Haoulti et ses monuments, nouvelle interprétation - article ; n°1 ; vol.7, pg 125-140
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Description

Annales d'Ethiopie - Année 1967 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 125-140
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Pirenne
Haoulti et ses monuments, nouvelle interprétation
In: Annales d'Ethiopie. Volume 7, année 1967. pp. 125-140.
Citer ce document / Cite this document :
Pirenne Jacqueline. Haoulti et ses monuments, nouvelle interprétation. In: Annales d'Ethiopie. Volume 7, année 1967. pp. 125-
140.
doi : 10.3406/ethio.1967.869
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_1967_num_7_1_869IIAOULTl ET SES MONUMENTS
NOUVELLE INTERPRÉTATION
PAR
JACQUELINE PIRENNE
Les résultats des fouilles de H. de Contenson au site de Haoulti, en 1959, sont
à présent publiés ^ et les monuments qui y ont été trouvés sont devenus justement
célèbres : ce qu'on a nommé « le trône » et la statue de Haoulti sont en effet les
plus beaux témoins de l'art éthiopien antique et ont été reproduits souvent ^2^.
Cependant l'interprétation qui en a été donnée est loin d'expliquer la nature et
la fonction de ces monuments non plus que la signification de ce site de façon
satisfaisante pour l'esprit.
Ayant mené en même temps plusieurs études connexes, nous avons commencé
par publier celles qui, on le verra &\ apportent des arguments à notre démonstrat
ion et nous permettent de la faire plus probante et plus brève. Nous pouvons à
présent présenter notre propre interprétation du site et de ses monuments.
Rappelons d'abord l'état des opinions avancées.
Le monument que nous reproduisons une fois de plus (pi. LU) a été présenté
par le fouilleur comme « un trône en forme de baldaquin ».
Son décor? Les bouquetins couchés de ses bordures et les pattes de taureau
qui constituent les pieds ont été correctement compris comme des symboles
divins : ceux des dieux sabéens d'Arabie du Sud. Quant au bas-relief, M. de Con
tenson y a vu « un enfant dont le sexe est difficile à déterminer et un serviteur
adulte » <4) ; il est suivi par M. Leroy (5) qui aurait incliné à voir dans le petit
personnage une jeune fille mais se range à l'avis précédent, car il considère le
nom masculin RF§ (écrit au-dessus de lui) comme étant le sien. Ailleurs on se
contente prudemment de parler de « personnage barbu et de personnage imberbe »
ou de « deux personnages ».
M H. de Contenson, Aperçu sur les fouilles à Axoum et dans la région d'Axoum en 1958 et
1959, dans Annales d'Ethiopie, III, 1959, p. 101-106; Id., Les fouilles de Haoulti en 1959. Rapport
préliminaire, ibid., V, 1963, p. 41-52 et pi. XXVI-LX; Id., Les monuments d'art sud-arabe
découverts sur le site de Haoulti (Ethiopie) en 1959, dans Syria, XXXIX, 1962, p. 64-87 et
pi. V-VIII.
(2) J. Leclant, Le musée des antiquités d'Addis-Ababa, dans Bulletin de la Société d'archéol.
copte, XVI, 1962, Le Caire, p. 294-295 et pi. III-VI; id., Fruhâthiopische Kultur, dans Christen-
turn am Nil, Internationale Arbeitstagung zur Ausstellung « Koptische Kunst », Essen, Juli 1963,
p. 15-16 et pi. 4-6; Fr. Anfray; Histoire de l'archéologie éthiopienne, dans Tarik, n° 1,
Addis Ababa, p. 19 et 20; J. Leroy, Les * Éthiopiens* de Persépolis, dans Annales d'Ethiopie, V,
1963, p. 293-295 et pi. CLXIII; J. Pirenne, Arte sabeo d'Etiopia, dans Enciclopedia dell'arte
antica, t. VI, Rome. 1965.
»> Cf. infra, p. 128, n. 3.
(4> Art. cit., dans Syria, p. 73.
I») cit., Ann. d'Éth., V, p. 294. 126 annales d'éthiopie
A quoi servait ce « trône »? M. de Contenson nous dit ^ : « II se trouve propor
tionné à la statue au point qu'au moment du dégagement, avant d'avoir vu le tenon,
nous avions cru que les deux monuments s'adaptaient l'un à l'autre ». Ce tenon
est en effet ménagé sous l'assise de la statue et servait visiblement à la maintenir
sur son siège; or, le « trône » ne peut être son siège car on n'y voit aucune cavité
répondant au tenon. C'est pourquoi en 1963 le fouilleur est catégorique : « Con
trairement à nos premières impressions sur le terrain, la statue est indépendante
du trône » (p. 43) et il conclut qu'il devait s'agir d'un trône vide, votif.
Et la statue ? Elle est donc indépendante du trône. On l'a assise, au musée d'Addis-
Ababa, sur un bloc de pierre et on l'a posée à côté du trône, comme elle était donc
supposée se trouver en son site primitif. (On se rappelle que les fragments du trône
et de la statue gisaient ensemble sur le terrain.) Qui représente-t-elle? M. de Conten
son exclut que ce soit une statue de culte, car elle ne présente aucun attribut
divin M. Il la compare à la statuette du dépôt de Maqallé ^2^ (également au musée
d'Addis-Ababa) en laquelle on a voulu voir « une femme enceinte demandant
assistance à la divinité » (ceci en fonction de la traduction de l'inscription); la
statue de Haoulti serait à comprendre de même (3). Elle devrait être considérée
comme une statue votive, ayant sur ce site la même fonction que les petites
figurines de femmes, en terre cuite, de style primitif (cf. pi. LUI, b) déposées
sur les banquettes, à proximité de la statue. Et « toutes ces représentations
féminines seraient des ex-voto, servant de substituts à des fidèles ; les différences
de matière et d'exécution correspondraient au rang social des donatrices, femmes
du peuple pour les terres cuites, dame de haut rang pour la statue » (4).
Le rapport de fouilles de 1963 a apporté une précision importante : la statue
n'était pas seule de son espèce (p. 43) : « une autre du même type a été trouvée
décapitée et renversée dans un trou près de l'extrémité ouest du site » (voir
pi. XXXIV) et même « des fragments de plusieurs statues semblables ont été
trouvés devant le perron sud ». Nous les avions remarqués en effet dans le dépôt
du musée d'Addis-Ababa. Et nous avions aussi rassemblé et fait coller deux
petits fragments de bas-relief (/.£"., 1507, de 7 cm sur sa plus grande dimens
ion, et J.E., 1508, 11 cm) qui montrent une oreille, entourée de bouclettes de
cheveux et sous laquelle part la ligne, doucement incurvée, d'une barbe (pi. LU, b).
On reconnaît un fragment identique à la tête du grand personnage figuré sur
le « trône ». On peut en conclure qu'il y eut sur le site un bas-relief analogue et
probablement même un trône analogue au premier, de même qu'il y eut une
seconde statue. L'explication donnée du site doit donc valoir pour deux trônes
et au moins deux statues.
On sait que la fouille a fait apparaître des « murs, construits en blocs sommaire
ment équarris...; ils affleuraient la surface actuelle et reposent sur le sol vierge ».
Ils constituent « deux constructions quadrangulaires, bâties côte à côte... et séparées
par un passage de 2 mètres de large; l'édifice méridional est fortement décalé
vers l'Est par rapport à l'autre. Chaque édifice présente sur sa façade orientale
un perron, qui interrompt une banquette en pierre de 50 à 80 centimètres de haut
et 60 centimètres de large, laquelle garnit le pourtour extérieur. Les aménagements
(1) Art. cit., dan3 Syria, p. 68.
<2> J.E., n° 3. Cf. Annales d'Ethiopie, I, 1955, p. 18-23 et pi. VI-VIII.
<8> Art. cit., dans Ann. d'Éth., 1959, p. 103 et 1963, p. 42.
W cit., Syria, p. 68 et cf. Ann. d'Éth., 1963, p. 44 et n. 1. ÉTUDES 127
intérieurs ont été complètement détruits par deux grandes excavations posté
rieures » M. Sur les banquettes extérieures étaient alignés de nombreux objets
en terre cuite : bovidés, quadrupèdes étranges, oiseaux, femmes assises
(pi. LUI, b), etc. Certains objets peuvent dater de l'époque aksoumite, du début
de notre ère; d'autres sont de style égyptien ^2\ Le tout constitue un ensemble
d'ex-voto; et les statues et les trônes auraient le même rôle.
Nous serions donc en présence de « sanctuaires où l'on venait déposer des ex-voto»
(1963, p. 44).
Si l'on y réfléchit quelque peu, tout ceci n'est pas sans poser des questions au
simple bon sens.
Reprenons cette analyse par la fin.
Ces sanctuaires où on déposait des objets votifs, on devait bien y adorer quelque
idole? On nous dit que les am&

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