Étude sur la natalité dans l île de Bréhat - article ; n°1 ; vol.11, pg 725-742
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1888 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 725-742
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1888
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arsène Dumont
Étude sur la natalité dans l'île de Bréhat
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 11, 1888. pp. 725-742.
Citer ce document / Cite this document :
Dumont Arsène. Étude sur la natalité dans l'île de Bréhat. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome
11, 1888. pp. 725-742.
doi : 10.3406/bmsap.1888.5405
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1888_num_11_1_5405— LA NATALITÉ DANS L'JLE DE BRÉHAT. 725 DUMONT.
Etude sur la natalité dans l'Ile de Bréhat (Côtes-dn-Nord) ;
PAR M. ARSÈNE DUMONT.
x (Lu par M. Vinson.)
L'île de Bréhat n'est qu'un point dans le département des
Côtes-du-Nord. Mais, sous plusieurs rapports, elle présente
une individualité fortement accusée. Au point de vue de
la démographie en particulier, elle offre, au milieu de po
pulations maritimes et dans un département des plus f
éconds, un cas d'oliganthropie dont l'analyse est intéressante.
I
Située à l'extrémité septentrionale du canton de Paimpol,
dont elle est séparée par un détroit de 2 000 mètres à peine,
elle forme, entre le profond estuaire du Trieux et la baie de
Saint-Brieuc, un plateau à soubassement granitique qui at
teint dans les plus basses-eaux une étendue d'environ 10 k
ilomètres carrés. Les hautes mers, qui le réduisent à 325hec-
tares seulement, le coupaient jadis en deux îles. Vauban les
fit unir par une chaussée, créant en même temps une com
munication continue pour les piétons et un port commode
pour les petites embarcations.
Bréhat présente depuis lors l'aspect d'un boulet ramé, aux
contours profondément rongés par les vagues et au relief
inégal. Dans l'île du nord, la plus grande altitude est de
29 mètres seulement ; mais, dans l'île du sud, un promontoire
situé au sud-est et un rocher escarpé couronné par la cha
pelle Saint-Michel atteignent l'un et l'autre 36 mètres.
De ce dernier point, par un temps calme, le paysage est
admirable. La vue embrasse non seulement les deux îles
avec leurs vallées herbeuses, leurs petits champs et leurs ha
bitations gracieusement groupées ; mais les îlots du Béniguet,
de Roguénez, de Trouzen, l'île Verte, Saint-Modé, d'innom
brables rochers et, au loin, l'île Blanche, la pointe de l'Ar-
couest, Loguivy, puis, dans le nord-ouest, le bizarre sillon du
Talber qui s'avance au milieu des flots comme une blanche SÉANCE DÛ 20 DÉCEMBRE 1888. 7^6
jetée de 8 kilomètres de longueur. Dans l'île du nord, la plus
pittoresque et la moins habitée, le rocher du Paon est just
ement célèbre ; çà et là des tours naturelles, aux formes car
rées, se dressent sur la lande portant à leur front en ruine
des panaches de buissons. Le mouvement des mai'ées qui en
traîne une dénivellation considérable, le peu de profondeur
de la mer, les jeux de lumière dont la direction varie selon
les heures, l'absence ou la présence de nuages, tout concourt
à engendrer une mobilité inouïe de tous les aspects. Couleurs
et lignes, nuances et formes, tout se renouvelle incessam
ment. De même qu'on ne passe pas deux fois la même
rivière, à Bréhat on ne contemple pas deux fois le
paysage.
Les brumes laiteuses, très fréquentes par les temps calmes,
font obstacle au rayonnement et protègent la végétation
contre les froids excessifs. Les gelées sont à peu près incon
nues ou du moins fort légères, comme l'attestent suffisamment
des géraniums hauts de 12 pieds, des myrtes plus que cente
naires, des fuchsias d'espèce tendre croissant en pleine terre.
Le laurier, le figuier, l'arbousier, les véroniques et tous les
arbres fruitiers peuplent les jardins. Les forestiers croîtraient
également bien, comme l'attestent les plantations de pins
faites par le génie autour du fort. Et ce n'est pas l'espace qui
manque, car sur 325 hectares que contient l'île, moins de
J50 sont cultivés. Si le surplus était défriché ou planté de
forêts, Bréhat deviendrait un incomparable jardin anglais.
