Les finances de guerre d Alexandre le Grand - article ; n°3 ; vol.1, pg 321-334
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Description

Annales d'histoire économique et sociale - Année 1929 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 321-334
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Andréadès
Les finances de guerre d'Alexandre le Grand
In: Annales d'histoire économique et sociale. 1e année, N. 3, 1929. pp. 321-334.
Citer ce document / Cite this document :
Andréadès A. Les finances de guerre d'Alexandre le Grand. In: Annales d'histoire économique et sociale. 1e année, N. 3, 1929.
pp. 321-334.
doi : 10.3406/ahess.1929.1088
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1929_num_1_3_1088tt> 3. 15 Juillet 1929.
ANNALES
D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE
ET SOCIALE
LES D'ALEXANDRE FINANCES DE LE GRAND GUERRE
I. — Remarques préliminaires
On s'accorde à le reconnaître, peu de guerres ont eu des consé
quences plus considérables que celle qui aboutit, par la destruction de
l'empire perse, à l'hellénisation de l'Orient antique1. D'autre part,
ainsi que Plutarque2 l'a déjà relevé, les exploits d'Alexandre sont
plus étonnants encore du point de vue financier que du point de vue
militaire, car c'est par ce côté surtout que la supériorité de Darius
paraissait écrasante. Il disposait de trésors inépuisables, alors que
son jeune rival, quand il traversa PHellespont, n'avait dans sa cas
sette que 70 talents : 420 000 fr. or3.
On s'étonne en conséquence qu'aucune étude spéciale n'ait été
consacrée aux deux questions que voici : quelles dépenses entraîna
cette campagne extraordinaire ? Au moyen de quelles ressources le fils
de Philippe y fit-il face? On s'en étonne d'autant plus qu'Alexandre
est, on peut le dire, redevenu à la mode, qu'il a suscité un nombre con
sidérable d'ouvrages remarquables* et que, pour la première fois
1. Sans elle l'évolution de la civilisation gréco-romaine et du christianisme aurait
sans doute été différente.
2. Plutarque, De la fortune ď Alexandre, I, 5.
3. Pour avoir la puissance d'achat actuelle, on multiplie généralement par cinq. Ces
70 talents vaudraient donc aujourd'hui deux millions de francs or environ. Mais ces
calculs sont éminemment conjecturaux ; au cours de cette étude, nous ne nous y livre
rons pas.
4. On en trouvera une bibliographie complète dans trois ouvrages, qui sont eux-
mêmes la preuve la plus tangible de l'importance que la science moderne accorde à
Alexandre et à son œuvre: Helmut Berve, Dos Alexanderreichauf prosopographischer
Grundlage. Munich, 1926, 2 vol. ; le sixième volume de la Cambridge Ancient history.
Cambridge, 1927, particulièrement les chapitres XII-XV dus à W. W. Tarn ; enfin
P. Jouguet, L'impérialisme macédonien et Vhellénisation de FOrient. Paris, 1926.
ANN. D'HISTOIRE. — 1™ ANNÉE. 21 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 322
peut-être depuis sa mort, il a rencontré des écrivains qui se sont occu
pés des questions administratives et même économiques se rattachant
à son règne1.
A la réflexion, la lacune, qu'a d'ailleurs comblée en partie l'admi
rable ouvrage de Berve2, n'a rien qui doive surprendre. La responsab
ilité en retombe tout entière sur les historiens anciens. Ceux-ci,
même les plus grands, s'intéressaient peu aux questions financières3.
Si on a pu écrire d'excellents ouvrages sur les finances des Athéniens,
c'est uniquement grâce aux renseignements que fournissent les pro
cès, les comédies et surtout les inscriptions*. Mais autour d'Alexandre
nous n'avons ni grands orateurs ni Aristophanes, et les inscriptions
sont rares. On est donc réduit aux historiens, tous d'époque posté
rieure 5 et dont les informations clairsemées présentent généralement
un caractère anecdotique. Certes on peut coordonner ces indications
en les inscrivant dans les cadres financiers des autres guerres de l'anti
quité grecque ; le tableau demeurera néanmoins des plus vagues, et
des plus incomplets. A vrai dire dans les pages qui suivront, il sera
moins question de ce que nous savons que de ce que nous ignorons.
Naturellement il faut distinguer les dépenses des recettes et abor
der le sujet par l'étude des premières. Mais auparavant il n'est pas
superflu de rappeler quelques dates.
