Les manuscrits du «Regimiento de Principes» et l «Amadís» - article ; n°1 ; vol.5, pg 207-222
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1969 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 207-222
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 24
Langue Français
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Extrait

Mme Sylvia Roubaud
Les manuscrits du «Regimiento de Principes» et l'«Amadís»
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 5, 1969. pp. 207-222.
Citer ce document / Cite this document :
Roubaud Sylvia. Les manuscrits du «Regimiento de Principes» et l'«Amadís». In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 5,
1969. pp. 207-222.
doi : 10.3406/casa.1969.997
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1969_num_5_1_997>
LES MANUSCRITS DU «REGIMIENTO DE PRINCIPES»
ET L'«AMADIS»
Par Sylvia ROUBAUD
Membre de la Section Scientifique
Peu d'érudits se sont penchés jusqu'à ce jour sur le Regimiento de
Principes, version castillane d'un célèbre traité latin, écrit dans le dernier
quart du XIIIe siècle par Gilles de Rome et destiné, ainsi que l'indique
son titre, à l'éducation du prince 1. L'influence du De Regimine Prin-
cipum, non seulement en France où il fit l'objet, dès sa parution, de nomb
reuses traductions 2, mais dans le reste de l'Europe médiévale 8 et en
particulier dans la péninsule ibérique, n'est cependant pas négligeable:
le Canciller Ayala en recommande la lecture dans son Rimado 4; le fils
du roi Joâo I en aurait fait l'adaptation portugaise 6; le Marquis de Santilla-
na en possédait quatre exemplaires dans sa bibliothèque 6. Et on n'igno-
1 En l'occurrence, comme en témoignent les premiers mots de la dédicace («... domini
Philippi, régis Francorum, primogenito Philippo...») à l'héritier de Philippe le
Hardi, le futur Philippe le Bel qui monta sur le trône en 1285; c'est donc avant
cette date que fut achevé l'ouvrage rédigé à son intention. Sur la vie et l'œuvre de
Gilles de Rome (Egidio Colonna) et sur la place qu'y tient le De Regimine Prin-
cipum, on consultera avec fruit l'article de F. Lajard in Hist. Lilt, de la France,
t. XXX, p. 421 et suiv. (en part. p. 517-539); voir aussi P. N. Mattioli, Studio
critico sopra E. Romano, dans Antologia agostiniana, I, Roma, 1896 et G. Boffitto,
Saggio di bibliografia egidiana, dans La Bibliofilia, années X et XI.
2 F. Maillard, Les traductions du «De Regimine Principum» de Gilles de Rome, in
École des Chartes, Position des Thèses, 1947, p. 93-96, cite, outre la traduction
d'Henri de Gauchy en 1282, une demi-douzaine d'adaptations françaises échelonnées
de 1330 à 1450.
3 Hors de France, la première traduction vit le jour en Italie dès 1288; un ms. de
l'Escorial, daté du XVe siècle, conserve également une traduction catalane du
carmélite Arnau Stanyol, qui fit l'objet d'une première édition barcelonaise en 1480
et d'une réimpression en 1498.
4 Strophe 625-626, B. A. E., LVII, p. 444: «Quai regimiento deven los principes te-
ner / Es escripto en los libros que solemos leer; / Egidio el Romano, omne de grant
saber, / In regimine principum lo fue bien componer. / Non euro de escrevirlo pues
y lo fallarâs, / Mejor que lo dirfa, ally tu lo veras: / Nobles ensennamientos, que
plaser tomarâs, / Por ende de desirlo, escusado me avéras.»
6 Elle fut éditée à Venise en 1502. Voir Ciudad de Dios, t. 87 (année 1911), p. 195-200.
6 Mario Schiff, La bibliothèque du Marquis de Santillana, Bibl. de l'École des Hautes
Études, n° 153, Paris, 1905, p. 209-211, indique qu'il s'agit de la traduction fran- 208 SYLVIA ROUBAUD
re pas que plus d'un ouvrage éducatif de don Juan Manuel a hérité,
soit en puisant directement à la source latine, soit, plus probablement,
en empruntant à ses imitations castillanes, de bon nombre de préceptes
énoncés par le brillant disciple de Saint Thomas 1.
