L alternance ?/? de l ancien ? en bulgare moderne - article ; n°1 ; vol.34, pg 15-31
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L'alternance ?/? de l'ancien ? en bulgare moderne - article ; n°1 ; vol.34, pg 15-31

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Description

Revue des études slaves - Année 1957 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 15-31
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roger Bernard
L'alternance Я/Е de l'ancien en bulgare moderne
In: Revue des études slaves, Tome 34, fascicule 1-4, 1957. pp. 15-31.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Roger. L'alternance Я/Е de l'ancien en bulgare moderne. In: Revue des études slaves, Tome 34, fascicule 1-4, 1957.
pp. 15-31.
doi : 10.3406/slave.1957.1669
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1957_num_34_1_1669L'ALTERNANCE Я/Е DE L'ANCIEN Ђ
EN BULGARE MODERNE
PAR
ROGER BERNARD
Deux lettres viennent de disparaître de l'alphabet bulgare à la suite de
la réforme orthographique de 1945 : le ж et le n>. La suppression du ж
n'a créé aucun problème. Comme l'ancienne nasale du vieux bulgare notée
ж avait évolué dès la période du moyen bulgare vers le son ä, noté б,
les réformateurs ont pu éliminer d'un trait de plume cette lettre qui n'était
plus qu'un témoin étymologique et décréter que désormais l'on écrirait
ръка, лък les mots que l'on écrivait jusqu'alors ржка, лжкъ. Personne
ne regrette, semble-t-il, cette lettre à trois pattes, qui, selon le mot du
poète Smirnenski, «crevait le cœur de tous les esthètes» et qui était aussi
inutile que disgracieuse.
U en a été autrement du ть, е dvojno, c'est-à-dire е double, dont la
suppression a créé un redoutable problème de succession et dont les héri
tiers е et я se partagent d'une manière encore contestée le domaine. C'est
vers le XIIIe siècle, semble-t-il, que le њ avait connu ce double traitement,
dans une partie du moins des parlers bulgares. Car certains parlera, en
particulier ceux du Sud-Est, assez proches sans doute du type ancien,
conservent le n avec la prononciation я en toutes positions (вира, pi.
вири), alors que les pariera occidentaux ont fait passer le n> à e en toutes
positions (вера, pi. вери). Si la langue littéraire avait été édifiée sur de
tels pariera, la question de l'alternance du њ n'intéresserait que l'historien
de la langue et le dialectologue. Mais les circonstances ont voulu que la
langue littéraire s'édifiât au cours du xixe siècle sur les pariera bulgares
du Nord-Est, qui connaissent un double, et même, nous le verrons, un triple
traitement de l'ancien Њ, tout en s'éloignant passablement de la situation
que le dialectologue peut enregistrer aujourd'hui dans ces pariera locaux.
La situation de la langue littéraire contemporaine est confuse parce que
l'alternance des pariera du Nord-Est s'est imposée à elle dans son principe,
sans que l'on puisse régler d'après des normes bien définies les modalités 16 ROGER BERNARD.
de l'application, si bien que l'on peut regretter à certains égards la dispa
rition du 75, qui maintenait, extérieurement du moins, une certaine unité.
Et un grammairien a pu écrire à ce propos qu'en supprimant cette plaie
qu'était le n>, la réforme orthographique de 1945 avait ouvert dans la
langue bulgare deux blessures nouvelles, la prononciation е et la prononc
iation я. Si elle n'a pas, à proprement parler, ouvert ces blessures, du
moins les a-t-elle avivées en faisant éclater au grand jour bien des petits
problèmes que naguère encore masquait la graphie identique Њ.
La règle de l'alternance, que la réforme de 1945 a consacrée, peut
s'énoncer ainsi. L'ancien њ se prononce я s'il est sous l'accent et devant
une consonne autre qu'une chuintante (бал, прйк) ou devant une syllabe
offrant une voyelle postpalatale (бяла, прйка). Il se prononce е s'il est
hors de l'accent (белея ce), ou si, même accentué, il précède une syllabe
renfermant une voyelle prépalatale (бели, преки), ou s'il est placé devant
une chuintante (пречка). La règle est relativement simple, mais elle n'en
échappe pas moins dans la pratique à une forte proportion des Bulgares.
En particulier un Bulgare de l'Ouest continuera à dire бел, прек, ou s'il
prend la peine de corriger sa prononciation en бял, прйк, qui sont pour