***
Alexandre, né en 356, monta sur le trône à 20 ans, donc en 336. Il
trouva la campagne contre les Perses déjà décidée, mais avant de
l'entreprendre, il dut assurer ses derrières, prendre des mesures contre
les villes grecques récalcitrantes et soumettre les Barbares voisins, en
un mot se rendre maître de la péninsule balkanique, du Péloponèse au
Danube6. Cela demanda deux ans. Au printemps 334, le jeune roi,
généralissime des Hellènes (c'était alors son titre officiel), franchissait
1. Voir notamment A. Baumbach, Kleinasien unter Alexander dem Grossen, thèse.
Iéna,1911 ; P. Julien, Zitr Verwaltungder Satrapienunter dem
Leipzig, 1914 ; Ulrich Wilcken, Alexander und die hellenistische Wirtschaft dans les
Jahrbucher de Schmoller, XLV, 1921, p. 2 et suiv.
2. Ony trouve, outre les pages 302-305 consacrées aux caisses de guerre, une infinité
d'autres renseignements (par exemple les pages 193-196 sur la solde, etc.).
3. Voir Foucart, Etude sur Didymos. Paris, 1909 et A. Andréadès, 'lazopix tfj;
'EXXrjvixíjs Дтщоасас Oîxovojiiaç. Athènes, 1928, t. I, p. 465. Toutes les fois que nous
renverrons à ce dernier ouvrage, nous l'indiquerons simplement sous le nom de
l'auteur. *
4. C'est sur ces dernières qu'est principalement fondé un ouvrage consacré, en fait
aux finances de guerre du ve siècle, Le trésor d'Athènes d'EuGÈNE Gavaignac. Paris,
1909.
5. On en trouvera la liste dans l'excellent et récent ouvrage de Mr Pierre Roussel,
La Grèce et l'Orient, des guerres médiques à la conquête romaine. Paris, 1928, p. 340.
6. Voir V. Parvan, La pénétration hellénique et hellénistique dans la vallée du Danube
dans Bulletin de la section historique de Г Académie roumaine. Bucarest, 1923, t. X. LES FINANCES DE GUERRE D'ALEXANDRE 323
Г Hellespont. Il rencontrait bientôt sur le Granique la première grande
armée ennemie. Il la taillait littéralement en pièces, mais, pour des
raisons sur lesquelles je reviendrai, il consacrait de longs mois à con
quérir le littoral et l'intérieur de l'Asie Mineure. C'est seulement à
l'automne de l'année suivante que, marchant sur la Syrie, il rencont
ra, à Issus, une seconde armée perse commandée cette fois par
Darius en personne. Grande bataille, grande victoire. Mais, une fois de
plus, au lieu de poursuivre les fuyards, Alexandre dut s'assurer les
côtes ; d'où sièges sanglants de Tyr et de Gaza, conquête sans coup
férir de l'Egypte, et perte de deux années. L'adversaire les mit à prof
it pour constituer une troisième armée, plus formidable que les
précédentes ; à l'automne 331, elle fut anéantie à Arbèles. Cette fois,
Alexandre tira de la victoire des fruits décisifs : toutes les capitales
de la Perse tombèrent l'une après l'autre dans ses mains. En juillet
330, Darius était assassiné par son lieutenant Bessus.
Il semblait que la guerre fût terminée ; elle entrait dans une nou
velle phase, plus longue que la première. Alexandre se lance à la con
quête des provinces au Nord et à l'Est de la Perse proprement dite ; il
pénètre, à travers des régions sauvages et mal connues, jusqu'au delà
de ce qui est aujourd'hui Samarcande. En 327 — deux ans plus tard
— il bifurque vers le Sud-Est et entreprend sa légendaire cam
pagne de l'Inde. Deux ans plus tard encore, ses soldats se lassent
de vaincre. 11 les ramène à travers les déserts de la Gédrosie et de
la Karmanie. Des privations inouïes en font périr les trois quarts.
Dans l'hiver de 325-324, dix années après avoir franchi Г Hellespont,
il rentre à Suse. L'épopée est achevée : Alexandre meurt, au prin
temps de 323, sans avoir pu la renouveler, comme il en avait l'inten
tion, parla conquête de l'Arabie et, peut-être, de l'empire de Carthage.
La campagne est séparée en deux phases par la mort de Darius.
La coupure est très nette à tous égards. A partir de 330, le conquérant
ne se pose plus en généralissime des Grecs, mais en roi des rois ; c'est
à ce titre qu'il envahit l'Inde : elle avait appartenu un moment aux
Perses. L'armée qu'il commande alors est bien différente

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