La musique des Aymara sur les hauts plateaux boliviens - article ; n°1 ; vol.48, pg 5-133
137 pages
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1959 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 5-133
129 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Extrait

Raoul d'Harcourt
Marguerite d'Harcourt
La musique des Aymara sur les hauts plateaux boliviens
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 48, 1959. pp. 5-133.
Citer ce document / Cite this document :
d'Harcourt Raoul, d'Harcourt Marguerite. La musique des Aymara sur les hauts plateaux boliviens. In: Journal de la Société des
Américanistes. Tome 48, 1959. pp. 5-133.
doi : 10.3406/jsa.1959.1189
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1959_num_48_1_1189:
LA MUSIQUE DES AYMARA
SUR LES
HAUTS PLATEAUX BOLIVIENS
par Marguerite et Raoul d'HARCOURT.
D'après les enregistrements sonores de Louis Girault..
{Planches I à VII.)
INTRODUCTION
Depuis les recherches qui nous ont permis de publier notre ouvrage La
musique des Incas et ses survivances *, quarante ans se sont écoulés au cours
desquels le grand développement des voies de communication dans les pays
andins (il n'y avait pas une seule route carrossable au Pérou en 1914) et les
nouveaux moyens de transport, automobiles et avions, ont donné' aux civi
lisations extérieures la possibilité de pénétrer dans les contrées montagneuses
les plus préservées. Devant cet envahissement, que restait-il dé l'intéressant
folklore musical indien sur lequel personne ne s'était penché sérieusement
avant nos séjours et nos cueillettes de 1913, mais surtout de ±919- après la
fin de la première grande guerre ? C'est une question que nous nous étions
souvent posée. Au moment où nous parcourions la sierra anďihe, munis
d'un pauvre petit appareil Edison aux cylindres rares et fragiles, les indiens
chantaient leurs harawi, chants d'amour, jouaient de la kena en-; solitaires,
pour leur propre plaisir, ou, en groupe, soufflaient dans leurs syrinx afin
d'animer la danse. Qu'était devenu aujourd'hui cet art populaire à l'abri
jusque-là de l'influence occidentale, si nous en exceptons l'apport espagnol
déjà ancien, musicalement digéré et ayant fait naître une musique spéciale,
métissée, originale et savoureuse ? L'avion déverse au Cuzco son. contingent
hebdomadaire de touristes étrangers, le lama timide a fui devant les véhi
cules à moteur ; le phonographe et la T. S. F. ont envahi les haciendas et
remplacé les airs indiens ou espagnols qu'on redisait le soir à la veillée. Et
1. Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1925. :
6 SOCIETE DES AMERICANISTES
les faciles enregistrements pris récemment par quelques voyageurs trop pres
sés qui, eux, possédaient des appareils perfectionnés, nous faisaient craindre
l'effacement de l'élément indigène en faveur d'une musique affreusement
mélangée.
Nos craintes, par bonheur, n'étaient qu'en partie fondées. Le répertoire
des groupements de musiciens indiens s'abâtardit chaque jour un peu plus,
il est vrai, mais il contient encore beaucoup d'airs appartenant au folklore
préhispanique. Nous le montrerons en confrontant nos observations et nos
notations, anciennes à celles qui ont été prises récemment dans de bonnes
conditions.
Il y a quelques années, nous recevions à Paris la visite de M. Louis Gi-
rault qui nous contait son désir d'aller en Bolivie pour y travailler l'ethno
graphie et y recueillir du folklore. Nous l'avions beaucoup poussé, puisqu'il
possédait un magnétophone, à s'efforcer de fixer la musique indigène enten
due loin des lieux pollués et à nous communiquer ses enregistrements. Après
avoir surmonté des obstacles de nature financière, M. Girault, qui a beaucoup
de volonté et de foi dans ses recherches, parvint à gagner La Paz et à pour
suivre dans l'Altiplano les travaux dont il nous avait entretenus. Puis il revint
en France (il est déjà reparti là-bas), les poches bourrées de notes prises sur
place dans ses déplacements et muni de nombreux rubans magnétiques
musicaux, enregistrés surtout au cours des fêtes et des cérémonies dont les
Aymara multipliaient les occasions dans leurs villages et jusque dans la
capitale du, pays. Ses investigations ont porté sur l'ensemble du département
de La Paz et une partie du département d'Oruro, c'est-à-dire dans la zone
des Indiens; Aymara qui, sur la carte de Bolivie, fait une large tache entourée
presque entièrement par la zone où les Indiens parlent le kechua (voir la
carte p. 7).;
Le nombre des enregistrements rapportés par M. Girault s'élève à 250
environ. Ils. ont été déposés à la Phonothèque Nationale à Paris et portent
chacun un numéro d'ordre. Une fiche précise les accompagne ; elle indique
le lieu, la date, le nom des exécutants et les conditions de l'enregistrement.
