Introduction : Femmes en domesticité. Les domestiques du Sud, au Nord et au Sud - article ; n°170 ; vol.43, pg 249-264
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Tiers-Monde - Année 2002 - Volume 43 - Numéro 170 - Pages 249-264
Blandine Destremau and Bruno Lautier — Women in domesticity : Domestic servants of the South, in the North and in the South.
This article identifies the « hard-core » of the characteristics of domestic employment after stressing the minor concern of the social sciences for the role of household servants. It then draws on the considerable diversity of global domestic servants' situations : itinerary, social and legal status, wages and living conditions. After briefly examining the relevance of the notion of « domestic slavery », the text underlines the importance of the theme of mobility.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Blandine Destremau
Bruno Lautier
Introduction : Femmes en domesticité. Les domestiques du Sud,
au Nord et au Sud
In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°170. pp. 249-264.
Abstract
Blandine Destremau and Bruno Lautier — Women in domesticity : Domestic servants of the South, in the North and in the South.
This article identifies the « hard-core » of the characteristics of domestic employment after stressing the minor concern of the
social sciences for the role of household servants. It then draws on the considerable diversity of global domestic servants'
situations : itinerary, social and legal status, wages and living conditions. After briefly examining the relevance of the notion of «
domestic slavery », the text underlines the importance of the theme of mobility.
Citer ce document / Cite this document :
Destremau Blandine, Lautier Bruno. Introduction : Femmes en domesticité. Les domestiques du Sud, au Nord et au Sud. In:
Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°170. pp. 249-264.
doi : 10.3406/tiers.2002.1593
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_170_1593FEMMES EN DOMESTICITE
(LES DOMESTIQUES DU SUD,
AU NORD ET AU SUD)
par Blandine Destremau* et Bruno Lautier**
Cet article, après avoir souligné le peu de place que tient la question
des domestiques dans les sciences sociales du développement, identifie un
« noyau dur » de caractéristiques générales de l'emploi domestique. Puis
il montre l'extrême diversité des situations des domestiques à l'échelle
mondiale, en termes de parcours, de statut, de rapport au droit, de rému
nération et de conditions de vie. Après avoir brièvement discuté la perti
nence de l'usage de la notion ď « esclavage moderne », il insiste pour
finir sur l'importance des stratégies de mobilité.
Le travail domestique, entendu ici comme le travail fait par les
employé(e)s domestiques, est une des principales formes d'emploi fémi
nin dans la plus grande partie du monde1 ; des « petites bonnes »
d'Afrique de l'Ouest aux « empregadas » brésiliennes, des domestiques
philippines enfermées dans les riches demeures du Golfe persique aux
femmes de ménage et « nounous » parisiennes, les domestiques sont
massivement présentes et étonnamment invisibles. Bien sûr, chacun sait
qu'elles existent, y compris les chercheurs en sciences sociales. Mais il
** * Professeur, CNRS, Urbama. Université de Paris I, IEDES.
1. Il est difficile d'être beaucoup plus précis, car tout dépend bien sûr de la façon de définir les caté
gories d'emploi ; et de nombreux pays ne donnent pas les informations statistiques permettant d'identifier
les domestiques. Là où les données sont fiables (principalement en Amérique latine), l'importance des
domestiques est patente ; par exemple au Mexique (d'après la Encuesta Nacionál de Empleo 2000,
INEGI/stps), il y a 1 564 000 domestiques (sur 13 311 000 femmes actives occupées), et cette catégorie n'est
devancée que par le commerce de détail et les « services d'éducation et de loisirs ». Au Brésil, d'après
la PNAD - Pesquisa Nacionál рог Amostra de Domicilios - publiée par I'ibge, il y avait, en 1999,
4 960 000 femmes employées domestiques (et 374 000 hommes, qui représentent donc 7 % du total) ; par
comparaison, il y avait 1 857 000 femmes employées dans l'industrie de transformation. Les domestiques
représentent 39 % des salariées au Brésil, et 22 % de l'emploi féminin non agricole (17 % de l'emploi fémi
nin total).
Revue Tiers Monde, t. XLIII, n° 170, avril-juin 2002 250 Blandine Destremau et Bruno Lautier
semble qu'elles ne soient pas dignes de l'intérêt scientifique que mériter
ait leur nombre (pour s'en tenir à la France, trois ou quatre thèses par
an et à peine plus d'articles sont consacrés aux domestiques des pays du
Sud). Certes, le sujet a intéressé les historiens, particulièrement en
France et au Royaume-Uni. Mais la question actuelle des domestiques
ne semble venir sur le devant de la scène qu'à propos de situations qual
ifiées (un peu hâtivement) ď « esclavage moderne », lors de plusieurs
scandales survenus en France ou dans les pays du Golfe persique.
