Note sur le style indirect libre (SIL) dans les fables de Krylov - article ; n°3 ; vol.54, pg 437-453
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Note sur le style indirect libre (SIL) dans les fables de Krylov - article ; n°3 ; vol.54, pg 437-453

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Description

Revue des études slaves - Année 1982 - Volume 54 - Numéro 3 - Pages 437-453
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Veyrenc
Note sur le style indirect libre (SIL) dans les fables de Krylov
In: Revue des études slaves, Tome 54, fascicule 3, 1982. pp. 437-453.
Citer ce document / Cite this document :
Veyrenc Jacques. Note sur le style indirect libre (SIL) dans les fables de Krylov. In: Revue des études slaves, Tome 54,
fascicule 3, 1982. pp. 437-453.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1982_num_54_3_5244NOTE SUR LE STYLE INDIRECT LIBRE (SIL)
DANS LES FABLES DE KRYLOV
PAR
JACQUES VEYRENC
Rappelons que le style indirect libre (SIL) se définit comme une forme de
discours qui, tout en reproduisant l'ordre des constituants et les caractéristiques
intonationnelles du discours direct (DD), ainsi que les adverbes modaux ou les
insertions modales (exclamations par exemple) susceptibles d'apparaître au sein de
ce discours1 , présente ou peut présenter une réduction des shifters2 (personne et
temps en particulier) analogue à celle que l'on rencontre dans le discours indirect
(DI).
Dans une grammaire du discours, on peut dire d'une autre manière que le DD
s'articule sur l'instance de tel ou tel acteur et le DI sur l'instance de l'auteur, alors
que le SIL s'articule conjointement sur une double instance qui est à la fois celle de
l'acteur et celle de l'auteur, mais de telle sorte que le discours de l'acteur apparaît
soumis en permanence au contrôle de l'auteur. Celui-ci intervient en effet dans les
propos rapportés pour leur imposer son optique personnelle (approbation, réprobat
ion, plus souvent ironie). Le SIL permet donc à l'auteur « de parler et de penser
pour ses personnages, au point qu'il s'établit entre et ses personnages un
rapport réciproque permettant d'atteindre à l'unité interne du texte3».
Étudiant « le dicours indirect libre en français, en allemand et en russe », Baxtin
écrit qu'il s'agit ici « d'une tendance complètement nouvelle, positive, dans l'appré
hension active de renonciation d'autrui, d'une orientation particulière, de l'inter
action du discours actif et du discours rapporté4». En ce qui concerne la littérature
russe, Baxtin paraît estimer que cette « tendance nouvelle », où il y a « solidarité
1. Le SIL conserve également « les traits de style ou de vocabulaire qui sont la marque
propre de tel ou tel personnage », comme le remarque M. Aucouturier, opposant dans l'œuvre
de L. Tołstoj les « monologues intérieurs » aux « monologues discursifs » (« Langage intérieur
et analyse psychologique chez Tołstoj »,/?ev. Étud. slaves, XXXIV, 1957, p. 9).
2. R. Jakobson, « Les embrayeurs, les catégories verbales et le verbe russe », in Essais de
linguistique générale, Paris, éd. de Minuit, 1963, p. 176-196.
3. E. N. Širjaev, article « Несобственно-прямая речь», dans Русский язык (Энцикло
педия) , M., « Sovetskaja Encyklopedija », 1979, p. 162.
4. M. Baxtin (V. N. Vološmov), Le marxisme et la philosophie du langage, Paris, éd. de
Minuit, 1977, p. 195. La lere éd. (en rosse) est de 1929.
Rev. Êtud. slaves, Paris, LIV/3, 1982, p. 437-453. J. VEYRENC 438
totale entre auteur et héros », où « leurs voix ... se fondent », se serait manifestée
d'abord dans l'œuvre de Puškin : « C'est sur la base de la rhétorique byronienne du
jeune Pouchkine que s'est constitué pour la première fois, semble -t-il, le discours
indirect libre. Dans le Prisonnier du Caucase l'auteur est complètement solidaire du
héros dans ses appréciations et ses mises en relief1 » .
En consacrant une note au SIL dans les Fables de Krylov, on attribue à cette
forme de discours une datation plus ancienne que celle à laquelle songeait Baxtin,
puisque le Prisonnier du Caucase est de 1821, et que l'on relèvera chez Krylov, dès
1805, de larges fragments de SIL. Mais, pour que cette nouvelle datation soit cré
dible, il importe de bien assurer la procédure de délimitation du SIL et de fixer
fermement les critères d'identification.
