Le paysage aux époques historiques : un document archéologique - article ; n°3 ; vol.55, pg 555-582
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Description

Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 2000 - Volume 55 - Numéro 3 - Pages 555-582
Le paysage aux époques historiques : un document archéologique (P. Leveau). Depuis une vingtaine d'années, l'approche archéologique du paysage aux époques historiques s'est considérablement diversifiée. Trois étapes sont distinguées. En France, elle a ď abord été pratiquée par des historiens pour la recherche des cadastres fossiles datant de la période antique. L'identification de centuriations permettait d'écrire une histoire de l'appropriation du sol par Rome. Pratiquées d'abord dans un objectif patrimonial, les prospections archéologiques ont pris une importance croissante ; les grandes opérations d'archéologie préventive qui se sont développées ces dernières années ont permis de multiplier les sondages et de réaliser le décapage de grandes surfaces. Une troisième étape a été marquée par l'intégration de l'archéologie environnementale. Celle-ci fait appel aux géomorphologues pour l'étude des modelés du paysage et des paléobotanistes pour l'histoire de la végétation naturelle et cultivée. L'histoire des paysages dans la vallée des Baux est présentée comme exemple.
The landscape as an archaeological document. During the last twenty years there has been a expansion in landscape-archaeological approaches to the study of historic periods. Three stages of development can be identified. In France, the landscape approach was first used by historians looking for roman field systems. The identification of centuriated landscapes allowed them to write a history of the appropriation of land by Rome. Initially designed as site-listing exercices, field-surveys took on ever increasing importance. The large preventative archaeological projects that have taken place more recently have allowed to increase the number of both, sondages and open-area excavations. The third stage was marked by the integration of environmental archaeology. This included collaboration with geomorpholo gists for the study of landforms, and palaeobotanists for the study of the history of both natural, and cultivated, vegetation. The history of the landscape in the Vallée des Baux is presented as an example.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Leveau
Le paysage aux époques historiques : un document
archéologique
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 55e année, N. 3, 2000. pp. 555-582.
Résumé
Le paysage aux époques historiques : un document archéologique (P. Leveau).
Depuis une vingtaine d'années, l'approche archéologique du paysage aux époques historiques s'est considérablement
diversifiée. Trois étapes sont distinguées. En France, elle a ď abord été pratiquée par des historiens pour la recherche des
cadastres fossiles datant de la période antique. L'identification de centuriations permettait d'écrire une histoire de l'appropriation
du sol par Rome. Pratiquées d'abord dans un objectif patrimonial, les prospections archéologiques ont pris une importance
croissante ; les grandes opérations d'archéologie préventive qui se sont développées ces dernières années ont permis de
multiplier les sondages et de réaliser le décapage de grandes surfaces. Une troisième étape a été marquée par l'intégration de
l'archéologie environnementale. Celle-ci fait appel aux géomorphologues pour l'étude des modelés du paysage et des
paléobotanistes pour l'histoire de la végétation naturelle et cultivée. L'histoire des paysages dans la vallée des Baux est
présentée comme exemple.
Abstract
The landscape as an archaeological document.
During the last twenty years there has been a expansion in landscape-archaeological approaches to the study of historic periods.
Three stages of development can be identified. In France, the landscape approach was first used by historians looking for roman
field systems. The identification of centuriated landscapes allowed them to write a history of the appropriation of land by Rome.
Initially designed as site-listing exercices, field-surveys took on ever increasing importance. The large preventative archaeological
projects that have taken place more recently have allowed to increase the number of both, sondages and open-area excavations.
The third stage was marked by the integration of environmental archaeology. This included collaboration with geomorphologists
for the study of landforms, and palaeobotanists for the study of the history of both natural, and cultivated, vegetation. The history
of the landscape in the Vallée des Baux is presented as an example.
Citer ce document / Cite this document :
Leveau Philippe. Le paysage aux époques historiques : un document archéologique. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales.
55e année, N. 3, 2000. pp. 555-582.
doi : 10.3406/ahess.2000.279864
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_2000_num_55_3_279864PAYSAGE AUX EPOQUES HISTORIQUES LE
Un document archéologique
Philippe Leveau
En 1982, sous le titre « Le document : éléments critiques », les Annales
consacraient un numéro spécial à l'histoire ancienne1. Dans « La production
du document », l'occupation des sols était abordée sous deux aspects :
G. Chouquer, M. Clavel-Lévêque et F. Favory traitaient de l'organisation
des surfaces par la centuriation romaine. A. -M. Snoodgrass présentait l'iden
tification et la localisation de sites par la prospection archéologique. D'une
manière générale, malgré quelques remarques montrant une certaine distance
par rapport à l'optimisme de la décennie précédente, le premier était
marqué par une grande confiance dans l'approche morphologique et morphom
étrique que l'équipe de Besançon perfectionnait et illustrait par ses tra
vaux, alors que le statut de la prospection apparaissait moins affirmé dans
le second qui en reconnaissait les limites.
