Economies et déséconomies externes - article ; n°4 ; vol.15, pg 503-532
31 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Economies et déséconomies externes - article ; n°4 ; vol.15, pg 503-532

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
31 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1964 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 503-532
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Henri Bourguinat
Economies et déséconomies externes
In: Revue économique. Volume 15, n°4, 1964. pp. 503-532.
Citer ce document / Cite this document :
Bourguinat Henri. Economies et déséconomies externes. In: Revue économique. Volume 15, n°4, 1964. pp. 503-532.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1964_num_15_4_407615So 3
ECONOMIES ET DESECONOMIES EXTERNES
Economies (ou déséconomies) externes, le terme est aujourd'hui
d'emploi courant ; qu'il s'agisse d'étudier la croissance, la firme, l'es-
pace ou le bien-être, on le rencontre à chaque pas. Cette utilisation
intensive ne va pas sans quelque ambiguïté ; le concept est trop
souvent employé sans définition préalable, et d'instrument d'analyse
d'un phénomène précis, il devient plus d'une fois fourre-tout com
mode, un peu comme hier « l'exogène » l'était dans l'étude des fluc
tuations.
Or, s'il est une notion qui mérite d'être employée avec précaution,
c'est bien celle-là. « Le concept d'économies externes est l'un des
plus fuyants (elusive) de la littérature économique », note justement
Scitovsky à son sujet 1.
En effet, le sens que lui donnent les auteurs est extrêmement
variable selon les cas. Simples avantages qui proviennent « du déve
loppement général de l'industrie dans son ensemble » pour l'inventeur
du terme A. Marshall 2, elles sont pour Bator « cette partie d'une
doctrine plus générale des interdépendances, extérieures au système
des prix, puisque non comptabilisées en termes de marché » 3 ; pour
d'autres, au contraire, et notamment pour Scitovsky, elles apparais
sent le plus souvent comme le « résultat de l'interdépendance par le
marché ».
Si l'accord quant au sens est loin d'être fait, on est également
fort loin de l'unanimité quant à l'importance pratique des économies
externes. A ceux qui y attachent un grand intérêt, s'opposent ceux
qui avec H. Ellis et Fellner 4 considèrent qu'en pratique elles ont
1 . Scitovsky, « Two concepts of external economies », Journal of Political
Economy, avril 1954, pp. 145-151.
2. A. Marshall, Principles, Macmillan, édition 1962, p. 221.
3. Bator, On external economies, C.E.N.I.S., 1958.
4. H. Ellis and Fellner, « External economies and deseconomies », Ame'
rican Economic Review, vol. XXXIII, 1943, pp. 433-454. 504 REVUE ECONOMIQUE
peu de chance d'intervenir. Il convient pourtant de se faire une idée
claire des économies externes ; il ne faut pas oublier en effet qu'elles
étaient déjà mêlées vers 1920 à la fameuse controverse des empty
boxes née entre Clapham, Pigou et Robertson 5, et qu'un peu plus
tard elles devenaient centrales lors de la discussion créée autour
des rendements croissants et marquée surtout, on le sait, par les con
tributions de A. Young, P. Sraffa et de Mrs Robinson 6 ; il ne faut
pas oublier non plus qu'en dehors même de la théorie de la firme
l'opposition entre croissance diversifiée (balanced growth) et crois
sance concentrée (unbalanced growth), aujourd'hui très à la mode,
mais dont on trouverait les premières traces dès 1943 dans l'article
fameux de Rosenstein-Rodan, « Industrialization of Eastern and
Southeastern Europa », est tout entière fondée sur le mode de trans
mission des économies externes.
Il n'est pas jusqu'aux difficultés actuelles rencontrées par l'Ecole
du Welfare pour justifier objectivement les interventions qu'elle pré
conise qui ne tiennent à une insuffisante compréhension du phéno
mène. S'il est indispensable d'expliquer, il n'est point facile d'y par
venir car il n'y a pas d'évolution parfaitement linéaire de la notion.
Pourtant si l'on s'en tient aux grandes lignes de cette évolution, on
ne peut manquer d'être frappé par les longs délais qui ont été néces
saires pour que la signification de la notion d'économies externes se
dégage clairement.