lui des formes artificielles, il risquera d'être mal récompensé de son zèle
en disant aussi били, пряки, le principe de l'alternance lui demeurant
étranger. Même un Bulgare du Nord-Est, qui est dans une situation mani
festement privilégiée, aura sans doute l'impression que la langue littéraire
ne fait pas suffisamment justice à son parler qu'elle prend pour base, mais
dont elle élimine certaines particularités fondamentales. En effet les parlers
du Nord-Est connaissent non un double, mais un triple traitement du
fb = бйл, била, sous l'accent et devant postpalatale, бели sous l'accent et
devant prépalatale, билея ce hors de l'accent. Or cette réduction des
voyelles hors de l'accent (o réduit à щ a à ä, e à i) est anathémisée
aujourd'hui par la langue littéraire, sans doute sous l'influence des parlers
occidentaux qui l'ignorent. D'autre part des Bulgares orientaux risquent
de mal comprendre pourquoi il leur est permis de dire бйл, pi. бели,
вира, pi. вери, mais il leur est interdit de pratiquer l'alternance
я/е dans des mots comme полйна, dont le pluriel est dans certains dialectes
orientaux полени ou Стойн, dont le vocatif est dans ces dialectes Стойене.
En fait il s'agit ici d'une alternance dialectale aje après chuintante, comme
dans жаба, pi. dial. жеби, чаша, pi. dial. чеши, non d'une alternance
de fb. Mais le sujet pariant est-il suffisamment conscient de cette différence?
Nous laisserons de côté les dialectes et nous bornerons à l'examen de
la langue littéraire, en nous efforçant de définir certaines des positions
qu'elle a prises sur cette épineuse question du њ au cours de ces dernières
années. Nous nous fonderons essentiellement sur quatre dictionnaires
orthographiques, publiés au cours d'une période d'une vingtaine d'années s'éten-
dant de 1933 à 1954. Ce sont : Правописенъ речникъ на българския книжо-
венъ езикъ de St. Romanski (Sofia, 1933), en abréviation R1, et la seconde
édition de ce dictionnaire publiée en 1951, en R2; Правописен L'ALTERNANCE я/е DE L'ANCIEN ГЬ EN BULGARE MODERNE. 17
и правоговорен Наръчник (1945), en abréviation N; Правописен речник
на българския книжовен език de L. Andrejčin, VI. Georgiev, Iv. Lekov et
St. Stojkov (3e édition de 1954), en A. Aucun des dictionnaires
cités ci-dessus n'est complet. Cependant leur témoignage est précieux pour
déterminer sur quelles frontières la langue essaie de fixer les domaines du
я et du e représentant l'ancien n>.
Un premier point semble être acquis après une période d'hésitation :
c'est la prononciation e de l'ancien њ accentué devant щ. Nous observons
que R1 distinguait, sous le rapport du traitement du њ, le щ des autres
chuintantes. Il donnait снежна en face de сняг, смешна en face de смях,
пречка. en face de пряк, avec е = гь, mais нищо, сйщам, срйщам, avec
я <; њ devant гц^К Tous les dictionnaires plus récents, y compris R\
s'accordent à donner нещо, сещам, срещам et s'abstiennent de citer les
formes correspondantes en я, qui d'ailleurs ne s'étaient jamais vraiment
imposées. L'on ne voit d'ailleurs guère pourquoi le Њ de ніщо, свщамъ,
ср'вщамъ, qui est au contact immédiat de l'élément chuintant de št,
échapperait au traitement de гь devant les autres chuintantes.
Une seconde question semble avoir été pour une large part résolue, celle
des russismes à vocalisme n>, mais elle l'a été d'une manière peu conforme
aux vœux des puristes. L'on sait qu'en russe l'ancien њ s'est confondu avec
е ; russe вера, звер-св^ра, звъ*рь. Or, de même que le bulgare tend
à adapter воплощение en въплъщение d'après плът, обрйд en обред
d'après ред, съзаклятник, en съзаклетник заклет, etc., l'on pouv
ait envisager de bulgariser отдел en отдял d'après дял, бегъл en бягъл
d'après бягам, проверка en провйрка d'après вира, зверство en звярство звяр, etc. Une telle entreprise méritait d'être tentée, et nous pour
rions nourrir encore quelques illusions sur son succès si elle ne l'avait déjà
été sur une assez grande échelle par Romanski dans son dictionnaire ortho
graphique de 1933. Malgré la haute autorité dont jouissait Romanski, nous
constatons son insuccès, sauf dans des cas relativement rares et privilégiés.
Les nouveaux dictionnaires font foi que le

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