L État macédonien antique : un nouveau visage - article ; n°1 ; vol.141, pg 7-25
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1997 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 7-25
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Miltiade Hatzopoulos
L'État macédonien antique : un nouveau visage
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 141e année, N. 1, 1997. pp. 7-25.
Citer ce document / Cite this document :
Hatzopoulos Miltiade. L'État macédonien antique : un nouveau visage. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 141e année, N. 1, 1997. pp. 7-25.
doi : 10.3406/crai.1997.15696
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1997_num_141_1_15696COMMUNICATION
L'ÉTAT MACÉDONIEN ANTIQUE : UN NOUVEAU VISAGE,
PAR M. MILTIADE HATZOPOULOS
Introduction
A l'aube de notre temps, le souvenir d'Alexandre le Grand res
tait toujours vivant, malgré les deux mille ans qui s'étaient écoulés
depuis la mort du grand conquérant. On ne peut en dire autant, ni
de la terre qui l'avait vu naître, ni du peuple qui lui avait fourni
l'instrument incomparable de ses victoires1. Ainsi, si l'on conserv
ait une idée approximative de la position géographique de la
Macédoine antique (fig. 1), était-on incapable d'en tracer les fron
tières exactes ou encore d'y situer correctement la plupart de ses
villes2 ; et l'on se trompait même sur l'emplacement de la plus
ancienne capitale du royaume3. Quant au peuple macédonien, on
ignorait presque tout de ses origines, de sa langue, de ses institu
tions. Dans ces conditions, il était inévitable que l'imagination des
savants, qu'excitait la personnalité fascinante d'Alexandre, se don
nât libre cours pour combler les lacunes d'une documentation li
ttéraire défaillante et d'une recherche archéologique encore
inexistante. Hommes de leur temps et de leurs patries respectives,
les historiens s'inspirèrent alors de leurs expériences nationales et
puisèrent abondamment dans les courants idéologiques du
moment4. A une époque où la Macédoine devait encore rester,
1. Sur la redécouverte de la Macédoine, voir E. N. Borza, « The History and Archaeology
of Macedonia : Retrospect and Prospect », dans Macedonia and Greece in Late Classical and
EarlyHellenistic Times (Studies in the History of Art, 10), Washington D. C, 1982, p. 17-30;
M. B. Hatzopoulos, « A Centuiy and a Lustrum of Macedonian Studies », TheAncient World 4,
1981, p. 91-108, et Id., « La redécouverte de la Macédoine », dans La Macédoine de Philippe II
à la conquête romaine, ouvrage collectif sous la direction de R. Ginouvès, Paris, 1993, p. 14-15.
2. Sur le problème des frontières de la Macédoine proprement dite (par opposition aux
possessions des rois macédoniens ou de la province romaine du même nom), voir M. B.
Hatzopoulos, « Les limites de la Macédoine antique », npaxnxà rfjç 'Axaôïftiiaç 'A9r)vâfv,
1995, p. 164-177 (en grec, avec un résumé en français).
3. Sur la localisation d'Aigéai, voir en dernier lieu M. B. Hatzopoulos, « Aigéai : la loca
lisation de la première capitale macédonienne », REG 109, 1996, p. 264-269.
4. Sur ce qui suit, outre les travaux signalés à la n. 1, voir E. Badian, « Some Récent
Interprétations of Alexander », dans Alexandre le Grand: image et réalité (Entretiens de la
Fondation Hardt, 22), Genève, 1976, p. 279-311. CapeNymphalon
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Frc. 1. — Carte de la Macédoine antique. l'état macédonien antique 9
pendant près d'un siècle, presque inaccessible sous le joug otto
man, J. G. Droysen pouvait y reconnaître un avatar de la Prusse
contemporaine, dont la mission était d'unifier le peuple allemand,
comme jadis les rois macédoniens avaient unifié les cités grecques
sous leur pouvoir. Même à la veille de la libération du pays, il était
encore loisible à W.W. Tarn d'interpréter l'histoire de la Macé
doine antique et de ses rois en fonction de ses expériences histo
riques de gentilhomme écossais.
