L appréciation du temps chez le rat blanc - article ; n°1 ; vol.32, pg 118-130
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L'appréciation du temps chez le rat blanc - article ; n°1 ; vol.32, pg 118-130

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Description

L'année psychologique - Année 1931 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 118-130
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

F. L. Ruch
IV. L'appréciation du temps chez le rat blanc
In: L'année psychologique. 1931 vol. 32. pp. 118-130.
Citer ce document / Cite this document :
Ruch F. L. IV. L'appréciation du temps chez le rat blanc. In: L'année psychologique. 1931 vol. 32. pp. 118-130.
doi : 10.3406/psy.1931.5029
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1931_num_32_1_5029IV
L 'APPRÉCIATION DU TEMPS CHEZ LE RAT BLANC
Par Floyd L. Ruch x
On a déjà constaté en dehors du laboratoire, le pouvoir de
certains animaux d'apprécier la durée du temps. Bien que
l'on ne puisse accepter ces observations populaires comme des
constatations d'une grande valeur scientifique, elles soulignent,
cependant, l'existence d'un véritable problème du comporte
ment animal, problème qui a été déjà étudié mais qui est, ac
tuellement, assez loin d'être résolu. Malgré l'intérêt de ces
observations vulgaires, on se bornera aux expériences de labora
toire dont les conditions sont assez bien contrôlées et dont, par
conséquent, l'interprétation sera moins ambiguë.
Parmi ces dernières se trouvent celles de Pavlov 2. Cet auteur
a pu établir, après une longue période de dressage, un réflexe
conditionnel dont l'excitant consiste en un changement quel
conque ayant son siège quelque part dans le système nerveux
de l'animal et augmentant à mesure que la période écoulée
s'allonge. Il a fait deux genres d'expériences toujours avec des
résultats de même nature. Premièrement, on donne à manger à
l'animal très régulièrement toutes les trente minutes ; au bout
d'un certain nombre d'essais, on peut constater un écoulement
de la salive dont l'apparition correspond au moment où l'animal
était habitué à manger. Cette sécrétion subsiste alors même
qu'on supprime la nourriture. Tout se passe comme si une sorte
de rythme avait été imposé à l'organisme par le dressage, une
sorte de comportement dont l'excitant consiste dans le change -
1. Ancien Fellow of the National Research Council.
2. I. P., Pavlov, Conditioned Reflexes : an investigation of the physio
logical activity of the cerebral cortex; London; Oxford Univ. Press, 1927 L. RUCH. — APPRECIATION DU TEMPS CHEZ LE RAT 119 FLOYD
ment organique consécutif à l'écoulement du temps, en une
sorte de « perception » du temps, pour ainsi dire.
Dans une seconde série d'expériences Pavlov a obtenu, en
opérant différemment, le même résultat. On fait d'abord en
tendre le son d'une cloche électrique, puis trente minutes plus
tard, on donne de la nourriture à l'animal. Après un certain
nombre d'essais on observe que la sécrétion salivaire commence
trente minutes après le son de cloche. Nous avons ici encore
une sorte de « perception » du temps, c'est-à-dire un acte déter
miné par l'écoulement du temps, ou plus exactement, par les
changements corporels qui lui sont consécutifs.
Woodrow 1 a étudié le sens du temps chez les singes (rhésus)
inférieurs, en dressant ces animaux à distinguer entre des in?
tervalles de faible durée. Sa méthode consistait à faire entendre
au singe deux sons produits par Ja chute automatique d'un
marteau électrique. Aussitôt après le deuxième coup de marteau
un écran placé devant la cage était soulevé, découvrant ainsi
une ouverture par laquelle l'animal pouvait prendre «.n fruit
contenu dans un vase. Mais il n'avait la permission de saisir
celui-ci qu'après la succession des deux stimuli les plus rapproc
hés, soit après l'intervalle de temps le plus court. En opérant
de petite façon Woodrow a pu »dresser deux singes à apprécier
que les deux intervalles étaient de longueur différente, l'allure
du dressage étant indiquée par la diminution des erreurs, ou
plus exactement par l'augmentation de la différence entre le
