La dangerosité, revue de la littérature anglo-saxonne  ; n°1 ; vol.3, pg 89-104
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Déviance et société - Année 1979 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 89-104
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Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 31
Langue Français
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Extrait

C. Montandon
La dangerosité, revue de la littérature anglo-saxonne
In: Déviance et société. 1979 - Vol. 3 - N°1. pp. 89-104.
Citer ce document / Cite this document :
Montandon C. La dangerosité, revue de la littérature anglo-saxonne. In: Déviance et société. 1979 - Vol. 3 - N°1. pp. 89-104.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1979_num_3_1_1750Déviance et Société, Genève, 1979, vol. 3, No 1, p. 89-104.
Actualités bibliographiques.
REVUE DE LA LITTERATURE LA DANGEROSITE, ANGLO-SAXONNE
C. MONTANDON *
De nombreux débats sur le concept de dangerosite l ont marqué
des rencontres internationales entre psychiatres et juristes, ainsi que des
publications en langue française dans les années 50 2 . Toutefois, ces
derniers temps, les travaux français sur cette question sont devenus plus
rares. Par contre, nous assistons à un renouveau d'intérêt chez les
auteurs Anglo-saxons. La conceptualisation de la dangerosite influen
çant des prises de décision mettant en jeu des libertés individuelles, il
nous a paru important de recenser quelques-unes des publications en
langue anglaise qui se rapportent à la dangerosite, soit directement, soit
indirectement, par le biais d'études sur la violence ou sur les rapports
entre maladie mentale et criminalité.
La définition de la dangerosite
En sciences sociales les concepts théoriques prêtent facilement à la
critique, notamment lorsqu'ils émanent de la langue courante, comme
c'est le cas avec la notion de dangerosite. Certains chercheurs repren
nent les définitions du sens commun, en considérant par exemple que la
déviance ou la dangerosite sont des faits objectivement établis car
socialement définis comme tels. D'autres rejettent ces définitions socia
lement et juridiquement préconstruites et désirent reconstruire leur
objet d'étude 3 .
* Institut de Médecine Légale de l'Université de Genève
89 Plusieurs travaux empiriques partent de l'acceptation de la défini
tion sociale de la dangerosité. Il s'agit de recherches qui, afin d'établir
les caractéristiques de l'individu dangereux, examinent des personnes
incarcérées ou institutionnalisées qui sont considérées déjà comme
dangereuses 4 et reproduisent ainsi la définition sociale de la dangeros
ité.
Ces derniers temps, une série de publications a mis en question de
manière plus ou moins radicale la définition de la dangerosité. Si dans le
fond les arguments utilisés ne sont pas entièrement inédits, la manière
dont les auteurs les utilisent dans une critique épistémologique fonda
mentale est nouvelle 5 . H y eut en premier lieu des critiques concernant
la relativité de la définition de la dangerosité. La définition de ce qui est
dangereux dépend du système normatif et de la structure sociale qui
prévalent dans chaque société. Ainsi, certains individus, ou catégories
d'individus, comme par exemple les malades mentaux, les délinquants
mentalement perturbés, sont considérés comme dangereux, tandis que
d'autres personnes ou groupes qui peuvent également présenter un
danger pour la société, bénéficient d'une attitude libérale, par exemple
les conducteurs ivres 6. On peut se demander pourquoi la loi traite de
manière différente le jeune qui agresse des gens dans la rue et le
dirigeant qui sciemment néglige de faire remplacer des réservoirs défec
tueux dans les avions de sa compagnie 7 .
L'action d'un gouvernement face aux différentes sources de danger
dans une communauté n'est pas en rapport avec l'ampleur du danger.
Elle dépend du pouvoir dont disposent les groupes mis en cause. Ainsi,
nos sociétés occidentales répriment principalement les actes dangereux
d'individus particuliers plutôt que les pratiques sociales qui menacent la
santé, la sécurité et le bien-être des citoyens, comme par exemple
certaines conditions de travail dans des usines, chantiers, ateliers, etc. 8 .
