Évaluation de l enseignement du français en Afrique centrale - article ; n°97 ; vol.25, pg 169-188
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Description

Tiers-Monde - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 97 - Pages 169-188
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lokombe Kitete Ndew'Okongo
Évaluation de l'enseignement du français en Afrique centrale
In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°97. pp. 169-188.
Citer ce document / Cite this document :
Ndew'Okongo Lokombe Kitete. Évaluation de l'enseignement du français en Afrique centrale. In: Tiers-Monde. 1984, tome 25
n°97. pp. 169-188.
doi : 10.3406/tiers.1984.3365
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1984_num_25_97_3365DE L'ENSEIGNEMENT ÉVALUATION
DU FRANÇAIS EN AFRIQUE CENTRALE
UNE ÉTUDE CRITIQUE DES MANUELS SCOLAIRES
DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE - LE CAS DU ZAÏRE
par Lokombe Kitete Ndew'OKONGO*
DESCRIPTION HISTORIQUE
Avant 1885, le Zaïre excluait toute idée de langue vernaculaire commune.
L'éducation se faisait par le biais d'une langue qui adhérait à la terre où
l'enfant était né et vivait. Or, une telle « adhérence » n'est guère possible avec
une langue importée. Et pourtant Г « » au sol ancestral est une
nécessité. Il y en a une autre encore, celle de participer à la vie de toute la terre.
L'idéal : trouver une solution qui garantisse et l'adhérence à la terre ancestrale
et la participation à la vie du monde entier.
Après 1885, la création des écoles entraîna l'implantation de la langue
coloniale dans le pays. Dès lors jusqu'à l'accession du pays à l'indépendance,
le 30 juin i960, le système scolaire est resté très instable, soumis aux aléas
de la politique scolaire coloniale1. En matière de langues, le français devint
en 1956 une première langue du pays, langue véhiculaire obligatoire d'ense
ignement dans les trois dernières années de l'école primaire.
Face à une telle situation, l'Etat zaïrois2 adopta dans les années 60,
la politique d'admettre le principe d'un enseignement primaire bilingue. Le
français fut ainsi adopté non plus comme langue coloniale mais comme instr
ument de participation du Zaïre à la civilisation de « l'Universel ».
Cependant, la décision d'intégrer des langues étrangères dans une poli-
* Professeur à l'Université nationale du Zaïre.
1. Documents à lire : Service de l'enseignement, Organisation de l'Enseignement libre au
Congo belge et au Ruanda Urundi avec le concours des Sociétés des Missions nationales, 1929. Service
de l'enseignement du Congo belge, Organisation de l'Enseignement libre subsidié pour indigènes
avec le concours des Sociétés Missions chrétiennes, 1948.
2. Ministère de l'Education nationale, Programme national de l'Enseignement primaire à
l'usage du Personnel enseignant, rdc, 1963.
Revue Tiers Monde, t. XXV, n° 97, Janvier-Mars 1984 170 LOKOMBE KITETE NDEW OKONGO
tique scolaire de promotion collective pose des problèmes8 qu'il s'agira
d'élucider. En résumé, ces problèmes comportent les points suivants : concep
tion « généraliste » des programmes, méthodes d'apprentissage, impact de cet
apprentissage sur l'évolution éducative et professionnelle des écoliers, auxi
liaires de cet enseignement, formation des maîtres, problème du bilinguisme
et du biculturalisme, impact de l'apprentissage du français sur les échecs
scolaires et leur répercussion sur le coût de l'enseignement. Tous ces éléments
sont des facettes d'un seul phénomène, l'acculturation.
Deux études doivent être signalées ici, celles de Chadly Fitouri et Marc
Richelle.
Comme partout ailleurs en Afrique, l'école tunisienne connaît le mal du
retard scolaire. Le bilinguisme, prétend-on, pourrait en être la cause. Fitouri4
s'emploie à élucider ce problème. Il décèle, sous le bilinguisme, une cause
plus profonde : le biculturalisme.
Ce qui fait la réussite d'un enfant à l'école, c'est la concordance entre
la culture du milieu familial et celle que l'école transmet. Pour confirmer sa
thèse, Fitouri a entrepris diverses investigations. Les faits recueillis auto
risent l'auteur à affirmer que des trois facteurs qui expliquent le retard scolaire
en Tunisie, le culturel l'emporte sur l'économique et sur le linguistique.