UNE CATÉGORIE NÉGLIGÉE PAR LA RECHERCHE
Les raisons de ce manque d'intérêt chez les chercheurs sont
multiples1. Mais elles sont toutes liées à la principale spécificité du tra
vail des domestiques : il a lieu dans la sphère privée. Comme le travail
domestique dans l'autre sens du mot (les tâches reproductives, effec
tuées principalement par les femmes2, destinées à la reproduction des
membres de leur famille), il est doublement occulté : d'une part physi
quement, par les murs du domicile ; d'autre part socialement : il ne
produit rien (pour la comptabilité nationale), il est généralement non
déclaré (au fisc, aux institutions de protection sociale). Il n'existe donc
qu'en creux (que se passerait-il s'il n'existait pas ? Davantage de chô
mage féminin ? de tâches effectuées par les patron(ne)s ? de ventes de
lave-linge ?...).
Pourtant, le travail des domestiques semble pouvoir être facilement
mis en relation avec d'autres thèmes de recherche suscitant plus
d'intérêt, particulièrement chez les économistes et les socio-écono
mistes : la question de la création d'emplois dans les services personn
els, et le lien entre cette question et la répartition du revenu3 ; la
question du travail improductif, qui a suscité tant de débats inaboutis
dans les années 1970 ; la question de la légalisation du travail « au
noir » et des procédures qui peuvent y mener (chèques emploi-service,
déductions fiscales, associations intermédiaires...). Mais les raisons
académiques qui poussent à valoriser cet objet de recherche semblent
relativement impuissantes à le faire émerger comme objet légitime,
1 . Sur ce point, cf. Bruno Lautier, « Les employées domestiques latino-américaines et la sociologie :
tentative d'interprétation d'une bévue », in Les Cahiers du genre, n° 32, Éd. L'Harmattan, 2002.
2. Il n'est pas de notre propos de rappeler ici tous les débats sur la mesure du travail domestique,
qui renvoient à ceux qui portent sur sa définition et sur le mode d'assignation des diverses tâches à l'un et
l'autre sexe. Grosso modo, en France, les évaluations sont toutes proches d'un « partage » 80 % / 20 %
(proportions qui ne changent à peu près pas depuis les années 1970, malgré la réduction du temps de tra
vail, l'abaissement de l'âge de la retraite et la hausse de l'activité féminine).
3. Question déjà posée par Malthus, qui demeure centrale. Femmes en domesticité 251
avant tout parce que le travail des domestiques ne constitue pas une
question politique majeure.
Le travail des domestiques est en effet rarement abordé sous un
angle politique, comme cela a été le cas d'autres formes de travail qui,
s'exerçant dans la sphère publique, ou dans des lieux soumis au regard,
ont posé un problème politique : esclavage, travail forcé, travail salarié,
travail dit informel, etc. Les domestiques, on le verra dans plusieurs
articles de ce dossier, sont très rarement syndiquées ; elles manifestent
encore plus rarement dans la rue. La presse n'en parle pratiquement pas
(sauf dans quelques cas de « scandales » évoqués plus haut), les hommes
politiques jamais1. Les domestiques ne constituent donc pas un pro
blème ; pourtant, elles sont des dizaines de millions à être souvent enfer
mées, presque toujours méprisées, toujours disponibles, parfois violées.
DES FEMMES À TOUT FAIRE?
Le travail domestique est, certes, masculin et féminin. Dans ce doss
ier, nous nous en tiendrons au travail féminin, qui prédomine larg
ement dans les pays ou régions étudiés, même si, en Afrique de l'Ouest
et australe, les « boys » représentent une bonne part de l'emploi
domestique. De surcroît, le travail domestique masculin s'exerce fr
équemment à la lisière du dedans et du dehors, dans des emplois de jar
diniers, chauffeurs, gardiens, qui ne sont pas circonscrits à la maison
proprement dite. Les hommes ne sont pas « bons à tout faire », alors
que l'expression de « bonne à tout faire » est bien le signe de la natu
ralisation de cette qualité supposée des femmes de pouvoir (

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