nombre des erreurs commises et celui des erreurs que Ton pouvait
attendre du hasard- Dès que cette discrimination est obtenue
(c'est-à-dire dès que la proportion des réponses correctes reste
sensiblement constante), l'expérimentateur diminue le grand
intervalle en lui donnant les valeurs suivantes : 4,5 ; 3,5 ; 3,00 ;
2,25 ; 1,85 seconde. On a constaté que la proportion des erreurs
augmente à partir du moment où la valeur de 2 sec. 25 est
dépassée. Il est très intéressant de constater qu'une fois la
discrimination établie pour les deux intervalles d'une et de
cinq secondes, les sujets sont également capables de distinguer
entre des différences de durée moins grandes, fait qui indique
assez nettement que les animaux n'ont pas appris à discerner
des valeurs absolues, mais des différences relatives de durée.
Ces expériences de Woodrow ont admirablement démontré la
capacité du singe d'apprécier la durée avec une précision assez
1. H. Woodrow, Temporal Discrimination in the Monkey. J. Comp.
Psychol.,i92&, p. 395-428. 120 MÉMOIRES ORIGINAUX
fine, mais elles ne peuvent être utilisées pour la mesure du seuil
différentiel, qu'à condition de subir certaines modifications
essentielles, pourtant assez faciles à réaliser. Il suffit pour assurer
les conditions de stimuli constants, d'opérer avec un étalon de
durée intermédiaire et de faire varier les autres intervalles au-
dessus et au-dessous. Une telle méthode permettra l'étude de
problèmes intéressants comme, par exemple, la loi de Weber-
Fechner (valeur du seuil en fonction de la longueur de la durée
étalon).
Sams et Tolman x ont obtenu sur le rat blanc un dressage fort
intéressant. A leur entrée dans l'appareil les animaux doivent
choisir entre deux couloirs, l'un à gauche et l'autre à droite-
Les rats, au cours de la traversée du couloir, se trouvent mo
mentanément emprisonnés pendant une durée d'une minute
pour un côté, de six minutes pour l'autre. Il semble que cet
emprisonnement leur soit désagréable et les pousse à s'échapper
de l'appareil. Il semble aussi que la période la plus longue soit
la moins agréable. Diverses expériences montrent tout à fait
clairement que les rats peuvent apprendre à éviter l'empri
sonnement le plus long en s'échappant toujours par l'autre côté,
ce qui indique que les animaux arrivent à apprécier la durée.
Dans ces expériences il s'agit de la formation d'une habitude
spatiale dont l'excitant est fourni par une situation purement
temporelle. Les recherches de Sams et Tolman ont incité Ver
laine 2 à tenter la même expérience sur les guêpes. A leur sortie
du nid ces insectes étaient obligés de choisir entre deux couloirs,
disposés à gauche et à droite, comme plus haut. Les observations
faites par cet auteur sur six guêpes, pendant six jours, montrent
bien que ces Hyménoptères peuvent apprendre à éviter la plus
longue détention, fait qui met en lumière assez nettement leur
capacité d'apprécier les différences de durée entre les deux
emprisonnements. Voici les données numériques obtenues :
Jour 2 3 4 5 6
Sorties correctes (%) , 40 68 58 84 100
Dans les travaux, pourtant fort intéressants, de Sams et Tol
man et de Verlaine, l'interprétation des résultats en tant que
mesures psychophysiques de seuil est rendue difficile par la
1. C. F. Sams et E. C. Tolman, Time Discrimination in the White Rat.
J. Comp. Psychol., 1925, p. 255-263.
2. L. Verlaine, L'Instinct et l'Intelligence chez les Hyménoptères.
IX. La notion du temps, Soc. Ent. de Belgique, 1929, p. 115-125. L. RUCH. — APPRÉCIATION DU TEMPS CHEZ LE RAT 121 FLOYD
présence d'un élément perturbateur. En effet, dans ces expér
iences, les deux périodes qui agissent sur l'animal ne sont pas
simplement des intervalles de temps dont les sujets doivent
apprécier la durée, mais aussi la source des mobiles qui déter
minent le comportement de choix. On peut même dire en réalité
que les sujets ne choisissent pas entre deux périodes de longueur
différente, mais, entre deux emprisonnements, celui qui leur est
le moins pénible. Pour aboutir à une interprétation plus satis
faisante, il faut donc trouver le moyen de dissocier ces deux
facteu

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