Le bilinguisme n'est un frein que dans la mesure où le fonds culturel fait
défaut.
Au Zaïre, les effets de l'acculturation au Katanga ont fait l'objet d'une
étude entreprise à la veille de l'indépendance par M. Richelle6. Selon l'auteur,
le contact entre deux cultures peut produire des interférences sur des croyances,
des structures politiques ou des formes d'éducation de l'un ou des groupes
en présence. L'acculturation désigne donc ce genre de contact impliquant des
modifications au sein de l'une au moins des cultures en présence. Elle mène,
par définition, à « une dislocation des personnalités qui la vivent » ou même à
« des désorganisations pathologiques » si les structures des cultures en contact
les y prédisposent ou encore si l'une des cultures impose à l'autre ses propres
comportements. Tel est le cas de la situation coloniale en Afrique.
Pour des motifs idéologiques, la coloniale a non seulement
imposé ses apports mais elle les a sélectionnés et limités (B. Malinow)6 ; il n'est
donc pas surprenant de relever avec J.-C. Carathers7 que le sens des valeurs
des Africains soit confus et faussé. L'auteur attribue la désintégration cultu
relle zaïroise aux apports européens, au conflit des systèmes de valeurs euro
péennes et zaïroises et au conflit entre des modèles différents de cultures.
En ce xxe siècle, époque où les relations internationales économiques,
scientifiques, technologiques et politiques plaident pour un contact harmonieux
des peuples et de leurs cultures, nous croyons qu'H faut également insister
3. H. H. Stern, U enseignement des langues et V écolier, Hambourg, Unesco, 1971, p. 15-18,
énumère quelques problèmes.
4. Chadly Fitouri, bilinguisme, biculturalisme et éducation, thèse d'Etat, Paris V, Université
Descartes, 1980.
5. Marc Richelle, Aspects psychologiques de V acculturation, Katanga (Elisabethville), Centre
d'Etudes des Problèmes sociaux indigènes, i960, p. 12-13.
6. Ibid., op. cit., p. 32-38.
7.op. cit., p. 2-42. ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS EN AFRIQUE CENTRALE 171
sur deux choses : nécessité de maintenir les meilleures valeurs culturelles du
Zaïre et nécessité d'accéder aussi aux meMleures valeurs des « autres » pour
assurer dorénavant une interaction des valeurs susceptibles de se féconder
mutuellement. Dans ce sens, la méthode de « conditionnement des individus à la
maîtrise des comportements nouveaux » ne nous paraît pas suffisante. En plus
de l'importance du contenu et de la présentation de l'information à fournir à
l'organisme, il faut aller plus profond et tenter une prise de conscience des
valeurs de la culture zaïroise, valeurs mal appréciées, qui débouche sur une
estime valorisante de ces valeurs de la part de la population zaïroise : adultes et
enfants. Et, en même temps, tenter une critique des valeurs « occidentales » dont
on essaiera de percevoir ce qui, d'elles, est humainement le plus valable.
Appuyée ainsi sur la notion d'interfécondation des valeurs culturelles des
milieux en contact, sur des besoins motivés d'un mode culturel désiré, cette
approche intuitive, par sympathie, permettrait un type harmonieux d'accultu
ration par l'entremise de l'enseignement des langues vivantes, support des
cultures, de la science et de la technologie.
Voyons le problème dans le contexte précis de l'enseignement du français.
En effet, le Zaïre compte cinq langues officielles : le swahili, le chiluba, le
kikongo, le lingala et le français. Ce dernier est d'un usage privilégié dans
l'enseignement, l'administration, la magistrature, le parlement et dans les
affaires. Le français est donc la langue officielle du pouvoir politique et écono
mique. Qui maîtrise le français participe au pouvoir. Son enseignement qui
comporte de multiples aspects a, en tout cas, le mérite d'exister. Il importe
de donner à chacun les moyens d'accéder à ce pouvoir, sans pour autant le
couper de ses racines originelles. Cependant une question se pose : l'enseign
ement du français par l'école est-il une réussite ?

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