Les rites de circoncision chez les Dogon de Sanga - article ; n°2 ; vol.6, pg 141-161
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1936 - Volume 6 - Numéro 2 - Pages 141-161
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Leiris
André Schaeffner
Les rites de circoncision chez les Dogon de Sanga
In: Journal de la Société des Africanistes. 1936, tome 6 fascicule 2. pp. 141-161.
Citer ce document / Cite this document :
Leiris Michel, Schaeffner André. Les rites de circoncision chez les Dogon de Sanga. In: Journal de la Société des Africanistes.
1936, tome 6 fascicule 2. pp. 141-161.
doi : 10.3406/jafr.1936.1606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1936_num_6_2_1606AtvA
LES RITES DE CIRCONCISION
CHEZ LES DOGON DE SANGA,
PAR
Michel LEIRIS et André SGHAEFFNER.
Les matériaux de la présente étude ont été recueillis par divers obser
vateurs au canton de Sanga, groupe de villages * établis sur le bord
de la falaise de Bandiagara (Soudan français).
Lors du séjour que la mission Dakar-Djibouti (deuxième expédition
Griaule) effectua chez les Dogon, du 29 septembre au 19 novembre 1931,
l'un des signataires de ces lignes, Michel Leiris, fit une première enquête
sur la circoncision à Sanga, ayant pour informateurs :
1°) Le nommé Ambara (village d'Ogol-du-Bas, clan Amtaba), âgé alors
de moins de trente ans, ancien élève de l'école de Sanga (1913-1919?),
circoncis à l'âge de onze ans ;
2°) Le jeune Amadiha (village clan Pamyo), âgé alors
de moins de quatorze ans, élève de l'école, circoncis au dispensaire de
Bandiagara un ou deux ans auparavant mais ayant la connaissance théo
rique du rituel de la circoncision à Sanga.
Puis, lors de la Mission Sahara-Soudan (troisième expédition Griaule),
qui séjourna à Sanga du 3 février au 25 mars 1935, l'enquête fut reprise
en détail par André Schaetîner, qui eut pour informateurs des circoncis
tout récents :
1°) Les jeunes Abara (village d'Ogol-du-Bas, quartier de Dodyu, clan
Sâgabinu) et Binent (village clan Gina), tous deux âgés
d'une quinzaine d'années, anciens élèves de l'école et opérés ensemble
lors de la dernière circoncision (fin 1933 ou début 1934) ;
2°) Le jeune Kene (village de Gogoli), âgé de douze ans, élève de l'école,
qui venait d'être circoncis à Gogoli vers le milieu du mois de janvier 1935.
1. Sanga est une agglomération d'une dizaine de villages comprenant : les deux
Ogol (du Bas et du Haut), Sangi, Engel, Dini, Barku et Barna, qui forment Sanga-
du-IIaut; Dyameni, Bongo et Gogoli, qui forment Sanga-du-Bas. Les plus étendus
de ces villages sont subdivisés en quartiers dont chacun constitue généralement l'ha
bitat d'un clan déterminé.
Société des Africanistes. 10 .
.
142 SOCIÉTÉ DKS AFRICANISTES
Enfin Mlle3 Denise Paulme et Deborah Lifszyc (qui, parties avec la
Mission Sahara-Soudan, demeurèrent à Sanga jusqu'au 13 septembre
1935) effectuèrent un complément d'enquête, interrogeant surtout des
hommes du village d'Ogol-du-Haut et recueillant par ailleurs une ving
taine de chants de circoncision. Nous les remercions ici de nous avoir
communiqué ces documents et d'avoir bien voulu contrôler sur leurs
propres textes les termes et formules indigènes qui figurent dans. le
présent article.
Avant ces diverses enquêtes, la circoncision dogon n'avait été étudiée
que dans ses lignes les plus générales. Citons :
Louis Desplagnes, Le Plateau central nigérien. Paris, 1907, pp. 238-239 :
la circoncision « dans les cantons du Plateau central ».
Robert Arnaud, Notes sur les montagnards Habè des cercles de Bandiagara
et de Hombori. Revue d'ethnographie et des traditions populaires, Paris,
n°8. 1921, p. 243.
William B. Seabrook, Secrets de la jungle (Jungle ways). Traduit par
Suzanne Flour. Paris, 1931, pp. 226-228: développement avant tout litté
raire, auquel on ne saurait accorder qu'une médiocre confiance au point
de vue documentaire.
