
Le quipu se fonde sur un système de numération décimale. À partir
de cet instrument on pouvait réaliser des calculs sans avoir systématique
ment recours aux abaques.
Cet objet devint un paradigme pour les Espagnols du XVIe siècle et
plusieurs chroniqueurs n'hésitent pas à en signaler l'existence(1). De façon
plus ou moins nette, ils font l'éloge de son efficacité comme moyen de
calcul. La connaissance de cet instrument exceptionnel est due à la pub
lication des chroniques qui retracent la conquête du pays des Incas. Elles
font référence aux « états » fournis par les quipus qui étaient surtout des
tableaux financiers (impôts, dépenses, biens possédés...) mais aussi des i
nventaires de population (tableau 1). Ces derniers sont d'une importance
* Max-Planck-Institut fiir Wissenschaftsgeschichte, Berlin.
(1> Par exemple, Pedro Cieza de Leon (1539-1555), El seňorío de los Incas, Madrid,
Grupo Z Cultural, 1984; Garcilazo de la Vega (1609), Comentarios reaies de los Incas,
Cusco, Ediciones de la Universidad Nacionál, 1960.
Population, 1-2, 1998, 139-160 С. В. LOZA 140
Figure 1- Photographie de quipu
Staatliche Museen zu Berlin. PreuBischer Kulturbesitz Museum fur Vólkerkunde DU BON USAGE DES QUIPUS 141
capitale pour la démographie historique des Andes avant et après la pré
sence espagnole(2).
Tableau 1. - Répertoire des quipus lus à l'occasion de la visite de Garcî Diez
chez les Lupaqas (DU 23.11 au 24.XII.1567)
Lecteur de Cacique Sujet enregistré Bénéficiaire Période quipu
Chucuito anansaya*
Martin Qhari Martin Qhari Population tributaire Incas Incas
- Aymaras
-Unis
Martin Qhari Tribut Roi d'Espagne 1567
- vêtements tissés
- argent (métal)
- main-d'œuvre
Francisco 1565-1567 Contributions Dominicains
- sommes d'argent Calisaya
— mobilier
Procuration en justice Juristes
Tribut Roi d'Espagne
- vêtements tissés
Chucuito urinsaya
Martin Cusi Lope Martin Population tributaire Incas Incas
Ninara
Lope Martin Tribut à la couronne Roi d'Espagne 1567
- vêtements tissés Ninara
— argent (métal)
- main-d'œuvre
Martin Churi Martin Churi Inventaire bétail Dominicains
Notables
Pedro Cutimbo Population totale, colons Incas Incas
mitimaes inclus
Acora anansaya
- Felipe Cauana Sans lecteur de Système quipu révolu Incas
quipu
Acora urinsaya
Martin Copaca Population tributaire Incas Incas
Sulcacopa
Have anansaya et urinsaya
- - Sans lecteur Absence de quipu
de quipu
Juli anasaya et urinsaya
- Plusieurs Dépenses Dominicains 1566-1567
- maison des curés caciques
- nouveau temple
* Les villages sont divisés en moitiés, le haut ou anansaya et le bas ou urinsaya.
Source : Garcî Diez de San Miguel (1567).
№ Carmen Beatriz Loza, « Juger les nombres : statut des nombres et pratiques

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