On considérera comme SIL tout discours admettant deux transformations diffé
rentes selon que ce discours est par hypothèse attribué en tant que DD à ľacteur ou
en tant que DI à l'auteur. C'est donc sur la base d'une opération formelle que le SIL
sera, dans tous les cas, délimité d'une manière discrète.
Un second critère sera utilisé à titre accessoire. C'est celui de la confrontation
avec la traduction française, où le SIL peut être plus commodément repéré en vertu
de la « règle » de transposition des temps. La traduction des Fables de Krylov, due
à M. Colin2 , sera ici d'une grande utilité, et on ne manquera pas de rappeler cette
traduction (accompagnée d'un renvoi à la page de l'ouvrage) toutes les fois qu'elle
montrera avec évidence dans la version française, grâce à la transposition du temps,
l'authenticité du SIL. Mais on verra que l'application de ce critère contrastif ne
caractérise que moins de la moitié des cas où le SIL aura été identifié par le critère
de la double transformation. C'est donc ce dernier critère qui sera retenu comme
prioritaire, le critère contrastif n'étant pourtant pas négligé en tant qu'auxiliaire.
Selon cette procédure, on a dénombré dans les Fables de Krylov 33 fragments de
SIL, dont l'étendue varie de 19 vers à un seul vers (ou même à une partie de vers,
cette partie entrant dans le décompte comme un vers entier), soit en tout 122 vers
relevés dans 23 fables.
FRAGMENTS DE SIL RELEVÉS DANS LES FABLES DE KRYLOV8
I, 7 Разборчивая Невеста (p. 50-5 1 , 1 805)4 v. 4-5 et v. 7-9
v. 14-22
v.42
v. 46-47 Illustration non autorisée à la diffusion
v. 52-59
11,9 Ручей(р. 78-79, 1812) v. 34
III, 1 Откупщик и Сапожник (р. 93-95, 1811) v. 21-24
III, 5 Волк и Волчонок (р. 98, 1811) v. 6-8
1. М. Baxtin, op. cit., p. 191. Dans le chapitre consacré au SIL, la Grammaire de l'Acadé
mie ne cite elle-même aucun exemple antérieur à Puškin (II, 2, Moscou, 1960, p. 428-432).
2. M. Colin, Fables de Krylov. Traduction et commentaire, Paris, Les Belles Lettres,
1978 (Publications de l'Université de Dąjon, LIII).
3. Les pages auxquelles on renvoie sont celles de l'édition en deux tomes des Œuvres de
I. A. Krylov (M., « Ogonek », 1. 1, 1969). L'année mentionnée à la suite est celle de la pre
mière publication, selon les notes qui figurent à la fin du premier tome de cette édition (mais
cf. note suivante). La dernière indication est celle des vers où le SIL a été identifié.
4. Sur cette fable, la première chronologiquement qui présente des fragments de SIL, on
retient la date de présentation à la censure, soit 29. 1 1 . 1805 (M- Colin, op. cit., p. 6). LE STYLE INDIRECT LIBRE 439
III, 12 Воспитание Льва (р. 105-107, 1811) v. 12-16 et 18-36
111,21 Орел и Крот (р. 115-116,1816) v. 15-20
IV, 8 Тришкин кафтан (р. 123,1815) v. 2
v. 6
IV, 13 Крестьянин и Змея (р. 128-129, 1813) v. 2-4
IV, 18 Крестьяне и Река (р. 132, 1816) v. 8-10
V,4 Водолазы (р. 137-139, 1814) v. 2-6
v. 16-17
v.65
V, 19 Слон в случае (р. 151,1816) v. 5-6
V, 26 Фортуна в гостях (р. 157-159, 1816) v. 2
v. 19-23
Illustration non autorisée à la diffusion
VI, 14 Муравей (р. 169-170, 1819) v. 24-25
VI, 25 Ягненок (р. 180-181, 1819) v. 15
VII, 16 Крестьянин и Овца (р. 195-196, 1823) v. 1 1-16
VII, 17 Скупой (р. 196-197, 1825) v. 10-15
VII, 27 Пестрые Овцы (р. 205-206, 1823) v. 2-7
VIII, 13 Осел (р. 217-218, 1830) v. 8
VIII, 17 Филин и Осел (р. 220, 1830) v. 12
VIII, 22 Лев (р. 223-224, 1830) v. 3
IX, 4 Лиса (р. 228-229, 1833) v. 6-15
IX, 6 Крестьянин и Собака (р. 230, 1834) v. 26-30
IX, 7 Два Мальчика (р. 231, 1836) v. 20-24
5 Пир (р. 238-239, pas avant 181 1) v. 8-9
Ce corpus est assez considérable pour permettre de poser la question de l'origine
du SIL comme forme de discours. Quels sont d'une part ses rapports avec le genre
même de la fable ? Quels sont par ailleurs ses rapports avec les traits originaux et
avec la fréquence de certains modèles syntaxiques caractérisant le système russe ?
On posera ensuite le problème du dialogue intériorisé. Puis on se demandera dans
quelle mesure il peut être admis que les emplois du SIL observés dans les Fables de
Krylov s'expliquent par une influence directe ou indirecte de La Fontaine, dont a été quelquefois un imitateur fidèle.
I. Du discours direct au style

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