Le vignoble de la « Tierra de Medina » aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°3 ; vol.12, pg 403-417
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1957 - Volume 12 - Numéro 3 - Pages 403-417
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Huetz de Lemps
Le vignoble de la « Tierra de Medina » aux XVIIe et XVIIIe
siècles
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 403-417.
Citer ce document / Cite this document :
Huetz de Lemps A. Le vignoble de la « Tierra de Medina » aux XVIIe et XVIIIe siècles. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 403-417.
doi : 10.3406/ahess.1957.2654
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1957_num_12_3_2654ESSAIS
LE VIGNOBLE DE LA « TIERRA DE MEDINA »
AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
Au Sud-Ouest de la province de Valladolid, autour des bourgs de
Rueda et La Seca, s'étend un petit vignoble comme il y en a
beaucoup en Espagne. Sous les maisons des villages, un réseau complexe
de galeries et de caves conduit à d'antiques barriques de chêne où reposent
des vins vieux, gardés jalousement par quelques connaisseurs. Deux ou
trois industriels préparent les caisses de bouteilles qui prendront le che
min des villes du Nord, du Pays Basque à la Galice. Une belle coopérative
groupe de petits viticulteurs qui veulent lutter contre des frais sans cesse
croissants. Dans une fonda, des ouvriers agricoles se plaignent devant leur
platée de pois chiches, de la rareté de l'embauche. Sur le pas d'une porte,
un artisan, dernier spécialiste d'un métier autrefois florissant, prépare
des outres pour le transport du vin vers le village d'Iscar... Tous parlent
de la décadence du vignoble ; beaucoup déclarent qu'il fut jadis célèbre,
sans pouvoir dire quand et pourquoi. Nous avons alors interrogé les
Archives : bien qu'il ne soit pas possible de retracer, dans le cadre de
cet article, toute l'évolution du vignoble de cette partie Sud-Ouest de la
province de Valladolid, nous voudrions simplement montrer qu'aux
xvne et xviiie siècles le vignoble de la « Tierra de Medina » était l'un des
grands vignobles de l'Espagne, tant par la qualité de ses vins que par soil
importance commerciale dans le Nord du pays.
Le « Cadastre » du marquis de la Ensenada
Nous avons pour le milieu du xvine siècle une documentation d'une valeur
inestimable qui nous permet de faire un tableau de la vie économique de
l'Espagne à cette époque. Le marquis de la Ensenada, ministre des Fi
nances de Ferdinand VI, fit effectuer à partir de 1750 une enquête détaillée
dans toutes les villes et villages du royaume de Castille en vue de l'établi
ssement d'un nouvel impôt, la única contribución. Chaque paysan eut à
fournir un état de son exploitation et de ses ressources, et à l'échelon du
403 ANNALES
village, les notabilités locales durent répondre à un questionnaire général
de 34 paragraphes. Les réponses individuelles sont généralement conser
vées dans les Delegaciones de Hacienda des grandes villes ou aux Archives
Provinciales. Les Respuestas Générales des villages sont conservées aux
Archives du château de Simancas (Valladolid) 1.
Ces réponses générales sont parfois imprécises. C'est souvent le cas
dans les provinces de Burgos ou de Leon. Dans la province de Valladolid,
au contraire, presque tous les villages ont fourni des indications qui nous
ont permis d'élaborer le tableau ci-dessous et la carte ci-jointe. Nous
sommes servi surtout des réponses aux questions n° 9 (mesures de superf
icie utilisées dans le village), n° 10 (extension des différentes cultures),
n° 12 (rendement moyen établi sur une moyenne quinquennale), n° 14
(prix de vente du vin), mais des indications fort utiles ont été glanées dans
les autres réponses, en particulier dans les n08 29 et 32.
Pour l'utilisation des chiffres que nous avons ainsi recueillis et leur
comparaison avec ceux de 1951, il était d'abord nécessaire de regrouper
les villages selon les limites administratives d'aujourd'hui : au xvine siècle,
certaines communes étaient rattachées aux provinces d'Avila (Fuente el
Sol, Lomoviejo), de Ségovie (Castrejon, Iscar et même Alaejos), de Того
(San Roman de la Hornija). De plus, certains villages ont disparu depuis
le xvine siècle, d'autres ne sont plus que des hameaux, annexés actuell
ement à des villages voisins. Nous les avons identifiés et regroupés suivant
les limites administratives données par le Servico de Propiedades y
Contribución Territorial 2.
