La nature et la genèse des instincts, d après Weissmann - article ; n°1 ; vol.13, pg 230-244
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La nature et la genèse des instincts, d'après Weissmann - article ; n°1 ; vol.13, pg 230-244

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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 230-244
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 15
Langue Français
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Extrait

Étienne Maigre
La nature et la genèse des instincts, d'après Weissmann
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 230-244.
Citer ce document / Cite this document :
Maigre Étienne. La nature et la genèse des instincts, d'après Weissmann. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 230-244.
doi : 10.3406/psy.1906.1298
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1298XIV
LA NATURE ET LA GENÈSE DES INSTINCTS
d'après Weissmann.
Weissmann constate que nous réagissons de trois manières,
par les réflexes, les instincts, et les « actes de pleine conscience ».
Les même malgré nos efforts, s'exécutent sur un
mode invariable que la nature de l'excitation peut seule déter
miner; ils dépendent donc d'un mécanisme préétabli. Rare
ment un seul muscle y est mis en jeu; en général nous en
rencontrons plusieurs associés dans un même réflexe. Et cons
tater cela c'est trouver la transition par où l'on arrive aux
instincts, lesquels se présentent comme des séries de combi
naisons motrices, déclenchées de même par une impression sur
les sens. Il en est toutefois de fort complexes. On peut alors
concevoir que le terme d'une première action soit l'excitant
spécifique de la seconde; l'exécution de celle-ci déterminerait
à son tour la troisième, et ainsi de suite, d'un bout à l'autre de
cette chaîne de mouvements où chacun se trouve subordonné
à celui qui le précède. Et cette vue des choses peut paraître
exacte et prouvée par quelques expériences, comme celle que
Darwin a résumée dans Y Origine des espèces au début du cha
pitre sur les instincts, et où une chenille fut étudiée d'une façon
précise par Pierre Huber '.
Elle se construit, en s'y prenant à plusieurs fois, un cocon
très compliqué. Si l'on enlève, par exemple, une chenille après
la sixième période de son travail pour la placer dans un cocon
édifié seulement jusqu'à la troisième, elle ne montre aucun
embarras et recommence, à partir de ce point. Mais si on la
prend arrivée à la troisième période, et si le cocon dans lequel
on la place en est à la neuvième, loin de sentir l'avantage
qu'on lui procure elle semble ne plus pouvoir se décider. Elle
se meut, au hasard semble-t-il, et rencontre enfin l'échafau-
1. Mém. Soc. Phys. de Genève, t. VU, p. 154. MAIGRE. — LA NATURE ET LA GENÈSE DES INSTINCTS 231
dage qui correspond à la troisième période, celle-là même où
elle a été interrompue. Le phénomène sensoriel nécessaire pour
qu'elle agisse s'est alors produit et a déterminé le départ du
mécanisme : la chenille se met à l'œuvre pour tout reconst
ruire comme si on l'avait replacée sur son cocon. — Une
expérience de Fabre vient encore à l'appui de cette manière
de définir l'instinct : — Un sphex, après avoir creusé un sou
terrain pour sa larve, s'envole et trouve une proie qu'il apporte
paralysée. On sait qu'avant d'introduire sa victime dans l'exca
vation qu'il vient de faire, cet insecte y entre seul. Pendant son
absence, Fabre eut l'idée d'éloigner la proie quelque peu. Le
sphex sortit, la retrouva bientôt et revint à l'orifice. Mais le
terme d'une action étant le stimulus nécessaire de la suivante,
il ne put s'empêcher de vérifier à nouveau l'état du souterrain.
— Et cette manœuvre fut répétée quarante fois. Pour en finir,
lorsque Fabre eut enlevé définitivement la proie, l'insecte,
au lieu d'en chercher une nouvelle, se mit en devoir de boucher
l'entrée : il était encore déterminé à cela d'une façon invin
cible, car c'est ainsi qu'il fait toutes les fois qu'il cesse d'aper
cevoir sa victime en sortant '.
Enfin viennent les actes de pleine conscience, fonctions
