Les progrès récents de la psychologie comparée (1906-1911) - article ; n°1 ; vol.18, pg 478-502
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 478-502
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Bohn
Les progrès récents de la psychologie comparée (1906-1911)
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 478-502.
Citer ce document / Cite this document :
Bohn Georges. Les progrès récents de la psychologie comparée (1906-1911). In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 478-
502.
doi : 10.3406/psy.1911.3866
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3866XVIII
LES PROGRÈS RÉCENTS
DE LA PSYCHOLOGIE COMPAREE (1906-1911)
Alfred Binet, esprit si curieux et original, a envisagé succes
sivement les multiples aspects de la psychologie, et a indiqué
bien des points de vue nouveaux. Au début de sa vie scienti
fique, il s'est demandé si les animaux inférieurs ne seraient pas
susceptibles, par leurs diverses manières de se comporter
vis-à-vis du milieu extérieur, de nous révéler quelques-uns des
secrets de l'âme humaine. Binet travaillait alors au laboratoire
d'Embryogénie du Collège de France, sous la direction d'un
Maître eminent, Balbiani. C'était le moment où on commençait
à se passionner pour l'étude des animaux unicellulaires ou
Protozoaires. Binet écrivit, dans la Revue philosophique de
Ribot, des pages tout à fait intéressantes sur la Vie psychique des
microorganismes. Il y utilise entre autres un certain nombre
d'observations communiquées par Maupas, et montre que c'est
le hasard qui préside à la recherche de la nourriture chez les
Infusoires ciliés, et qu'il n'y a pas lieu de faire intervenir,
pour expliquer celle-ci, un facteur psychique. Les Infusoires
accrochent ou absorbent au passage les proies qu'ils peuvent
et non pas celles qu'ils veulent. Parfois on pourrait croire à un
choix de la part de l'animal, mais en réalité ce « choix » est le
résultat, non d'une préférence, d'un goût particulier, mais de
l'organisation spéciale de l'appareil buccal qui ne permet pas
de prendre une autre nourriture. Un fait curieux montre
l'influence très nette des conditions de milieu sur les habitudes
et les mœurs des animaux : Les Infusoires sédentaires, si on
les place dans un milieu pauvre en nourriture, deviennent
aussi vagabonds que les Infusoires chasseurs, et on les voit
zigzaguer dans toutes les directions. A l'époque des premiers
travaux de Binet, on ne parlait pas encore de l'intei?vention
des « états physiologiques » ou états chimiques, Binet est donc — PROGRÈS RÉCENTS DE LA PSYCHOLOGIE COMPARÉE 479 BOHN.
un précurseur en psychologie animale. Il a également exprimé
d'une façon très nette une théorie, qui a eu ensuite son heure
de succès, celle des « essais et erreurs ». Toutefois Binet ne
s'est pas laissé hypnotiser par la ressemblance de certains
mouvements d'Infusoires avec des mouvements de recherche
chez les animaux supérieurs, et, dans la suite, il n'a pas songé
à nier la théorie des tropismes. Dans sa thèse de doctorat es
sciences, Binet a même apporté des faits en faveur de cette
théorie. Il y étudie le système nerveux sous-intestinal chez les
Insectes et les mouvements de manège chez ces animaux; il
indique que certaines altérations unilatérales ou certaines
excitations asymétriques des téguments, des appendices, des
organes des sens, suffisent pour produire des mouvements de
manège. Pour certains auteurs, les mouvements rotatoires
provoqués étaient des mouvements volontaires; cela a été le
mérite de Binet de montrer la fausseté de cette opinion. Les
ganglions cérébroïdes ne commandent pas les mouvements
rotatoires, puisqu'on peut les séparer de la chaîne nerveuse
ventrale sans que ceux-ci cessent de se produire. Les graphiques
indiquent que si l'Insecte marche en cercle, c'est que les pattes
d'un côté ayant un pas plus allongé que les autres
l'entraînent à tourner. Binet a émis l'hypothèse suivante : « La
cause primitive du mouvement de manège consiste dans une
excitation inégale des deux côtés du corps ». Or, c'est là préc
isément le mécanisme des tropismes d'après les auteurs récents
qui appliquent l'analyse physico-chimique à l'étude des
réactions des animaux.
