Origines de l État et de la noblesse en Moravie et en Bohême - article ; n°1 ; vol.39, pg 43-58
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Origines de l'État et de la noblesse en Moravie et en Bohême - article ; n°1 ; vol.39, pg 43-58

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Description

Revue des études slaves - Année 1961 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 43-58
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Graus
Origines de l'État et de la noblesse en Moravie et en Bohême
In: Revue des études slaves, Tome 39, fascicule 1-4, 1961. pp. 43-58.
Citer ce document / Cite this document :
Graus F. Origines de l'État et de la noblesse en Moravie et en Bohême. In: Revue des études slaves, Tome 39, fascicule 1-4,
1961. pp. 43-58.
doi : 10.3406/slave.1961.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1961_num_39_1_1771DE L'ETAT'1' ORIGINES
ET DE LA NOBLESSE
EN MORAVIE ET EN BOHÊME
PAR
F. GRAUS
Dans tous les pays européens, l'État et la noblesse apparaissent dans les
sources écrites comme des institutions évoluées, et leur origine, ainsi que leur
interprétation, présente aux historiens des énigmes qu'ils tentent de résoudre
avec plus ou moins de succès. On sait ce qu'il en a été dans l'historiographie
française du XVIIIe siècle, où les opinions professant l'existence immémoriale
de la noblesse se sont heurtées de front avec la théorie qui cherche les origines
de la en pleine époque historique. Je n'ai pas besoin de souligner
l'importance idéologique des deux conceptions à la veille de la Révolution
française. Si j'y fais allusion, c'est parce que les deux questions ont eu leur
aspect idéologique aussi à une époque ultérieure et qu'elles l'ont encore en
partie aujourd'hui. Car si nous examinons de près la base documentaire des
problèmes concernant l'origine de la noblesse et de l'Etat chez les divers
peuples, nous remarquons que, hors l'époque la plus récente, où les découvertes
archéologiques enrichissent nos connaissances quant à certains aspects de
l'évolution (2), ce sont en substance toujours les mêmes sources qui sont
M Cet article procède d'une conférence faite ïe 14 avril 1961 à l'École pratique des Hautes
Études, VIe section. Je tiens à remercier encore une fois ici M. Lombard pour l'obligeance avec
laquelle il m'a permis de présenter mon exposé, ainsi que pour l'aimable accueil qu'il m'a
réservé.
№1 Je tiens expressément à souligner le mot « certains »; je ne peux pas donner mon agré
ment aux tentatives qui veulent construire sur la base de recherches partielles des conclusions
de très grande portée.
2 a. 44 F. GRAUS
employées comme fondement pour établir des conclusions. Bien sûr, les édi
tions de ces sources ont été améliorées (1\ mais le fond est resté en principe le
même. Ce qui changeait, ce n'était que l'interprétation et le cadre général
dans lequel on rangeait les indications. Permettez-moi de ne mentionner dans
cet ordre d'idées que la fameuse Germania de Tacite, dont les interprétations
divergent souvent jusqu'à être diamétralement opposées.
Pour mieux comprendre certaines particularités de l'historiographie ^
qui traite l'ensemble de ce problème en Bohême et en Moravie, il faut esquisser
brièvement l'évolution générale des théories sur l'origine de la noblesse, en
particulier dans l'historiographie allemande des xixe et XXe siècles, qui a
longtemps joué un rôle capital. Comme on sait, l'historiographie de la première
moitié du xixe siècle a été dominée par VHistorische Rechtschule (par exemple
Savigny, Eichhorn) : ses partisans professaient que la noblesse a existé de
tout temps, et cherchaient l'origine primitive de ses droits dans la nature
humaine elle-même ou au moins dans une sorte de « Volksgeist » mystique.
Cette théorie convenait pleinement à l'époque de la Restauration, à l'apologie
de la noblesse. Avec l'historiographie libérale autour de 1848 arrive une
nouvelle génération d'historiens qui revient aux opinions antérieures sur
l'égalité primitive de tous les Germains libres, qui ne connaissaient aucune
(D En ce qui concerne l'histoire tchécoslovaque les chartes les plus anciennes ont été