Signalons d'autre part les enquêtes encore inédites de Marcel Griaule
sur les rites de circoncision à Bandiagara et à Sisongo, — de Michel
Leiris sur les rites d'excision à Sanga, et les renseignements recueillis
par ce dernier sur la circoncision au village de Songo, mentionnés dans :
A[ndré] S[chaeffner], Peintures rupestres de Songo. Minotaure, n° 2
(numéro spécial consacré à la Mission Dakar- Djibouti). Paris, 1933,
pp. 52-53.
Système de notation. — Les signes employés dans le présent travail pour
la transcription des mots dogon en orthographe phonétique sont les signes
indiqués dans les Instructions sommaires pour les collecteurs d'objets ethnogra
phiques (Musée d'Ethnographie et Mission Dakar-Djibouti, Paris,
mai 1931).
Autour de la circoncision — dont le rôle essentiel est d'introduire
le jeune garçon dans le monde des adultes — se groupe un ensemble
de rites qu'on peut répartir schématiquement en quatre phases : prépa
ration, opération, retraite, réintégration.
D'où la division adoptée pour la présentation de nos documents. *
Dans chacune des subdivisions nous avons fait figurer, en note, les
renseignements de Desplagnes et Arnaud susceptibles de compléter sur
certains points nos propres documents. RITES DE CIHCONCISION CHEZ LES DOGON DE SANGA 143 LES
I. — Preparation.
Année. — Dans la région de Sanga, on procède à la circoncision (keïïçne)
tous les trois ou quatre ans, après la récolte du rail et la plantation des
oignons. Il est dama (interdit) de circoncire les garçons la même année
qu'on excise les filles ; on dit que le garçon qui épouserait une fille
opérée l'année de sa circoncision mourrait.
L'opération se fait au village. Ce sont les pères — c'est-à-dire les
anciens du village — qui décident, après avoir consulté les devins -1,
qu'il est temps de procéder à une circoncision. Selon Binem et le petit
Abara (que nous appelions ainsi à cause de l'exiguïté de sa taille, et
pour l'opposer à Ambara Amtaba ou le « grand Ambara »), le père de
chaque enfant en ferait la demande au ogô (chef religieux qui, en ce qui
concerne Sanga, est toujours l'homme le plus vieux des Ogol, quartier '
de Doâyu excepté). ' 1
Age. — L'âge des patients, assez variable, semble correspondre à la
puberté. Le grand Ambara aurait été circoncis à l'âge de 11 ans ; Kèné, . 1
qui subit l'opération âgé de 12 ans, aurait été l'aîné de sa promotion ; ;
enfin le petit Abara et Binem, circoncis tous deux vers leur quatorzième
année, déclarent qu'on procède maintenant à la circoncision lorsque les "
garçons sont sortis de l'école, ce qui laisse à penser que, dans les villages :
les plus touchés par l'influence européenne, l'Age des patients est -j
aujourd'hui plus élevé qu'il ne l'était auparavant. Il ressort par ailleurs -i
' des chiffres théoriques donnés parles divers informateurs que les limites
les plus courantes seraient de 9 à 12 ans, 8 et 20 étant d'autre part les
âges extrêmes qui se trouvent mentionnés dans l'ensemble de leurs
déclarations. j
Les garçons d'un même village circoncis la même année constituent !
une classe d'âge ou tumô. i
i
Avant la circoncision. — L'enfant non encore circoncis est dit tçre bp^o, \
« celui qui a un prépuce ». :
Jusqu'à la veille de l'opération, les futurs circoncis couchent dans leur i
domicile habituel : la maison de leurs parents. Selon Binem et le petit [
Abara, trois semaines (de cinq jours, chaque jour correspondant — en ■
principe — au jour de marché d'une localité) avant l'opération, les ado- \
i. Ambara mentionne comme étant employés dans cette circonstance deux j
modes de divination, qui sont d'ailleurs des plus courants : wanti (divination à \
l'aide de cauris disposés sur un éventail de vannerie) et divination par les yurugu -;
(sorte de chacals, dont ou observe les traces sur des tableaux dessinés sur le sol). " " *
Amadigna mentionne seulement le wanu. • ' \ SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 144
lescents sont . prévenus qu'on va les circoncire. Le jour du marché de
Banani * [banibe) qui précède celui auquel doit avoir lieu l'opération, le
hogon envoie un homme prévenir le circonciseur (kmene gonjne, « celui
qui va à la circoncision » ; euphémis

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