directes de la volonté. Ils sont liés aux mouvements instinctifs
de deux manières : ne voit-on pas la volonté imposer aux
instincts quelquefois son contrôle, et inversement, des séries
d'actes d'abord volontaires rendues automatiques et en
quelque sorte instinctives par l'effet de nombreuses répéti
tions. Dans le sud de l'Europe, par exemple, il n'est pas
rare qu'un enfant prenne encore le sein au cours de sa
deuxième année; il sait alors exactement ce qu'il veut, son
action est toute consciente; — au contraire, le nouveau-né
cherche d'instinct avec sa bouche et accomplit d'une manière
automatique les mouvements de la succion. D'autre part, on
observe chaque jour des faits de la seconde catégorie, ceux
d'abord où les ne sont plus tous volontaires mais
où une seule décision peut amener des actes complexes,
ensuite ceux où l'impulsion individuelle est elle-même absente
et le déroulement des actes successifs simplement mis en train
par un stimulus extérieur adéquat. Et l'on peut citer ici l'exé
cution d'un morceau de musique même difficile, accompli
sans faute, d'une manière inconsciente, alors que celui qui
1. Annales des Sciences naturelles, 4e série, t. VI, p. 148. ^-'"•'HT-^'*- "^
232 MÉMOIRES ORIGINAUX
le joue donne à ses pensées un tout autre cours; et encore, les
cas de marche d'individus endormis que l'on a constatés chez
des enfants, des soldats fatigués, et chez les somnambules. Dans
ces exemples, l'excitation est transmise au groupe convenable
de muscles aussi infailliblement que dans le cas des instincts.
Pour Weissmann, en effet, le plus grand nombre des actions
instinctives, même complexes, s'exécute avec ce degré
d'inconscience; l'animal n'a pas de motifs pour ce qu'il est
en train de faire, et son acte, purement mécanique, adapté à
une tin qu'il ignore du reste, n'est que la réponse de ses con
nexions nerveuses héréditaires à une impression sensible bien
déterminée. — Cette conception demande qu'on la justifie;
avant tout il faudra montrer qu'elle est nécessaire; Weissmann
ensuite essayera de nous faire connaître les facteurs qui pro
duisent et dominent de telles actions. Son œuvre et ses idées,
bien entendu, sont d'un naturaliste, et le problème à résoudre
devait se formuler de la manière suivante dans son esprit : —
par quelles causes les phénomènes de l'instinct se présentent-
ils de nos jours sous la forme d'un déterminisme aussi rigide?
Et la réponse qu'il a faite, il l'a exprimée nettement. Elle est
exclusive : d'après lui, pour comprendre le principe sinon le
détail de ces séries d'actes ajustés, nous n'avons qu'une res
source, la sélection naturelle. Seule la sélection peut donner
l'intelligence de l'origine de certains instincts — ce qui, d'après
Weissmann, nous oblige à considérer tous les autres comme
résultant du même processus. Ici donc l'hypothèse de
Lamarck doit être rejetée, car il est « illogique » d'introduire
un nouvel agent, dont rien ne prouve l'influence, lorsque celui
dont on a vérifié l'action réelle suffit à tout. Telle est la thèse
de Weissmann. — Mais la nature est-elle toujours si logique?
n'y a-t-il point de facteurs qui se superposent sans absolue
nécessité?
Quoiqu'il en soit, nous aurons à considérer avec l'auteur de
la Théorie de l'Évolution deux séries de preuves, c'est-à-dire
de faits : l'une pour indiquer le caractère des actes instinctifs et
l'autre dans le but d'établir le principe de leur genèse; un même
cas pouvant d'ailleurs valoir pour ces deux fins. — Chacun des
exemples cités par le professeur de Fribourg est significatif
et digne de retenir l'attention des psychologues; nous ne pou
vons ici transcrire que quelques-uns d'entre eux, des plus
courts et des plus simples ; nous le ferons dans l'ordre que
Weissmann lui-même a adopté. — LA NATURE ET LA GENÈSE DES INSTINCTS 233 MAIGRE.
1° En ce qui concerne l'impulsion à fuir, tout au moins chez
les animaux inférieurs, la conscience du but à atteindre ne
saurait être invoquée. Avec le papillon, par exemple, l'acte
peut se produire et se produit dès la sortie de l'état de
nymphe. Une mouche, un p

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