publiées en édition critique par G. Friedrich, Codex diplomaticus et epistolaris regni Bohe-
miae, I-III (Prague, 1904 et suiv.). Les documents vieux-slaves les plus anciens de l'époque
de Grande Moravie (les biographies de saint Cyrille et saint Méthode) ont été publiés en édi
tion critique par P. A. Lavrov, Материалы по истории возникновения древнейшей
славянской письменности, Труды славянской комиссии АН СССР, I, Ленинград, 1930.
Pour un lecteur étranger l'édition la plus commode à consulter est toujours représentée par
le travail de Fr. Pastrnek, Dějiny slovanských apoštolů Cyrila a Methoda, Prague, 1902 :
l'édition ajoute au texte une traduction en latin. Les documents vieux-slaves concernant
saint Venceslas et sainte Ludmila ont été publiés en édition critique par J. Vajs, Sborník
staroslovanských literárních památek o sv. Václavu a sv. Ludmile, Prague, 1929. Le recueil
Fontes гетит Bohemicarum, Prameny dějin českých (abréviation courante FRB), tomes І, II
(Prague, 1873-1874) est aujourd'hui en partie vieilli. Parmi les éditions critiques plus récentes,
il faut citer le livre de Josef Pekař, Die Wenzels- und Ludmile-Legenden und die Echtheit
Christians, Prague, 1906, et l'édition de la chronique de Cosme par B. Bretholz, MG SS NS,
II, Berlin, 1923. Le classement chronologique des légendes de saint Venceslas est dans
quelques cas encore contesté. Se reporter à Fr, Graus, Dějiny venkovského lidu v Čechách
v době předhusitské, I (avec un résumé en français), Prague, 1953, p. 60 et suiv.
W II faut regretter que nous n'ayons aucun travail qui suive en détail l'évolution de l'hist
oriographie tchèque et slovaque. J'ai essayé de passer en revue les conceptions de l'histoire la
plus ancienne dans le premier chapitre de Dějiny venkovského lidu, I, p. 7 et suiv. Sur l'évo
lution générale de l'historiographie tchécoslovaque les lecteurs français ont été informés par
Jar. Goli (1878-1906) et Jos. Šusta (1905-1935) grâce à leurs récapitulations dans la Revue
historique. Les années suivantes sont contenues dans 25 ans d'historiographie tchécoslovaque,
Praha, 1960. R. G. Pkschka a essayé de décrire l'évolution de l'historiographie tchèque
au xixe et au commencement du xxe siècle dans son livre Von Palacký bis Pekař. Geschichts-
wissenschaft und Nationalbewusstsein bei den Tschechen. Mit einem Nachwort von H. F.
Schmidt (« Wiener Archiv fur Geschichte des Slawentums und Osteuropas », I), Graz-Kôln,
1955. Voir les comptes rendus de V. L. Tapie, Les historiens tchèques et leur pays : de
Palacký à Pekař (Revue historique, 215, 1956, p. 290-295) et de Fr. Graus dans Česko
slovenský časopis historický, 4, 1956, p. 672-675. ÉTAT ET NOBLESSE EN MORAVIE ET EN BOHÊME 45
noblesse au sens propre du mot. Cette égalité n'aurait été troublée qu'à
l'époque historique où s'est formée une véritable noblesse. Le fondement de
cette conception a été posé dans l'historiographie allemande par Roth, elle
a été parachevée par les grands ouvrages de Waitz et de H. Brunner et cette
école est aujourd'hui couramment désignée comme « classique ». Ce n'est que
dans le deuxième tiers de notre siècle que cette conception a été remplacée
à son tour par une nouvelle théorie sur l'existence immémoriale de la noblesse
chez les Germains (Uradelstheorie) ; cette théorie s'efforce de retrouver
l'évolution ininterrompue de la noblesse depuis l'époque de Tacite jusqu'au
xixe siècle. Là encore, je crois, l'aspect idéologique est évident, mais je n'ai
pas la possibilité d'en donner ici tous les détails.
Quant aux Slaves, c'est Joh. Gottfr. Herder qui a donné la première concept
ion cohérente de leur histoire la plus ancienne dans la IVe partie de ses Ideen
zur Philosophie der Geschichte der Menschheit (1791). Herder y explique
que les Slaves — à la différence des Germains — n'ont jamais été des guerriers,
qu'ils étaient pacifiques ^, et c'est pourquoi les Germains les ont opprimés.
Son essai sur les Slaves finit par une sorte de prophétie : c'est aux Slaves
qu'appartient l'avenir (où de l'avis de Herder les guerres joueront un rôle de
plus en plus secondaire). La conception de Herder a influencé d'une manière
déci

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