Les réformes économiques indiennes. Éléments de bilan - article ; n°165 ; vol.42, pg 17-31
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Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 165 - Pages 17-31
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Basudeb Chaudhuri
Les réformes économiques indiennes. Éléments de bilan
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°165. La libéralisation économique en Inde: inflexion ou rupture? (sous la direction
de Frédéric Landy). pp. 17-31.
Citer ce document / Cite this document :
Chaudhuri Basudeb. Les réformes économiques indiennes. Éléments de bilan. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°165. La
libéralisation économique en Inde: inflexion ou rupture? (sous la direction de Frédéric Landy). pp. 17-31.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_165_1467LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES
INDIENNES :
ÉLÉMENTS DE BILAN
par Basudeb Chaudhuri1
Les réformes entreprises en 1991 par le gouvernement du Congrès en
Inde organisent la libéralisation de l'économie autour de quatre axes : la
déréglementation industrielle, l'ouverture des entreprises nationales,
l'aménagement du système fiscal et l'assainissement des finances
publiques. Les effets seront positifs sur les taux de croissance, mais la
situation reste très inégale selon les régions. L'article présente les
principaux éléments des réformes engagées et analyse les faiblesses qui
entravent encore l'économie indienne. La mutation en cours semble
marquer une rupture avec le passé, notamment en matière de
régionalisation et de décentralisation, tant politiques qu'économiques,
pouvant conduire à un nouveau modèle de fédéralisme.
À partir d'une crise économique sévère en 1991, un gouvernement
indien minoritaire au Parlement a déclenché des réformes économiques
englobantes qui ont permis à l'Inde d'atteindre des taux de croissance
de plus de 6 % par an pendant presque une décennie (1992-2000). Si
l'on compare la croissance de cette période 1991-2000 avec celle
de 1980-1990 (5,5%) et celle de 1950-1980, quand la croissance
dépassait à peine 3,5 % par an, cette performance, pour un pays de la
taille et de la population de l'Inde, est sans doute impressionnante.
Ces taux de croissance ont été maintenus malgré la crise asiatique, et
Cour la première fois les pays développés, notamment la France et les
États-Unis, ont commencé à considérer l'Inde comme un acteur
économique majeur de l'avenir. La visite du président Clinton en Inde
1. GEMMA-CREME, Université de Caen.
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 165, janvier-mars 2001 18 Basudeb Chaudhuri
en 1999 a été très appréciée par la population, qui se plaignait d'avoir
été trop longtemps ignorée.
La nécessité des réformes était évidente à partir de la fin des
années 1970, et des gouvernements successifs s'y sont essayé, ou ont
du moins affiché leur volonté d'engager des réformes pour améliorer
l'efficacité du fonctionnement de l'économie indienne. Mais les
changements enclenchés étaient lents et timides, et le système politique
indien, avec le parti du Congrès comme clé de voûte du système
pendant presque quarante ans, était considéré comme incapable
d'entreprendre des réformes économiques profondes. L'analyse de ces
blocages, et du système politico-économique de la période jus
qu'à 1991, a été faite par ailleurs1, et nous n'y reviendrons pas ici.
Nous nous contenterons de présenter les principaux éléments des
réformes engagées depuis 1991 et leur effet sur la croissance.
I. LA CRISE DE 1991 ET LE DÉMARRAGE DES RÉFORMES
La guerre du Golfe et l'implosion de l'URSS transforment l'impasse
économique en crise ouverte : la guerre du Golfe provoque une hausse
du prix du pétrole et un ralentissement des transferts financiers des
travailleurs indiens au Moyen-Orient ; la désintégration de l'Union
soviétique fait disparaître, du jour au lendemain, le principal
fournisseur et client de l'Inde. Au printemps 1991, les réserves en
devises ne représentent que deux semaines d'importations et le service
de la dette est mis en danger. Avec de graves déficits fiscaux et un
endettement record, l'Inde était sur le point de faire défaut dans ses
obligations internationales. Les appels du gouvernement pour obtenir
une aide internationale sont refusés par les organisations monétaires
internationales. La seule solution consiste donc à s'engager dans une
réforme radicale de l'économie indienne.
