L'Extrême-Orient russe à l'heure de la transition - article ; n°1 ; vol.24, pg 69-80

Barbara A.Despineyzochowska

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1993 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 69-80
The Russian Far-East in its time of transition.
In connection with the political and socio-economic changes occurring in Russia, space must be found for an account of the specific nature of developments taking place, in the national as well as the international context, in a region such as the Russian Far-East. The choice of modes of privatization has a very special importance for this region, which has been largely dependant on massive subsidies from the State. The growth of the budget deficit in 1991-92, and the worsening of conditions for the financing of public enterprises, will hasten the process of restructuring and destatization. In the face of these difficulties of funding, and the sparseness of private saving, an appeal to foreign enterprise and capital will be required. The creation of free zones is intended precisely to attract such capital and to encourage an economic upswing in the Russian Far-East. The region may have certain trump cards, but the task still proves difficult, taking account of geo-political and economic conditions, and the legacy of the past.
Dans le cadre de la transformation socio-économique et politique de la Russie, la prise en compte de la spécificité du développement d'une région comme celle de l'Extrême-Orient semble indispensable, tant sur le plan national qu'international. Le choix des modes de privatisation a une importance toute,, particulière pour cette région qui a largement dépendu de subventions massives de l'État. L'accroissement du déficit budgétaire en 1991-1992 et l'aggravation des conditions de financement des entreprises publiques vont y accélérer le processus de restructuration et de désétatisation. Face à ces difficultés de financement et à la faiblesse de l'épargne populaire, un appel aux entrepreneurs et capitaux étrangers sera nécessaire. La création de zones franches a précisément pour but d'attirer ces capitaux et de contribuer à l'essor de l'Extrême-Orient russe. Mais si la région a certains atouts, la tâche s'avère difficile compte tenu des conditions géopolitiques et économiques et du legs du passé.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 31
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Barbara Despiney Zochowska
L'Extrême-Orient russe à l'heure de la transition
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°1. pp. 69-80.
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Despiney Zochowska Barbara. L'Extrême-Orient russe à l'heure de la transition. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest.
Volume 24, 1993, N°1. pp. 69-80.
doi : 10.3406/receo.1993.2598
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1993_num_24_1_2598Abstract
The Russian Far-East in its time of transition.
In connection with the political and socio-economic changes occurring in Russia, space must be found
for an account of the specific nature of developments taking place, in the national as well as the
international context, in a region such as the Russian Far-East. The choice of modes of privatization has
a very special importance for this region, which has been largely dependant on massive subsidies from
the State. The growth of the budget deficit in 1991-92, and the worsening of conditions for the financing
of public enterprises, will hasten the process of restructuring and destatization. In the face of these
difficulties of funding, and the sparseness of private saving, an appeal to foreign enterprise and capital
will be required. The creation of free zones is intended precisely to attract such capital and to encourage
an economic upswing in the Russian Far-East. The region may have certain trump cards, but the task
still proves difficult, taking account of geo-political and economic conditions, and the legacy of the past.
Résumé
Dans le cadre de la transformation socio-économique et politique de la Russie, la prise en compte de la
spécificité du développement d'une région comme celle de l'Extrême-Orient semble indispensable, tant
sur le plan national qu'international. Le choix des modes de privatisation a une importance toute,,
particulière pour cette région qui a largement dépendu de subventions massives de l'État.
L'accroissement du déficit budgétaire en 1991-1992 et l'aggravation des conditions de financement des
entreprises publiques vont y accélérer le processus de restructuration et de désétatisation. Face à ces
difficultés de financement et à la faiblesse de l'épargne populaire, un appel aux entrepreneurs et
capitaux étrangers sera nécessaire. La création de zones franches a précisément pour but d'attirer ces et de contribuer à l'essor de l'Extrême-Orient russe. Mais si la région a certains atouts, la tâche
s'avère difficile compte tenu des conditions géopolitiques et économiques et du legs du passé.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1993, 1 (mars)
pp. 69-80 - Barbara A. DESPINEY ZOCHOWSKA
L'Extrême-Orient russe
à l'heure de la transition
Barbara A. DESPINEY ZOCHOWSKA*
INTRODUCTION
L'Extrême-Orient russe couvre une superficie de 6,2 millions de km2, soit
36,4 % de la surface totale de la Russie, et compte 8 d'habitants.
Situé sur les rives de l'océan Arctique et du Pacifique, il jouxte la Chine, le
Japon, les deux Corées et les États-Unis. Cette position géographique donne
à la région une importance toute particulière sur le plan international, à une
époque où la zone du Pacifique joue déjà un rôle majeur dans l'économie
mondiale. La prise en compte de la spécificité de l'Extrême-Orient semble
aussi indispensable sur le plan national au moment de la transformation
socio-économique et politique que traverse la Russie. Concernant la privati
sation, par exemple, le choix de ses modalités a une importance majeure
pour cette région qui a, longtemps, dépendu des subventions massives de
l'État. L'accroissement du déficit budgétaire russe en 1991-1992 et l'aggra
vation des conditions de financement des entreprises publiques vont accélé
rer le processus de restructuration et de désétatisation de l'économie de cette
région1. Face à ces difficultés de financement et à la faiblesse de l'épargne
populaire dans une région où la très grande concentration de la production
exige des investissements massifs, un appel aux entrepreneurs et aux
* Ingénieur d'études à l'IRENISE (Institut de recherche et d'étude sur les nouvelles
institutions et sociétés à l'Est, ex-IMSECO) et enseignante à l'INALCO, Paris. Il s'agit
d'une contribution au projet de recherche « Développement régional et coopération
internationale dans l'Extrême-Orient russe », financé par le Ministère de la recherche et
de l'espace.
1 . J. Sapir, Feu le système soviétique ? Permanences politiques, mirages économiques,
enjeux stratégiques, La Découverte, Paris, 1992, 189 p.
69 Barbara A. Despiney Zochowska
capitaux étrangers est indispensable. La concentration dans les pays limitro
phes (et notamment au Japon) d'importants moyens financiers devrait
donner une chance à ces privatisations.
Avec l'échec de la thérapie de choc, marqué par le départ de l'ancien
Premier ministre russe Egor Gaïdar en décembre 1992, débute la recherche
d'une nouvelle politique économique. Les propos de Boris Eltsine, lors de sa
dernière visite en Chine, sur la « voie chinoise » qui serait mieux adaptée aux
besoins de l'économie russe confirment les thèses sur la recherche désespérée
d'un modèle dans un pays en proie à la décomposition. En ce qui concerne
le chinois, les autorités d'Extrême-Orient semblent partager le point
de vue d'Eltsine2. Aujourd'hui, plus que jamais, force est de constater que
le passage vers une économie du marché exigera des approches nouvelles
tenant compte de la complexité et de la spécificité du développement
socio-économique de ce pays-continent3.
Le rôle de l'Extrême-Orient paraît privilégié pour créer des liens entre
l'Europe et la zone Pacifique, comme le préconise déjà le Comité pour la
survie, créé par le décret de B. Eltsine du 2 mars 19924. Ces liens pourraient
constituer une nouvelle donne dans le système économique mondial, et des
villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg jouer le rôle de villes de transit5.
GÉOGRAPHIE SPATIALE
La région est composée de dix entités administratives : Territoire
maritime ; Territoire de Khabarovsk ; Région de l'Amour ; Région du
Kamtchatka ; Région de Magadan ; de Sakhaline ; aut
onome du Birobidjan ; Région autonome des Tchouktches ; Région des Koriaks ; de Yakoutie (République de Sakha).
2. En effet, l'auteur de l'article a pu s'entretenir à ce sujet avec le vice-gouverneur de
la Région de Khabarovsk, Pavel Minakir, lors d'un voyage en Extrême-Orient, en
septembre 1992.
3. L. Balcerowicz, « Du passage vers l'économie de marché : les pays de l'Europe
centrale et orientale dans une perspective comparée », allocution prononcée le 27 janvier
1993 à l'Université d'Aix-en-Provence à l'occasion de la remise du doctorat honoris causa
à M. Balcerowicz. Voir aussi S. Metais, « La débâcle de l'expérience soviétique. De la
tentative de réformer l'irréformable à la thérapie de choc' », Revue d'Études Comparatives
Est-Ouest, n° 1, 1992, pp. 29-59 et J. Sapir, «Différences économiques, régionales,
transition et politiques de stabilisation en Russie », Revue d'Études Est-
Ouest, n° 1, 1993, pp. 5-55.
4. N.N. Moiseev, Strategija vyzivanija - materialy dlja obsuzdenija (Stratégie pour la
survie - des matériaux pour un débat), Rossijskij otkrytyj Universitet, Moscou, 1992, p. 2.
5. P. Behar, Une géopolitique pour l'Europe. Vers une nouvelle Eurasie ?, Éditions
Désjonquerès, Paris, 1992, 168 p.
70 russe en transition L'Extrême-Orient
C'est la partie méridionale de la région qui est la plus développée du point
de vue démographique et économique. Un espace représentant 7 % de la
superficie totale abrite 59 % de la population (qui compte au total 4,7 mil
lions de personnes), ce qui donne en moyenne 11 habitants au km26. Ici se
trouvent la majeure partie de l'industrie de transformation de la région et un
réseau ferroviaire important. Ces industries et principaux centres de com
munication sont situés à Vladivostok, Nakhodka, Oussouriïsk, Khabar
ovsk, Birobidjan et Blagovechtchensk. Cette partie de l'Extrême-Orient
fournit la majeure partie de la production agricole et la forêt repré