Certains auteurs ont montré une autre facette des problèmes que
soulèvent les essais de définition de la dangerosité. Il y a souvent
confusion entre la dangerosité d'un comportement donné et la danger
osité d'un individu. Le comportement est alors considéré comme le
reflet de la personnalité d'un individu, qui par conséquent est lui-même
jugé dangereux. Pourtant les actes considérés comme dangereux ne sont
pas très fréquents dans une société, se produisent dans des situations
d'interaction et des contextes spécifiques, dépendent souvent de certains
états dans lesquels peut se trouver un individu, et ne sont généralement
pas représentatifs du comportement habituel de cet individu 9 .
De plus en plus, suite aux développement théoriques récents en
psychologie et psychosociologie 1°, à des mises en question de la
pertinence du concept de personnalité 1 1 , plus particulièrement de
celui de personnalité criminelle, et suite à la reconnaissance de l'impor-
90 des facteurs contextuels dans l'évaluation d'un comportement * 2 , tance
de nombreux auteurs ont mis l'accent sur le fait qu'on ne peut faire
dépendre la définition de la dangerosité des caractéristiques d'un
individu mais qu'il faut tenir compte des situations dans lesquelles il se
trouve 1 3. La dangerosité, terme "dangereux" 1 4 n'est pas une disposition
établie chez un individu, comme le fait d'être daltonien ou gaucher.
Cependant, quelques auteurs, tout en étant critiques, ont essayé
d'élaborer des définitions à des fins pratiques * 5 . Ainsi Scott a suggéré de
définir la dangerosité comme "la tendance imprévisible et intraitable à
infliger ou à risquer d'infliger des actes dommageables ou destructifs ou
à induire des tiers à de tels actes. La dangerosité peut, bien entendu,
être dirigée vers soi-même" 1 6 . Scott tient compte des dommages
physiques et non pas psychologiques, car il craint qu'il soit trop difficile
et aléatoire d'établir une distinction entre un dommage psychologique
infligé et une vulnérabilité idiosyncratique préexistante.
Le rapport d'une commission anglaise sur les délinquants menta
lement perturbés retient en revanche dans sa définition de la danger
osité la propension de causer un préjudice physique grave ou un tort
psychologique durable * 7 .
Aux Etats-Unis, il y a eu également un effort pour préciser la
phraséologie vague qui se réfère au "danger pour soi ou pour les
autres". Dans une déclaration qui fait jurisprudence, la Cour Suprême
du New Jersey a affirmé : "le comportement dangereux n'est pas
identique au comportement criminel. La conduite dangereuse implique
non seulement la violation des normes sociales qui sont imposées par
des sanctions pénales, mais un dommage physique ou psychologique
grave à des personnes ou une destruction substantielle de propriété. Les
personnes ne devraient pas être incarcérées indéfiniment parce qu'elles
présentent simplement des risques d'un futur comportement social
ement indésirable" 1 8 .
Il convient également de mentionner que l'Organisation Mondiale
de la Santé a lancé une recherche internationale en vue de déterminer
les différentes conceptions et évaluations de la dangerosité à travers le
monde l 9 .
Les psychiatres sont le plus souvent consultés pour définir, éva
luer, prévoir les comportements dangereux. Certains pensent qu'ils sont
le mieux placés pour cette tâche. D'autres, toutefois, expriment des
réticences. Les problèmes que soulèvent la définition et l'évaluation de
la dangerosité par les psychiatres peuvent être regroupés sous forme de
trois arguments qui serviront de ligne conductrice dans la suite de ce
survol bibliographique :
A)Donner aux psychiatres qui s'occupent par définition des maladies et
des désordres du psychisme le rôle de définir la dangerosité renforce
91 erronée d'une association préférentielle entre maladie mentale l'idée
et dangerosité.
B) Demander aux psychiatres de prédire la dangerosité, c'est ignorer des
problèmes méthodologiques insurmontables dans l'état actuel de la
psychiatrie.
C) Demander aux psychia

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