Commençant par deux dévaluations successives en trois mois, le
gouvernement de Narashima Rao adopte un programme d'ajustement
structurel en 1991. Le gouvernement du Congrès était minoritaire au
Parlement et le Premier ministre Narashima Rao, peu connu du grand
public comme à l'étranger, contrairement à ses illustres prédécesseurs
de la famille Nehru-Gandhi, se lance dans un programme ambitieux
de réforme libérale. Ce programme, démarré par Manmohan Singh,
1. Voir Bardhan (1984), Chaudhuri (1992), Rudolph et Rudolph (1987), entre autres. Les réformes économiques indiennes 19
un ancien gouverneur de la Banque centrale de l'Inde et considéré
comme proche de la Banque mondiale et du FMI, a comme objectif
non seulement de réduire les dépenses publiques excessives et de
corriger les erreurs du passé dans la conduite de la politique
économique, mais aussi d'effectuer des réformes structurelles à long
terme pour améliorer l'efficacité de l'appareil productif et approcher
les taux de croissance des pays de l'Asie de l'Est et du Sud-Est par le
biais d'une plus grande ouverture internationale.
Par rapport à d'autres pays qui se sont engagés dans des réformes
structurelles, comme en Amérique latine ou en Europe de l'Est, l'Inde
disposait de quelques atouts importants pour une mise en place rapide
de ce programme. Le taux d'inflation et le ratio dette extérieure/PIB
étaient beaucoup moins que dans les pays d'Amérique
latine, par exemple. Malgré une forte présence de l'État dans tous les
secteurs économiques, il existait un secteur privé puissant, une classe
entrepreneuriale dynamique et une économie de marché, ce qui n'était
pas le cas dans les pays de l'Europe de l'Est. De plus, l'Inde possédait
depuis longtemps un système juridique, législatif et institutionnel ainsi
qu'un secteur financier relativement développés. Toutes ces conditions
étaient favorables à l'adoption d'une réforme économique rapide.
Lors de la préparation du budget en 1991, le gouvernement établit
un diagnostic sévère des principales faiblesses de l'économie indienne :
accroissement des déficits publics, archaïsme d'un système financier
dont le rôle principal est de subvenir aux besoins de l'État,
dégradation de l'équilibre extérieur attribué au dirigisme et au
protectionnisme, manque de compétitivité ainsi engendré. Les quatre
grands axes de la libéralisation de l'économie indienne sont définis :
déréglementation industrielle, ouverture de l'économie, aménagement
du système fiscal, assainissement des finances publiques.
La déréglementation industrielle
L'un des premiers objectifs de la nouvelle politique économique est
le démantèlement du système de réglementation afin de libérer la pro
duction nationale et d'accroître sa productivité. L'élément déterminant
de la libéralisation consiste en la suppression des autorisations préala
bles qui étaient nécessaires sous l'ancien régime (souvent appelé The
Licence-Permit Raj, autrement dit : « Le règne des autorisations »)
pour toute expansion de capacité ou diversification. L'abolition de ce
système aura des conséquences importantes sur le développement du
secteur industriel ainsi que sur la dynamique de la classe entrepreneu- 20 Basudeb Chaudhuri
riale en Inde. Le nombre de produits pour lesquels il fallait obtenir
une autorisation préalable à la production a été réduit de plusieurs
centaines à seulement quinze en 1995-1996.
Pratiquement tous les secteurs économiques importants étaient,
dans le passé, réservés aux entreprises d'État. Fonctionnant dans un
marché protégé et résolument non concurrentiel, ces entreprises n'ont
jamais été compétitives. Les pertes

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