Dans la suite, Binet n'a jamais cessé de s'intéresser aux
problèmes de la psychologie comparée. Il suivait avec beaucoup
d'attention les progrès de la nouvelle science, dont il s'infor
mait souvent auprès de Giard. Une amitié faite d'estime
réciproque unissait ces deux savants, convaincus et désin
téressés. En 1904, Binet me pria de consacrer dans Y Année
psychologique une « Revue annuelle » aux travaux de psychol
ogie animale. Une série de mémoires des plus intéressants
venaient de paraître en Amérique; il s'agissait de les faire
connaître en France et de les livrer à la discussion des biolo
gistes et des philosophes. A Paris, une méthode" nouvelle, la
méthode éthologique, basée sur l'étude des habitats et des
genres de vie des animaux, donnait déjà de grandes promesses.
Il s'agissait de montrer tout ce qu'il était possible d'en tirer. 480 MÉMOIRES ORIGINAUX
C'est ce que je me suis efforcé de faire; la tâche n'était pas
facile, car l'anthropomorphisme, le fînalisme et le verbalisme
régnaient encore en plein. Deux ans après, toutes les Revues
annuelles de l'Année furent supprimées. Binet tint cependant
à ce que la psychologie animale ne disparut pas totalement de
sa revue. Il ne cessait de suivre ses progrès; l'intérêt qu'il
témoignait à la « nouvelle psychologie animale » s'est manif
esté dans le compte rendu, détaillé et si bienveillant, qu'il a
consacré ici même à ma Naissance de V Intelligence. En juillet
dernier, alors qu'il ressentait déjà les premières atteintes du
mal qui l'a enlevé, il me pria de donner pour X Année une
revue des progrès de la psychologie comparée depuis six ans.
Il me faut tenir cette promesse, mais en prenant la plume, je
me sens bien ému, à la pensée des savants prématurément
disparus, dont je viens d'évoquer les noms : Giard, Binet.
Giard, Binet, trouvaient un grand intérêt aux recherches de
psychologie animale. D'autre part, J. Loeb, qui est au premier
rang des physiologistes contemporains, considère que cette
nouvelle science peut apporter un concours des plus précieux
à la biologie générale et à la science de l'évolution. Comment
se fait-il donc qu'en France un certain nombre d'auteurs
réputés se disent « médiocrement enthousiasmés » par les
observations et expériences relatives aux diverses manières
d'être et de réagir des animaux? C'est qu'il y a deux façons
bien différentes de concevoir la psychologie comparée. Beaucoup
de ceux qui la pratiquent ne font simplement que satisfaire
leur « curiosité de collectionneur » ; ils éprouvent un véritable
amusement à constater la variété des faits et gestes des an
imaux; de même les naturalistes d'antan se passionnaient pour
la description des multiples particularités de structure qui
séparent les diverses espèces les unes des autres; ceux-là,
comme ceux-ci, attribuent volontiers plus d'importance aux
parties facilement observables des phénomènes naturels; ils
observent plus particulièrement les manifestations locomot
rices qui sont les plus accessibles. Ceci est en effet sans grand
intérêt et tout à fait insuffisant; trop nombreux sont ceux
qui s'en contentent. Ils ont trouvé un mot de ralliement, le
mot behavior, traduit en français par comportement. Le Dantec
déclare qu' « il était inutile de créer cet affreux néologisme ». BOHN. — PROGRÈS RÉCENTS DE LA PSYCHOLOGIE COMPARÉE 481
Bien qu'en réalité il soit un mot du vieux français, je le trouve
mauvais, surtout parce qu'il est associé à une mauvaise
manière de travailler. En se contentant d'observer les mouve
ments des animaux, on laisse de côté ce qui est essentiel, et on
est conduit à une analyse factice des phénomènes d'ensemble.
Il y a mieux à faire : considérer les actes des animaux comme
les résultantes de phénomènes physico chimique

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