Créé par A. Marshall, le concept n'a pas eu de contenu définitif
pour autant. Ce n'est que progressivement que ses implications ont
été peu à peu précisées par les auteurs postérieurs.
Mais au cours de cette phase qui est celle de l'émergence du
concept, son champ d'application s'est trouvé constamment beaucoup
trop restreint. Ce n'est qu'à l'époque actuelle que l'on a tenté de
construire une théorie générale des économies externes ; pour être
pleinement significatifs, ces essais de généralisation doivent être pro
longés par l'analyse des modes de transmission des économies
externes.
5. Clapham, « Of empty boxes », The Economie Journal, 1922, pp. 305-314 ;
— Pigou, « Empty boxes : a reply », The 1922, pp. 458-465 ; —
J. Robertson, «Those empty boxes», The Economic Journal, 1924, pp. 16-30.
6. A. Young, « Increasing returns and economic progress », The Economic
Journal, 1928, pp. 521-542; — P. Sraffa, «The laws of returns under compet
ition conditions », The Economic Journal, 1926, vol. XXXVI, pp. 535-550 ; —
J. Robinson, «Rising supply prices», Economica, 1941, vol. VIII, pp. 1-8. ECONOMIES ET DESECONOMIES EXTERNES 505
L'EMERGENCE DU CONCEPT
Nombreux sont les auteurs 7 qui, depuis une cinquantaine d'an
nées, font implicitement ou explicitement mention des économies
externes ; pourtant la première phase de l'histoire du concept paraît
surtout marquée par trois noms ou groupes de noms, ceux d'A.
Marshall, d'Allyn Young et enfin de Rosenstein-Rodan et Nurkse.
I. A. MARSHALL
A. Marshall, inventeur du concept, a défini les économies externes
(external economies) par rapport aux économies internes (internai
economies) de la firme. « Nous devons, écrit-il, diviser les économies
provenant de l'augmentation de l'échelle de la production d'un bien
quelconque en deux classes : premièrement celles qui dépendent du
développement général de l'industrie et en second lieu celles qui
dépendent des ressources des entreprises individuelles qui composent
l'industrie, de leur organisation et de l'efficacité de leur managem
ent. 8 » Viner ne fera que préciser ultérieurement la pensée du
maître de Cambridge en écrivant que ce sont celles qui « se rap
portent au résultat de l'augmentation de l'output de l'industrie prise
dans son ensemble et qui sont indépendantes de l'output particulier
des firmes » 9.
A. Marshall, pour expliquer la diminution des coûts d'une firme
individuelle, fait intervenir les avantages de la division du travail
au fur et à mesure que la production augmente ; mais lorsque l'échelle
optimale est atteinte, la firme représentative peut encore bénéficier
des external economies, c'est-à-dire des avantages provenant non de
7. En France notamment, L. Brocard paraît avoir été le premier — on
l'oublie trop souvent — à montrer comment « les industries tantôt dérivées les
unes des autres, tantôt parallèles et techniquement indépendantes, appellent à leur
tour toute la série des industries complémentaires, ... cela parce qu'elles se four^
nissént les unes aux autres tous leurs éléments d'activité » (Principes d'économie
nationale eu internationale, Sirey, 1929, p. 122 et p. 124). Si L. Brocard n'emploie
jamais expressément le terme d'économies externes, c'est pourtant sur l'analyse
de ce phénomène que se trouve fondée toute sa théorie de l'Economie Complexe.
8. A. Marshall, Principles, op. cit., p. 221.
9. J. Viner, Cost curves and supply curves. Readings in price theory. Irwin,
1952, p. 217. 506 REVUE ECONOMIQUE
la firme elle-même, mais des progrès de l'industrie10 considérée
dans son ensemble. Les économies externes sont les économies qui
profitent à une firme, qui sont indépendantes de son débit propre et
qui ont pour effet de réduire ses coûts ; ainsi par exemple seront
selon Marshall, à classer dans cette rubrique :
— « les améliorations de méthode, les progrès du machinisme, des
moyens de transport qui deviennent accessibles à l'industrie dans
son ensemble » (Principles, pp. 264 et 666 ) ;
— « les économies dont b&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents