Influence de la durée et de la fréquence des changements sur l estimation du temps - article ; n°2 ; vol.61, pg 325-339
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Influence de la durée et de la fréquence des changements sur l'estimation du temps - article ; n°2 ; vol.61, pg 325-339

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Description

L'année psychologique - Année 1961 - Volume 61 - Numéro 2 - Pages 325-339
Summary
Does an increase in the frequency of stimulation lead to an over estimation of the duration ? We have established by means of the method of reproduction the generality of this phenomenon with visual stimulation (dots passing before a window), sound stimulation and tapping at different cadences. One does not find any effect due to frequency, unless the frequency as such is perceived. On the contrary, we find that the estimation of time depends globally, apart from any calculation, upon the duration of changes (presentation of slides of Paris), upon their number and upon the intervals between the slides.
Résumé
Une augmentation de la fréquence des stimulations entraîne-t-elle une surestimation de la durée ? Nous avons établi par la méthode de reproduction la généralité de ce phénomène avec des stimulations lumineuses (passage de points devant une fenêtre), sonores et avec des frappes exécutées par le S à des cadences différentes. Cet effet de la fréquence ne se retrouve pas lorsque celle-ci n'est pas perçue en tant que telle. Par contre, nous trouvons alors que l'estimation du temps tient compte globalement, en dehors de tout calcul, de la durée des changements (présentation de vues de Paris), de leur nombre et même des intervalles entre les vues.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P Fraisse
Influence de la durée et de la fréquence des changements sur
l'estimation du temps
In: L'année psychologique. 1961 vol. 61, n°2. pp. 325-339.
Résumé
Une augmentation de la fréquence des stimulations entraîne-t-elle une surestimation de la durée ? Nous avons établi par la
méthode de reproduction la généralité de ce phénomène avec des stimulations lumineuses (passage de points devant une
fenêtre), sonores et avec des frappes exécutées par le S à des cadences différentes. Cet effet de la fréquence ne se retrouve
pas lorsque celle-ci n'est pas perçue en tant que telle. Par contre, nous trouvons alors que l'estimation du temps tient compte
globalement, en dehors de tout calcul, de la durée des changements (présentation de vues de Paris), de leur nombre et même
des intervalles entre les vues.
Abstract
Summary
Does an increase in the frequency of stimulation lead to an over estimation of the duration ? We have established by means of
the method of reproduction the generality of this phenomenon with visual stimulation (dots passing before a window), sound
stimulation and tapping at different cadences. One does not find any effect due to frequency, unless the frequency as such is
perceived. On the contrary, we find that the estimation of time depends globally, apart from any calculation, upon the duration of
changes (presentation of slides of Paris), upon their number and upon the intervals between the slides.
Citer ce document / Cite this document :
Fraisse P. Influence de la durée et de la fréquence des changements sur l'estimation du temps. In: L'année psychologique.
1961 vol. 61, n°2. pp. 325-339.
doi : 10.3406/psy.1961.26817
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1961_num_61_2_26817Laboratoire de Psychologie expérimentale de la Sorbonne
INFLUENCE DE LA DURÉE
ET DE LA FRÉQUENCE DES CHANGEMENTS
SUR L'ESTIMATION DU TEMPS
par Paul Fraisse1
Les changements sont la trame du temps et toutes nos est
imations d'une durée reposent sur une estimation syncrétique
ou une évaluation quantitative des changements qui s'y produi
sent ou, pour dire mieux, qui la constituent.
Mesurer le temps consiste simplement à compter le nombre
de changements uniformes (révolution de la terre sur elle-même,
battements d'un balancier, etc.) occurrents pendant une période
donnée. Le plus souvent, en pratique, on ne compte pas, mais
on lit la position d'un repère qui s'est déplacé à partir d'une
origine en fonction du nombre de ces changements et qui a
ainsi réalisé une sommation directe des données. On dit qu'un
coureur, pour parcourir 1 500 m, a mis 3 mn 48 s, en lisant ce
chiffre sur un chronomètre déclenché au départ du coureur et
arrêté au moment où il franchit la ligne d'arrivée.
De la même manière, nous estimons souvent le temps par la
quantité de changements qui s'y produisent même si ces change
ments n'ont plus l'uniformité de ceux qui assurent la précision
de nos mesures proprement dites. Ainsi utilisons-nous à défaut
de montre le nombre de kilomètres parcourus à pied ou en auto,
le nombre de pièces terminées dans une fabrication de routine, etc.
La quantification de ces unités peut, elle aussi, n'avoir qu'une
précision relative mais qu'il s'agisse de mesure ou d'estimation
approximative, nous jugeons la durée à partir de la même
opération : constater un nombre de changements.
I. Ces expériences ont été réalisées avec le précieux concours de CI. Voll-
laume. 326 MÉMOIRES ORIGINAUX
De ces changements, nous pouvons être ou non les témoins.
Dans le dernier cas, nous contentons de constater le dépla
cement d'un repère : aiguille sur un cadran, hauteur d'eau
dans un bassin, croissance d'une plante. Mais, quand nous
sommes témoins des changements, nous pouvons disposer d'un
double système d'information : de la quantité totale de change
ments qui se sont produits dans notre environnement ou comme
résultat de notre activité (mesure plus ou moins précise), et de
notre expérience continue et directe de ces changements qui
influence notre estimation de la durée. Prenons l'exemple de
la marche à pied. Si je marche sur une bonne route, en arrivant
devant une nouvelle borne kilométrique, je sais que, depuis le
passage devant la précédente, il s'est écoulé environ 12 mn. Si
je marche pendant 12 mn dans une couche de 30 cm de neige
fraîche, le chemin parcouru est très inférieur à 1 km. Cependant
je surestimerai le temps pendant lequel j'ai marché sur la base de
l'effort accompli et plus précisément du nombre de pas effectués.
Certes, ce nombre est objectivement moindre que dans le cas
de la marche sur route, mais la nature des pas n'est pas la même.
Dans une marche aisée, les mouvements sont automatisés et
stéréotypés et chacun ne donne pas lieu à une expérience per
ceptive, mais dans une marche difïicultueuse (dans la neige,
dans une ascension), chaque pas est un acte individualisé qui
compte et cette expérience d'une multiplicité est la base, pensons-
nous, de la surestimation du temps.
Nous avons, à titre d'hypothèse (Fraisse, 1957) attribué un
grand rôle à cette appréciation du nombre de changements vécus
comme fondement de notre estimation de la durée et plus géné
ralement comme base de ces impressions absolues du temps qui
nous fait apparaître la durée comme courte ou longue suivant
les circonstances ; ces impressions résistent aux informations
objectives que nous pouvons avoir, créant ainsi des contrastes
qui nous étonnent entre deux systèmes d'estimations.
L'influence de la nature de l'activité sur l'estimation de la
durée a fait Uobjet de maintes observations et de nombreuses
expériences dont nous avons tenté une synthèse (Fraisse, 1957,
p. 208-229). Mais ces situations sont en général très complexes.
Notre objectif présent est de reprendre analytiquement le
problème de l'influence des changements vécus.
Dans cette première recherche, nous avons étudié deux
caractéristiques des changements qui apparaissent liées à la
fréquence et à la durée de chaque phase. FRAISSE. INFLUENCE SUR L'ESTIMATION DU TEMPS 327 P.
I. — L'influence de la fréquence
Wundt notait (1886, t. II, p. 323), que « si les battements
réguliers de la mesure organisent en parties le temps /, celui-ci est
estimé d'autant plus grand que ces sortes de divisions s'accumul
ent, s'entassent davantage ». Les expériences de Hall et Jastrow
(1886), Munsterberg (1889), Sturt (1925), Israeli (1930), Wirth
(1937), ont confirmé ce point de vue que Benussi (1913, p. 183)
et Bonaventura (1929) contestent. A vrai dire, l'expérience est
difficile à réaliser surtout par la méthode de comparaison qui a
été en général utilisée. Nous avons repris ce problème par la
méthode de reproduction en utilisant 3 types de situations :
fréquence de stimulations lumineuses, sonores, ou de frappes du
sujet.
A) Stimulations lumineuses
L'appareil est un parallélépipède de 25 cm de côté et de 60 cm de
profondeur. Le sujet regarde par un hublot où s'encadre bien son visage
une plage de 4,8 cm qui se trouve à 60 cm de ses yeux. Cette plage est
bien éclairée par-dessus et par-dessous sans que les lampes soient visibles.
Il voit défiler horizontalement à travers cette plage des carrés noirs
de 1 cm de côté peints sur un fond blanc. En réalité, il y a deux bandes
de stimuli qui défilent toujours à la vitesse de 31 cm/s mais sur une
des bandes à la fréquence de 2 par seconde et sur l'autre de 6. Ces bandes
sans fin sont fixées sur un gros cylindre enregistreur qui s'encastre
juste dans la fenêtre de 4,8 cm ; un système d'écran permet de n'en
découvrir qu'une seule à la fois. Nous utilisons deux durées stimuli :
5 et 10 s dans la même expérience pour éviter des effets de stéréotypie.
La tâche du sujet qui reçoit la consigne formelle de ne pas compter est,
après avoir vu passer pendant une durée de 5 (ou 10 s) les points noirs,
d'appuyer sur une clé morse pendant la durée qu'il estimera équivalente.
Comme on expérimente simultanément sur deux durées et sur deux
fréquences, on a construit un plan o

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