L'attrait exercé sur les esprits médiévaux par les «Sommes» en tout
genre explique aisément une telle vogue ainsi que le rôle de modèle ou
de réservoir de maximes joué par l'œuvre égidienne pendant plus de deux
siècles. Aussi méthodique dans sa charpente qu'exhaustive dans son con
tenu — et conforme en cela à la tradition thomiste — elle épuise en effet
sa matière selon une division tripartite, qui traite successivement de la
formation du futur chef d'État, de sa conduite domestique et du gouver
nement de ses sujets. Sous le couvert de ces trois rubriques — «morale
économie, politique», selon la terminologie de l'époque — envisagées
du double point de vue de la théorie et de la pratique, il n'est pas de détail
auquel le De Regimine, dédaigne de toucher, qu'il s'agisse des tâches les
plus propres à occuper les jeunes filles ou des rites à observer à la table des
princes, ni de question capitale, fondements religieux de la hiérarchie
sociale, problèmes de droit international, définition philosophique et
théologique du Souverain Bien, à laquelle il n'apporte de réponse.
Ce n'est cependant que vers 1345, près d'un siècle après qu'il fût
passé, sous sa forme latine ou française, au rang de manuel classique
de la pédagogie aristocratique, que l'entourage du futur Pedro el Cruel 2
porta son choix sur lui pour le faire servir à l'«ensenamiento del muy no
ble infante» et en confia la traduction à un moine du nom de Juan Garcia
de Castrogeriz, sur lequel les manuscrits (lorsqu'ils le nomment, ce qui
n'est pas toujours le cas) sont bien avares de renseignements biographi
ques 3. Quant à l'édition, princeps et unique, de cette adaptation, elle sortit
çaise d'Henri de Gauchy, de la version catalane d'Arnau Stanyol, du Regimiento
castillan (manuscrit du fonds Osuna qui porte aujourd'hui la cote 10223 à la
Biblioteca Nacional de Madrid) et du texte latin dont il n'a retrouvé que les tables.
Voir l'introduction de S. P. Molenaer à son édition de Li Livres du gouvernement
des Rois, a XIIHh century version of Egidio Colonna's Treatise «De regimine
principum», New York, 1899, qui rappelle que Gilles fut l'élève de saint Thomas
soit en Italie soit à Paris où il acquit par la suite le titre de docteur en Théologie.
Les mss. précisent que le commanditaire du volume fut «don bernabé obispo de
osma»; notons que l'édition du Regimiento commet une erreur sur son nom en
l'appelant «Bernardo», erreur relevée par Foulché-Delbosc (voir Revue Hispanique,
année 1906, p. 358, note 1).
«... e acopiolo frey Johan Garcia de Castro xeris, de la orden de los frayles menores
confessor de la rreyna de Castilla...» dit l'incipit du ms. Escorial k-I-5, l'un de ceux
qui citent son nom. Nicolas Antonio, Vêtus, II, p. 179, et après lui, Amador, ne
font que reprendre les termes de cet incipit. Quant à la date de la version castillane «REGIMIENTO» ET L'«AMADfS» 209 LE
des presses de «Meynardo Ungut e Stanislao polono: compafieros» à
Seville en 1494 1 sous le titre de Regimiento de Principes et il n'en reste que
d'assez rares exemplaires 2.
Textes manuscrits et texte imprimé se réclament, les uns et les autres,
de «Don Fray Gil de Roma de la orden de Sat Agustin» et se présentent
comme des transpositions «de latin en romace» du traité original. Leur
fidélité vis-à-vis de celui-ci n'est toutefois que fort relative, phénomène
qui n'a rien de surprenant pour qui est familiarisé avec les critères, ex
trêmement flexibles, de la traduction au Moyen Age et que les lecteurs,
peu nombreux, du Regimiento ont été unanimes à souligner. Bien plus
déconcertantes sont les divergences d'opinion auxquelles a donné lieu
cette infidélité de la version castillane par rapport au De Regimine.
Amador de los Rios, le premier, à notre connaissance, qui se soit livré à
son analyse et se soit efforcé de lui tailler une place dans le courant de la
littérature didactico-morale du XIVe siècle, à côté d'ouvrages tels que le
Viridario de fray Jacobo de Benavente 3, affirme, en se fondant sur l'am
bitieuse présentation placée par l'auteur en tête du premier chapitre, que
le Regimiento élargit considérablement la portée du latin par la masse de
commentaires qui l'enrichissent et le rénovent 4. Foulché-Delbosc, qui
s'est intéressé moins au contenu du Regimiento en lui-même qu'à sa
ie terminus ad quem en est fixé par l'accession au trône de Pedro el Cruel qui eut
lieu en 1350: le Regimiento fut donc sans doute écrit dans la décennie qui précéda
cet év&

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