Paulhan Psychologie de l invention - compte-rendu ; n°1 ; vol.9, pg 365-380
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Description

L'année psychologique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 365-380
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Paulhan Psychologie de l'invention
In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 365-380.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Paulhan Psychologie de l'invention. In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 365-380.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1902_num_9_1_3486IMAGINATION 365
concevant sa pièce comme une tragédie, le dramaturge révolution
naire se souvienne, par instants, que la loi fondamentale de l'école
nouvelle réclame le mélange des genres. Il y a beau temps qu'on a
pour la première fois reproché au drame romantique de juxtaposer le
sérieux et le bouffon, au lieu de les unir, comme il en affiche la pré
tention. Cette légère indiscrétion du manuscrit vient à point pour
confirmer, renforcer l'objection. Et encore un coup, l'étude de l'aut
ographe enrichit d'une contribution sérieuse la critique littéraire. »
l'art d'accommoder les restes
Nous empruntons ce titre irrespectueux à MM. Glachant. Ils ont
surpris très souvent Victor Hugo mettant à part les mots raturés, et
les conservant pour une meilleure occasion. Ce travail minutieux
d'ajustage ne paraît pas en -harmonie avec ce qu'on supposait de ce
génie tumultueux. Il y a ainsi des plaisanteries auxquelles V. Hugo
tient tellement qu'il les promène d'acte en acte ; il veut absolument
leur faire un sort. Ainsi il montre en scène un bonhomme qui porte
un singe; quelqu'un apostrophe le montreur et lui dit :
Mon ami, lequel des deux montre l'autre.
Il a fallu longtemps chercher, enfin on a trouvé l'endroit. Certaines
tirades coupées dans la première scène de Marion de Lorme, et mises
d'abord dans la bouche de Saverny, sont généreusement distribuées
aux seigneurs qui causent en plein air au IIe acte. Des tirades plus
longues, du même Saverny, échoient... à François Ier, dans le Roi
s'amuse. D'autres sont essayées successivement dans trois pièces
successives; et il ne s'agit pas toujours de vraies tirades, mais d'un
vers ou d'un demi-vers dont le tour a paru heureux.
J'engage vivement ceux qui sont curieux de cuisine dramatique à
lire l'ouvrage de MM. Glachant. La documentation en est insuffisante
pour une étude vraiment psychologique; mais on a des aperçus de
cette étude, et, de plus, on reçoit de Victor Hugo une bonne leçon
de goût, de littérature... et aussi de patience dans l'effort.
A. Binet.
F. PAULHAN. — La psychologie de l'invention. — 1 vol. in-18.
Bibliothèque de philosophie contemporaine. — Paris, Alcan, 1901,
p. 186.
Le sujet du livre de M. Paulhan est tellement beau que nous fero ns
uue assez longue analyse des développements que donne l'auteur.
L'imagination créatrice ou l'invention, ce sont mots à peu près syno
nymes. Sur ces sujets, nous possédons, outre de précieux articles, les
livres de Souriau et de Ribot; ce dernier a été déjàanalysé dans V Année.
