Le calcul des probabilités en psychologie - article ; n°1 ; vol.2, pg 466-500
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Description

L'année psychologique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 466-500
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1895
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Victor Henri
Le calcul des probabilités en psychologie
In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 466-500.
Citer ce document / Cite this document :
Henri Victor. Le calcul des probabilités en psychologie. In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 466-500.
doi : 10.3406/psy.1895.1542
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1895_num_2_1_1542CALCUL DES PROBABILITÉS EN PSYCHOLOGIE LE
« Tous les événements, ceux mêmes qui par leur petitesse
semblent ne pas tenir aux grandes lois de la nature, en sont
une suite aussi nécessaire que les révolutions du soleil. Dans
l'ignorance des liens qui les unissent au système entier de
l'univers, on les a fait dépendre des causes finales, ou du hasard
suivant qu'ils arrivaient et se succédaient avec régularité, ou
sans ordre apparent ; mais ces causes imaginaires ont été suc
cessivement reculées avec les bornes de nos connaissances, et
disparaissent entièrement devant la saine philosophie qui ne
voit en elles que l'expression de l'ignorance où nous sommes
des véritables causes. >
Laplace.
On ne peut pas faire un pas dans la psychologie expériment
ale sans avoir recours aux principes du calcul des probabilités
et cependant il existe peu de psychologues qui aient porté leur
attention sur les hypothèses qu'on doit faire en appliquant tel
principe spécial ; on s'est le plus souvent contenté de mention
ner qu'on suppose la loi des erreurs de Gauss applicable aux
processus psychiques ; quant aux cas où on se servait d'autres
principes plus simples comme le théorème des probabilités
composées ou la recherche de la probabilité des causes, en
général on l'a fait sans prononcer un mot sur les conventions
qu'on doit admettre pour justifier l'emploi de ces principes.
Donnons quelques exemples.
On pose sur le bout de l'index des poids de grandeurs diff
érentes en commençant d'abord par des assez faibles pour
qu'ils ne soient pas perçus, et en les augmentant petit à petit
jusqu'à ce que l'on arrive à un poids qui provoque une sensa
tion à peine perceptible ; on marque ce poids limite et on V. HENRr. — PROBABILITÉS EN PSYCHOLOGIE 467
recommence l'expérience de la même manière ; le poids limite
dans ce deuxième essai ne sera pas tout à fait égal au premier ;
on répète vingt fois et on obtient vingt valeurs pour le poids
limite ; quelle est celLe qu'il faudra choisir pour représenter la
sensibilité à la pression du bout de l'index étudiée dans les
conditions précédentes? On prend, en général, la moyenne
arithmétique entre les vingt valeurs ; mais pourquoi ? On pourr
ait, ce semble, tout aussi bien prendre la moyenne géométrique
ou la racine carrée de la moyenne de la somme des carrés des
vingt valeurs ; y a-t-il quelque raison qui fait préférer l'une des
moyennes aux autres?
On veut étudier les associations médiates, c'est-à-dire celles
qui se produisent par l'intermédiaire d'un terme commun
inconscient ; on montre au sujet une série de cinq mots ayant
des signes géométriques au-dessus, puis cinq syllabes
les mêmes signes géométriques, mais dans un ordre différent;
ceci fait, on montre un mot sans signe et le sujet doit associer
à ce mot l'une des cinq syllabes de la deuxième série ; on
marque le nombre total d'expériences et le nombre de celles
où la syllabe associée avait au-dessus d'elle le même signe
géométrique que le mot montré; quel doit être au moins le
nombre de ces « coïncidences » pour qu'on puisse les attribuer
à l'existence d'associations médiates et non au simple hasard ?
Quelques auteurs ont calculé ce nombre, mais ils ont oublié de
signaler certaines hypothèses importantes qu'on doit faire en
appliquant le calcul des probabilités.