Nous avons ensuite converti les chiffres donnés dans les réponses en
chiffres correspondant aux mesures actuelles. Il a fallu transformer les
obradas ou aranzadas d'extension variable en hectares, calculer le rende
ment de chaque qualité de vigne, donner l'équivalent des cantaras en
litres. Bien entendu, les chiffres que nous avons ainsi obtenus ne doivent
pas être utilisés sans réserve. Ce sont des évaluations, faites plus ou moins
rapidement par le maire, le Conseil municipal ou d'autres notabilités
locales. Elles ne correspondent jamais aux chiffres obtenus en addition
nant les déclarations données par chaque paysan dans sa réponse indivi
duelle. Mais l'ordre de grandeur reste valable, et la vigne étant une culture
de valeur, donc fortement imposée, il est probable que les chiffres fournis
sont inférieurs à l'extension réelle du vignoble à l'époque.
1. A. Matilla Tascon, La Vnica Contribution yel Catastro de la Ensenada,
Madrid, 1947, 602 p.
2. Nous tenons à remercier don Ricardo Magdaleno, Directeur des Archives de
Simancas, les Archivistes du Château et les fonctionnaires du Servicio de Propiedades
y Contribución Territorial du Ministerio de Hacienda de Madrid.
404 LA TIERRA DE MEDINA
L'importance du vignoble au xviii6 siècle.
La comparaison des deux cartes du vignoble en 1751 et 1951 montre
immédiatement que les surfaces plantées en vignes de la Tierra de Medina
étaient beaucoup plus importantes au xvine siècle qu'aujourd'hui ;
les 16 communes (términos municipales) de la grande zone viticole du
xvine siècle consacraient près de 24 000 hectares à la vigne. Aujourd'hui,
celle-ci couvre moins de 8 100 ha dans la même région. De plus, la zone viti
cole se réduit maintenant au territoire de quelques villages, Rueda, La
Seca, Matapozuelos \ c'est-à-dire à la partie N.E. du vignoble du
xviii6 siècle. La région de Medina del Campo-Alaejos n'a aujourd'hui
presque plus de vigne. Pour les 6 términos de Alaejos, El Campillo, Cas-
trejon, Medina del Campo, Nueva Villa de las Torres et Villaverde de
Medina, le total se réduit en 1951 à 815 ha contre plus de 10 000 au
xvine siècle. Seule La Seca a autant de vignes qu'au xvine siècle ;
Rueda a perdu 1 790 ha, Nava del Rey 368.
L'importance du vignoble de la Tierra de Medina est confirmée par
tous les récits de voyageurs du xvine siècle et du début du xixe. L'abbé
Vayrac (1719), Ponz (1771), Laborde (1807), Sprunglin (1808), Twiss
(1810), tous notent la richesse viticole de cette région a. Ponz, par exemple,
remarque qu'en allant de Tordesillas à Medina del Campo, on avance
continuellement dans une plaine qui est à peu près entièrement couverte
de vignes, comme le sont aussi les terres des villages voisins, d'où le vin
est exporté dans les Asturies, à la « Montana » et également en Biscaye.
Mais ce vignoble, dont le Cadastre de la Ensenada nous permet de
préciser l'importance, et dont tous les anciens auteurs notent la prospér
ité au xvme siècle, est un vignoble déjà ancien et doit son développe
ment à un passé lointain. Un texte de 1540 déclare que, puisque Medina
del Campo et sa région récoltent beaucoup de vin, et du très bon, il est
interdit d'en introduire d'autres régions : cette décision fut prise par les
rois Catholiques, ce qui provoqua la plantation de nombreuses vignes au
début du xvie siècle 3. Or Medina del Campo était alors le plus grand centre
commercial de la Castille. Ses foires célèbres attiraient seigneurs et com
merçants, et la bourgeoisie de Medina del Campo a développé pendant
1. Voir pour la physionomie actuelle du vignoble, l'importante note de Jean
Sermet : « Le vignoble de la Seca en Vieille Castille », Annales de Géographie, 1953,
p. 229.
2. Abbé de Vayrac, Etat présent de V Espagne, Amsterdam, 1791, 3 vol. (t. I,
p. 289). — Antonio Ponz, Viaje de Espaňa, Madrid, 1772-1794 (t. XII, v, par. 37). —
Alexandre de Laborde, Itinéraire descriptif de V Espagne..., Paris, 1807 (t. II, p

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