Le livre de Paulhan diffère surtout des ouvrages antérieurs en ce
qu'il est une application des théories que Paulhan expose depuis 366 ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
plusieurs années, dans divers ouvrages ou articles, sur le
nisme des phénomènes intellectuels; il n'est donc qu'une partie et
une application d'une théorie plus générale, celle de la systématisa^
tion des éléments de l'esprit. « Qu'elle soit littéraire, artistique,
scientifique ou industrielle, toute création intellectuelle réside en
l'éclosion d'une idée synthétique formée par la combinaison nouvelle
d'éléments existant déjà, au moins en partie, dans l'esprit. » Voilà
l'idée directrice de ce livre; et je dois dire qu'elle-même me paraît
bien systématique. Je n'ai point la place de discuter ici cette question
de la systématisation, qui me paraît juste par bien des côtés; pour en
donner un aperçu bien vague et sommaire, malheureusement, à ceu*
qui ne la connaissent pas, je rappellerai que, pour comprendre la
systématisation, il faut l'opposer à un phénomène voisin, l'association
d'idées; l'association appelle toutes les idées qui se ressemblent ou
ont été une fois déjà en coexistence; c'est un mécanisme qui n'a rien
d'intelligent, il explique tout au plus certains flux de paroles de
maniaque, ou certaines successions incohérentes d'images dans la
rêverie ; en réalité, chez l'homme adulte, c'est la systématisation qui
fonctionne; je tire ma montre en courant à la gare ; la vue de l'objet
n'éveille pas en moi tout ce qui lui ressemble ou tout ce qui a été en
contiguïté avec lui, mais seulement ce qui est en relation avec le but,
l'idée du train à prendre ; les éléments se systématisent, cela veut
dire qu'il se fait surtout un groupement de ceux qui ont une fin utile,
Le livre de M. Paulhan se divise en deux parties : l'une est consacrée
à la création intellectuelle; la seconde, au développement de l'inven
tion. La seconde partie est la plus originale ; la première n'est qu'une
application, facile à prévoir, de l'idée de systématisation. Parcourons
rapidement les chapitres de cette première partie. Dans le chapitre i,
la Naissance d'une œuvre (quel joli titre!), l'auteur indique les deux
conditions de cette naissance; la préparation des éléments de la syn^
thèse et la circonstance fortuite qui la fait naître. Il cite Newton et sa
pomme, naturellement; il cite l'invention de la théorie darwinienne,
l'invention de la photographie parDaguerre, la composition de lasym^
phonie : Harold en Italie, par Berlioz, et une page où Tarde explique
comment il a trouvé sa théorie de l'imitation. Au fond, la thèse à dé^
montrer est si vague qu'elle est de celles qu'on démontre toujours,
Je passe, après avoir cité, comme document, une page intéressante
sur Darwin :
« Nous savons par les renseignements qu'il a lui-même donnés,
comment Darwin créa sa théorie de la sélection naturelle. On voit ici
très nettement comment cette idée vint compléter un système encore
imparfait, et nous assistons à la formation de la tendance intellectuelle
spéciale, greffée sur des tendances plus générales à l'observation et à
l'interprétation des phénomènes naturels, qui devait y trouver son
achèvement. Darwin avait été très frappé, dans l'Amérique du Sud,
par la succession d'espèces très voisines se remplaçant du nord au
sud du pays, par la ressemblance des, espèces habitant les îles du
littoral avec celles du continent, et enfin par les rapports étroits q»i
reliaient les mammifères édentés et les rongeurs contemporains avec IMAGINATION 367
les espèces éteintes des mômes familles. Ces remarques formaient
déjà comme un embryon de système encore vague et confus. Darwin
en tire cette conclusion que les espèces voisines pourraient bien des
cendre de quelque forme ancestrale commune. C'est là un nouvel apport,,
et le système se dessine. Mais l'invention est encore faible et incomp
lète; d'une part la nouvelle idée a pu être facilitée par des hypo-
Ihèses antérieures et analogues de Lamarck et d'Erasme Darwin;
d'autre part la tendance intellectuelle, le groupe d'idées que nous
voyons s'organiser reste encore insuffisamment coordonné. Darwin,
en effet, n'est pas arrive à comprendre comment les variations sup
posées ont pu se produire, il lui manque l'explication, le lien logique
qui ratlache les unes aux autres les idées qu'il associe dans son
esprit. Alors il étudie les plantes et les animaux à l'état libre ou
domestique, il fait circuler des questionnaires imprimés, amoncelle
!o.s notes et les résumés de livres. Bientôt il s'aperçoit que le choix de
l'homme, le triage des individus choisis pour propager l'espèce, la
sélection, est le grand facteur de la transformation. Un nouvel et
important élément vient donc s'offrir au système ébauché, pour en
associer plus étroitement les parties. Toutefois il s'y adapte assez
difficilement. On ne voit pas bien comment s'exercerait, dans l'univers,
ce choix capable de fixer les différences et de transformer peu à peu
l'esp&

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