Nous les avons tous écoutés avec attention ; nous les avons analysés et en
avons transcrit les thèmes quand nous les trouvions dignes d'être fixés sur
le papier. On pourra lire dans ces pages une centaine d'entre eux. Ceux que
nous avons éliminés, l'ont été pour l'une des trois raisons suivantes :
— parce qu'ils relèvent de la musique occidentale;
—sont semblables ou très proches de ceux que nous avons
retenus ;
— ou qu'ils ont été exécutés d'une manière trop incorrecte, du fait des
instruments ou des exécutants (voire des deux) pour mériter une transcrip
tion.
M. Girault n'est pas musicien, mais c'est un observateur attentif et d'ail
leurs ses rubans magnétiques parlent pour lui. Tels de bons clichés photo- '
.
SAAVEDRA
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Viacha '■-._
• Ingavi INQUISIVI INGAV
Colquencha"\ LOAYZA 'Comanche Santiago
Caquiaviri de Machaca Ayo-Ayo '••.
•Corocoro
• Umala
• Sicasica
AROMA PACAJES
• Caracollo *
CERCADO
|. (Dpt. de Oruro)
■ Oruro
CARANGAS
(Dpt. de Oruro)
ECHELLE О 50 Km.
Service de Muséologie du Musée de l'Homme.
Carte n° i. — Carte partielle de la Bolivie. ô SOCIETE DES AMER1CANISTES
graphiques ils sont forcément exacts. A nous de discerner ce qu'ils contiennent
encore de musique traditionnelle. Autrefois nos recherches personnelles n'a
vaient guère dépassé les rives péruviennes du lac Titicaca ; celles de M. Gi-
rault les prolongent vers le Sud-Est. Bien que Kechua et Aymara parlent
une langue différente, leurs mœurs, leur folklore ont des points communs
très nombreux. N'oublions pas que ce sont des peuples voisins, soumis, l'un
comme l'autre, à la loi de l'Inca. Il en est résulté une grande uniformisation.
Cela rend licite les rapprochements fréquents que nous serons appelés à faire
entre la musique indienne du Pérou et celle de la Bolivie.
Un musicologue, folklorique eminent, se plaisait à dire : il n'y a pas de
musique américaine. Comprenez par là : il n'y a pas en Amérique de musique
émanant d'Indiens qui ait des caractères communs, propres et reconnais-
sablés. Il se trompait.
Devant l'immensité du Nouveau Monde et les degrés de culture extrême
ment différents de ses habitants, on ne peut d'un mot stigmatiser la musique
indienne. Constatons d'abord que, dans des régions aussi importantes que
l'Est des Etats-Unis, les Antilles, la côte du Brésil et l'Argentine jusqu'à la
Terre de Feu, l'Indien n'existe pour ainsi dire plus qu'à l'état de souvenir ;
mais au temps où il y vivait, il n'a jamais dû atteindre un niveau culturel
dans lequel la musique ait suivi en fait certains canons, appliqués sinon
reconnus. Il en est de même aujourd'hui en Amazonie 1. Si le folklór musical
de Cuba et du Brésil offre de nos jours un réel intérêt, il le doit à un apport
africain se greffant sur un fond espagnol ou portugais. Notre jugement ne peut
donc plus porter que sur la partie ouest du Continent américain. Et cette
zone immense, elle-même, a vu évoluer des civilisations fort éloignées les
unes des autres. Au Nord-Ouest, les tribus indiennes que l'on s'est plu à
appeler les Peaux-Rouges, refoulées dans les Réserves, mais non inquiétées
sur ce

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