L aide de la France aux pays du Tiers Monde - article ; n°56 ; vol.14, pg 689-710
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Description

Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 56 - Pages 689-710
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L'aide de la France aux pays du Tiers Monde
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°56. pp. 689-710.
Citer ce document / Cite this document :
L'aide de la France aux pays du Tiers Monde. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°56. pp. 689-710.
doi : 10.3406/tiers.1973.5795
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_56_5795L'AIDE DE LA FRANCE
AUX PAYS DU TIERS MONDE
Suivant les circonstances qui leur ont donné naissance, les politiques
d'aide au développement entreprises par les nations industrialisées
peuvent se classer en deux catégories : celles qui ont pris la suite des
politiques de mise en valeur des territoires d'outre-mer, menées selon
les méthodes et le génie propres à chacune des anciennes métropoles;
celles qui résultent de la prise de conscience plus récente des risques que
fait courir au monde entier le fossé qui se creuse entre les pays indust
rialisés et le reste du monde.
Les politiques d'aide qui se rattachent au premier type ainsi défini
ont naturellement tendance à concentrer leurs efforts sur des zones
géographiques correspondant à leur aire d'expansion historique et à
y assumer des responsabilités variées; elles ne se dégagent que progres
sivement d'un dialogue où les données politiques pèsent parfois plus
que les considérations économiques ou commerciales; elles donnent la
primauté aux actions bilatérales par rapport à l'aide qui transite par
l'intermédiaire des organisations internationales.
Les politiques qui peuvent être classées dans le second groupe,
affranchies de préoccupations géographiques particulières ou de liens
spéciaux hérités du passé colonial, se caractérisent par une volonté de
présence universelle au Tiers Monde, sans toujours éviter l'écueil d'une
dispersion des efforts qui se diluent à travers des objectifs trop nomb
reux. Certains donateurs choisissent alors d'emprunter en priorité
les canaux de l'aide multilatérale, se dégageant ainsi sur la commun
auté internationale du souci d'administrer eux-mêmes un programme
d'aide, malgré la complexité, et parfois, la lourdeur des organisations
internationales.
689 L'AIDE DE LA FRANCE AUX PAYS DU TIERS MONDE
La politique française de coopération appartient au premier groupe
de ces politiques. Conformément à son génie propre de rayonnement
à l'extérieur et de diffusion de sa culture, elle a poursuivi dans les nou
veaux Etats qu'elle avait menés à l'indépendance, ses efforts financiers,
techniques et humains. N'impliquant plus de relations de domination
politique, son aide était désirée par les nouveaux Etats. L'existence
de nombreux liens d'amitié, maintenus ou rétablis au travers des vicis
situdes ou des conflits précédant les indépendances ainsi que la commun
auté de langue, ont créé une situation qui a conduit tout naturellement
la France à consentir en faveur des Etats francophones un ensemble
d'aides pour le développement de leurs économies, de leurs systèmes
éducatifs, de la gestion de leur monnaie et leurs échanges avec l'extérieur.
Sans doute, la décolonisation n'est-elle pas une œuvre facile. Elle
a engendré des crises aiguës dans les relations de notre pays avec les
Etats d'Afrique du Nord. Pourtant, les rapports de coopération ont
pu être rétablis à un niveau satisfaisant en ce qui concerne le Maroc et
la Tunisie. Les relations avec l'Algérie, affectées par la crise pétrolière
de 1971, sont elles-mêmes en cours de normalisation et les perspectives
paraissent favorables à une reprise active de la coopération. L'aide
française au Maghreb n'en a pas moins connu une profonde mutation.