La terre, légère et profonde, morcelée en une infinité de
parcelles minuscules, semble tout indiquée pour une culture
maraîchère fortement intensive comme Jersey ou Roscoff. Le
goëmon est à proximité et en quantité illimitée ; elle pourr
ait donner en primeurs des rendements énormes. Mais
l'agriculture est tout entière abandonnée aux femmes : ce
sont elles qui labourent à la bêche, sans le secours de la
charrue ni des bêtes de somme, le blé, l'orge, l'avoine, les
pommes de terre renommées pour leur qualité et leur bonne
conservation, le seul produit du sol que l'on exporte. Il y a — LA NATALITÉ DANS L'iLE DE BRÉHAT. 727 DUMONT.
en outre 300 vaches environ, fichées pour la plupart sur
une belle pelouse sans clôture ni séparation et dont le
produit fait face à la consommation locale en lait et en
beurre ,
Contrairement à ce qui a lieu sur le continent voisin, où
l'on ne connaît que le régime du fermage à prix d'argent, le
métayage est seul usité à Bréhat, ce qui rend difficile de dé
terminer la valeur locative de la terre. D'après une estimation
datant de 1830, l'argent placé en terre rapportait seule
ment le denier 40. Il est peu probable que ce rapport se soit
maintenu. En effet, bien que l'aisance soit générale et que
presque tous les chefs de famille soient quelque peu propriét
aires, la richesse a diminué par l'émigration des habitants
les pins fortunés, qui sont allés s'établir dans les villes du con
tinent. Une cinquantaine d'hectares, plus du tiers delà sur
face cultivée, appartiennent à eux ou à leurs représentants.
Il y a dix ans, presque toutes les maisons les plus importantes
étaient à vendre ou à louer. Quelques-unes, ayant cour et
jardin muraille, ont été cédées pour 2 000 ou 3 000 francs.
Une douzaine de familles étrangères, venues de Paris ou de
pays éloignés, ont profité de cette dépréciation pour les ac
quérir comme maisons de campagne.
Un dixième à peine du sol cultivable est exploité par ceux
qui en possèdent le fonds. Le surplus est loué par les proprié
taires qui vivent de leurs revenus ou s'occupent uniquement
des soins du ménage. Les plus grandes propriétés atteignent
au plus 6 hectares et sont d'un revenu maximum de 1 200 à
1 400 francs.
Mais la source de revenus la plus abondante est la marine
de l'Etat. Tandis que, sur la côte voisine, une proportion
considérable de jeunes hommes vont chaque année à la pêche
d'Islande ou de Terre-Neuve, les Bréhatais prennent en mauv
aise part l'épithète de pêcheur. De même qu'ils laissent
l'agriculture aux femmes, ils regardent la pêche comme
bonne à amuser les loisirs des vieillards. Presque tous sont
marins inscrits à partir de l'âge de onze ou douze ans, et • SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1888. 728
beaucoup restent sur la flotte jusqu'à leur retraite, plus ou
moins forte, selon le grade auquel ils peuvent s'élever.
Le service de l'Etat est de tradition immémoriale dans les
familles. Avant la construction du port de Cherbourg, le sé
jour fréquent de vaisseaux de guerre dans la rade de Bréhat
enrichissait l'île. La plupart des maisons confortables ont été
bâties par des officiers de marine. Plusieurs enfants de Bréhat
sont jadis parvenus aux grades les plus élevés, à l'amirauté
même, et leur exemple a déterminé les jeunes gens à cher
cher de ce côté un débouché pour leur activité.
La navigation au long cours qui employait, il y a cinquante
ans, tous ceux que ne retenait pas le service de l'Etat, ne de
mandant aujourd'hui qu'un personnel moins nombreux, une
certaine fraction des jeunes hommes vise aux petits emplois,
entre dans la douane, la gendarmerie, les chemins de fer, et
quitte le pays sans esprit de retour. Ainsi font la plupart des
marins du commerce, retenus par la vie plus libre et plus
active des grands ports. Enfin, uncertain nombre de jeunes
filles émigrent à Paris comme domestiques.
Ce qui re

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