C'est une vérité vieille comme le monde que les observations
répétées valent plus qu'une observation unique, tout le monde
se sert de cette vérité et dans la vie journalière et dans les.
sciences, mais il y a là un point intéressant dont on s'est rare
ment occupé en psychologie, c'est de savoir s'il n'existe pas
pour le nombre des observations une limite à partir de laquelle
on ne pourra plus tirer profit de nouvelles observations. Je donne
un exemple : on veut étudier si les « points froids » de la peau,
touchés par une pointe en bois, donnent lieu à des sensations de
froid ; on choisit dix points froids sur la peau et on les touche
chacun vingt fois à différentes reprises avec la pointe en bois ;
si pour tous les deux cents contacts ainsi produits le sujet a eu
une sensation de froid, faudra-t-il se contenter de ces expé
riences ou bien y aura-t-il quelque profit à refaire les expériences
encore deux cents fois ? Sous une forme générale le problème
à envisager est le suivant : on veut étudier un certain processus REVUES GÉNÉRALES 468
psychique, on se dit d'avance qu'on sera satisfait par tel degré
d'approximation; pourra-t-on dire avant d'avoir fait des expé
riences le nombre minimum nécessaire pour arriver à une con
clusion satisfaisante ? La question a son importance pratique ;
souvent on voit des recherches expérimentales entreprises avec
un plan fixé d'avance dans lequel le nombre d'expériences à
faire est indiqué ; nous nous rappelons un Américain qui étu
diait la sensibilité à la douleur des différentes personnes ; il
avait voyagé dans toute l'Europe, s'arrêtant dans chaque ville
autant de jours qu'il lui fallait pour faire tant de milliers d'ex
périences sur les habitants; interrogé sur les résultats obtenus,
il répondit qu'il n'avait pas encore étudié les résultats, quoiqu'il
eût déjà rassemblé plus de trente mille expériences.
Un dernier exemple nous montrera encore mieux jusqu'à
quel point les différentes méthodes « psychophysiques » dépen
dent de l'application du calcul des probabilités :
On produit deux bruits À et B d'intensité un peu différente,
on veut étudier quelle doit être la différence minimum entre les
deux bruits pour qu'on perçoive encore cette différence. Le
sujet ayant entendu les deux bruits doit indiquer lequel des
deux lui paraît plus intense ou s'ils lui paraissent égaux; cette
indication donnée, on recommence l'expérience avec les mêmes
bruits, le sujet fait connaître de nouveau son observation et
ainsi de suite jusqu'à ce que l'on ait fait cent expériences ; il y
aura en définitive un certain nombre de cas où le sujet aura
perçu B comme plus intense que A, soit 65 ce nombre ; dans
d'autres cas il aura perçu B égal à A, soit 20 ce nombre, et enfin
dans 15 cas B lui aura semblé être plus faible que A; peut-on
déduire de ees chiffres l'intensité que doit avoir un bruit B' pour
que, comparé au bruit A dans les conditions précédentes, il
donne lieu à 50 réponses « plus fort » et 50 « plus faible »? La
différence A — B' mesurerait par définition le » seuil de diff
érence » ; il est certain que si l'on ne fait aucune hypothèse la
solution est impossible ; on admet que les variations dans les
réponses du sujet pendant une série d'expériences sont dues à
des causes accidentelles et que les erreurs qui en résultent sont
comparables à des erreurs d'observation et suivent par consé
quent la loi des erreurs de Gauss, c'est-à-dire qu'elles sont dis
tribuées d'une certaine manière bien déterminée autour de la
moyenne ; cette hypothèse faite, le problème devient dès lors
un simple exercice de calcul mathématique ; mais quelles sont
les conditions nécessaires et suffisantes pour que la loi de Gauss -t.«' -.-/'S 'fi t.
V. HENRI.. — PROBABILITÉS EN PSYCHOLOGIE 469
soit applyj^Table ? Ces conditions sont-elles remplies pour les
processus psychiques ?
— Nous sommes loin d'avoir épuisé tous les cas différents où
le calcul des probabilités trouve son application en psychologie,
nous donnerons plus loin d'autres exemples ; passons donc
après ces préliminaires au sujet même de cette étude ; nous
essaierons d'exposer les points les plus importants

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