Une vingtaine d'années plus tard, les choses ont profondément changé.
L'évolution de la recherche sur les cadastres a conduit à un rapprochement
général entre archéo-morphologues et « archéologues de terrain », fouilleurs
ou prospecteurs, tandis que s'imposaient deux nouvelles manières d'aborder
l'occupation du sol. La première, qui concerne plutôt la production du
document, étend aux périodes historiques l'approche paléo-environnement
ale pratiquée depuis longtemps par les pré- et protohistoriens. La seconde
porte plutôt sur l'interprétation des données de prospection et fait appel
aux méthodes de l'analyse spatiale. Tandis qu'à Besançon, M. Clavel-
Lévêque poursuivait la recherche sur les cadastres romains et entreprenait
la publication d'un corpus des textes gromatiques et d'un Atlas historique,
G. Chouquer et F. Favory accordaient une place de plus en plus importante
1. « Le document : éléments critiques », Annales ESC, 5-6, 1982. G. Chouquer, M. Clavel-
Lévêque et F. Favory, « Cadastres, occupation du sol et paysages agraires antiques », pp. 847-
882 ; A. -M. Snoodgrass, « La prospection archéologique en Grèce et dans le monde méditerra
néen », pp. 800-812.
555
Annales HSS, mai-juin 2000, n° 3, pp. 555-582. L'HISTOIRE FACE A L'ARCHEOLOGIE
à la prospection et aux études du milieu. Le premier rejoignait l'équipe de
Tours, organisatrice en 1982 du colloque sur la prospection archéologique,
qui, en France, a donné son statut à cette discipline. Ce nouveau courant
est à l'origine de plusieurs rencontres qui, à Valbonne et à Orléans, ont
assuré le dialogue entre archéologues et environnementalistes.
La recomposition des axes de recherche qui en résulte a les apparences
du désordre. Les uns abordent le paysage par ses dynamiques naturelles
qui sont à l'origine des modelés du relief, du couvert végétal et des compos
antes de la vie animale ; les autres, à partir des sociales qui
président à la répartition de l'habitat, à l'organisation des réseaux viaires
et à la disposition des champs. Leurs échelles de temps sont irréductibles.
La promesse de ce désordre2 est une intégration de la réflexion archéologique
aux débats sur l'environnement. Pour comprendre et prévoir l'évolution des
environnements, le naturaliste a besoin de situer la place des phénomènes
anthropiques. Pour proposer des aménagements « acceptables », la géogra
phie humaine, qui est devenue « spatialiste3 », et les sciences sociales
ont besoin de connaître les héritages sur lesquels appuyer les démarches
prospectives. Prévision pour un « développement durable » et analyses
rétroactives s'exercent sur ces paysages où l'archéologue recherche le
moyen de « saisir les phénomènes culturels à travers les phénomènes natu
rels4 ». À partir de recherches récentes ou en cours, on tentera de montrer
comment et pourquoi, partis des recherches sur les cadastres, les archéo
logues ont rejoint naturalistes et géographes spatialistes dans une
approche pluridisciplinaire.
Le paysage, des cadastres aux formes
À l'origine, l'archéologie des paysages ruraux portait sur un traitement
des surfaces agraires particulier à la domination romaine (les cadastres
centuries) afin d'en caractériser l'action (la romanisation du paysage) et de
participer à une reconstruction événementielle de la conquête romaine.
Entreprise d'un point de vue strictement historique, elle évolua vers la
reconnaissance de l'autonomie des systèmes spatiaux (les formes du pay
sage) par rapport aux systèmes sociaux et aux causalités historiques.
Dans les années 1980, si la prospection archéologique était encore peu
pratiquée et mal reconnue en France, en revanche la recherche sur les
cadastres antiques connaissait un grand succès chez les historiens qui exploi
taient une caractéristique fondamentale de la relation à la terre des sociétés
2. Ce mot est emprunté au titre d'un cahier de la revue Espace Temps, Histoire/géographie,
2, Les promesses du désordre, 68/69/70, 1998.
3. Le terme « spatialiste » est utilisé ici pour caractériser une orientation actuelle de la
géographie humaine, sans référence au débat sur l'autonomie des phénomènes spatiaux par
rapport aux phénomènes sociaux.
4. R. Ginouvès, « L'archéologie et l'homme », Le grand atlas de l'archéologie, Paris,
Encyclopaedia Universalis, 1985, pp. 11-19.
556 P. LEVEAU LE PAYSAGE
de l'Antiquité grecque d'abord, puis romaine. Le fait est assez connu pour
être rappelé de manière simple. L'organisation rationnelle de la cité

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