Le poids de l'idéologie dans les études sur Alexandre le Grand
et, par extension, sur la Macédoine antique en général fut tel, qu'il
résista pendant longtemps, qu'il résiste encore aujourd'hui, à sa
remise en cause par les résultats d'une exploration toujours plus
intense. Ainsi, en Allemagne, dans le climat idéologiquement
chargé de l'entre -deux- guerres, Alexandre le Grand troqua ses
attributs d'empereur allemand pour les traits d'un fûhrer natio
nal-socialiste et, pour la reconstitution de l'image de la Macédoine
antique, les renvois au passé homérique tendirent à s'effacer
devant les références à la féodalité occidentale et à la préhistoire
« indo- germanique ». Le naufrage ignominieux du IIIe Reich et la
montée d'autres totalitarismes ne laissèrent pas indemnes
Alexandre et ses Macédoniens. Sous l'empire des traumatismes
subis, leurs victimes effectives ou potentielles, intégrant et en
même temps renversant l'idéologie de leurs ennemis, firent
d'Alexandre le prototype d'un Hitler ou d'un Staline, assimilant le
procès de Philotas aux procès de Moscou et le meurtre de Kleitos
à la nuit des longs couteaux5.
Depuis la fin de la guerre, dans le domaine institutionnel plus
particulièrement, le débat scientifique prolonge en grande partie
l'affrontement entre la vision longtemps orthodoxe, élaborée par
une série de savants allemands, d'une primitive royauté démocrat
ique d'origine homérique, voire « indo-germanique »6, et la thèse
révisionniste, qui se dit elle-même « minimaliste », d'un absolu
tisme tempéré par l'assassinat7. Les tenants de cette dernière, qui
5. En fait, l'interprétation historique d'Alexandre le Grand et de ses Macédoniens par
E. Badian, dans les nombreux articles qu'il leur a consacrés, n'est que l'image inversée, le
négatif, de leur admiration par des historiens allemands depuis J. G. Droysen jusqu'à F.
Schachermeyr. Cf. M. B. Hatzopoulos, « State and Government in Classical and Hellenistic
Greece », dans Unityand Units ofAntiquity, Athènes, 1994, p. 161-162.
6. Cette vision avait trouvé son expression achevée dans la monographie de E Granier,
Die Makedonische Heeresversammlung, Munich, 1931.
7. Cf. E. N. Borza, In theShadow of Olympus, Princeton, New Jersey, 19922, p. 231-236, et
Id., « The Macedonian Imprint », dans Hellenistic History an Culture, Berkeley/Los
Angeles/ Oxford, 1992, p. 23-35. Pour une bibliographie plus récente, voir M. B. Hatzopoul
os, Macedonian Institutions under the Kings a Historical and Epigraphic Study t'MEAETH-
MATA, 22;. Athènes, 1996, p. 37-42. 10 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ne reconnaissent dans la vie publique en Macédoine qu'une seule
loi, celle de la jungle8, assimilent aux défenseurs de l'ancienne
orthodoxie, afin de mieux les condamner, une école d'historiens,
pour la plupart français, dont le maître fut A. Aymard, auteur de
plusieurs contributions aussi originales que nuancées sur les ins
titutions macédoniennes9.
La thèse « orthodoxe » aussi bien que la thèse « révisionniste »
avaient, pour l'essentiel, été l'œuvre de savants attachés à l'étude
d'Alexandre et, par extension, de ses prédécesseurs téménides et,
plus généralement, de la Macédoine classique, voire archaïque,
périodes pour lesquelles la documentation littéraire était pauvre
et la documentation archéologique quasiment nulle. A. Aymard,
en revanche, était un historien de l'époque hellénistique. Cette
période de l'histoire macédonienne, même si elle n'était pas plus
riche en sources littéraires, et à peine moins pauvre en trouvailles
provenant de l'exploration de la Macédoine même, offrait déjà une
documentation archéologique beaucoup plus généreuse concer
nant les Macédoniens dans le reste de la Grèce et, surtout, une
masse de documents provenant des royaumes macédoniens issus
des conquêtes d'Alexandre. Mais, alors que la plupart des ouvrages
consacrés à la période hellénistique englobaient la Macédoine
dans leur examen du phénomène monarchique et, au besoin,
comblaient les lacunes documentaires sur ce pays, en y étendant la
portée des données recueillies dans les autres royaumes dont le
régime absolutiste ne faisait pas de

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