Assumant pleinement leurs responsabilités sur tous les plans, y compris
dans les domaines économiques et monétaires, les Etats d'Afrique du
Nord n'attendent plus de la France une assistance générale diffuse,
mais des concours plus spécifiques, soit pour la formation de leurs
cadres, soit pour la réalisation de projets de développement. De son
côté, la France s'efforce de reconvertir une assistance technique et cultu
relle encore trop engagée dans les tâches de gestion et mettant en
œuvre des effectifs trop importants. Une évolution commence également
à se dessiner à l'égard des Etats africains et malgache. Lors de leur acces
sion à l'indépendance, ces ont conclu avec la France des accords
de coopération couvrant une grande variété de relations. L'aide française
a ainsi pris en charge, du moins à l'origine, le fonctionnement des services
publics essentiels, souvent l'équilibre des finances publiques et la
poursuite des programmes d'investissements lancés dans le cadre du
F.LD.E.S. Les relations économiques de ces Etats demeuraient princ
ipalement axées sur l'ancienne métropole, situation renforcée par l'union
monétaire avec la France dans le cadre de la zone franc. Plus de dix
ans après les indépendances, ces liens spéciaux tendent à se relâcher;
690 L'AIDE DE LA FRANCE AUX PAYS DU TIERS MONDE
les premières lézardes se manifestent dans l'édifice monétaire avec la
sortie de la zone franc de la Mauritanie et de la République malgache
qui ont, chacune, décidé d'assumer seules et sans garantie française la
gestion de leur monnaie et de leurs avoirs extérieurs. Les accords de
coopération des années i960 sont presque partout remis en cause. Il semble
donc bien que les rapports franco-africains soient parvenus à un tournant.
En même temps, et depuis plusieurs années, s'affirme en France le
sentiment qu'une concentration excessive des efforts sur les pays franco
phones conduit, compte tenu de la limitation des moyens disponibles,
à une absence de notre pays dans les régions où se joue véritablement
le sort du Tiers Monde. La faiblesse de nos actions en Asie où se trouvent
concentrés les deux tiers de la population mondiale, la modicité de nos
concours en Amérique latine où les Etats cherchent à diversifier les extérieurs pour limiter le poids trop pesant de l'influence
américaine, amènent à reconsidérer le déploiement géographique de
notre aide. Il paraît raisonnable de considérer que la France voudra,
à l'avenir, être présente davantage à l'ensemble du Tiers Monde, sans
pour autant renoncer à son influence dans les pays francophones. Il
est donc difficile de parler de l'aide française comme d'un monument
achevé ou d'une institution dogmatique; en décrivant les caractéristiques
actuelles de la politique française d'aide au Tiers Monde, il faut garder
présent à l'esprit la nécessité d'en assurer constamment l'adaptation à
un contexte en pleine évolution.
Quatre traits essentiels permettent de caractériser la politique fran
çaise d'aide au Tiers Monde; la France demeure l'un des principaux
pays donneurs d'aide; ses efforts sont encore largement concentrés sur
les pays francophones; la distribution sectorielle des concours reflète
les données spécifiques des pays africains; enfin, les méthodes d'action
et de gestion reflètent plus une adaptation empirique aux changements
intervenus qu'ils ne résultent d'un dispositif logique.
1. Evolution quantitative des concours français
Le total des concours financiers, publics et privés, que la France a
apportés aux pays en voie de développement, s'est sensiblement réduit
au cours des dix dernières années : de 1,88 % du produit national brut
(P.N.B.), la quotité de ces apports se situe à 1,06 % en 1972, soit à un
691 L'AIDE DE LA FRANCE AUX PAYS DU TIERS MONDE
niveau légèrement supérieur à l'objectif international de i % du P.N.B.
que la France a toujours considéré comme une obligation fondamentale
à laquelle ses partenaires au sein du Comité d'aide au Développement
devraient se conformer pour assurer une répartition équitable des charges
entre les pays industrialisés.
Si la France distance encore largement les Etats-Unis, dont les
apports ont diminué de 0,76 % du P.N.B. en 1962 à 0,64 % en 1972,
elle a perdu l'avance considérable qu'elle avait il y a dix ans sur ses
autres partenaires dans la Communauté économique européenne ; en 1 972,
elle se trouve dépassée par

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