La mémoire des Grands Boulevards du XIXe siècle - article ; n°134 ; vol.36, pg 79-90
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Description

Romantisme - Année 2006 - Volume 36 - Numéro 134 - Pages 79-90
This article analyzes the social representations that have structured the dominant historical discourses on the nineteenth-century Grands Boulevards. Two versions of the Boulevards history have taken hold in popular memory. The first, established in memoirs during the second half of the nineteenth century, held that the life of •the Boulevard” was most brilliant and prestigious back in the times of the •Dandys”, Balzac, and the café Tortoni •somewhere between the 1820s and 1860s. The memoirists disagreed about which decades were best, but they agreed that the era of glory was followed by many years of decline •from an elitist and xenophobic point of view •culminating in the most lamentable decadence around the turnof-the-century. This historical emplotment persisted in writings about the Boulevard until the years after the Second World War, when a new bright depiction of the era around 1900 emerged along with a new period label ••la Belle Époque”. Swept along by that appealing interpretation, popular historians after 1945 created and propagated the memory of a new golden age for the Grands Boulevards, portraying them as still lively and fashionable right up to the Grande Guerre.
Cet article analyse les représentations sociales qui ont structuré les discours historiques dominants sur les Grands Boulevards du XIX e siècle. Deux versions de l’histoire des Boulevards ont investi la mémoire populaire. La première, établie par les mémorialistes de la seconde moitié du XIX e siècle, soutenait que la vie du «Boulevard» avait atteint son zénith à l’époque des «dandys», de Balzac et du café Tortoni, soit entre les années 1820 et les années 1860. Si les auteurs ont pu diverger au sujet de la décennie la plus emblématique de l’apogée, ils s’accordaient en revanche pour souligner que cette heure de gloire avait été suivie d’une longue phase de déclin conduisant au «tournant du siècle», époque considérée •selon une vision élitiste et xénophobe •comme celle de la plus déplorable décadence du Boulevard. Ce modèle de mise en intrigue a persisté dans les écrits sur le Boulevard jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand une nouvelle image positive des années 1900 a émergé, en même temps qu’a été définie la nouvelle période historique qualifiée de «Belle Époque». Après 1945, convaincus par cette interprétation séduisante, les historiens populaires ont créé et diffusé la mémoire d’un nouvel âge d’or pour les Grands Boulevards, les décrivant comme des espaces restés animés et à la mode jusqu’au déclenchement de la Grande Guerre.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles REARICK
La mémoire des Grands e Boulevards duXIXsiècle
LAMÉMOIREDELAVANT-GUERRE,VERS1928
À la fin des années 1920, lorsqu’un cinéma parisien entreprit de projeter des films réalisés avant la Grande Guerre, les spectateurs s’esclaffèrent: les «manches à gigot, les faux-culs, les robes longues traînant par terre, […] les redingotes et les hauts-de-forme brillants », alors passés de mode, leur paraissaient, en effet, ridicules. « Ils nous semblent aujourd’hui incroyables », s’exclamait en 1928 le journaliste anglais Sisley Huddleston dans ses mémoires parisiennes. Les boulever-sements avaient été si brutaux que l’avant-guerre était devenue un 1 monde étrange et surprenant, un passé lointain et révolu . Si la mode pouvait provoquer l’amusement, d’autres aspects de cette époque incitaient plutôt à la mélancolie. Nombreux étaient les disparus qui hantaient encore le souvenir de ceux qui avaient vécu ce passé irrémé-diablement englouti. De fait, les mémorialistes de la fin des années 1920 se sont peu attardés sur l’un des aspects les plus tragiques de cette période : la disparition de quelque 1,4 million de Français morts pendant la Pre-mière Guerre mondiale. Ces auteurs ont préféré souligner à quel point la vie à Paris avait changé en l’espace de quelques années. Avant la guerre, se souvient Huddleston, les boulevards constituaient une succession d’espaces publics florissants, très prisés par l’élite parisienne. Les flâneurs en hauts-de-forme et les femmes habillées à la mode arpentaient les trottoirs et musardaient dans les cafés, le long de la chaussée où affluaient les
1. Sisley Huddleston,Paris Salons, Cafés, Studios,Philadelphie, 1928, p. 17.
o Romantisme n 134 (20064)
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